FNH N° 1158

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 4 juillet 2024 - 8 DH - N° 1158

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Un pont entre principes islamiques et modernité Réforme du Code de la famille

P. 26/27

Coup dur pour la balance commerciale CHUTE DE LA PRODUCTION DE BLÉ

● Le Maroc doit importer environ 70 millions de quintaux de blé pour couvrir les besoins locaux.

P. 18/19

Crowfunding

Législatives en France Calculs d’épicier et arithmétique politicienne P. 4

Circulation fiduciaire L'urgence d'une détox numérique face à l'addiction au cash

Trois pas en avant  Entretien avec Sofiane Gadrim, directeur des nouvelles technologies (CTO) et co-fondateur d’Atela.

P. 11 à 14

P. 9

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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JEUDI 4 JUILLET 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

SOMMAIRE

Editorial

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L'UNIVERS DES TPME

Entretien avec Khalid Doumou : Accès aux mar- chés publics, «La surface financière de certaines petites entreprises les disqualifie matérielle- ment»

Fatima Ouriaghli Directeur Général responsable de la Publication

Voyons voir : France, Calculs d’épicier et arithmétique politicienne Ça se passe au Maroc Ça se passe dans le monde Ça se passe en Afrique

26 26 SOCIÉTÉ

8 8 BOURSE & FINANCES

Réforme des retraites

I Stress test

Réforme du Code de la famille : Un pont entre prin- cipes islamiques et modernité Haj 2024 : La tutelle interpellée sur les problèmes rencontrés par des pèlerins marocains

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Point Bourse Hebdo : Une surprise signée Bank Al-Maghrib Circulation fiduciaire : L'urgence d'une détox numé- rique face à l'addiction au cash Retraites : La réforme à deux pôles plus urgente que jamais Crowfunding : Trois pas en avant Entretien avec Sofiane Gadrim : Crowdfunding, «Nous en sommes encore aux premières étapes, avec de nombreux défis à surmonter» Education financière : Encore du pain sur la planche Bourse de Casablanca : Les gagnants et les perdants du 1er semestre bourse : La semaine en chiffres

l y a une tendance lourde qui ne fait que se confirmer : le sys- tème de retraite marocain, confronté à un double défi démo- graphique et économique, vacille sous le poids de ses désé- quilibres. Dans le contexte socioéconomique actuel, la réforme systémique s'impose non seulement comme une priorité, mais aussi une urgence. Une urgence que vient de rappeler le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques (CCSRS), qui a tenu, le mardi 2 juillet, sa dix-neuvième séance au siège de Bank Al-Maghrib, à Rabat. Le CCSRS estime en effet que les principaux régimes du secteur continuent de traverser une période financière précaire. Les récentes mesures salariales adoptées lors du dialogue social du 29 avril 2024 pourraient repousser quelque peu le moment où les réserves des régimes CMR-RPC et RCAR s'épuiseront. Cependant, ces mesures ne suffisent pas à assurer la pérennité de ces régimes. Ainsi, concernant le régime général de la CNSS, la réduction du nombre minimal de jours de cotisation nécessaires pour prétendre à une pension, de 3.240 à 1.320 jours, avancera de quelques années l'apparition du déficit global du régime et l'épuisement de ses réserves. Par conséquent, souligne le CCSRS, il devient impératif de mettre en œuvre une réforme systémique du secteur. Cette réforme envisage la création d’un système dual, composé d’un pôle public et d’un pôle privé, dont les grandes lignes stratégiques ont également été définies par l'accord issu du dialogue social précité. Elle devrait permettre l'introduction d'une tarification adaptée à ces régimes, capable d'absorber une large part de leurs engagements passés non couverts. Longtemps réclamée, cette réforme, inscrite comme priorité dans l’agenda gouvernemental, tarde cependant à être concrétisée. Parce qu’elle est délicate et très impopulaire. Et si dans les différents rounds du dialogue social le compromis semble avoir prévalu jusqu’à maintenant, la réforme des retraites s'annonce comme le véritable stress test pour mesurer la solidité de ce consensus entre gouvernement et partenaires sociaux. Ce sujet, hautement sensible, touche à l'équilibre précaire entre les attentes des travailleurs et les réalités économiques d'un Maroc confronté à des défis multiples. C’est pourquoi l’Exécutif, conscient des enjeux, avance avec beaucoup de prudence. En face, les syndicats notam- ment, souvent vindicatifs et gardiens des intérêts des travailleurs, sont sur le qui-vive, prêts à défendre bec et ongles les acquis sociaux. Convenons-en, cette réforme ne sera pas une mince affaire. Elle ne se résume pas seulement à une question de chiffres et de projections économiques : c'est une question de confiance, de justice sociale et de vision à long terme. Trois ingrédients qui doivent être les fon- dements même de ce système de solidarité intergénérationnelle. u

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DEVELOPPEMENT DURABLE

Écotourisme : Cap sur la durabilité !

