Class & Relax N°45

Touquet, au camping de la Canche, avec mes grands-parents, et nous étions dans la finale de l'aé- roport. J'ai d’ailleurs découvert il n'y a pas si long- temps que ce n'étaient pas des Caravelles mais des Tridents qui nous survolaient. Il y avait aussi des Fairchild, et bien d’autres. Je dessinais une piste sur le sable, mais je savais que le moteur ne faisait pas tout de suite « brrrou » ! Je reproduisais d'abord le bruit de la turbine : « adjouuuu », et avec mon doigt je commençais à faire tourner au fur et à mesure le moteur 1 et le moteur 2. Le dimanche, mes grands-parents m'em- menaient, avec ma maman, sur le toit ter- rasse de l’aéroport : à l'époque on aimait faire rêver les gens. On allait là, j’avais plaisir à observer les avions. Et très tôt j'ai été passionné par l'aéronautique. Ma maman se demandait : « Mais qui sont ces gens qui se posent avec ces petits avions ? » Lorsque je suis devenu pilote privé et que, bien plus tard, je venais régulièrement me poser au Touquet, ma mère me disait : « À chaque fois que tu atterris, tu ne peux pas savoir l’effet que ça me fait, parce qu'il y a 40 ans, nous étions sur la terrasse à nous émerveiller, à nous interroger : qui étaient les pilotes ? » L'avion m'a toujours fait rêver, je voulais être pilote bien entendu. Mon père m’a dit : « Tu portes des lunettes, tu ne pourras jamais être pilote. Mais rien ne t’em- pêche de construire des avions. » En troisième, au col- lège, il fallait faire l'orientation. Mon père m’a dit : “Tu mets ingénieur.” Qu’est-ce c’était, un ingénieur ? Je

n’en savais rien, mais j’ai découvert plus tard que c’était bien : après cinq ans d’études je savais com- ment faire un avion ! Mon premier vol ? C’est ma maman qui m’a emme- né à l’aéro-club, celui-là même où j’ai appris à pilo- ter et où je suis devenu pilote, à l’âge de 19 ans. Lors de mon premier vol j’avais moins de 10 ans. Je me revois à l’arrière de l’appareil, un Jodel je crois, avec une merveilleuse sensation, un grand bien-être, je trouvais cela magique ! Mon papa est un vrai terrien : il n’a volé qu’une seule fois dans sa vie, le baptême de l’air que je lui ai offert pour ses 50 ans. Au retour, il m’a dit : “Je comprends mieux ta passion ; mais on est bien sur terre également.” Quand à mon premier vol commercial, c’était en 1980 : un Boeing 727 d'Air France, avec cette madeleine de Proust, l'odeur de la petite pochette de parfum citronné qu'on avait à bord. Je revois encore la décoration intérieure de l'avion, c'était à nouveau une révélation ! Le 727 a toujours une place très spéciale dans mon cœur, parce que ça a été le premier avion de ligne que j’ai pris. Pour finir, puisqu’on évoque l’importan- ce de l’aérien dans la vie personnelle des gens, ma maman rêvait d’aller à Tahiti. Lorsque j’ai beaucoup voyagé en avion et que j’avais assez de miles, je l’ai invitée à faire le voyage, en pre- mière classe ; c’était en 2004. Elle n’en croyait pas ses yeux, elle me disait : “Pince-moi, je rêve !” L’avion, c’est aussi cela ! Créer des ponts aériens, donner l’occasion à des millions de gens de vivre des aventures de rêve.

Pascal Parant

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