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JEUDI 4 JUILLET 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
POLITIQUE
qui refusent de soutenir les can- didats LFI, quelles que soient les circonstances. D’ailleurs, à ce propos, je pense que si le RN gagne les élections législatives dimanche pro- chain, il pourra compter sur la collaboration et l’impli- cation de certains élus de chez Les Républicains, comme Eric Ciotti, qui se réjouiront de gagner un ministère et de coopérer avec cette nouvelle majo- rité. Cela témoigne du trouble que vont engendrer, dans l’esprit des Français, ces incohérences, ces compromissions multiples, et cette quête du pouvoir de la part de nos élus, conduisant nos concitoyens à douter de nos ins- titutions, et plus généralement de notre classe politique. F.N.H. : Tout au long de la Vème république, la France a eu recours à trois coha- bitations. Qu’en est-il de cette 4ème cohabitation qui se dessine et de ses répercussions ? A. D. : À chacune de ces trois cohabitations, nous avions des Présidents, comme François Mitterrand et Jacques Chirac, qui étaient des personnalités fortes, disposant d’une véritable autorité, et qui étaient en capa- cité d’assumer ces cohabita- tions. Aujourd’hui, la défiance des Français à l’égard du Président Macron lui permettra-t-elle d’as- surer la continuité du bon fonc- tionnement des institutions ? La question reste posée. Qui plus est, Jordan Bardella est jeune, Emmanuel Macron également; on peut penser que des tensions entre les deux hommes vont régu- lièrement naître et peut-être se développer, ce qui ne permet- tra pas la stabilité politique dont notre pays a pourtant besoin. Particulièrement dans un monde en crise sur plusieurs continents, comme l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie ou l’Amérique latine, et sur- tout une guerre à nos portes entre l’Ukraine et la Russie… ◆
«Chroniques du racisme ordinaire» est le dernier ouvrage de l'auteur paru en 2023.
«Le scrutin démontre une volonté de changement profond qu’éprouvent les Français.
face de lui une coalition fragile, constituée du Front populaire de gauche, de la majorité présiden- tielle et peut-être d’une partie des Républicains. C’est-à-dire un atte- lage improbable, susceptible de se diviser sur de nombreux sujets. Quelle que soient les projections, les alliances comme les ententes resteront fragiles, précaires et ne pourront qu’apporter des solu- tions à court terme, permettant d’éviter provisoirement que le RN dirige la France. Le pouvoir d'achat, l’augmentation des salaires, les retraites et l’immigration sont des sujets phares qui préoc- cupent les Français. Le RN est-il en mesure de relever le challenge ? F.N.H. : A. D. : Le RN est un parti sectaire, qui divise la population, promeut des thèses clairement racistes et propose des réponses simplistes aux préoccupations sérieuses des Français, sans parler des contra- dictions qui le caractérisent sur tous ces sujets. Le corollaire de ces réponses consiste à expli- quer que les personnes issues de l’immigration sont majoritairement à l’origine de tous les maux que traverse notre pays. L’insécurité,
la violence, le chômage, la dette publique…, tous ces sujets sont systématiquement associés à la présence des immigrés sur le sol de France. Une rengaine qui a tra- versé les âges; elle fût utilisée pour stigmatiser les Juifs, les Polonais, les Italiens, aujourd’hui les Arabo- musulmans, demain probablement les Asiatiques. On n’élève pas une nation par des slogans faciles, par la quête de boucs émissaires ou par la propagande xénophobe. L’histoire nous a montré que les politiques de ce genre conduisent toutes au même résultat : la haine, la division et le chaos. F.N.H. : Entre les trois blocs qui se sont affrontés au premier tour des législa- tives, lequel est le plus cré- dible à votre avis ? A. D. : Difficile de répondre à cette question. La responsabilité de la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui est à mettre sur le compte de la gauche comme de la droite, tout comme celle de la majorité présidentielle actuelle. Tous ont manqué à cer- tains de leurs engagements, ne cherchant pas à traiter les véri- tables problèmes quotidiens des Français, notamment l’insécurité, le pouvoir d’achat et l’emploi, etc.
Et aujourd’hui, nous nous retrou- vons avec une extrême droite en passe de diriger le pays. Pour moi, il ne faut pas incriminer les élec- teurs, mais ceux qui ont conduit à ce résultat. La classe politique en général, comme les médias (BFM et CNews notamment) qui ont, depuis des années, sournoise- ment cherché à légitimer ce vote pour le RN. F.N.H. : Quels sont les alliances ou rapproche- ments possibles qui pour- raient s'opérer dimanche prochain à la suite du second tour ? A. D. : À la lumière des déclara- tions entendues dimanche soir, après l’annonce des résultats, on comprend qu’un front anti-RN va tenter de s’organiser sur notre territoire pour contrer l’impres- sionnante percée des candidats de l’extrême droite. Mais là aussi, avec des déclarations contra- dictoires des uns et des autres, comme celles des Républicains
La France, qui perd beaucoup de terrain en Afrique, a besoin d’un interlocuteur et d’un partenaire comme le Maroc pour reprendre pied sur le continent.
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