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JEUDI 4 JUILLET 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
L'UNIVERS DES TPME
«La surface financière de certaines petites entreprises les disqualifie matériellement» Accès aux marchés publics
marchés, ce qui est difficile quand on a du mal à travailler pour le compte de l'Etat. Ensuite. Pour ce qui est des qualifications du capital humain, on se rend compte que ce sont les grandes entreprises (GE) qui concentrent la majorité des compétences techniques et des éminences grises qui peuvent mener à bien des dossiers com- plexes, et cela pour la seule raison que ces compétences ont un coût important. Et pour finir, la sur- face financière de certaines petites entreprises, compte tenu de la dif- ficulté qu’elles connaissent pour l'accès au crédit bancaire, les dis- qualifie matériellement, et elles ne peuvent ainsi pas soumissionner à certains marchés à forte intensité capitalistique. Par ailleurs, la part de 35% annon- cée par la ministre englobe l’en- semble des achats publics conclus sous forme de contrats d’inves- tissement, à titre onéreux, par les pouvoirs publics avec les opéra- teurs économiques pour une durée déterminée et ayant pour objet l’acquisition des prestations de tra- vaux, de fournitures ou de services. Il est à noter que les trois grands principes qui régissent la com- mande publique sont le principe d’égalité de traitement des candi- dats à l’attribution d’un contrat de la commande publique, le principe de liberté d’accès à la commande publique et le principe de transpa- rence des procédures. Pour par- venir à cette transparence, l’État dispose de moyens juridiques de contrôle, de sanction ou de rappel à l’ordre, et de moyens opération- nels tels que la formation, la divul- gation et la digitalisation qui per- met de bien cibler les recherches. Pour ce qui est de la préservation de l’égalité des chances face à la
Les marchés publics permettent aux petites et moyennes entreprises de croître, de diversifier leurs activités et de renforcer leur compétitivité et leur stabilité financière. Au Maroc, l’accès de cette catégorie d’entreprises à la commande publique demeure, selon les profes- sionnels, encore limité, et ce pour de nombreuses raisons. Entretien avec Khalid Doumou, économiste et expert financier.
Propos recueillis par M. Ait Ouaanna
Finances News Hebdo : Tout d’abord, quels sont les principaux défis liés à un accès équitable des diffé- rents acteurs économiques à la commande publique au Maroc ? Khalid Doumou : La probléma- tique de la légitimité et de la pri- mauté de l’accès des divers opéra- teurs économiques à la commande publique est un questionnement qui ne date pas d’hier. Ce dernier ramène à la question de l’ana- lyse comparative de l’efficacité et de l’efficience de la gouvernance entre opérateurs économiques publics et semi-publics, et opé- rateurs privés (GE-ETI, TPME et TPMI, coopératives et personnes physiques). Et ce, lorsqu’il s’agit de créer de la richesse nationale, ou d’effectuer des missions d’in-
térêt public idoines au profit de nos concitoyens de toutes classes sociales confondues. L’Etat a injecté en 2023 une masse financière de quelque 300 milliards de dirhams pour les dépenses d’investissement public émanant notamment des collectivités ter- ritoriales, des entreprises et éta- blissements publics et du bud- get d’investissement de l’État. Il s’agit en effet de dépenser intel- ligemment ces deniers publics qui représentent aux environs de 21,5% du PIB marocain. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’Agence nationale de gestion stra- tégique des participations de l’État (ANGSPE) a vu le jour. Cette der- nière vise, entre autres, à évaluer les performances du portefeuille public et à dégraisser, si néces- saire, les 273 établissements et
entreprises publiques (EEP), en liquidant les canards boiteux exis- tants. F.N.H. : La ministre de l'Éco- nomie et des Finances, Nadia Fettah, a récemment indi- qué que la part des marchés publics attribués aux petites et moyennes entreprises (PME) a atteint 35% en 2023. Quelle lecture faites-vous de ce chiffre ? Kh. D. : Ce ne sont pas que les cri- tères financiers qui priment dans le décrochage des marchés publics, mais plutôt d'autres indicateurs qui entrent en jeu dans le dossier administratif et le dossier tech- nique déposé auprès du donneur d'ordre. D'une part, il faut souvent disposer de références clients inté- ressantes pour décrocher de gros
AVEC LA PARTICIPATION DE TAMWILCOM
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