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BOURSE & FINANCES

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JEUDI 18 FÉVRIER 2021

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couche plus complémentaire : c'est un débat qu'il faudra poser sereinement» , affirmait-il dans nos colonnes en 2019. Des défis de taille A 53 ans, Hassan Boubrik devra faire appel à toute son expérience et son expertise pour assumer ses nouvelles fonctions au sein de la CNSS. Il jouit certes d’un préjugé favorable, au regard notamment du travail effectué au sein de l’ACAPS, mais aussi de sa fine connais- sance du secteur des assurances et de la prévoyance sociale. Mais «secouer» le mammouth qu’est la CNSS nécessitera bien plus. Il faudra non seulement qu’il porte en bandoulière son diplôme de statisticien-économiste, mais qu’il soit aussi fin tacticien face aux réticences aux changements et aux enjeux socioécono- miques sur la balance. Il faut rappeler, en effet, que la nomination de Boubrik intervient à un moment où, sous l’impul- sion du Souverain, le Maroc a ouvert un chantier social ô combien important : la généralisation de la protection sociale au profit de tous les Marocains d’ici 5 ans; un projet qui va nécessiter une enveloppe globale de 14 Mds de DH à mobiliser sur deux ans (2021-2022), selon le ministre de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration, Mohamed Benchaâboun. Ce projet sociétal d’envergure a pour principaux objectifs : • la généralisation de l’assurance maladie obligatoire de base durant les années 2021 et 2022, pour en faire bénéficier 22 millions personnes supplémentaires; • la généralisation des allocations fami- liales durant les années 2023 et 2024; • l’élargissement de la base des adhé- rents aux régimes de retraite pour inclure les personnes qui exercent un emploi et ne bénéficient d’aucune pension; • et la généralisation de l’indemnité pour perte d'emploi durant l'année 2025 pour couvrir toute personne exerçant un emploi stable. C’est à ce titre que la gestion du régime d’assistance médicale (Ramed) a été confiée à la CNSS, dans le cadre du nouveau régime obligatoire d’assurance maladie. Et certains observateurs s’inter- rogent déjà sur la capacité de la CNSS à gérer le Ramed, un régime pour le moins complexe, qui a montré ses limites et qui souffre de nombreux dysfonc- tionnements. Et, sans aucun doute, la

Selon le rapport annuel 2019 sur le secteur de la

prévoyance sociale publié par l’ACAPS, le solde global de la CNSS enregistrerait son premier déficit en 2029.

gestion par Boubrik de ce dossier sera scrupuleusement scrutée par les obser- vateurs avertis, surtout dans un contexte où il faudra améliorer la gouvernance de la CNSS (secteur privé) et celle de la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (secteur public), dans l’objectif d’ériger, selon Benchâaboun, «un pôle unique de la couverture sociale au Maroc». Dès lors, si l’on peut imaginer que la nomination de Hassan Boubrik est une consécration, voire une juste récompense des efforts et du travail jusque-là accom- plis, difficile pour autant de l’envier, vu l’énormité des chantiers qui l’attendent. Chantiers qu’il devra engager avec luci-

dité, loin de tout engagement émotion- nel, et auxquels s’adjoint une réforme majeure à venir : celle du système des retraites. Abdellatif Mortaki, qui était jusque-là DG par intérim de la CNSS, se veut néan- moins optimiste. Lors de la cérémonie d’installation du nouveau patron de la Caisse, qui a eu lieu lundi dernier, Mortaki a notamment souligné que «Hassan Boubrik devra enrôler 22 millions de per- sonnes en deux ans, mais il prendra très vite ses marques d’autant qu’il connaît bien la maison» , Boubrik ayant notam- ment siégé au Conseil d’administration de la CNSS au cours de ces 5 dernières années. ◆

La réforme des retraites est toujours dans les bacs, même si elle a été éclipsée par la crise sanitaire. Mais, même sans la crise, le gouvernement n’aurait pas pris le risque d’engager une réforme aussi impopulaire en cette année d’élections législatives. Rappelons que la réforme paramétrique du régime des pensions civiles a été initiée en 2016. Depuis, sous la pression des syndicats très remontés, on repousse sans cesse la seconde phase de la reforme devant aboutir à deux pôles : public (CMR et RCAR) et privé (CNSS et CIMR). Et dans la perspective de cette réforme systémique, la CNSS avait sollicité un cabinet international pour une étude sur des scénarii possibles. A noter que selon le rapport annuel 2019 sur le secteur de la prévoyance sociale publié par l’ACAPS, la branche retraite de la CNSS connaitrait une évolution importante des prestations qui atteindraient 472,5 Mds de DH en 2079, sous l’effet de l’évolution du nombre des actifs cotisants et de l’hypothèse relative à l’évolution des salaires du secteur privé. Sur lapériodedeprojection, les prestations enregistreraient une évolutionannuellemoyennede 6,3% contre 4%pour les cotisations, qui s’établiraient à 131,9Mds de DHà l’horizon des projections. Le solde global de la CNSS enregistrerait son premier déficit en 2029, alors que les réserves s’épuise- raient, quant à elles, en 2046. Réforme des retraites : L’autre patate chaude

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