FNH N° 1158

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 4 JUILLET 2024

BOURSE & FINANCES

Circulation fiduciaire

En outre, l'introduction imminente de l'e-dirham, une monnaie digitale, est envisagée comme une solution potentielle pour réduire la dépen- dance au cash. Ce projet fait partie d'une série d'initiatives destinées à moderniser le système financier marocain. Jouahri a souligné que ce problème est en partie dû à un manque d'éducation financière et à la prévalence de l'économie infor- melle. «Le cash demeure le principal moyen de financement du blanchi- ment d’argent et du terrorisme en raison de son absence de traçabilité et de l’anonymat qu’il procure» , a-t-il affirmé. La dualité du cash Pour faire face à ces défis, un comité a été mis en place, regroupant des banques, le ministère de l'Économie et des Finances, ainsi que des cher- cheurs. Ce comité a pour mission d'examiner les causes profondes de cette dépendance au cash et d'identifier les meilleures solutions pour y remédier. Cette initiative vise non seulement à moderniser le sys- tème financier, mais aussi à réduire l'économie informelle et à promou- voir une économie plus traçable et transparente. Jouahri a également abordé la question du cash comme un droit du citoyen. «Bien que le cash soit un droit du citoyen, ce droit a des contreparties. Lorsque le gouvernement demande que le cash passe par le digital, il le fait pour faciliter le contrôle ultérieur, ce qui est dans l'intérêt de la com- munauté», a-t-il conclu. Il est donc nécessaire de trouver un équilibre entre la liberté d'utilisation du cash et les impératifs de traçabilité et de sécurité financière. La transition vers un système finan- cier plus digitalisé est une étape essentielle pour pallier cette pro- blématique de cash. En réduisant la dépendance à la monnaie fiduciaire, le pays peut espérer améliorer la transparence de ses transactions, limiter les activités illégales et pro- mouvoir une inclusion financière plus large. Les efforts combinés du gouvernement, des institutions financières et de la société civile sont cruciaux pour atteindre cet objectif. ◆

u Maroc, le cash est roi. Les bil- lets de banque changent de mains à un rythme effréné et alimentent une économie où le papier-monnaie règne en maître. Mais cette dépen- dance au cash, qui atteint près de 30% du PIB, commence sérieuse- ment à inquiéter les autorités. Lors de la récente réunion trimestrielle de Bank Al-Maghrib, le wali Abdellatif Jouahri a tiré la sonnette d'alarme, mettant en lumière les risques liés à cette «addiction» nationale. Une éco- nomie souterraine qui prospère, des transactions opaques et un risque accru de blanchiment d'argent sont Le Maroc se trouve confronté à une situation singulière et préoccupante : environ 30% de son PIB circulent sous forme de cash. L’introduction de la future monnaie digitale, l’e-dirham, est envisagée comme une solution potentielle pour réduire la circulation du cash. Par Y. Seddik A autant de défis auxquels le pays doit faire face. Contrairement à ce que certains pourraient penser, Jouahri a clairement indiqué que les opérations de rappel de billets ne constituent pas la solution à ce problème. « Les pays qui ont pro- cédé au rappel des billets, l’ont fait principalement pour des raisons fis- cales et de change, et non pour limiter l’utilisation du cash », a-t-il expliqué. Ces mesures sont sou- vent destinées à contrer les sorties illégales de monnaie nationale ou à améliorer la traçabilité des transac- tions pour des fins fiscales. Pour le wali, il faut sensibiliser les citoyens à l'utilisation excessive du cash. Il a également suggéré de rendre obli- gatoire l'utilisation du digital pour les aides sociales. Actuellement, 69% des aides sociales directes sont dis- tribuées via des établissements de paiement, tandis que 31% passent par le secteur bancaire. Jouahri a appelé à intensifier les efforts pour élargir la culture financière, surtout auprès des populations vulnérables. L'objectif est de réduire progres- sivement la circulation de cash et de promouvoir des pratiques finan- cières plus transparentes. L'urgence d'une détox numérique face à l'addiction au cash

 Abdellatif Jouahri, wali de BAM, a de nouveau tiré la sonnette d'alarme concernant la forte dépendance du Maroc au cash.

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