RST 15 Réseaux Sociaux Tous accrocs?

Au bout du conte Chapitre 3

arrachée. Sa formule magique à demi finie, quʼest ce quʼil pouvait bien y avoir derrière ces étranges manigances. Il alla à la toute fin du magazine. Rien. Désormais il se sentait encore un peu plus perdu. On cherchait à orienter son chemin. Quelquʼun avant lui, peut-être le petit poucet lui- même, avait eu lʼaudace de laisser des petits cailloux à suivre. Son aventure était interrompue par tant de bizarreries quʼil sut que cʼétait le meilleur moment dʼavancer. Comme le petit poucet avant lui, il décida de marquer dʼun signe ce magazine et le remit à sa place. Il emprunta Jules Vernes et sʼen alla sans dire un mot. Le passage à la bibliothèque était achevé mais représentait une nouvelle ouverture béante dans un futur incertain. Revenu dans sa voiture, il pesta contre sa capacité à se laisser distraire par les moindres stimuli sensoriels et à attendre dʼêtre au bord du précipice pour effectuer la moindre action qui pourrait le sauver de lui- même. Fallait vraiment être dingue pour vouloir trouver son identité dans un livre au hasard dans une bibliothèque. Son estomac sʼétait serré sur lui-même. Il valait mieux que ça. Il se rendit compte quʼil tenait bien trop fort son livre nouvellement emprunté.

Son identité était là, entre les pages dʼun de ces exemplaires de Oliver Twist ou de Narnia. Il sʼapprocha de la première étagère qui semblait briller, parcourue par la lumière douce de la LED réglée à la parfaite intensité. Toutes ces tranches… à trancher. Nʼimporte quelle histoire serait une porte non ? Sʼil était bien fils de conte, aucun doute. Ou aller dʼabord ? Un magazine qui nʼavait rien à faire dans le rayon roman attira son attention. Il le prit entre ses mains et lʼexamina. « RST numéro 48. Réussir Sans Tricher ». Drôle de nom pour un magazine, drôle de numéro aussi… Enfin. Il le mit sous son bras, choisit quelques romans de voyage et dʼaventures de Jules Vernes, pour faire bonne mesure, et retourna sʼasseoir sur le canapé. Il ouvrit le roman et mit à lʼintérieur le petit magazine quʼil ouvrit également, ni vu ni connu. Il était toujours tenté par ces bizarreries qui sortaient de nulle part de temps à autres. Cela lui arrivait bien moins souvent depuis quʼil était devenu majeur mais le mystère avait toujours fait partie de sa vie. Ce magazine quʼil commença à feuilleter lui rappela sa propre situation, ici entre tous ces monuments du roman jeunesse le magazine semblait perdu, pas à sa place. Et dans le magazine cʼétait comme dans sa tête, il y avait de tout, beaucoup de rire et dʼidées, de belles photos mais aussi des larmes retenues. Il regarda plus attentivement le numéro des pages et revint au sommaire. Il lut lʼédito, le rédac chef disait quʼaprès tout ce temps le prochain numéro serait édité avec la collaboration dʼune maison dʼédition prestigieuse et quʼune exposition serait consacrée à retracer la création du magazine ainsi que lʼœuvre dʼart éphémère quʼavait produit lʼartiste, un projet sʼétendant sur plusieurs kilomètres de long. Cela le fit sourire, puis tournant la tête il lut le sommaire et, écrit en lettres italiques « Au bout du Conte – Voyage de Jean peu ordinaires ». Surpris il alla à la page correspondante. Il y lut la première page qui se terminait par « …et il sut quʼil devait créer son identité luimême et pour cela il avait besoin de… » la page suivante était 5

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