« Le spectacle vit avec le public, il n’est pas figé. » Pierric Tenthorey Metteur en scène de la Revue genevoise
L
La comédienne et chroniqueuse Claude-Inga Barbey dirige cette année le pôle écriture de la Revue genevoise. Avec Laurent Deshusses, Marc Donnet-Monay et Pierric Tenthorey, qui assurera aussi la mise en scène du spectacle Un travail d’équipe. Claude-Inga Barbey et Pierric Tenthorey, nous sommes encore à plusieurs mois de la première représentation, mais la Revue c’est un travail de longue haleine ? Claude-Inga Barbey : J’ai déjà écrit une di- zaine de pages d’idées. Je suis l’actu, je re- garde et mets des idées de côté. Sur le fait par exemple que les usines fonctionnent à plein régime et que, pour économiser l’énergie, on nous demande de nous laver les dents à l’eau froide ! Cette année on aimerait travail - ler sur l’éco-anxiété, parce que c’est un sujet qui de toute façon va demeurer, guerre ou pas guerre. En parallèle, notre producteur Frédéric Hohl, très branché comédie musi- cale, a déjà choisi des musiques. Il y a toujours dans la Revue quatre passages obligés : ballet d’ouverture, ballet de fin de première partie, ballet d’ouverture de deuxième partie et bal- let final. J’ai déjà plus ou moins imaginé de quoi traiteraient ces quatre tableaux. En plus de cela, il faut neuf ou dix sketches par par- tie. Des sketches politiques – cela relève du mandat, c’est là où j’ai le plus de peine – et des sketches sociétaux plus intemporels sur lesquels on peut déjà travailler. Ce sont d’ail- leurs ceux qui marchent le mieux, parce que les gens ne s’intéressent finalement pas tant que ça à la politique ou ne connaissent pas si bien les personnalités de nos élus. Cette an- née, qui plus est, il y en a plusieurs qui s’en vont, Mauro Poggia, Anne Emery-Torracinta et Serge Dal Busco.
QUESTIONS EXPRESS À PIERRIC TENTHOREY Votre retraite idéale ?
▲ Pierric Tenthorey avait déjà participé à la mise en scène de la Revue 2021.
Avoir assez d’argent pour voyager, mais, paradoxalement, avoir aussi du temps pour peindre et écrire dans le jardin. Le moment le plus important de votre vie? Chaque instant! Donc maintenant cette interview… Qu’est-ce qui vous fait rire ? Les faiblesses humaines. Et l’inventivité de chacun pour les détourner. Dans mon cas, cela passe par le burlesque et le dessin animé. Ce que vous ne ferez plus jamais ? Essayer de travailler avec des gens qui sont incompatibles avec ma manière de fonctionner et me forcer en me disant que cela va être instructif. Je ne veux plus ça ! Que représente pour vous le printemps ? Pour moi c’est le changement que les Japonais savent si bien célébrer. Je suis fasciné par cette nature qui revient au printemps. Cette renaissance me touche beaucoup.
Il y a des sketches que vous pourrez encore intégrer au tout dernier moment ? Pierric Tenthorey : Il y a dans le spectacle des endroits où on peut ajouter une idée ou un sketch. Cela se fait au gré des répétitions, puis après les premières représentations quand on constate que telle chose fonctionne mieux comme ci ou telle autre comme ça. Le spec- tacle vit avec le public, il n’est pas figé. Claude-Inga Barbey : Les deux dernières scènes que j’ai écrites pour l’édition 2022, c’était celle avec Federer, car il venait d’an- noncer sa retraite une semaine avant qu’on commence. Et celle avec la reine d’Angleterre, décédée deux ou trois jours avant la première. La Revue en est cette année à sa 131 e édition, belle tradition !? Qu’est-ce qui vous plaît le plus ? Pierric Tenthorey : Il y a le côté music-hall que j’adore. Quand on m’a proposé la mise en scène la première fois en 2021, je me suis in- terrogé parce que la politique n’est pas mon domaine préféré. C’est l’aspect music-hall
qui m’a attiré. Il y a du sonore, du visuel, du burlesque. Tout cela doit se mélanger avec l’écriture pour faire un spectacle complet. Et il y a un humour propre à la Revue ? Claude-Inga Barbey : Il est propre aux auteurs, je pense. Et je suis contente pour cette année 2023 parce qu’on a tous le même état d’es- prit par rapport à l’humour. Nous rions tous les quatre des mêmes choses, Marc, Laurent, Pierric et moi-même. Pierric Tenthorey : Cela peut être méchant, mais pas moqueur. On peut être subversif sans être moqueur. Se moquer de la personne, d’une tare, d’un défaut physique, ça non merci. L’humour est parfois cinglant tout de même ! Claude-Inga Barbey : Il y a des prises de risque, mais peu de méchanceté. C’est impor- tant pour moi. J’ai un souvenir concret à ce su- jet. L’an dernier, j’avais écrit un sketch sur une politicienne genevoise et, dans ce sketch, à un moment donné, je sortais un poupon noir
4
5
avril 2023 - èremagazine
èremagazine - avril 2023
Made with FlippingBook Ebook Creator