Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc
Du 30 avril 2025 - 8 DH - N° 1194
PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC
Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli
Sous les chantiers, la vraie bataille du Maroc LGV – Aéroports – Stades… P. 27/38 à 41
Bank Al-Maghrib sort l’artillerie lourde PAIEMENTS ÉLECTRONIQUES
P. 10/11
Finances publiques
Inclusion financière / Bancarisation L'accès ne suffit plus, l'usage est le nouveau défi
Sahara marocain Hilale, le cauchemar de la diplomatie algérienne Omar Hilale, ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l'ONU
Un T1 solide malgré la pression des dépenses
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Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma
SOMMAIRE
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FINANCES NEWS HEBDO MERCREDI 30 AVRIL 2025
44 L'UNIVERS DES TPME
ACTUALITÉ
Editorial
Entretien avec El Mahdi Aboulmadel : DeepLeaf, «Notre mission est de réduire le fossé techno- logique qui existe dans l'agriculture à l'échelle planétaire»
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Voyons voir : De l’homo connectus à la curiosité préhistorique Ça se passe au Maroc
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BOURSE & FINANCES
Point Bourse Hebdo : Retour en douceur de l’appétit pour le risque Paiements électroniques : Bank Al-Maghrib sort l’artillerie lourde pour accélérer leur adoption Inclusion financière / Bancarisation : L'accès ne suf- fit plus, l'usage est le nouveau défi Epargne financière : Toujours en quête de décollage économique Placements : Quelle allocation d’actifs pour faire face à la guerre commerciale ? Entretien avec Shirine Ziani & Farid Benlafdil : Capital investissement, De l’importance de la due diligence ESG Finances publiques : Un premier trimestre solide malgré la pression des dépenses LGV Kénitra-Marrakech : Jackpot pour les sociétés cotées
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Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication
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New York, les couloirs de l’ONU font régulièrement écho au bruit des batailles diplomatiques. Celles discrètes mais très décisives, où l’élégance du verbe suffit à réduire en miettes des décennies d’amalga- mes. Le 29 avril, un duel a particulièrement retenu l’attention : celui qui a opposé Omar Hilale, représen- tant permanent du Maroc, à son homologue algérien, Amar Bendjama. Le premier a déroulé les faits avec A Hilale, le cauchemar de la diplomatie algérienne précision. L’autre s’est embourbé dans ses propres approximations. Tout commence par une scène désormais classique : Bendjama, fidèle à son script, brandit devant le Conseil de sécurité les habituels poncifs algériens sur le Sahara marocain. Cette fois, en profitant d’une réunion sur «Les défis liés aux déplacements forcés à tra- vers le monde», il a tenté un tour de passe-passe : faire passer les populations séquestrées de Tindouf pour des déplacés victimes du Maroc. Un vieux disque rayé qui, pourtant, trouve encore preneur dans certaines rédactions d'Alger. Mais voilà, Hilale, imperturbable, ne laisse rien passer. Dans une lettre ciselée envoyée au président et aux membres du Conseil de sécurité, il a remis méthodiquement les pendules à l’heure. Non, les Sahraouis de Tindouf ne sont pas des déplacés, ce sont des séquestrés. Oui, l'Algérie viole allègrement toutes les règles du droit international humanitaire. Et non, il n'y a aucune occupation du Sahara : ce territoire est marocain, conformément aux Accords de Madrid de 1975, et aucun verbiage diplomatique n’y changera rien. La réponse est sèche. Limpide. Hilale s’appuie sur une armada de faits incontestables : le refus obstiné de l'Algérie de recenser les populations de Tindouf malgré les demandes insistantes du Conseil de sécurité depuis 2011, le détournement documenté de l’aide humanitaire par le polisario et certains responsables algériens, l’aveuglement à refuser toute solu- tion politique autre que celle d'un référendum... que plus personne à l'ONU n'évoque depuis plus de vingt ans. Le plus savoureux dans cette passe d’armes ? L'Algérie, en préten- dant vouloir «une solution durable», montre qu’elle est la première à saboter tout processus politique. Et ce, à travers le refus des tables-rondes, le dénigrement systématique de l'initiative marocaine d'autonomie, pourtant soutenue par plus de 100 Etats membres des Nations unies, et le blocage diplomatique permanent. Bref, l'Algérie s’emmure dans le déni, la mauvaise foi et une posture dogmatique pour ne pas admettre la vérité historique : la maroca- nité du Sahara. Pendant ce temps, le Maroc avance, sécurise ses alliances et renforce son influence. Voilà. u
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Entretien avec Mohamed Belmir : Sahara marocain, «L’Algérie joue ses dernières cartes pour maintenir le conflit»
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Dialogue social : Peu flexibles, les syndicats intran- sigeants sur les acquis
ECONOMIE
Dessalement et énergie verte : La double révolu- tion marocaine 48 DEVELOPPEMENT DURABLE
