FNH N° 1158

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JEUDI 4 JUILLET 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

POLITIQUE

qui refusent de soutenir les can- didats LFI, quelles que soient les circonstances. D’ailleurs, à ce propos, je pense que si le RN gagne les élections législatives dimanche pro- chain, il pourra compter sur la collaboration et l’impli- cation de certains élus de chez Les Républicains, comme Eric Ciotti, qui se réjouiront de gagner un ministère et de coopérer avec cette nouvelle majo- rité. Cela témoigne du trouble que vont engendrer, dans l’esprit des Français, ces incohérences, ces compromissions multiples, et cette quête du pouvoir de la part de nos élus, conduisant nos concitoyens à douter de nos ins- titutions, et plus généralement de notre classe politique. F.N.H. : Tout au long de la Vème république, la France a eu recours à trois coha- bitations. Qu’en est-il de cette 4ème cohabitation qui se dessine et de ses répercussions ? A. D. : À chacune de ces trois cohabitations, nous avions des Présidents, comme François Mitterrand et Jacques Chirac, qui étaient des personnalités fortes, disposant d’une véritable autorité, et qui étaient en capa- cité d’assumer ces cohabita- tions. Aujourd’hui, la défiance des Français à l’égard du Président Macron lui permettra-t-elle d’as- surer la continuité du bon fonc- tionnement des institutions ? La question reste posée. Qui plus est, Jordan Bardella est jeune, Emmanuel Macron également; on peut penser que des tensions entre les deux hommes vont régu- lièrement naître et peut-être se développer, ce qui ne permet- tra pas la stabilité politique dont notre pays a pourtant besoin. Particulièrement dans un monde en crise sur plusieurs continents, comme l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie ou l’Amérique latine, et sur- tout une guerre à nos portes entre l’Ukraine et la Russie… ◆

 «Chroniques du racisme ordinaire» est le dernier ouvrage de l'auteur paru en 2023.

 «Le scrutin démontre une volonté de changement profond qu’éprouvent les Français.

face de lui une coalition fragile, constituée du Front populaire de gauche, de la majorité présiden- tielle et peut-être d’une partie des Républicains. C’est-à-dire un atte- lage improbable, susceptible de se diviser sur de nombreux sujets. Quelle que soient les projections, les alliances comme les ententes resteront fragiles, précaires et ne pourront qu’apporter des solu- tions à court terme, permettant d’éviter provisoirement que le RN dirige la France. Le pouvoir d'achat, l’augmentation des salaires, les retraites et l’immigration sont des sujets phares qui préoc- cupent les Français. Le RN est-il en mesure de relever le challenge ? F.N.H. : A. D. : Le RN est un parti sectaire, qui divise la population, promeut des thèses clairement racistes et propose des réponses simplistes aux préoccupations sérieuses des Français, sans parler des contra- dictions qui le caractérisent sur tous ces sujets. Le corollaire de ces réponses consiste à expli- quer que les personnes issues de l’immigration sont majoritairement à l’origine de tous les maux que traverse notre pays. L’insécurité,

la violence, le chômage, la dette publique…, tous ces sujets sont systématiquement associés à la présence des immigrés sur le sol de France. Une rengaine qui a tra- versé les âges; elle fût utilisée pour stigmatiser les Juifs, les Polonais, les Italiens, aujourd’hui les Arabo- musulmans, demain probablement les Asiatiques. On n’élève pas une nation par des slogans faciles, par la quête de boucs émissaires ou par la propagande xénophobe. L’histoire nous a montré que les politiques de ce genre conduisent toutes au même résultat : la haine, la division et le chaos. F.N.H. : Entre les trois blocs qui se sont affrontés au premier tour des législa- tives, lequel est le plus cré- dible à votre avis ? A. D. : Difficile de répondre à cette question. La responsabilité de la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui est à mettre sur le compte de la gauche comme de la droite, tout comme celle de la majorité présidentielle actuelle. Tous ont manqué à cer- tains de leurs engagements, ne cherchant pas à traiter les véri- tables problèmes quotidiens des Français, notamment l’insécurité, le pouvoir d’achat et l’emploi, etc.

Et aujourd’hui, nous nous retrou- vons avec une extrême droite en passe de diriger le pays. Pour moi, il ne faut pas incriminer les élec- teurs, mais ceux qui ont conduit à ce résultat. La classe politique en général, comme les médias (BFM et CNews notamment) qui ont, depuis des années, sournoise- ment cherché à légitimer ce vote pour le RN. F.N.H. : Quels sont les alliances ou rapproche- ments possibles qui pour- raient s'opérer dimanche prochain à la suite du second tour ? A. D. : À la lumière des déclara- tions entendues dimanche soir, après l’annonce des résultats, on comprend qu’un front anti-RN va tenter de s’organiser sur notre territoire pour contrer l’impres- sionnante percée des candidats de l’extrême droite. Mais là aussi, avec des déclarations contra- dictoires des uns et des autres, comme celles des Républicains

La France, qui perd beaucoup de terrain en Afrique, a besoin d’un interlocuteur et d’un partenaire comme le Maroc pour reprendre pied sur le continent.

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