18 18 ECONOMIE

POLITIQUE

Entretien avec Amar Dib : Législatives anticipées en France, «Les alliances comme les ententes res- teront fragiles»

35 ISS : La dernière mission 35 HIGH-TECH

Chute de la production de blé : Un coup dur pour la balance commerciale Entretien avec Khalid Karbaoui : Programme Awrach, «Il est crucial de créer des passerelles entre les emplois temporaires et des emplois stables et pérennes» Immobilier : Le secteur table sur les MRE pour booster l’activité durant la période estivale Viandes rouges : La reconstitution du cheptel natio- nal dépendra de la clémence du ciel

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• Directeur des rédactions & Développement : David William

• Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai

• Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine

• Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

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VOYONS VOIR

France

Calculs d’épicier et arithmétique politicienne

battent leur plein et les alliances se redes- sinent dans l'urgence. Elles ne symbolisent pas seulement des calculs d’épicier et de l’arithmétique politicienne, mais plutôt un appel urgent à la défense des valeurs fon- damentales de la République. Dans les couloirs du pouvoir et dans les rues, la tension est palpable. Les dirigeants des autres partis, de la gauche radicale au centre-droit traditionnel, semblent s'accor- der sur un point : la nécessité de faire bar- rage. Mais cet accord de principe suffira-t-il à contrer la montée d’un parti longtemps considéré comme marginal ? Les Français sont appelés à une réflexion profonde sur l’avenir de leur pays. Au-delà des enjeux politiques immédiats, c’est une question de société qui se pose. Comment la France, berceau des droits de l'Homme, peut-elle naviguer entre la préservation de son identité et l’ouverture à l’autre, entre la sécurité et la liberté, entre le souverainisme et l’intégration européenne ? Les partis traditionnels, de gauche comme de droite, qui ont long- temps alterné au pouvoir, semblent aujourd'hui désuets, presque dépassés. oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série.

L'urgence de la situation a été à la source d’une mobilisation sans précédent des poli- tiques, des intellectuels et des citoyens ordinaires, chacun contribuant à une vaste entreprise de sensibilisation. Mais alors que les urnes se préparent à livrer leur verdict final, une interrogation demeure : cette prise de conscience sera-t-elle suffisante pour influencer le cours des événements ? Sursaut républicain ? Les partis traditionnels, de gauche comme de droite, qui ont longtemps alterné au pou- voir, semblent aujourd'hui désuets, presque dépassés face à la montée d'un RN que beaucoup avaient trop vite relégué au rang de faiseur de trouble périphérique. La gra- vité de la situation force désormais ces mêmes partis à se remettre en question et à envisager des alliances contre-nature pour préserver l'essence de la démocratie parlementaire française. Cet appel au front républicain, bien qu’im- parfait, bouscule les clivages habituels pour se poser en dernier rempart contre une vision de la France qui pourrait se trouver profondément transformée après le 7 juillet. Car les implications d’un Premier ministre d’extrême droite et d'une Assemblée natio- nale dominée par le RN sont vastes : politiques, sociétales, économiques, mais également diplomatiques, avec un position- nement de la France sur l’échiquier interna- tional qui sera forcément fragilisé. Mais cet appel républicain suffira-t-il à ral- lier un électorat versatile et parfois indiffé- rent aux incantations des élites ? En tout cas, dans cette atmosphère de fin de règne pour certains et de renaissance pour d'autres, certains espèrent encore que la France saura trouver dans ses valeurs universelles la lumière nécessaire pour se dresser contre le RN. Un sursaut républi- cain en quelque sorte, dans un pays qui semble désormais honnir ses élites tradi- tionnelles. C’est dire que dimanche, pour les citoyens français, il ne s’agira pas seulement de voter, mais surtout de comprendre les enjeux qui se cachent derrière chaque bul- letin de vote. ◆

A u lendemain d’un premier tour historique marquant une avancée significative du Rassemblement National (RN) aux élections législatives, la France se trouve à un tour- nant décisif de son histoire politique. Les résultats, largement commentés et ana- lysés, donnent à voir un panorama où la traditionnelle bipolarité gauche-droite est ébranlée, faisant place à un paysage plus morcelé dans lequel les figures tradition- nelles de la politique semblent soudaine- ment effacées, remplacées par la présence grandissante du RN. Par D. William

Ces résultats du premier tour ne sont, pour ainsi dire, pas seulement une photographie d’un moment politique; ils sont le miroir d'une société française fracturée, en quête de réponses simples à des questions com- plexes. Face à la possibilité que le RN obtienne une majorité absolue au second tour le 7 juillet, des appels à la formation d’un front républicain émergent de toutes parts. Actuellement, les tractations politiques

Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle

Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

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ÇA SE PASSE AU MAROC

Télécoms

Maroc Telecom condamnée en appel dans l'affaire l'opposant à Wana L a Cour d'appel de commerce de Casablanca a confirmé mercredi 3 juillet la condam- nation d'IAM (Maroc Telecom) dans l'affaire l'opposant à Wana. Maroc Telecom devra payer 6,4 milliards de dirhams de dommages et intérêts à Wana, confirmant ainsi le jugement de première instance prononcé en janvier dernier.