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LGV Kénitra-Marrakech : Un investissement au cœur de la stratégie de compétitivité du Maroc LGV – Aéroports – Stades… : Sous les chantiers, la vraie bataille du Maroc Entretien avec Saïd Mohamed Tahiri : Tourisme, «Nous devons répondre aux nouvelles attentes de la clientèle»
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50 HIGH-TECH
Jeux vidéo : Les consoles à l’épreuve du réel
• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal
• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021
• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com
VOYONS VOIR
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FINANCES NEWS HEBDO MERCREDI 30 AVRIL 2025
De l’homo connectus à la curiosité préhistorique
I l aura suffi d’un clignement d’œil, ou plutôt d’un grand plouf énergétique pour que l’Espagne et le Portugal se retrouvent, l'espace d'une jour- née, propulsés à l’âge de pierre. Ou presque. Lundi 28 avril 2025, à 12h30 tapantes, dame électricité a décidé de faire grève générale. Résultat : plus de lumière, plus d’Internet, pagaille dans les aéroports, métros bloqués, trains à l’arrêt, files d’attente infinies aux arrêts de bus, embouteillages monstres et, surtout, grand moment de désœuvrement collectif sous la lumière blafarde des lampes de poche. La péninsule ibérique est soudain redevenue ce qu’elle n’avait plus été depuis longtemps : un vaste territoire privé de ses joujoux électro- niques et parcouru par des hommes et des femmes marchant, regards perdus et décon- nectés de tout. Alors, l’espace d’une vingtaine d’heures, il leur a fallu réapprendre à vivre comme leurs ancêtres : s’éclairer à la bougie (quand on en trouvait), parler à ses voisins (quand on se sou- venait de leur prénom), se passer de TikTok, Facebook, Instragram… Un véritable vertige existentiel, surtout quand on sait que la seule Par D. William
idée d’une panne de Wifi suffit d'ordinaire à plonger tout un pays dans une angoisse collec- tive. A Madrid, Barcelone, Lisbonne et ailleurs, la panne aura offert des scènes d’une rare intensité dramatique. Car le plus impression- nant n’est pas tant ce blackout que ce qu’elle a révélé : une incapacité terrifiante du monde contemporain à envisager l'existence sans cou- rant continu de 220 volts. Sans électricité, l’indi- vidu moderne, si fier de son intelligence artifi- cielle et de ses voitures électriques, redevient un bipède hagard, complètement déboussolé. Pour qui aurait eu le courage d'observer la scène depuis un banc public non éclairé, le spectacle était presque attendrissant : un peuple tout entier redécouvrant que l’humain est complètement démuni. Vide. Surtout quand il n’a plus de batterie. Pour autant, de Madrid à Lisbonne, on a réap- pris, le temps d'une nuit, ce qu'était une vraie
conversation autour d'une bougie. Ce qu'était une ville sans le bourdonnement permanent des moteurs et des notifications. Ce qu’était une vie sans Google Maps ou Waze pour nous dire par où passer. Ce qu’était simplement avoir une vie sociale. Au moment où l’on écrivait ces lignes, l'origine de cette panne géante restait un mystère. Pedro Sánchez, Premier ministre espagnol au calme olympien (ou presque), n’avait cepen- dant écarté aucune hypothèse. Surtension accidentelle, sabotage, attaque cybernétique, voire même vengeance divine contre le tout- électrique (sic !), tout est sur la table. Moralité de cette mésaventure et/ou expé- rience, c’est selon ? Nous avons construit des empires technolo- giques sur des fondations aussi solides qu’un château de cartes alimenté par du 220 volts. Il suffit d’une secousse pour que tout s’effondre et que l’homo connectus redevienne une curio- sité préhistorique. Mais dans ce grand blackout, a scintillé un moment de fraternité ibéro-marocaine : Rabat, dans un bel élan de solidarité, a envoyé du jus à son voisin espagnol. Comme quoi, même sans électricité, il reste des connexions qui tiennent bon. ◆ oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)
De Madrid à Lisbonne, on a réappris, le temps d'une nuit, ce qu'était une vraie conversation autour d'une bougie.
ÇA SE PASSE AU MAROC
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L e Roi Mohammed VI a reçu en audience, lundi au palais royal de Rabat, les ministres des Affaires étrangères des trois pays de l'Alliance des États du Sahel. Il s'agit de Karamoko Jean-Marie Traore, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des Burkinabè de l'extérieur du Burkina Faso, Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération inter- nationale de la République du Mali, et Bakary Yaou Sangare, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens à l'extérieur du gouvernement de transition de la République du Niger. Cette audience s'inscrit dans le cadre des relations fortes et anciennes du Royaume avec les trois pays frères de l'Alliance des États du Sahel, qui ont toujours été frappées du sceau de l'amitié sincère, du respect mutuel, de la solidarité agissante et de la coopéra- tion fructueuse. Au cours de cette audience royale, les ministres des Affaires étrangères de l'Alliance ont transmis au Roi la gratitude de leur chef d'Etat pour l'intérêt constant accordé à la région du Sahel, ainsi que pour les actions et initiatives royales en faveur du développe- ment économique et social des pays de la région et de leurs populations. Les ministres ont tout particulièrement salué l'Initiative du Roi pour favoriser l'accès des pays du Sahel à l'Atlantique, en réaffirmant leur adhésion totale et leur engagement pour accélérer sa mise en œuvre. ■ Le Souverain reçoit les ministres des Affaires étrangères des trois pays de l’AES
