ment la pression de la cabine. J'ai eu terriblement mal aux oreilles. Pour le vol suivant un nouvel équi- page est monté à bord et le mécanicien savait ce qu'il faisait, alors tout s’est bien passé ; parce qu'à l'époque, il n'y avait pas de régulation automatique de la pression : tout était contrôlé manuellement. Le 707 a décollé comme une fusée, par rapport au Super Constellation, qui démarrait un moteur à la fois. Il le faisait fonctionner avant de démarrer le second. Puis le troisième. Et enfin le quatrième. Cette procédure et l’attente avant le décollage étaient longues et bien sûr, il n'y avait pas d'air conditionné. À Bahreïn et dans toutes ces régions où il fait très chaud, j’étais toujours trempé. Lorsque j'ai pris place à bord du 707 d’Air India, il y avait une unité de puissance auxiliaire, qui n'existait pas dans l'avion d'origine. L'APU alimentait tous les circuits électriques lorsque l’avion était à l’arrêt : lorsque vous montiez à bord, à Bahreïn ou ailleurs, il faisait bon. Parce qu'à l'époque, une escale prenait environ deux heures : on descendait de l'avion à chaque arrêt, et là on avait l'air conditionné. Mais lorsqu’on remontait dans le Super Constellation, la tempéra- ture était montée à environ 45 °C dans la cabine : c'était incroyable ! Mon premier vol dans l'ère des avions à réaction, en janvier 1960, il y a plus 60 ans maintenant, a été un véritable événement ! Le voyage était beaucoup plus rapide. On arrivait tout de suite à destination et il n'y avait pas le même nombre d'arrêts. À l'époque, la durée moyenne d'un vol en 707 était d'environ cinq ou six heures. C'était le maximum que l'on pouvait faire. Mais cela permet- tait d'aller de Londres à Beyrouth sans escale, ou de Londres au Caire sans escale, en traversant le désert. C'était un grand changement. Je me souviens qu'ils annonçaient que notre vol durerait six heures ou quelque chose comme ça. Nous disions : "Six heures ? Qu'est-ce qu'on va faire pendant six heures ?" Parce qu'avant, c'était trois heures. Voilà le genre de choses dont je me souviens. Jean-Emmanuel Hay : Vous avez été à la fois le témoin et l'acteur privilégié d'une époque où le transport aérien ne s'était pas démocratisé, où l'avion était encore l'apanage d'une minorité… TimClark : Oui, c'était extrêmement cher à l'époque. Seules les personnes aisées pouvaient s'offrir des vols en avion, et la plupart des compagnies aériennes étaient aux mains des Etats. Elles étaient en fait une extension de la fonction publique et gérées comme des départements de cette fonction publique. La BOAC se targuait d'être très britan-
nique : gants blancs, service en argent, etc. Qantas, quant à elle, était très conviviale. Je me souviens des équipages, de la façon dont ils interagissaient avec le jeune garçon que j'étais. Puis, l'ère des avions à réaction a marqué le début des voyages de masse.
Jean-Emmanuel Hay : Avez-vous de la nostalgie pour cette époque ?
Tim Clark : Non. Ce que je réalise chez Emirates puise ses racines dans mon vécu, depuis l’enfance. Il est essentiel, dans la manière dont nous concevons un produit, de garder un œil attentif sur la manière dont les passagers réagissent, et sur ce qu’ils sou- haitent : ils apprécient ce dont ils peuvent bénéficier et nous avons une belle offre, mais en évolution constante, qui doit rester agréable et accessible au
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