Gestion des fonds dédiés aux startups 47 dossiers de candidature déposés L’ appel à manifestation d'intérêt, lancé le 15 avril 2024 par le Fonds Mohammed VI pour l'Investis- sement (FM6I) pour sélectionner les sociétés de gestion appelées à créer et gérer des fonds dédiés aux star- tups, a suscité une forte mobilisation des sociétés de ges- tion nationales et internationales. En ligne avec la stratégie du ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l'administration, cette opération s'inscrit dans le cadre de la convention signée entre le ministère, le FM6I et la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) visant à lancer des mécanismes innovants de financement à destination de fonds startups, indique-t-on dans un communiqué conjoint. «Au total, 47 dossiers de candidature ont été déposés, dont 12 par des soumissionnaires locaux, 33 par des interna- tionaux et 2 par des consortiums mixtes. Les propositions reçues couvrent un large spectre de stades de finance- ment (e.g., Pre-Seed, Seed, Pre-Serie A, Serie A, etc.), et de secteurs (e.g., Fintech, Agritech, Edtech, Healthtech, Climatetech, etc.)» , précise la même source. La diversité et l'importance du nombre des propositions reçues confir- ment le potentiel de l'industrie du venture-capital au Maroc en tant que source de financement pour les startups, et témoignent de l’adhésion des sociétés de gestion à la démarche innovante proposée par le Fonds Mohammed VI pour l'Investissement, le ministère de la Transition numé- rique et de la Réforme de l'administration et la CDG. ■

Cette décision fait suite à une plainte déposée par Wana Corporate, accusant IAM d'avoir entravé son développement sur le marché de la téléphonie fixe et Internet en pratiquant des prix discriminatoires et en refusant l'accès à certaines infrastructures. ■

Hydrocarbures

L’ONHYM et ESSO signent 2 contrats de reconnaissance

L’ Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) et la compagnie ESSO Exploration International Limited (ESSO) ont procédé, mardi à Rabat, à la signature de deux contrats de reconnaissance, dans le cadre de la stratégie de promotion des potentialités en hydrocarbures du sous-sol national développée par l'ONHYM. Ces contrats, paraphés par Amina Benkhadra, Directrice générale de l'ONHYM, et Charles David Tautfest, président d'ESSO, concernent les zones Safi-Essaouira Offshore et Agadir-Ifni Offshore, situées au large de Safi, Essaouira, Agadir et Sidi Ifni, précise l'ONHYM.

Cette signature marque le retour au Maroc d'ExxonMobil Corporation, société-mère d'ESSO et l'une des plus grandes entreprises énergétiques et pétrochimiques cotées en Bourse au monde, depuis la fusion des sociétés Exxon et Mobil en 1999. ■

Délai de paiement : Le taux des amendes pécuniaires fixé à 2,75%

L a Direction générale des impôts (DGI) a annoncé que les factures dont le délai de retard de paiement commence à partir du 1 er juin 2024 sont passibles de l’amende pécuniaire fixée au nouveau taux de 2,75% pour le premier mois de retard. Pour ce qui est des factures dont le délai de retard de paiement se situe avant le 1er juin 2024, elles restent passibles de l’amende pécuniaire fixée à l’ancien taux de 3%. Cette mesure fait suite à la décision prise lors de

base à 2,75%, avec une date d’effet à partir du 27 juin 2024. Par ailleurs, la DGI rappelle que la loi n° 69-21 relative aux délais de paiement a prévu que toute infraction aux dispositions relatives aux délais de paiement des transactions commerciales est passible d’une amende pécuniaire fixée au taux directeur de BAM appliqué à l’échéance du pre- mier mois de retard de paiement et de 0,85% par mois ou fraction du mois supplémentaire de retard. ■

la dernière réunion du Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) de réduire le taux directeur de 25 points de

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ÇA SE PASSE EN AFRIQUE

Ghana

L’Afrique du Sud reste sur la liste grise du GAFI Blanchiment d’argent

Zimbabwe

Une nouvelle tranche de prêt de 360 millions de dollars du FMI

Le FMI table sur une croissance de 2% en 2024

L e Conseil d’admi- nistration du Fonds monétaire interna- tional (FMI) a approuvé le versement au Ghana de la troisième tranche d’environ 360 millions de dollars du programme de prêt de 3 milliards de dol- lars. Cette décision, prise par le Conseil d’adminis- tration du FMI, porte à 1,56 milliard de dollars le montant total reçu par Accra dans le cadre d’un ambitieux plan de soutien de 3 milliards de dollars. Le décaissement de cette tranche intervient après l’achèvement de la deu- xième revue des réformes mises en œuvre par les autorités ghanéennes. « Les efforts de réforme du gouvernement ghanéen portent leurs fruits : la croissance économique a été plus robuste que prévu, l’inflation a rapide- ment diminué par rapport aux sommets observés en 2022, et la situation budgétaire s’est amélio- rée », souligne le FMI. Le Ghana connaît actuel- lement d’importantes dif- ficultés financières, qui se traduisent par une infla- tion élevée, qui s’élevait à 22,1% en mai dernier, une hausse rapide des prix des denrées alimentaires et de l’énergie et une dette extérieure considé- rable. ■

L a croissance économique du Zimbabwe devrait ralentir à 2% en 2024 contre 5,3% l'année dernière, en raison de la sécheresse provoquée par le phénomène climatique El Nino, a annoncé cette semaine le Fonds monétaire interna- tional (FMI). « L'économie est restée résiliente malgré les vents contraires, mais la croissance devrait ralentir en raison de la sécheresse, avant de rebondir pour atteindre 6% en 2025, soute- nue par une reprise de l'agriculture et des projets d'investissement en cours dans le secteur manufacturier », a indiqué le FMI à la fin de la mission de son personnel. Les projections du Fonds sont similaires à celles de la Reserve Bank of Zimbabwe (RBZ), qui a révisé à la baisse la croissance du produit intérieur brut (PIB) de ce pays d'Afrique australe à 2%. ■ Lancement d'un projet destiné à accélérer l'économie numérique Sénégal L e gouvernement sénégalais a lancé à Dakar son Projet d'accélération de l'économie numérique (PAENS), finan- cé avec le concours de la Banque mondiale à hauteur de 95 milliards de francs CFA (environ 150 millions de dollars). Ce projet a pour objectif principal « d'étendre l'accès à une connectivité à haut débit abordable et résiliente aux changements climatiques et d'améliorer l'adoption des services publics en ligne et des dossiers médicaux électroniques », a déclaré le ministre sénégalais de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, Alioune Sall, lors de la cérémonie de lance- ment de ce projet. ■