Aide directe au logement 48.000 bénéficiaires, 3,8 Mds de DH déboursés
Royal Air Maroc lance une nouvelle ligne directe Casablanca-Catane
L
a ministre de l’Aménagement du territoire national, de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Politique de la ville, Fatima-Zahra El Mansouri, a indiqué, lundi à la Chambre des représentants, que le nombre de demandes d'aide directe au logement a atteint 128.528, dont 48.000 dossiers bénéficiaires. S'exprimant lors de la séance des questions orales, la ministre a précisé que 22% des demandes ont été présentées par des Marocains résidant à l’étranger, sou- lignant l’importance de ce programme tant sur le plan
Le groupe Tanger Med réalise un chiffre d'affaires de 11,23 Mds de DH en 2024 L e groupe Tanger Med a clôturé 2024 avec un chiffre d'affaires consolidé brut de 11,23 milliards de DH, en hausse de 12,3% par rapport à 2023. Sur le plan portuaire et logistique, le complexe Tanger Med s’est affirmé comme premier port en Méditerranée et en Afrique, et 17ème mondial selon Alphaliner, avec un record de 10,24 millions de conteneurs EVP traités. À travers Marsa Maroc, le Groupe a manutentionné 63,3 millions de tonnes, en hausse de 11%, portant le volume global à 187 millions de tonnes et 11,44 millions de conteneurs EVP. Sur le plan industriel, Tanger Med développe plus de 3.000 ha de zones d'activités économiques, abritant 1.400 entreprises opérant dans divers secteurs (automobile, aéronautique, textile, agroali- mentaire…). Ces zones ont généré 174 Mds de DH de chiffre d'affaires et permis la création de plus de 130.000 emplois en 2024. ■ social qu’économique. Mansouri a fait savoir que l’enveloppe globale des aides octroyées s’élève à 3,8 milliards de dirhams, ajoutant que 54% des bénéficiaires ont reçu une subvention de 70.000 dirhams, tandis que 46% d’entre eux ont bénéficié d’une aide de 100.000 dirhams. Au plan économique, la ministre a relevé que ce programme a favorisé la relance du secteur et permis l’ouverture du marché aux petites et moyennes entreprises (PME) pour proposer une offre diversifiée, répondant aux besoins des citoyens. Et d'ajouter que les indicateurs économiques font ainsi ressortir une hausse de 11,64% de la consommation de ciment en février 2025, comparativement à la même période de l’année précédente. ■
R oyal Air Maroc (RAM) a annoncé, lundi, le lancement d'une nouvelle ligne aérienne directe reliant Casablanca à Catane (Sicile) en Italie, à compter du 28 juin 2025. « Cette nouvelle desserte sera opérée à raison de deux fréquences par semaine (lundi et samedi) par des appareils de type Boeing 737. Les vols seront programmés au départ de Casablanca à 15H20 (heure locale) pour une arrivée à Catane à 19H40 (heure locale). Les vols retour quitteront Catane à 20h40 (heure locale) pour un atterrissage à Casablanca à 23H35 (heure locale) », fait savoir RAM dans un communiqué. Avec cette nouvelle desserte, RAM porte à sept le nombre de villes italiennes connectées depuis Casablanca. Cette initiative vise à répondre aux besoins des MRE, des diasporas africaines, des touristes italiens et des passagers en cor- respondance via le hub de Casablanca. Elle s’inscrit dans la stratégie de renforcement de la présence de RAM en Italie et d’amélioration continue de l’expérience client. ■
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BOURSE & FINANCES
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Point Bourse Hebdo Retour en douceur de l’appétit pour le risque
Evolution de l'indice Masi depuis début mai 2024
E Après le rebond explosif de plus de 7% signé la semaine dernière, le Masi a remis les pieds sur terre sans renier son élan. Cette semaine, l’indice phare de la place casablancaise a grappillé 0,44% à 17.319,69 points. De quoi consolider ses gains, tout en se rapprochant doucement de ses plus hauts historiques. n toile de fond, un climat internatio- nal un peu moins crispé. Washington souffle le chaud : Donald Trump laisse filtrer l'idée d'un geste tari- faire envers la Chine. Les marchés flairent l'aubaine, sans pour autant mordre à pleines dents. À la Bourse de Casablanca, le réflexe est simi- laire : on recommence à prendre des risques... mais prudemment, en gardant une main sur la sortie de secours. L'appétit pour le risque refait timidement surface, sans débordement. Par Y . Seddik
