FNH N° 1158

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JEUDI 4 JUILLET 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

BOURSE & FINANCES

Crowdfunding

«Nous en sommes encore aux premières étapes, avec de nombreux défis à surmonter»

Un pas après l’autre, le Maroc avance dans l’intégration du crowdfunding comme levier alternatif de financement des projets. Après l’entrée en vigueur de la réglementation encadrant le secteur, qu’en est-il aujourd’hui ? Entretien avec Sofiane Gadrim, directeur des nouvelles technologies (CTO) et co-fondateur d’Atela.

Propos recueillis par D. M.

des investisseurs. Prenons l'exemple d'une star- tup marocaine développant une application d'éducation numé- rique. Avant la réglementation, l'accès au financement était dif- ficile. Désormais, cette startup peut lever des fonds directement auprès de particuliers intéressés par l'éducation et la technologie, ce qui pourrait améliorer l'accès à l'éducation numérique dans les régions moins desservies. Pour le moment, les plateformes de crowdfunding marocaines se concentrent principalement sur des projets à vocation sociale. Les outils pour l'investissement direct, la prise de participation en capital ou les prêts nécessitent encore du développement. Les défis incluent la sensibilisation du public, l'augmentation de la confiance des investisseurs et le renforcement des infrastructures numériques et réglementaires. Le crowdfunding au Maroc est encore à ses débuts et n'offre pas encore la diversité des options disponibles ailleurs. C'est un bon début, mais il est crucial de continuer à développer et adapter cet outil pour qu'il devienne une partie intégrante du financement entrepreneurial au Maroc.

Finances News Hebdo : Après la mise en place de la réglementation du Crowdfunding au Maroc, la publication des circu- laires d’application par Bank Al-Maghrib et aussi le lancement du portail spécifique d’accompa- gnement des acteurs de crowdfunding par l’AMMC pour l’obtention d’agré- ments, comment se com- porte aujourd’hui l’écosys- tème autour de ce mode de financement alternatif ? Sofiane Gadrim : Le crowdfun- ding au Maroc montre des signes encourageants grâce aux nou- velles réglementations et au sou- tien institutionnel. Toutefois, nous en sommes encore aux premières étapes avec de nombreux défis à surmonter. Avant l'introduction du cadre réglementaire, les pla- teformes fonctionnaient dans un environnement flou, limitant leur développement et la confiance

F.N.H. : Avant l’entrée en vigueur de la loi 15-18 ainsi que des différents textes et circulaires d’application, il existait des plateformes qui opéraient déjà dans ce domaine du financement participatif. Selon vous, ce dispositif d’encadrement facilite-t-il la vie de ces plateformes ? S. G. : Les plateformes de crowd- funding bénéficient maintenant d'un cadre légal sécurisant leurs opérations et structurant le mar- ché. Elles peuvent désormais opérer sereinement, rassurant investisseurs et donateurs sur la protection de leurs fonds. Bien sûr, le cadre actuel doit être ajus-

té en fonction des retours des acteurs du marché. En France, par exemple, des ajustements ont été nécessaires après la mise en place des lois sur le crowdfunding pour mieux répondre aux besoins des plateformes et des investisseurs. Le développement des outils d'in- vestissement direct, de prise de participation en capital et de prêt reste crucial pour maximiser le potentiel du crowdfunding. En somme, cette loi a jeté les bases d'un écosystème de crowd- funding structuré au Maroc. C'est une avancée significative, mais il est essentiel de rester pragma- tique et d'ajuster continuellement le cadre légal pour assurer un développement durable et inclusif.

Les régulateurs doivent instaurer des normes de transparence et de responsabilité, tout en évitant des contraintes excessives.

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