L e Groupe d'action financière (GAFI) a annoncé que l’Afrique du Sud restera encore dans sa liste grise en raison des faibles progrès réalisés en matière de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. « Même si le pays a fait quelques progrès depuis son inscription sur la liste grise l'année dernière, il lui reste encore beaucoup de travail à faire pour remédier à ses lacunes stratégiques restantes », a déclaré l'organisme de surveillance financière mondiale à l'issue d'une réunion de trois jours à Singapour. Il a précisé que le pays doit faciliter les enquêtes sur le blan- chiment d’argent et le financement du terrorisme (BC/FT), démontrer que des sanctions effectives sont appliquées en cas de non-conformité, ainsi qu'assurer un accès en temps opportun à des informations précises et à jour sur les personnes morales en cas de manquement aux obligations. ■

Le gouvernement s'engage à promouvoir les investissements dans le secteur énergétique Côte d'Ivoire

L e Premier ministre ivoirien, Robert Beugré Mambé, a exprimé à Abidjan, l'engagement de la Côte d'Ivoire à promouvoir les investissements dans le secteur des ressources minérales et énergétiques. A l'occasion du lancement du Salon international des ressources extrac- tives et énergétiques (SIREXE), Mambé a indiqué que la Côte d'Ivoire avait renforcé sa position dans les industries extractives et énergétiques par la mise en œuvre de vastes programmes sectoriels de relance et de réformes structurantes. « La production totale de pétrole brut devrait se situer autour de 200.000 barils/jour à l'horizon 2027, portée par le champ Baleine avec environ 150.000 barils/jour de pétrole brut », a révélé le chef du gouvernement. Il a affirmé que la Côte d'Ivoire continuerait à améliorer la fourniture d'élec- tricité pour répondre aux attentes profondes des populations. ■

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ÇA SE PASSE DANS LE MONDE

Zone Euro

BCE

USA

Lagarde prévient que le match contre l'inflation «n’est pas gagné»

Le taux de chômage stable en mai à 6,4%, son plus bas historique

La croissance du PIB révisée légèrement à la hausse au 1 er trimestre

L a Banque centrale euro- péenne n'a pas encore gagné le match contre l'in- flation élevée, la cible de 2% ne devant pas être atteinte avant fin 2025, a prévenu sa présidente Christine Lagarde. L'inflation en zone Euro a été ramenée à 2,6% sur un an en mai, après avoir culminé à 10,6% en octobre 2022, ce qui a conduit l'institution monétaire à réduire ses taux en juin pour la première fois depuis cinq ans. Néanmoins, « nous ne nous repo- serons pas tant que le match ne

sera pas gagné et que l'inflation ne sera pas revenue à 2% », le taux idéal visé à moyen terme, a déclaré Lagarde en ouverture d'un forum annuel de la BCE organisé à Sintra, au Portugal. « Notre travail n'est pas terminé et nous devons rester vigilants », a-t- elle prévenu en début de discours. Compte tenu de l'ampleur iné- dite du choc inflationniste depuis le début de l'Euro, « un +atterris- sage en douceur+ de l'inflation n'est toujours pas garanti », selon l'ancienne Directrice générale du FMI. ■

L a croissance du PIB des États- Unis au premier trimestre 2024 a été révisée légèrement en hausse à 1,4%, selon la troisième estimation publiée par le départe- ment du Commerce. Le produit intérieur brut des États- Unis de janvier à mars a finale- ment progressé de 1,4% en rythme annualisé contre +1,3% estimé pré- cédemment. Cette révision finale est conforme aux prévisions des analystes. Elle confirme le net ralentissement de l'activité par rapport à la croissance de 3,4% enregistrée au 4e trimestre 2023. De janvier à mars, les dépenses de consommation, moteur de la croissance, ont marqué le pas en ne progressant plus que de 1,5% contre +3,4% fin 2023 et +2% lors de l'estimation précédente. ■

L e taux de chômage de la zone Euro est resté stable en mai, par rapport à avril, à 6,4% de la population active, son plus bas niveau historique, selon des don- nées publiées par Eurostat. Sur un an, l'indicateur s'inscrit en diminution de 0,1 point. Malgré un contexte de stagnation économique, il est au plus bas depuis que l'Office européen des statistiques a com- mencé à compiler cette série en avril 1998 pour les pays ayant adopté la monnaie unique. Pour l'ensemble de l'Union euro- péenne, le taux de personnes sans emploi s'est maintenu à 6% en avril, stable sur un mois comme sur un an. Le marché de l'emploi a globale- ment bien résisté à la conjoncture morose qui sévit en Europe depuis fin 2022. ■