saison des trimestriels commence à entrouvrir ses premières pages. Ennakl Automobiles ouvre le bal avec une baisse des ventes de 22,89% au premier trimestre, tandis que Maroc Telecom signe une sta- bilité honorable de ses revenus. De son côté, la Société de Réalisations Mécaniques (SRM) démarre l’année avec une progression de 50% de ses revenus. Le véritable défilé de résul- tats est attendu dans les prochaines semaines à mesure que le mois de mai déploiera ses premiers bilans. En revanche, le MASI Mid and Small Cap, baromètre des plus petites capitalisations, n’a pas su suivre l’al- lure : il cède 0,24% à 1.730,07 points, victime sans doute d'une préférence marquée pour les grandes valeurs liquides. Sectoriellement, certains comparti- ments ont su tirer leur épingle du jeu. «Loisirs et Hôtels» grimpe de 5,14%, «Ingénierie et Biens d’Équipements industriels» progresse de 3,78%, et «Boissons» trinque à une hausse de 3,47%. À l’opposé, le secteur
TOP Performances
FLOP Performances
AGMA TotalEnergies Addoha
-5,63%
+27,85% +19,27%
S2M Réalisations Mécaniques Fenie Brossette
-5,18%
-4,8%
+8,45 %
«Participation promotions immobi- lières» se replie de 3,67%, alors que les holdings (-1,69%) et l'industrie pharmaceutique (-1,12%) marquent le pas. Côté macroéconomie, la température s’est aussi rafraîchie : l'inflation recule à 1,6% en mars après les tensions observées en début d’année. Un signal bienvenu pour les opérateurs, même si, dans les salles de marché, l’inflation n'est plus un vrai sujet de préoccupation. Enfin, aux rangs des champions de la semaine, S2M caracole en tête (+27,85%), suivie par Réalisations
Mécaniques (+19,27%), Fenie Brossette (+8,45%), Stroc Industrie (+6,24%) et Cosumar (+5,75%). À l'in- verse, AGMA (-5,63%), TotalEnergies Marketing Maroc (-5,18%), Addoha (-4,8%), Alliances (-4,64%) et AFMA (-3,56%) ont dû rendre du terrain. C’est une semaine donc où les mar- chés ont choisi le compromis : rester prudents, mais refuser de passer à côté des opportunités. Le Masi conserve par ailleurs une perfor- mance annuelle solide, à +16,72%. La capitalisation totale du marché dépasse désormais les 902 milliards de dirhams. ◆
Les volumes traduisent cette dyna- mique : près de 4 milliards de dirhams échangés sur la semaine, principale- ment concentrés sur des dossiers de conviction. Akdital a drainé, à elle seule, plus d’un milliard de dirhams, soit près de 38% des échanges heb- domadaires. Label’Vie n’est pas en reste (11,83%), tandis que Maroc Telecom, entre annonces de parte- nariats stratégiques et résultats tri- mestriels conformes aux attentes, capte 5,88% du volume. Sur le front des publications, la
Communication financière
ETATS FINANCIERS SOCIAUX AU 31 DÉCEMBRE 2024
BILAN ACTIF
BILAN PASSIF
COMPTE DE PRODUITS ET CHARGES
RAPPORT GENERAL DES COMMISSAIRES AUX COMPTES EXERCICE DU 1ER JANVIER AU 31 DÉCEMBRE 2023
Communication financière
ETATS FINANCIERS CONSOLIDE AU 31 DÉCEMBRE 2024
BILAN ACTIF
BILAN PASSIF
COMPTE DE PRODUITS ET CHARGES
RAPPORT GENERAL DES COMMISSAIRES AUX COMPTES EXERCICE DU 1ER JANVIER AU 31 DÉCEMBRE 2023
PERIMETRE DE CONSOLIDATION
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Paiements électroniques Bank Al-Maghrib sort l’artillerie lourde pour accélérer leur adoption La Banque centrale prévoit une série d’initiatives pour revigorer l’acceptation des transactions digitales, allant de la création d’un fonds de soutien à la mise en place d’une plateforme de paiement instantané. Objectif : moderniser l’écosystème des paiements, réduire la dépendance au cash et accompagner la dynamique de digitalisation de l’économie.
digitalisation des paiements et de développement de la fin- tech, qui découle d’un diagnos- tic rigoureux et approfondi» , a indiqué A. Bouazza.
Un cadre réglementaire en évolution
Pour accompagner ces chan- gements, BAM entend égale- ment adapter le cadre régle- mentaire afin de proposer une régulation proportionnée et flexible, tout en restant vigilante face aux risques. «La Banque centrale a déjà assoupli les conditions d’acceptation du paiement mobile par les com- merçants et relevé les plafonds des comptes de paiement. Elle entend aujourd’hui aller plus loin pour créer un environne- ment plus propice à l’essor des paiements électroniques, tout en garantissant sécurité et confiance», a expliqué le DG. Par ailleurs, la stratégie repose également sur le renforcement de la collaboration public-privé. «Le secteur de la fintech est pro- metteur et implique des risques qu’il faut maîtriser collective- ment. C’est dans cette logique qu’a été créé le Morocco Fintech Center, espace de dia- logue et de soutien aux star- tups fintech, y compris sur le plan réglementaire», a rappelé Bouazza. Un travail d’actualisation légis- lative est également engagé, notamment à travers la révi- sion de certaines dispositions du Code de commerce pour mieux encadrer les nouveaux instruments de paiement, ainsi que par la mise en œuvre de la loi relative à la surveillance des systèmes de paiement. Consciente que la transition vers le paiement digital néces- site également un changement des comportements, Bank Al-Maghrib mise fortement sur l’éducation financière. «La Banque centrale place l’édu- cation financière au cœur de sa stratégie, via notamment la Fondation marocaine pour l’éducation financière (FMEF), pour la sensibilisation du public sur l’usage des outils numé-
Par Y. Seddik
Bank Al-Maghrib lance une série d'initiatives pour stimuler l'acceptation des paiements électroniques et réduire la dépendance au cash.
