L'UNIVERS DES TPME
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FINANCES NEWS HEBDO MERCREDI 30 AVRIL 2025
sés en AgriTech qui peuvent nous guider stratégiquement, et surtout un accès au terrain pour tester nos solutions dans des conditions réelles. Ce dernier point est crucial : avoir des fermes partenaires, des don- nées agricoles de qualité et des retours directs des utilisateurs. C'est cette combinaison qui nous permettra de passer à l'échelle et d'atteindre les milliers d'agricul- teurs qui pourraient bénéficier de notre technologie. D'ailleurs, nous sommes ravis d'annoncer que nous avons récemment conclu, lors du SIAM, un partenariat avec le Crédit Agricole du Maroc pour démo- cratiser la détection des mala- dies des plantes chez les milliers de petits agriculteurs marocains. C'est exactement le type de sou- tien institutionnel qui nous aide à accélérer notre déploiement. F.N.H. : Au-delà du finan- cement, quelles conditions écosystémiques en matière de régulation, d'accès aux données ou de collabora- tion avec le monde agri- cole sont essentielles pour faire émerger des solutions DeepTech réellement trans- formatrices ? E. M. A. : Pour que des solutions DeepTech comme DeepLeaf puissent véritablement trans- former l'agriculture, nous avons identifié trois piliers écosysté- miques fondamentaux. Premièrement, nos collaborations actuelles avec les partenaires agricoles Zniber et les domaines agricoles de Dakhla nous ont déjà permis d'accéder à des données précieuses. Cette démarche col- laborative nous semble être le modèle à encourager à l'échelle nationale. Le deuxième pilier concerne la formation et la sensibilisation. La technologie la plus avancée reste inefficace si les utilisateurs finaux ne sont pas équipés pour l'adop- ter. Nous cherchons à établir des collaborations avec des centres de formation agricole et des coo- pératives pour intégrer la littéra- tie numérique dans les parcours
El Mahdi Aboulmadel, CEO de DeepLeaf, consacré par le premier prix du Gitex Africa Supernova Challenge.
diversifiées et des pratiques tra- ditionnelles qui cohabitent avec l'agriculture moderne. Pour relever ce défi, nous tra- vaillons actuellement avec les Domaines Zniber et les domaines agricoles de Dakhla pour la col- lecte de données et les tests de nos solutions sur le terrain. Ces partenariats nous permettent d'affiner nos algorithmes en fonction des cultures réellement présentes dans les exploitations marocaines. Un aspect particulièrement inno- vant de notre solution est notre chatbot WhatsApp, qui fonc- tionne en arabe et en darija, avec la possibilité d'interagir par mes- sages vocaux. Notre interface est conçue avec un langage simple et des recommandations qui tiennent compte des ressources locales disponibles. Quelles sont aujourd'hui vos principales ambitions pour DeepLeaf, tant au niveau national qu'international, et com- ment envisagez-vous votre contribution à la transfor- mation du secteur agricole ? F.N.H. : E. M. A. : Notre souhait pour DeepLeaf est de devenir un acteur
incontournable de l'agriculture de précision, non seulement en Afrique, mais à l'échelle mon- diale. Nous avons une vision qui dépasse les frontières du conti- nent africain, tout en gardant notre différence fondamentale. Au Maroc, nous travaillons à démocratiser l'accès au diagnos- tic des maladies des plantes avec des outils simples qui fonctionnent sur n'importe quel smartphone ou même par WhatsApp, en arabe, français ou dialecte local. À l'international, nous avons déjà commencé à nous déployer au- delà de l'Afrique. Je suis heu- reux de vous annoncer que nous avons démarré une collabora- tion avec le gouvernement du Qatar, via Hassad Food, qui utilise désormais notre API. C'est un premier pas important vers notre expansion mondiale. Notre stratégie internationale cible en priorité les régions qui par- tagent nos défis agricoles, comme l'Afrique subsaharienne, les zones tropicales et les pays du Sud, mais notre ambition est vérita- blement mondiale. Notre mission est de réduire ce fossé technolo- gique qui existe dans l'agriculture à l'échelle planétaire. Au fond, notre vision est profondé- ment liée à la souveraineté alimen- taire. En donnant aux agriculteurs les moyens de mieux protéger leurs cultures grâce à l'IA, nous contribuons à réduire les pertes alimentaires et à promouvoir des pratiques plus durables. ◆
des agriculteurs. Cette dimension éducative est souvent négligée dans les stratégies d'innovation agricole. Enfin, nous sommes convaincus que l'innovation ouverte et colla- borative est la clé. Les plateformes qui facilitent les interactions entre startups, agriculteurs, chercheurs et institutions publiques créent un terreau fertile pour l'émergence de solutions pertinentes. Je tiens à souligner que le Maroc a déjà fait des avancées remar- quables dans plusieurs de ces domaines, notamment avec la stratégie Génération Green 2020- 2030 qui intègre la digitalisation comme axe prioritaire. Mais pour véritablement libérer le potentiel transformateur de la DeepTech agricole, nous devons collecti- vement accélérer sur ces trois fronts. F.N.H. : Votre solution repose sur l'intelligence artificielle et l'imagerie. Comment adaptez-vous vos algorithmes aux réalités locales des territoires agri- coles marocains, souvent marqués par une grande hétérogénéité des cultures et des pratiques ? E. M. A. : L'adaptation de notre technologie aux spécificités marocaines est au cœur de notre approche. Le Maroc présente effectivement une mosaïque agricole extraordinaire, avec des microclimats variés, des cultures
Lors du SIAM, DeepLeaf a conclu un partenariat avec le Crédit Agricole pour démocratiser la détection des maladies des plantes auprès de milliers de petits agriculteurs marocains.
AVEC LA PARTICIPATION DE TAMWILCOM
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