Italie

Le déficit public descend à 8,8% du PIB au premier trimestre

Zone Euro

L'inflation ralentit légèrement en juin à 2,5% sur un an

L’

Italie a ramené son défi- cit public à 8,8% du pro- duit intérieur brut au pre-

L’ inflation en zone Euro est repartie légèrement à la baisse en juin, ralentissant à 2,5% sur un an, après 2,6% en mai, grâce aux prix alimentaires et à l'énergie, selon des chiffres publiés par Eurostat.

mier trimestre, contre 11,6% à la même période de 2023, sous l'effet d'un ralentissement de l'inflation et d'une hausse des recettes fis- cales, a annoncé l'Institut natio- nal des statistiques (Istat). Sur les trois premiers mois de l'exercice, l'administration publique a dégagé 211,7 milliards d'euros de recettes fiscales, contre 204,5 milliards un an plus tôt, pour des dépenses en recul de 2%, à 257 milliards. ■

La hausse des prix à la consommation se rapproche ainsi de nou- veau de l'objectif de 2% fixé par la Banque centrale européenne (BCE). Les analystes de Factset et Bloomberg tablaient sur ce recul de 0,1 point en juin, qui intervient après une hausse de 0,2 point le mois précédent.

L'inflation sous-jacente, c'est-à-dire corrigée des prix volatils de l'énergie et de l'alimentation, parti- culièrement scrutée par les marchés financiers et la BCE, est en revanche restée stable sur un mois à 2,9%, selon l'Office européen des statistiques. Le consensus des analystes anticipait un léger recul à 2,8%. ■

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BOURSE & FINANCES

Point Bourse Hebdo Une surprise signée Bank Al-Maghrib

Evolution de l'indice Masi depuis début juillet 2023

L’indice Masi a mis fin à une série de cinq semaines de baisse consécutive. Cette période de haute saison estivale ne sera pas de tout repos pour les investisseurs.

Q

Par Y . Seddik

tion a été tout aussi forte avec une baisse de 20 points de base des taux longs sur les comparti- ments primaire et secondaire le lendemain de l’annonce (voir plus bas). Cette réaction rapide reflète un changement de perception chez les investisseurs quant à l'orientation future de la politique monétaire de la Banque centrale. La décision de BAM, motivée par une inflation sous contrôle et la nécessité de stimuler la croissance économique, marque un tournant décisif. Elle ouvre potentiellement la voie à un nou- veau cycle d'assouplissement monétaire, avec une possible nouvelle baisse du taux directeur dès septembre. Bien que les avis divergent sur ce dernier point, une chose est sûre : Bank Al-Maghrib a réveillé une Bourse quelque peu assou- pie. Les investisseurs, revigorés par cette annonce surprise, envi- sagent désormais l'avenir avec une nouvelle perspective. Reste

ui a dit que l'été était synonyme de calme plat sur les marchés financiers ? Certainement pas les opérateurs du marché, secoués cette semaine par la décision inattendue de Bank Al-Maghrib. Cette dernière a décidé de dyna- miter les pronostics en abaissant son taux directeur, défiant ainsi le consensus quasi unanime d'un statu quo monétaire. Un coup de tonnerre dans un ciel estival jusque-là serein, qui n’a pas manqué de provoquer des secousses sur les marchés finan- ciers. À peine l’annonce faite, l’in- dice MASI s’est envolé de plus de 2%. Les secteurs de croissance et le secteur bancaire ont été les principaux moteurs de cette hausse. Sur la semaine, l’indice a progressé de 1,22%, mettant fin à 5 semaines de baisses consé- cutives. Le gros des échanges hebdomadaires a concerné BCP (227 MDH), Maroc Telecom (141 MDH) et Marsa Maroc (136 MDH). Sur le marché obligataire, la réac-

TOP Performances

FLOP Performances

RDS Alliances Addoha

-10,74%

+13,38% +6,09%

Akdital Balima S.M monétique

-7,60%

-6,67%

+5,96%

à voir si cette initiative portera ses fruits et permettra à l'économie marocaine de renouer avec une croissance durable. Quoi qu'il en soit, cette semaine mouvementée nous rappelle que même pendant la période estivale, le marché peut réserver des sur- prises de taille. Marché obligataire : nette baisse des taux La 1 ère séance d’adjudication du

mois de juillet a été marquée par une levée de 7 Mds de DH, face à une demande des investisseurs avoisinant les 20 Mds de DH. Il s’agit de la levée la plus impor- tante depuis février 2024. Nous relevons une nette évolu- tion baissière des taux de rende- ment des maturités LT concer- nées par la levée. À cet effet, les taux de rendement des maturités 10, 20 et 30 ans ont reculé de 19, 13 et 21 pbs respectivement. ◆