F
ace à la lente pénétration des paiements électroniques auprès des commerçants, Bank Al-Maghrib compte désormais passer à l’offensive. Première initiative à court terme : la créa- tion d’un fonds d’acquisition de soutien. «Parmi les actions à court terme pour renfor- cer l’infrastructure des paie- ments, BAM compte mettre en place un fonds d’acquisi- tion de soutien pour faciliter l’acceptation des paiements électroniques par les commer- çants», a annoncé Abderrahim Bouazza, Directeur général de Bank Al-Maghrib, lors du Gitex Africa 2025. Constatant la fai-
blesse du paiement numérique auprès des commerçants, la Banque centrale souhaite donc mettre en place des mesures incitatives pour favoriser leur adhésion. «A moyen terme, BAM vise à capitaliser sur les plateformes de paiement existantes pour la mise en place d’une plate- forme de paiement unifiée pour le paiement instantané, avec une expérience client plus sim- plifiée», a précisé le Directeur général. Dans cette perspective, une ambition supplémentaire s'ajoute : la mise en place d'une tarification plus attrac-
tive, notamment par la réduc- tion des commissions d’inter- change, y compris sur les cartes bancaires. Parallèlement, la Banque centrale étudie égale- ment la possibilité de rendre l’usage du cash moins attractif à moyen terme. «La Banque centrale travaille à mettre en place une tarification plus attractive pour les paiements électroniques, à travers la baisse des commissions d’in- terchange y compris les cartes bancaires, tout en réfléchissant à rendre l’usage du cash coer- citif à moyen terme. Ces actions seront menées dans le cadre d’une stratégie en matière de
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ment enrichi pour améliorer l’accès des citoyens à leurs données ban- caires. Infine, si les chantiers annoncés par Bank Al-Maghrib aboutissent, l’équation des paiements au Maroc pourrait s'inverser : moins de cash par défaut, plus de transactions digi- tales par réflexe. Mais pour réussir ce basculement, la confiance dans les outils numériques devra encore franchir un cap. À suivre. ◆
riques, la prévention des risques et l’accompagnement du changement des comportements des usagers des services numériques» , a-t-il souligné. Cash, e-dirham et crypto-actifs : les chantiers de demain La problématique du cash demeure cependant un défi structurel. À ce titre, la Banque centrale n’exclut pas l’introduction, à terme, d’une monnaie numérique de Banque cen- trale, ou «e-dirham» . «L’introduction éventuelle d’une monnaie digitale pourrait répondre à certains défis, mais ce projet nécessite beaucoup de temps» , a tempéré Bouazza, pour qui «la réussite de ce projet dépendrait de la perception qu’au- rait le public vis-à-vis de cette mon- naie digitale. Elle devrait être aussi crédible et accessible que le cash physique ». Concernant les crypto-actifs, le DG de BAM a indiqué que le projet de loi destiné à encadrer leur usage est actuellement en cours d’exa- men au ministère de l’Économie et des Finances, qui doit soumettre le texte à un Comité technique pour en poursuivre l’adoption. Si les crypto- actifs soulèvent des interrogations, BAM s'intéresse néanmoins aux opportunités qu'offrent les techno- logies sous-jacentes pour le déve-
L’introduction éventuelle d’une monnaie digitale pourrait répondre à certains défis, mais ce projet nécessite beaucoup de temps.
loppement des services financiers numériques. Dans cette dynamique de moder- nisation, BAM annonce également le lancement d’un nouveau por-
tail digital permettant aux citoyens d’accéder à des informations sur leurs comptes bancaires, incidents de paiement ou successions. Ce portail sécurisé sera progressive-
OPCVM
Nouveau record pour les actifs sous gestion L es actifs sous gestion des sociétés de gestion au Maroc ont dépassé, pour la première fois, le seuil des 740 milliards de dirhams, atteignant un niveau jamais enregistré auparavant. Selon l’ASFIM, cette progression s’explique par une hausse hebdomadaire de 1,59%, portant la performance cumu- lée depuis le début de l’année à +13,41%. Durant la semaine close le 18 avril, toutes les catégories d’OPCVM ont enregistré une hausse de leurs encours. Quant aux fonds actions, la meilleure performance parmi ceux dont l’actif net dépasse 250 millions de dirhams atteint 26,33 % depuis le 1 er janvier. ◆
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Inclusion financière / Bancarisation L'accès ne suffit plus, l'usage est le nouveau défi
approche hybride mêlant techno- logie et présence de terrain.
Le digital, levier autant que risque
La transition numérique, accélérée par la crise sanitaire, a permis des avancées notables : possibilité d’ouverture de comptes à distance, développement du mobile ban- king, émergence d’outils de micro- finance plus accessibles. Al Barid Bank revendique d’ailleurs près de 46% des transactions clients réali- sées aujourd’hui via mobile, contre 2% seulement en 2016. «Le digital offre un potentiel immense pour élargir l'accès aux services financiers, mais il exige aussi d'accompagner les usagers pour leur permettre d'en tirer plei- nement parti, en toute sécurité» , a souligné, pour sa part, M’hamed El Moussaoui, Directeur général d’Al Barid Bank. Mais le numérique n’est pas sans revers. Sécurité des données, risques cyber, usurpations d'iden- tité : autant de menaces qui pèsent sur la confiance, pilier de l’inclu- sion durable. Consciente de ces enjeux, Bank Al-Maghrib insiste sur l’importance d’un cadre régle- mentaire proportionné, capable de stimuler l'innovation tout en pro- tégeant les consommateurs. «La digitalisation est une chance, mais elle doit s'accompagner d'un ren- forcement des compétences digi- tales des utilisateurs» , rappelle El Anzaoui. Alors que s’achève la première phase de la Stratégie nationale d’inclusion financière (2019- 2023), les acteurs tracent déjà les contours du futur chantier. Cap sur une massification de l'usage, un ancrage plus profond des services financiers dans la vie quotidienne, et une inclusion renforcée des seg- ments vulnérables, à commencer par les très petites entreprises et les populations rurales. Pas seulement ouvrir un compte, mais permettre à chacun (particu- lier, entrepreneur, jeune ou rural) d’en faire un levier d’autonomie, de protection et de développement. C’est là que l’inclusion financière trouve son vrai sens : non dans les statistiques, mais dans les pra- tiques. ◆
Le Maroc a élargi l’accès aux services financiers, mais le défi reste d’en démocratiser l’usage réel. L'inclusion financière passe désormais par l’éducation, l’innovation et une transformation durable des comportements.
Par Y. Seddik
La bancarisation progresse, mais l'usage quotidien des services reste en retrait, signe que l'éducation financière n'est pas un simple adjuvant.
