ECONOMIE
41
FINANCES NEWS HEBDO MERCREDI 30 AVRIL 2025
Premier nuage : le déficit hydrique. Même s’il y a un léger mieux ces der- nières semaines, le Maroc fait face à une sécheresse structurelle, avec une chute de 58% des ressources hydriques. L’agriculture, qui pèse encore 13% du PIB et occupe 40% de la population active, trinque et reste le talon d’Achille d’une économie qui peine à se détourner du ciel. Pour la campagne 2024-2025, la récolte céréalière est estimée à 44 millions de quintaux, soit une progression de 41% par rapport à l’année précédente, mais cela demeure encore insuffisant. Alors, pour faire face au stress hydrique, le Royaume s’arme. Pas moins de 143 milliards de dirhams sont déjà mobilisés pour le Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation. Et le dessale- ment devient l’une des options clés, avec 15 stations déjà en place et une super-usine en chantier à Casablanca, alimentée à 100% par des énergies renouvelables. Deuxième nuage : le chômage, notam- ment chez les jeunes. En 2024, mal- gré la création de 82.000 emplois, le nombre de chômeurs a augmenté de 58.000 personnes pour atteindre 1,64 million. Le taux de chômage national est passé à 13,3%, celui des jeunes de 15-24 ans à 36,7% et celui des diplômés à 19,6%. Une équation inso- luble tant que la croissance ne dépas- sera pas durablement les 6%, seuil nécessaire, selon les projections du nouveau modèle de développement, pour absorber la demande d’emplois. Le gouvernement tente d’agir : 12 mil- liards de dirhams pour une nouvelle feuille de route pour l’emploi, pro- grammes d’aide à l’insertion (Idmaj, Awrach, Ana Moukawil…), soutien ciblé aux jeunes et aux femmes… Mais les résultats tardent à se faire sentir. Du coup, le ressenti populaire, lui, reste morose. C’est là tout le paradoxe. On a une économie à deux vitesses. D’un côté, il y a une dynamique portée par des événements sportifs planétaires, avec des politiques publiques volontaristes et de gros investissements dans d’énormes chantiers structurants. De l’autre, il y a une économie réelle encore grevée par des fragilités et des faiblesses structurelles. Dès lors, si la CAN 2025 et le Mondial 2030 sont des boosters, ils ne résou- dront pas tout. L’économie maro-
grand. Sous l’impulsion du Souverain, il a des ambitions légitimes de se moderniser et de se développer. Et rien que cela, c’est déjà énorme. Le reste ? Le reste dépendra de la capacité des wagons à suivre la loco- motive. De la cohérence entre vision stratégique et exécution locale. De la connexion entre l’élite dirigeante et les citoyens. Car il ne suffit pas que le train parte à l’heure, encore faut-il que tout le monde y monte. ◆
Le Roi Mohammed VI ne conçoit pas l’infrastructure comme un simple ruban à couper devant les caméras, mais comme une colonne vertébrale pour le développement économique, une arme pour l’inclusion territoriale et un levier de compétitivité.
caine devra, à un moment ou un autre, repenser sa matrice pour moins dépendre de l’agriculture pluviale et développer davantage le PIB non
agricole. Convenons néanmoins d’une chose : le Maroc n’est pas à l’arrêt. Il bouge. Il investit. Il prend des risques. Il rêve
www.fnh.ma
Made with FlippingBook flipbook maker