FNH 1011 (1)

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 18 FÉVRIER 2021

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incapacité à le prévoir, d’envisager la possibilité qu’il se réalise dans le futur. Le propre de la futurologie est d’essayer de prévoir au mieux l’ensemble des évènements plausibles qui peuvent se produire, pour ne pas être surpris juste- ment. D’où la nécessité d’envisager des scénarii... F.N.H. : Une dernière question. Comment devrait se répercuter cette croissance sur le marché du travail en 2021 ? Allons-nous récupérer une partie des emplois perdus en 2020 à votre avis ? A. E. B. : En fait, cela dépend encore une fois de l’évolution de la pandémie et de sa durée, et donc du scénario qui va finalement se réaliser. Il est certain que si c’est le scénario 3, le plus pessimiste, qui se concrétise, avec de sérieuses restrictions tout au long de 2021, les problèmes de liquidité actuels que ren- contrent les ménages, les entreprises ou les Etats risquent forts de se transfor- mer en problèmes de solvabilité. Il est à craindre en particulier des faillites mas- sives d’entreprises dans tous les sec- teurs les plus touchés par la crise, avec une répercussion directe sur l’emploi. La montée du chômage va aggraver la pauvreté, sans compter le dénuement de millions de travailleurs informels. On a les chiffres au troisième trimestre 2020 par rapport à celui de 2019. Selon le HCP, l’économie a perdu sur l’année glissante 581.000 postes d’emploi, et le taux de chômage est passé de 9,4% à 12,7%. Si le scénario pessimiste se concrétise, avec des mesures de confi- nement aussi strictes et prolongées qu’en 2020, on peut s’attendre à de nouvelles destructions d’emplois et à une hausse supplémentaire du chô- mage. Mais pour rester sur une note optimiste, il est raisonnable de penser qu’avec la fin de la pandémie, qu’on espère au courant de cette année, peut- être dans les prochains mois, il y aura une reprise en V de la croissance et de l’emploi. Les entreprises pourront recréer les emplois détruits, avec le soutien de l’État qui a été sans faille depuis le début de la crise, et avec le concours aussi des banques. Le Maroc a la chance de disposer d’un sys- tème bancaire dynamique et résilient, qui jouera certainement un rôle moteur dans la reprise de l’activité économique du pays. ◆

La Bourse a eu une évolution conforme à l’économie, c’est un bon signe je trouve pour les marchés financiers.

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correspond plus ou moins au scéna- rio défavorable de l’OCDE/NiGEM. La pandémie s’aggrave et oblige à des mesures d’endiguement plus drastiques tout au long de l’année 2021. La crois- sance dans ce cas serait négative ou, au mieux, proche de zéro. F.N.H. : D'où peuvent provenir les surprises, aussi bien posi- tives que négatives, susceptibles d'avoir un impact sur votre scé- nario central ? A. E. B. : Comme je l’ai précisé, il est possible que se réalise un scénario plus optimiste ou plus pessimiste que le scénario standard selon l’évolution et l’intensité de la pandémie au cours de l’année 2021, et donc selon l’importance des mesures d’endiguement qui devront être prises. A cela, il faut rajouter la durée de la pandémie, qui s’achèvera selon les cas vers la fin du premier semestre ou à la fin de l’année, voire au-delà. Sachant que ces critères peuvent être différents entre le Maroc et le reste du monde, et qu’il faut prendre en compte aussi bien l’évolution de la situation sanitaire au Maroc qu’à l’international. Car, comme vous l’imaginez bien, l’économie maro- caine dépend des deux. Il y a un certain nombre de facteurs d’in- certitudes qui peuvent influer positive- ment ou négativement sur la pandémie, tels que l’efficacité réelle des vaccins, la durabilité de leur immunité, leur dis- ponibilité au Maroc et dans le monde,

le délai nécessaire pour une vaccination de masse, la résolution des problèmes éventuels de conservation par le froid, l’adhésion des populations à la vacci- nation, qui est liée à la confiance dans ces vaccins, qui sont basés pour cer- tains d’entre eux sur la thérapie génique ou qui peuvent être critiqués pour leur manque de transparence, ou tout sim- plement qui suscitent des inquiétudes par rapport à leurs effets secondaires. Il y a aussi les risques d’apparition de nouvelles souches de virus plus conta- gieuses et/ou plus dangereuses. Il faut rajouter à tout cela les mesures de relance budgétaire et monétaire qui seront prises au Maroc, le comporte- ment des ménages et des entreprises, les répercussions sur la consommation et l’investissement, ainsi que l’évolution de l’économie mondiale, le niveau de la demande extérieure, etc. Un autre facteur interne très important pour le Maroc est la production agricole, qui dépend de la pluviométrie, et qui a une influence notable sur la croissance. Il ne faut pas oublier que l’agriculture est le premier secteur contribuant au PIB. Pour rebondir sur le terme de «surprise» que vous avez employé, on peut dire qu’une bonne pluviométrie cette année serait une bonne surprise, et la séche- resse en serait une mauvaise. Mais pour tout vous dire, je ne suis pas très porté sur ce terme de «surprise» parce que dire qu’on a été «surpris» par un évènement, c’est faire l’aveu de son

Il est raison- nable de pen-

ser qu’avec la fin de la pandémie,

qu’on espère au courant de cette année, peut-être dans les pro- chains mois, il y aura une reprise en V

de la crois- sance et de l’emploi.

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