A
quoi sert un compte bancaire si l’on ne sait pas s’en servir ? Derrière la progression affichée de la bancarisation au Maroc, les défis de l'inclusion financière restent entier. Réunis à Casablanca ce 28 avril lors d'une conférence consa- crée à l’inclusion financière organi- sée par Aujourd’hui le Maroc, les représentants de Bank Al-Maghrib, de la Fondation pour l’éducation financière et d’Al Barid Bank ont confronté la réalité du terrain aux ambitions nationales : démocra- tiser l'accès, certes, mais surtout transformer l'usage en levier d'au- tonomie économique. Depuis 2017, le Maroc a fait un bond spectaculaire en matière d’accès aux services financiers, grâce notamment au développe- ment des établissements de paie- ment et à l’engagement d'acteurs comme Al Barid Bank dans les ter- ritoires ruraux. Mais l’accès ne suf-
fit pas. «Ouvrir un compte est une première étape; en faire un outil actif de gestion et d'épargne en est une autre» , rappelle Ibtissam El Anzaoui, directrice adjointe de l’Inclusion financière et du Développement durable à Bank Al-Maghrib. La question n’est plus seulement de savoir combien de comptes sont ouverts, mais combien sont réellement utilisés pour améliorer la vie économique des citoyens. Car si la bancarisation progresse, l'usage quotidien des services reste en retrait, signe que l'éduca- tion financière n'est pas un simple adjuvant, mais une condition sine qua non du succès de l'inclusion. Éduquer pour mieux inclure À ce défi structurel, la Fondation marocaine pour l’éducation financière oppose une stratégie patiente : développer la culture
financière dès l’enfance, sensibi- liser les jeunes adultes à la ges- tion budgétaire et accompagner les entrepreneurs informels vers une formalisation progressive. «L'inclusion ne peut être durable sans des citoyens capables de choisir, d'utiliser et de maîtriser les services financiers en fonc- tion de leurs besoins réels» , sou- ligne Imane Benzarouel, directrice adjointe exécutive de la Fondation marocaine pour l'éducation finan- cière. L’enjeu est d’autant plus complexe que les publics sont hétérogènes. Jeunes connectés, ruraux isolés, femmes entrepreneures ou tra- vailleurs informels : chaque cible appelle des outils pédagogiques adaptés. Si le digital apparaît comme une opportunité majeure pour toucher massivement les nouvelles générations, la fracture numérique demeure, imposant une
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Epargne financière Toujours en quête de décollage économique Alors que les tensions inflationnistes persistent, l’épargne financière marocaine reste largement sous-utilisée comme moteur de croissance. La récente enquête du haut-commissariat au Plan souligne l’urgence de transformer cette ressource dormante en véritable levier d’investissement.
«L’épargne, pour se développer, a besoin d’un environnement stable, transparent et d’une offre accessible à tous, notamment dans les zones rurales», précise Hassan Edman.
La nécessaire mutation culturelle de l’épargne
Pour relever ce défi, Hassan Edman estime qu’il faut agir sur plusieurs fronts simultanément. L'amélioration du pouvoir d’achat figure en première ligne des prio- rités : selon la théorie keyné- sienne, la propension à épargner augmente naturellement avec l’élévation du revenu disponible. Ainsi, des politiques publiques orientées vers la revalorisation des salaires, la protection du pouvoir d’achat et le soutien aux ménages vulnérables s’avèrent indispensables. Parallèlement, le développement d’une offre de produits finan- ciers simples, flexibles et sécu- risés apparaît essentiel pour atti- rer l’épargne populaire. Edman insiste sur l'importance de rendre l’épargne accessible, y compris dans les régions rurales, et de restaurer la confiance dans les circuits financiers par un cadre réglementaire clair et prévisible. La consolidation d’une culture de l’investissement doit également devenir une priorité nationale. Dès le plus jeune âge, l’éducation financière devrait permettre aux citoyens de mieux comprendre les mécanismes de l’épargne et de l’investissement, les incitant à s'engager dans des placements plus dynamiques et utiles à l’éco- nomie réelle. Si certains signes d’amélioration émergent, notamment les actifs sous gestion des OPCVM qui ont franchi 740 milliards de dirhams à fin avril 2025, l’essentiel du che- min reste à parcourir. La dyna- mique reste concentrée sur les segments institutionnels, alors que l’élargissement de l’investis- sement aux ménages demeure timide. «Il ne s'agit pas seulement d’accroître l’épargne, mais de transformer la manière dont elle est mobilisée» , résume Hassan Edman. ◆
Par Désy M.
Au Maroc, près de 710 Mds de DH d’épargne restent concentrés sous forme liquide, freinant la dynamique d’investissement productif nécessaire au développement économique.
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épargne financière au Maroc n’a pas encore trouvé son rôle stra- tégique dans le financement du développement. Le premier tri- mestre 2025 en témoigne : selon les dernières données du haut- commissariat au Plan (HCP), seuls 11,2% des ménages maro- cains estiment pouvoir épargner au cours de l’année. Un chiffre qui révèle à la fois la fragilité du tissu socioéconomique national et les limites du modèle actuel d'intermédiation financière. «Dans une perspective écono- mique classique, une épargne élevée se traduit par une aug-
la dynamique de croissance tant attendue. L'enquête de conjonc- ture du HCP met en lumière une réalité préoccupante : 55,8% des ménages indiquent que leurs revenus couvrent à peine leurs dépenses, tandis que 42% sont obligés de s’endetter ou de pui- ser dans leur épargne antérieure pour subvenir à leurs besoins. Dans un contexte d'inflation per- sistante, où 97,6% des ménages constatent une hausse continue des prix alimentaires, la capa- cité à épargner devient un luxe réservé à une minorité. À cette contrainte économique directe s'ajoutent des facteurs plus structurels : la faible inclusion financière, l’insuffisance de l’édu- cation budgétaire, la méfiance envers les institutions bancaires et une offre de produits d’épargne encore trop limitée pour séduire une clientèle diversifiée.