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BOURSE & FINANCES

Circulation fiduciaire

En outre, l'introduction imminente de l'e-dirham, une monnaie digitale, est envisagée comme une solution potentielle pour réduire la dépen- dance au cash. Ce projet fait partie d'une série d'initiatives destinées à moderniser le système financier marocain. Jouahri a souligné que ce problème est en partie dû à un manque d'éducation financière et à la prévalence de l'économie infor- melle. «Le cash demeure le principal moyen de financement du blanchi- ment d’argent et du terrorisme en raison de son absence de traçabilité et de l’anonymat qu’il procure» , a-t-il affirmé. La dualité du cash Pour faire face à ces défis, un comité a été mis en place, regroupant des banques, le ministère de l'Économie et des Finances, ainsi que des cher- cheurs. Ce comité a pour mission d'examiner les causes profondes de cette dépendance au cash et d'identifier les meilleures solutions pour y remédier. Cette initiative vise non seulement à moderniser le sys- tème financier, mais aussi à réduire l'économie informelle et à promou- voir une économie plus traçable et transparente. Jouahri a également abordé la question du cash comme un droit du citoyen. «Bien que le cash soit un droit du citoyen, ce droit a des contreparties. Lorsque le gouvernement demande que le cash passe par le digital, il le fait pour faciliter le contrôle ultérieur, ce qui est dans l'intérêt de la com- munauté», a-t-il conclu. Il est donc nécessaire de trouver un équilibre entre la liberté d'utilisation du cash et les impératifs de traçabilité et de sécurité financière. La transition vers un système finan- cier plus digitalisé est une étape essentielle pour pallier cette pro- blématique de cash. En réduisant la dépendance à la monnaie fiduciaire, le pays peut espérer améliorer la transparence de ses transactions, limiter les activités illégales et pro- mouvoir une inclusion financière plus large. Les efforts combinés du gouvernement, des institutions financières et de la société civile sont cruciaux pour atteindre cet objectif. ◆

u Maroc, le cash est roi. Les bil- lets de banque changent de mains à un rythme effréné et alimentent une économie où le papier-monnaie règne en maître. Mais cette dépen- dance au cash, qui atteint près de 30% du PIB, commence sérieuse- ment à inquiéter les autorités. Lors de la récente réunion trimestrielle de Bank Al-Maghrib, le wali Abdellatif Jouahri a tiré la sonnette d'alarme, mettant en lumière les risques liés à cette «addiction» nationale. Une éco- nomie souterraine qui prospère, des transactions opaques et un risque accru de blanchiment d'argent sont Le Maroc se trouve confronté à une situation singulière et préoccupante : environ 30% de son PIB circulent sous forme de cash. L’introduction de la future monnaie digitale, l’e-dirham, est envisagée comme une solution potentielle pour réduire la circulation du cash. Par Y. Seddik A autant de défis auxquels le pays doit faire face. Contrairement à ce que certains pourraient penser, Jouahri a clairement indiqué que les opérations de rappel de billets ne constituent pas la solution à ce problème. « Les pays qui ont pro- cédé au rappel des billets, l’ont fait principalement pour des raisons fis- cales et de change, et non pour limiter l’utilisation du cash », a-t-il expliqué. Ces mesures sont sou- vent destinées à contrer les sorties illégales de monnaie nationale ou à améliorer la traçabilité des transac- tions pour des fins fiscales. Pour le wali, il faut sensibiliser les citoyens à l'utilisation excessive du cash. Il a également suggéré de rendre obli- gatoire l'utilisation du digital pour les aides sociales. Actuellement, 69% des aides sociales directes sont dis- tribuées via des établissements de paiement, tandis que 31% passent par le secteur bancaire. Jouahri a appelé à intensifier les efforts pour élargir la culture financière, surtout auprès des populations vulnérables. L'objectif est de réduire progres- sivement la circulation de cash et de promouvoir des pratiques finan- cières plus transparentes. L'urgence d'une détox numérique face à l'addiction au cash

 Abdellatif Jouahri, wali de BAM, a de nouveau tiré la sonnette d'alarme concernant la forte dépendance du Maroc au cash.

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privé, figure parmi les recomman- dations clés issues de l’accord du dialogue social. Cette approche vise à établir une tarification capable de résorber une partie substantielle des engagements passés non couverts des régimes actuels. La réforme proposée prévoit la mise en place de deux entités distinctes : un pôle public, qui continuerait de gérer les pensions des fonction- naires et des employés du secteur public, et un pôle privé, destiné aux travailleurs du secteur privé. Cette structure bipolaire devrait permettre une gestion plus efficace et une meilleure répartition des ressources, tout en assurant une couverture plus étendue et plus équitable des béné- ficiaires. Toutefois, la mise en œuvre de ces réformes soulève de nombreux défis. La transition vers un système à deux pôles nécessitera une coor- dination rigoureuse entre les diffé- rents acteurs impliqués et une com- munication transparente avec les cotisants et les retraités. De plus, il sera crucial d’assurer une gestion prudente des fonds et une surveil- lance continue pour éviter de nou- veaux déséquilibres financiers. Au final, le secteur des retraites au Maroc est à un tournant décisif. Les récentes mesures offrent un répit temporaire, mais la viabilité à long terme des régimes de retraite dépendra de la mise en œuvre réussie des réformes structurelles proposées. Les prochaines étapes seront déterminantes pour garantir une retraite digne et sécurisée pour les générations futures. ◆

 Les principaux régimes de base continuent de connaitre une situation financière

difficile, selon les conclusions du CCSRS.

