Class & Relax N°45

plus grand nombre. Depuis l’enfance, j’ai tout mémorisé, au fil des ans : une première classe à l'arrière d’un appareil, avec des lits plats, par exemple. Pourquoi à l’arrière ? La première classe ne pouvait être placée ailleurs à l’époque, vu le bruit assourdis- sant que faisaient les moteurs. Enfant, je voyageais en classe éco- nomique, cela n'avait aucune importance, je n'étais qu'un petit bonhomme. Les dimensions d'un siège me convenaient bien, je pouvais même m'y étirer… les sièges étaient assez larges à cette époque. Mais quand j'ai vu ces lits de la première classe, je me suis dit que des gens pouvaient dormir dans des avions, et que c'était merveilleux. Les premières années de ma vie, j’ai grandi

compagnies aériennes était mené par des ingénieurs, davantage préoccupés par l'aérodynamique, la propulsion, l'avionique. Ce n'est pas surprenant. Le même type cabine allait ainsi traverser le dernier tiers du vingtième siècle. J’ai voulu initier ce change- ment-là ! J’ai ça dans le sang. Je le fais encore aujourd'hui. Mais je pense que je suis probablement le plus ancien dans le secteur qui a fait le plus en termes d'aviation, en initiant des change- ments.

Jean-Emmanuel Hay : Pouvez-vous nous rappeler l'un de vos pires souvenirs de voyage en avion ?

TimClark : J'en ai beaucoup. Mais vous savez quoi ? Ces souvenirs sont très récents. Lorsque j'étais enfant, j'étais très excité à l'idée de voyager dans les aéroports. J'avais l'habitude de dire à mes parents, lorsque je les quittais après les vacances d'été, que je reviendrais en avion. Ils étaient très tristes de me voir partir. Mais je leur disais, vous savez, je suis désolé, vraiment désolé d'en- tendre ça, mais j'ai hâte de reprendre l'avion, pour une autre épo- pée de trois jours et demi vers Londres. En ce qui concerne les souvenirs récents, je regarde la façon dont les gens voyagent dans les aéroports, le marché de masse que c'est devenu. Je crois fermement que les gens doivent avoir la possibilité, le droit et les moyens de voyager en avion parce que c'est dans notre ADN à tous aujourd'hui. L'humanité, depuis la révolution industrielle, a intégré le voyage et l'a rendu peu à peu abordable. Cela ne changera plus. Les envi- ronnementalistes n’y changeront rien. Les mauvais procès non plus. L’aéronautique ne contourne pas les problèmes, elle y fait face et les résout toujours, contrairement à de nombreuses industries dont on parle peu. Mais je m'inquiète de la qualité des produits au sol et de l'incapacité de certains aéroports à gérer cette croissance du trafic. Je suis arrivé à Heathrow hier soir. Dans de bonnes conditions, parce qu'il y a eu la tempête Kieran. Les media avaient fait telle- ment de mauvaise publicité à son sujet, disant qu'elle allait qua- siment anéantir le pays, que lorsque je suis arrivé à Heathrow, il n'y avait personne. Là-bas je leur ai dit : "Vous avez fait du bon travail. Vous les avez tous fait fuir des avions." J'ai donc quitté Londres à bord d’un vol qui devait être complet, mais finalement à moitié vide. L'aéroport était parfait ; et il n’y a eu aucun problè- me, ils se sont donc trompés. Mais en temps normal, il devient très difficile de transiter par ces aéroports, qui ne peuvent plus se développer correctement. Ensuite, il y a l'immigration, les douanes, toutes les agences qui n'ont pas de personnel. Il y a des grèves, des maladies, des absences. Si vous avez prévu six agents d'immigration et que seuls deux d'entre eux se présentent à leur travail, l'impact est terrible. Mais c'est ce qui se passe quotidiennement dans le monde occidental : qu'il y ait ou non une volonté d’aller de l’avant, l'IA, la technologie, tout existe pour remédier à ce genre de situation. Mais si les employés de vos structures sont telle- ment syndiqués qu’ils peuvent bloquer toute capacité d’évolu- tion, alors cela signifie malheureusement qu'il faudra supprimer

aux Antilles et volé à bord du Boeing 377 Stratocruiser : un esca- lier en colimaçon menait à la salle à manger, au pont inférieur ! Cela m'intéressait, me fascinait. Pourquoi ? Je n’en sais rien, mais toujours est-il que lorsque j'ai entamé ma carrière professionnel- le dans l'industrie aéronautique, et au Moyen-Orient en particu- lier, j'ai été saisi par l’envie d'accueillir des passagers dans des espaces confinés qui soient les plus agréables possibles. Au début des années 90, 30 ans après mon premier vol avec le Boeing 707, ce que je voyais dans la cabine du McDonnell Douglas MD-11 était presque identique : l’essentiel de la réflexion sur la manière de concevoir les cabines des avions destinés aux

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