mentation des ressources dispo- nibles pour l’investissement, ren- forçant ainsi l’offre de capital et soutenant la croissance écono- mique» , explique Hassan Edman, professeur d’économie et gestion à la Faculté des sciences juri- diques, économiques et sociales d’Agadir. Pourtant, souligne-t-il, cette dynamique ne s’amorce pas encore au Maroc, où une grande partie de l’épargne reste captée sous forme de dépôts liquides, loin des circuits d’inves- tissement. En effet, près de 710 milliards de dirhams sont placés dans des dépôts à vue ou des comptes épargne classiques, reflet d’une stratégie de prudence face aux incertitudes économiques persis- tantes. Cette épargne «de pré- caution» limite la transformation du capital disponible en inves- tissements productifs, freinant
À l’heure où le financement endogène de la croissance devient un enjeu stratégique pour le Royaume, l’épargne nationale peine encore à jouer son rôle d’accélérateur économique.
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secouent les grands flux mon- diaux, le Maroc apparaît relative- ment épargné. Les exportations vers les États-Unis ne repré- sentent que 5% du total. Mieux, la taxation limitée (10%) pourrait même faire du Maroc une terre d’accueil pour des délocalisations industrielles en provenance de pays plus lourdement sanction- nés. En somme, une stabilité bien- venue dans un monde fragmenté. Dans ce contexte, CIH Capital Management continue de plaider pour une exposition diversifiée, appuyée sur deux piliers macro : la croissance modérée et la désin- flation. Côté actions, les moteurs de performance devraient venir des secteurs bancaire, cimentier, construction et santé, avec en prime une reprise des marges dans l’industrie grâce à la détente sur l’énergie et les matières pre- mières. Le rendement moyen des dividendes (2,9%) sur le MASI reste compétitif face au BDT 10 ans (2,7%). Le segment «value», encore sous-valorisé selon la société de gestion, conserve un intérêt par- ticulier. Sa résilience durant les secousses récentes et l’amélio- ration de la liquidité du marché lui offrent un potentiel non négli- geable. Rappelons ici que c’était le principal pari de la société de gestion au premier trimestre. Sur le front obligataire, le recul de l’inflation et la politique accommo- dante de BAM renforcent l’attrait des titres à taux fixe, en particu- lier sur des maturités longues. Dans un monde encore incertain, le refuge des obligations - qui n’a pas été affecté par les tensions commerciales - séduit à nouveau. Une stratégie à duration élevée semble pertinente, sous réserve d’un choix judicieux des maturi- tés. CIH Capital Management main- tient ainsi une posture équilibrée, fidèle à celle du premier trimestre, misant sur la complémentarité actions Value - obligations à forte duration. Une manière de capter les opportunités de rebond sans négliger la protection contre les aléas macroéconomiques et géo- politiques. ◆
CCM recommande désormais une orientation plus marquée vers les actions européennes.
Placements Quelle allocation d’actifs pour faire face à la guerre commerciale ? L Dans une nouvelle note stratégique publiée en avril 2025, CIH Capital Management (CCM), gestionnaire d'actifs filiale de CIH Bank, esquisse un tableau plutôt serein de l’environnement économique et financier national, malgré un contexte international secoué par les tensions commerciales initiées par les États-Unis. Par A. Hlimi à des rebonds significatifs, avec près de 30% de reprise potentielle dans les phases d’inflexion. Dans cette optique, mieux vaut éviter une sous-exposition excessive aux actions. Dans une inflexion par rapport au positionnement du début d’année, CCM recommande désormais une orientation plus marquée vers les actions européennes. Leur attrait tient autant à des niveaux de valo- risation plus raisonnables qu’aux plans de relance budgétaire actuellement en gestation. ’
argumentaire du gestionnaire d'actifs repose sur une double lecture : un Trump pragmatique qui pourrait revoir sa copie si les marchés US flanchent, et une économie marocaine qui s’affirme dans sa trajectoire de croissance modérée, mais solide. Le président américain, connu pour son attachement aux mar- chés comme baromètre de sa réussite économique, pourrait bien infléchir sa ligne dure sur le commerce si les indices boursiers venaient à chuter durablement. Pour CIH Capital Management, ce paramètre constitue un garde-fou contre un scénario de repli généra- lisé sur les actions internationales. D’autant plus que les corrections récentes sur les marchés - sou- vent exagérées - laissent place
sions d’inflation à 2%, permettant une baisse de 25 points de base du taux directeur en mars dernier. Cette détente monétaire pourrait même se poursuivre si les condi- tions le permettent. La Bourse de Casablanca, après un démarrage en fanfare (+20% depuis janvier), a connu une cor- rection marquée début avril (-7% en une semaine), qualifiée de salu- taire par CCM. Selon la note, cette phase de consolidation freine les excès spéculatifs et recentre les investisseurs sur les fondamen- taux. Un point positif pour la qua- lité des arbitrages à venir. Libération Day : des effets contenus pour le Maroc Alors que les tensions doua- nières initiées par les États-Unis
Sur le plan national, la dynamique reste favorable. La Banque cen- trale prévoit une croissance de 3,9% pour 2025, une estimation proche de celle du FMI (+3,7%). Signe de confiance : Bank Al-Maghrib a abaissé ses prévi-