Retraites

La réforme à deux pôles plus urgente que jamais Pour le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques (CCSRS), les mesures prises dans le cadre du dialogue social ne font que repousser les horizons d'épuisement des réserves des régimes CMR-RPC et RCAR, sans toutefois garantir leur viabilité à long terme. Par Y. Seddik

L

e secteur des retraites au Maroc continue de faire face à des défis financiers majeurs, selon les der- niers résultats de l’évaluation des risques systémiques réalisée par le Comité de coordination et de sur- veillance des risques systémiques (CCSRS). Les régimes de base principaux, tels que le CMR-RPC (Caisse marocaine des retraites - Régime des pensions civiles) et le RCAR (Régime collectif d'allocation de retraite), restent dans une situa- tion précaire malgré les récentes mesures prises. L'accord du dialogue social du 29 avril 2024 a permis une légère amé- lioration des perspectives à court terme, notamment grâce aux réso- lutions relatives aux salaires. Ces mesures repoussent de quelques

années l'épuisement des réserves des régimes CMR-RPC et RCAR. Cependant, elles n'offrent pas de solution durable pour assurer leur viabilité à long terme. Pour le régime général de la CNSS (Caisse nationale de sécu- rité sociale), la situation est tout aussi préoccupante. La réduction de la durée minimale de cotisation donnant droit à une pension, pas- sée de 3.240 à 1.320 jours, accé- lérera l’apparition d’un déficit glo- bal du régime et l'épuisement de ses réserves. Cette mesure, bien qu’ayant pour objectif d’augmenter le nombre de bénéficiaires, pourrait paradoxalement fragiliser davan- tage le système. Face à ces constats alarmants, la nécessité d'une réforme systémique

du secteur des retraites devient iné- luctable. L’instauration d’un système à deux pôles, l’un public et l’autre

Concernant le secteur des assurances, en dépit de la hausse des taux d’intérêt, il a pu maintenir sa croissance bien qu’à un rythme moins rapide. Son chiffre d’affaires a atteint 55,9 milliards de dirhams à fin 2023, en légère progression de 3,9% portée principalement par celle de 5,8% de la branche non-vie. La croissance de la branche vie, freinée notamment par le segment épargne, a, quant à elle, accusé une décé- lération sensible à 1,8% contre une moyenne de 11,9% au cours des dix dernières années. Sur le plan de la rentabilité, le secteur a dégagé un résultat net comptable de 4,2 milliards de dirhams, en progression de 6,2%, portant ainsi le taux de rendement des fonds propres (ROE) à 9,6%. Le ratio des plus-values latentes sur les placements s’est amélioré à 9,3%, dans un contexte de reprise du marché boursier, ce qui a eu un impact positif sur la marge de solvabilité du secteur qui a atteint 330,4% contre 312,7% un an auparavant. Assurances : La marge de solvabilité améliorée

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Crowfunding

en lançant des campagnes sur Internet pour collecter les fonds nécessaires à la réalisation des- dits projets. La portée de ce nouveau mode de financement au Maroc a amené les régulateurs à encadrer ce secteur qui, bien que salutaire pour les PME, présente égale- ment plusieurs risques (détourne- ment, argent illicite, financement du terrorisme, etc.). Ainsi, toutes les plateformes existantes avant l’entrée en vigueur des circulaires d’application destinées à la régle- mentation de l’industrie du crowd- funding au Maroc ont été appelées à s’y conformer. Conformément à la loi 15-18, toute société de financement de crow- funding (SFC) dotée de plateforme de crowfunding, désirant évoluer dans ce domaine, est doréna- vant soumise à une procédure d’accréditation pour l’obtention d’un agrément émanant de Bank Al-Maghrib en ce qui concerne les dons et les prêts, et à l’AMMC pour les investissements. Rappelons qu’en dehors du portail de l’AMMC créé pour accompa- gner les SFC dans leurs démarches d’obtention des agréments auprès de la Banque centrale, la GIZ, en partenariat avec le ministère de l’Economie et des Finances et d’autres partenaires publics, via le projet «Promet», apporte un appui technique aux SFC, notamment dans leurs démarches d’obtention des agréments et d’opérationna- lisation de leurs plateformes. GIZ aidera également les porteurs de projets à explorer le financement collaboratif et à renforcer leur capacité à lever des fonds. A ce jour, Bank Al-Maghrib a accordé trois agréments à des sociétés de financement collabo- ratif. Abdellatif Jouahri, gouver- neur de la Banque centrale, l’a annoncé récemment lors de la deuxième réunion trimestrielle du Conseil pour l’année 2024. «Je suis optimiste quant au déve- loppement du crowdfunding au Maroc», a-t-il affirmé, exprimant sa confiance dans les bénéfices potentiels de cette nouvelle forme de financement pour l'économie marocaine. ◆

Le marché mondial du crowdfunding est en croissance exponentielle avec plus de 120 milliards de dollars de CA, faisant entre 15 et 20% de croissance par an. A ce jour, Bank Al- Maghrib a accordé trois agréments à des sociétés de financement collaboratif. Trois pas en avant

D Par D. M.

eux ans après l’entrée en vigueur de la loi 15-18 relative au finan- cement collaboratif, la publi- cation des circulaires de Bank Al-Maghrib et de l’AMMC l’an- née dernière a permis le lance- ment effectif du crowdfunding au Maroc. L'anglicisme crowd- funding, qui signifie littéralement «financement par la communau- té», permet aux personnes phy- siques, aux startups ou aux PME de lever des fonds via une plate- forme Internet. En contrepartie, les contributeurs et/ou investis- seurs peuvent devenir des action- naires de l’entreprise, en fonction du type de fonds levés (prêt, don ou investissement). Cette pratique a toujours été présente au Maroc sous forme de cotisations ou de levée de fonds pour la construc- tion des mosquées. Aujourd’hui, au-delà de l’esprit de solidarité, cette pratique s'est développée et professionnalisée.

