Class & Relax N°45

Marc Rochet

vais éviter, entraîné là-dedans au niveau 100, avec des mouvements d'altitude et l'impression d'être un fétu de paille, avec la grêle qui tam- bourinait fort sur le cockpit. Dans ces moments, on se demande quand l’on va ressortir de là ! C’est relative- ment rapide, mais ces minutes res- tent longues et difficiles, même dans nos souvenirs. Marc Rochet, CEO d’Aérogestion, est né et a grandi dans le milieu de l’aé- rien.

Un mauvais souvenir de vol ? Je n'ai pas de mauvais souvenir de vol. Comme tout le monde, j'ai connu des vols où la météo n'était pas favorable. J’ai sans doute vécu de mauvais vols, mais je n’en conserve pas la mémoire, c’est d'ailleurs assez significatif. Il y en a probablement eu, mais je ne les ai pas mémorisés, voilà. Ma mémoire les a supprimés. Yannick Assouad est Directeur General Adjoint, Avionique chez Thales . Yannick Assouad : Mon souvenir le plus ancien lié à un avion ? J’étais lycéenne à Parthenay, dans les Deux-Sèvres, issue d’un milieu très modeste et première de ma classe. J'ai été choisie par le Lion's Club dans le cadre d’un échange avec les USA : j’ai atterri à Omaha, capitale du Nebraska. J’avais 16 ans et c’était mon premier déplacement en avion ! On avait d’abord fait Paris-New York avec la Pan Am Airways, en Bœing 747. Ensuite je me souviens plus du type d'aéronef pour le New York-Omaha : tout s'est passé comme dans un rêve, je dirais. Plus tard, je suis devenue ingénieure en aéronautique. Je ne sais pas si c'est ce voyage qui m'a menée là, mais faire voler des avions m'a toujours beaucoup inspirée. Je suis restée toute ma carrière dans l'aéronautique. Mes meilleurs souvenirs de vols ? C’était lorsqu’on partait en vacances en famille, quand les enfants étaient encore à la mai- son.

Marc Rochet : J'ai eu la chance de naître dans une famille qui était déjà dans l'aérien. Mon père travaillait pour Air France. J’ai passé mon enfance en Afrique ; mon premier souvenir doit remonter à l’âge de 7 ans, un vol vers Brazzavile, qui faisait escale à Alger. L’avion était un Douglas DC-4, c’était juste avant le Constellation. Je me souviens du bruit des moteurs à pistons ! On volait plus bas qu’en jet. Autant dire que cela n’avait rien à voir avec un vol d’au- jourd’hui. Il n’y avait pas beaucoup de passagers, ce n’était pas encore l’époque du transport aérien pour tous. J'ai plusieurs sou- venirs de vols marquants. Celui qui tient une place toute particu- lière remonte à mes 19 ans , à l'occasion d’un magnifique voyage aux Etats-Unis. A l'époque, j'étais parti d'Orly avec la TWA, com- pagnie emblématique américaine, aujourd’hui disparue. Ce vol- là, je m'en souviens très bien pour deux raisons : j’étais à bord d’un jet qui avait la capacité de traverser l'Atlantique, le Boeing 707, et ce fut pour moi l'ouverture sur le monde américain que je ne connaissais pas, New York et les Etats-Unis. J’ai ensuite évolué professionnellement dans le transport aérien et donc été proche du monde du tourisme. Avec le recul, je me souviens d’un patron d’agence de voyage qui disait: « Il y a trois destinations magiques dans le monde, New York, les pyramides d'Egypte et Tahiti, dont les noms sont fabuleux et que l’on rêve d’avoir vues dans sa vie ». Ce jour-là, j’avais 19 ans et je volais pour la première fois vers New-York. Cela m’a marqué. J'ai aussi eu l'occasion de voler, lorsque je travaillais en tant que jeune ingénieur chez Air Inter, sur le Dassault Mercure 100, qui était un avion exceptionnel : on faisait encore à l’époque des vols d’essais, pour bien s’assurer que l’on avait correctement corrigé tel ou tel problème lors de la maintenance, avant que des passa- gers prennent l’avion. Le concorde m’a marqué aussi, mais pour d’autres raisons : le jour où j’allais embarquer, je travaillais chez Air France à l’époque, Bernard Attali, PDG du groupe, m'a fait joindre à l'enre- gistrement et m’a demandé de ne pas embarquer, afin de gérer une urgence… et je n'ai finalement jamais pris cet avion de ligne supersonique. A plusieurs reprises je suis allé en cabine, mais je n'ai jamais volé en concorde !

Et puis il y en a un qui tient une place particulière dans ma mémoire, un petit vol au Botswana, avec un pilote privé. Mon fils, qui est aussi pilote, s’assoit à l’avant et constate au moment de décoller que la jauge de carburant est à zéro. Il le signale à l’autre pilote, qui sort de dessous son siège un bâton mouillé, lui préci- sant que la jauge est en panne mais qu’il a bien vérifié le niveau. Ce fut un magnifique vol au sud de l’Afrique, avec la jauge à zéro.

Un mauvais souvenir ? Un vol en Turquie avec mon mari, entre Istanbul et Trébizonde (Trabzon), ville située sur les rives de la

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