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Propos recueillis par A. Hlimi La due diligence ESG connait une importance croissante dans les opérations de capital investissement. Shirine Ziani, Managing Partner CSR & Sustainability chez Becker Tilly, et Farid Benlafdil, directeur associé chez Wise Company, en expliquent les enjeux. Capital investissement De l’importance de la due diligence ESG
F.N.H. : Les chefs d’entre- prise marocains sont-ils sensibilisés à ces enjeux ? Sh. Z. : Les grandes entreprises, surtout celles liées à des groupes internationaux, sont bien avancées sur ces sujets. En revanche, du côté des PME et TPE, l’ESG est encore perçu comme un coût plu- tôt qu’un levier stratégique. Il y a un manque de ressources internes dédiées à la durabilité, et le recours à des cabinets externes peut être perçu comme onéreux. De plus, le Maroc ne dispose pas encore de référentiel ESG pleinement adapté à son contexte. La demande en due diligence ESG provient donc encore majoritairement des inves- tisseurs internationaux. F. B. : C’est là où le capital inves- tissement peut jouer un rôle struc- turant. Dès l’entrée au capital, un plan d’action ESG est formalisé avec l’entrepreneur. Certains bail- leurs de fonds vont même jusqu’à inclure des clauses de sortie si les engagements ne sont pas tenus. Et avec l’entrée en vigueur de la taxe carbone européenne en 2026, toutes les entreprises exporta- trices devront se mettre à niveau. F.N.H. : Dernière question, quel est le coût d’une due diligence ESG ? Sh. Z. : Cela dépend de nom- breux facteurs : le contexte de la mission, la taille de l’entreprise, le secteur, la maturité ESG, la dis- ponibilité des données, etc. Pour une PME, une mission simple peut démarrer autour de 50.000 dirhams, et aller jusqu’à 150.000 dirhams avec des audits de ter- rain. Pour les grandes structures ou les industries complexes, cela peut aller jusqu’à 500.000 dirhams. Mais ce coût peut être cofinancé par des bailleurs ou des fonds. Il faut vraiment le considérer comme un investissement stratégique. F. B. : Exactement. Prenez l’exemple de l’énergie solaire : en intégrant cette solution, l’entre- prise réduit ses charges énergé- tiques. Il est aussi essentiel de ne pas s’arrêter à l’audit. Il faut ensuite appliquer et suivre le plan d’action avec l’accompagnement du cabinet initial. ◆
exercice de conformité, la due dili- gence ESG est aujourd’hui une étape stratégique dans l’investis- sement. Elle permet d’anticiper des risques majeurs qui pourraient avoir un impact direct sur la valori- sation d’une entreprise. F.N.H. : Peut-on dire que cette diligence est un levier de création de valeur ? Sh. Z. : Absolument. 55% des investisseurs se disent prêts à revaloriser leur ticket d’entrée si l’entreprise montre une matu- rité ESG avancée. Et 80% des résultats de la due diligence ESG sont ensuite utilisés pour définir les plans d’actions post-inves- tissement. C’est aussi un moyen d’améliorer l’accès à des finan- cements verts, de renforcer la réputation de l’entreprise et de se préparer à des réglementations de plus en plus exigeantes, notam- ment en Europe avec la future taxe carbone. Une entreprise qui fait déjà son reporting ESG est bien mieux armée pour répondre à ces obligations. F.N.H. : Avez-vous des exemples concrets d'im- pact sur la valorisation ? Farid Benlafdil : Oui, prenons l’exemple d’un laboratoire phar- maceutique dont le sol est pol- lué. Cette non-conformité environ- nementale engendre un coût de dépollution, donc une sortie de trésorerie. Cela impacte directe- ment la valorisation de l’entreprise au moment de l’entrée au capital. On ne parle pas ici d’une simple vérification de conformité, mais d’éléments qui influencent concrè- tement les décisions d’investisse- ment.
Shirine Ziani
Farid Benlafdil
Finances News Hebdo : En quoi consiste une due dili- gence ESG concrètement ? Shirine Ziani : La due diligence ESG, comme toute autre forme de diligence, est un processus d’évaluation. Mais ici, au lieu de se concentrer uniquement sur les chiffres, on s'intéresse à la durabilité, la résilience et la per- formance à long terme de l’entre- prise. On analyse ses impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance. Ce type d’analyse est de plus en plus intégré dans les opérations de fusions-acqui- sitions, de partenariats straté- giques ou d’investissements, car les parties prenantes veulent aller au-delà des états financiers clas- siques. F.N.H. : Quels types de cri- tères sont examinés sur les volets environnemen- taux, sociaux et de gouver- nance ? Sh. Z. : Sur le plan environnemen- tal, on évalue la gestion de l’éner- gie, des ressources naturelles, les émissions de CO 2 , l’utilisation des
énergies renouvelables, la ges- tion des déchets, etc. Sur le plan social, au-delà de la conformité au droit du travail, on s’intéresse à l’équité salariale, à la non-discri- mination dans les recrutements, à l’existence de syndicats et à la contribution de l’entreprise aux communautés locales. En matière de gouvernance, on exa- mine la composition du Conseil d’administration, l’indépendance des membres, les politiques anti- corruption, la transparence dans les reportings ESG, et bien sûr la conformité aux normes interna- tionales. Quelle est aujourd’hui la place de cette démarche dans les pratiques des fonds de pri- vate equity ? F.N.H. : Farid Benlafdil : La demande de due diligence ESG émane surtout des institutions financières inter- nationales (DFI), qui sont souvent les premiers bailleurs de fonds au Maroc. Cette exigence s’est accrue ces dernières années. Initialement perçue comme un
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