Au niveau mondial, le marché du crowdfunding est en croissance exponentielle avec plus de 120 milliards de dollars de CA, fai- sant entre 15 et 20% de crois- sance par an. En effet, de plus en plus de plateformes se greffent autour de cette nouvelle forme de financement, proposant des services d’intermédiation entre les porteurs de projets désireux de lever des fonds et les potentiels contributeurs ou investisseurs. Contrairement aux financements traditionnels qui présentent de nombreuses contraintes, le crowd- funding fait montre de plus de flexibilité et est considéré comme une bouffée d’oxygène pour de nombreux entrepreneurs et por- teurs de projets. Dans cet élan de croissance exponentielle, des plateformes de crowdfunding ont vu le jour au Maroc, car la demande au niveau national s’est fait ressentir.

Une opportunité pour les PME Les PME représentent une part importante de l’économie maro- caine, cependant l'accès au finan- cement reste un obstacle majeur à leur croissance. Ce nouveau mode de financement offre une solution en permettant à ces entrepreneurs de lever des fonds directement auprès des particuliers. Il joue également un rôle dans le déve- loppement économique en stimu- lant l’inclusion financière et l’in- novation. En ouvrant l’accès aux capitaux à un grand nombre, le financement participatif permet de diversifier l’économie et de soute- nir des projets à fort impact social et environnemental. En pratique, les plateformes dédiées à cette activité évaluent minutieusement le potentiel et la viabilité des projets demandeurs de financement participatif, les soumettent de façon transpa- rente aux investisseurs potentiels

 Un potentiel de marché de plus de 96 MM$ d'ici 2025, selon la Banque mondiale.

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Crowdfunding

«Nous en sommes encore aux premières étapes, avec de nombreux défis à surmonter»

Un pas après l’autre, le Maroc avance dans l’intégration du crowdfunding comme levier alternatif de financement des projets. Après l’entrée en vigueur de la réglementation encadrant le secteur, qu’en est-il aujourd’hui ? Entretien avec Sofiane Gadrim, directeur des nouvelles technologies (CTO) et co-fondateur d’Atela.

Propos recueillis par D. M.

des investisseurs. Prenons l'exemple d'une star- tup marocaine développant une application d'éducation numé- rique. Avant la réglementation, l'accès au financement était dif- ficile. Désormais, cette startup peut lever des fonds directement auprès de particuliers intéressés par l'éducation et la technologie, ce qui pourrait améliorer l'accès à l'éducation numérique dans les régions moins desservies. Pour le moment, les plateformes de crowdfunding marocaines se concentrent principalement sur des projets à vocation sociale. Les outils pour l'investissement direct, la prise de participation en capital ou les prêts nécessitent encore du développement. Les défis incluent la sensibilisation du public, l'augmentation de la confiance des investisseurs et le renforcement des infrastructures numériques et réglementaires. Le crowdfunding au Maroc est encore à ses débuts et n'offre pas encore la diversité des options disponibles ailleurs. C'est un bon début, mais il est crucial de continuer à développer et adapter cet outil pour qu'il devienne une partie intégrante du financement entrepreneurial au Maroc.

Finances News Hebdo : Après la mise en place de la réglementation du Crowdfunding au Maroc, la publication des circu- laires d’application par Bank Al-Maghrib et aussi le lancement du portail spécifique d’accompa- gnement des acteurs de crowdfunding par l’AMMC pour l’obtention d’agré- ments, comment se com- porte aujourd’hui l’écosys- tème autour de ce mode de financement alternatif ? Sofiane Gadrim : Le crowdfun- ding au Maroc montre des signes encourageants grâce aux nou- velles réglementations et au sou- tien institutionnel. Toutefois, nous en sommes encore aux premières étapes avec de nombreux défis à surmonter. Avant l'introduction du cadre réglementaire, les pla- teformes fonctionnaient dans un environnement flou, limitant leur développement et la confiance

F.N.H. : Avant l’entrée en vigueur de la loi 15-18 ainsi que des différents textes et circulaires d’application, il existait des plateformes qui opéraient déjà dans ce domaine du financement participatif. Selon vous, ce dispositif d’encadrement facilite-t-il la vie de ces plateformes ? S. G. : Les plateformes de crowd- funding bénéficient maintenant d'un cadre légal sécurisant leurs opérations et structurant le mar- ché. Elles peuvent désormais opérer sereinement, rassurant investisseurs et donateurs sur la protection de leurs fonds. Bien sûr, le cadre actuel doit être ajus-

té en fonction des retours des acteurs du marché. En France, par exemple, des ajustements ont été nécessaires après la mise en place des lois sur le crowdfunding pour mieux répondre aux besoins des plateformes et des investisseurs. Le développement des outils d'in- vestissement direct, de prise de participation en capital et de prêt reste crucial pour maximiser le potentiel du crowdfunding. En somme, cette loi a jeté les bases d'un écosystème de crowd- funding structuré au Maroc. C'est une avancée significative, mais il est essentiel de rester pragma- tique et d'ajuster continuellement le cadre légal pour assurer un développement durable et inclusif.

Les régulateurs doivent instaurer des normes de transparence et de responsabilité, tout en évitant des contraintes excessives.

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