PORTRAIT
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Jules Bourdon, l’homme des batailles
au x enfants de pre m ière et deu x iè m e an- née pri m aire. Finale m ent, c’est en 2001 que Cornwall les voit définitive m ent poser leurs bagages dans leur m aison, sur leur terre, entourés des arbres plantés avec un soin et un respect rigoureu x . Grand défenseur de la langue française, Jules est no mm é président de l’ACFO-SDG, de 2004 à 2010, à Cornwall. Pendant sa pré- sidence, lui et ses co m parses Gérald Sa m - son et Jean Leco m pte fondent le Collectif Franco qui regroupe 23 organis m es fran- cophones. Quelques jolies batailles ont été gagnées par ces valeureu x défenseurs de la langue de Molière : une francophonie plus visible à Cornwall; un service dans les deu x langues officielles des préposés à l’hôtel de ville; la sauvegarde in e x tre m is du poste de radio francophone CHOD FM ainsi que le centre culturel, et enfin le Collectif a gagné la bataille pour garder les services en fran- çais à l’hôpital. « Ces luttes ont m oussé notre fierté à tous d’être francophone. On se m obilise, on ne crie pas, on est présent, on veut se faire voir » , e x plique M m e Chauvin Bourdon. « Aujourd’hui, la fran-
ANNIE LAFORTUNE annie.lafortune@eap.on.ca
À Cornwall, lorsqu’on m entionne le no m de Jules Bourdon, les sourires se délient et les y eu x s’écarquillent. Parce que derrière l’ho mm e juste il y a l’hu m ain. Un être qui a peint le décor de sa vie avec son alter-ego, son a m ie, sa fe mm e, Michèle Chauvin Bour- don. C’est en 1943 que Jules Bourdon voit le jour, à Cassel m an. Mais quatre ans plus tard, il se retrouve à Cornwall où ses parents tien- nent une épicerie-boucherie puis un m otel. Studieu x , il quitte la m aison fa m iliale pour poursuivre des études à Ottawa et obtient sa m aîtrise en éducation. En 1967, il rencon- tre celle qui deviendra sa fe mm e, Michèle Chauvin, à l’école nor m ale de l’Université d’Ottawa. Tous deu x se m arient l’année sui- vante avec un Bac en ps y chologie en poche pour lui et un Bac Es Art concentration fran- çais, anglais et espagnol pour elle. Les jeunes
tourtereau x s’installent sur une terre de 98 acres et y élèvent leurs sept enfants. Deu x sont biologiques et les cinq autres sont adoptés. « Nos enfants, notre fa m ille c’est notre plus grande réus- site », disent-ils en chœur. En 1982, le clan Bourdon plie bagages, destina- tion Baie Ja m es. Un défi pour ce jeune couple, m ais un défi sur- m ontable et voulu
« Aujourd’hui, la francophonie se réveille et les gens, les commerçants anglais de Cornwall nous répondent en français parce qu’ils voient l’importance et la présence de la population francophone, soulignent-ils. Nous sommes visibles et nous devons nous faire respecter, c’est ça l’important.»
Photo Annie Lafortune
cophonie se réveille et les gens, les co mm er- çants anglais de Corn- wall nous répondent en français parce qu’ils voient l’i m portance et la présence de la population franco- phone, soulignent-ils. Nous so mm es visibles et nous devons nous faire respecter, c’est ça l’i m portant.» Malgré une ré m ission de 17 ans, Jules et sa fe mm e reçoivent une claque en plein visage: le cancer réapparait en
Jules et sa fe mm e Michèle sans qui il n’aurait pu acco m plir tout ce qu’il a fait au cours de sa vie.
Les journaux francophones ont encore la cote
APF - Les journaux francophones en situ- ation m inoritaire rejoignent davantage de francophones que les m édias électron- iques (radio, télévision et Internet). En fait, selon les résultats du sondage Parlons m édias, rendus publics la se m aine dernière, près des deu x tiers des franco- phones à l’e x térieur du Québec, soit 65 %, lisent principale m ent les journau x co mm u- nautaires locau x en français. Alors que l’écoute de la radio se chiffre à 44 % de la population qui écoute plus de la m oitié du te m ps en français, ce sont 30 % des francophones qui regardent la télévi- sion principale m ent en français. Dans le cas d’Internet, il est question de 37 % des gens qui auraient consulté un site de nouvelles en français au cours d’une se m aine donnée. Ce sondage, réalisé afin de connaître les attentes et les habitudes de conso mm a- tion m édias des co mm unautés de langue officielles en situation m inoritaire, a été effectué pour le co m pte de l’Alliance des Médias Minoritaires (AMM) de langues of- ficielles. L’AMM co m prend les journau x , les radios ainsi que les réseau x de télévision de
langue française. En plus des 7 408 répondants à cette étude, dont 5 082 avaient le français co m - m e langue m aternelle et ne résidaient pas au Québec, 1 468 personnes ont répondu à un sondage électronique. Les données du sondage ont été recueillies entre nove m bre 2010 et avril 2011. Faits saillants Si l’i m portance accordée à certains in- citatifs pour lire les journau x co mm unau- taires francophones varient d’une région canadienne à l’autre, trois caractéristiques de ces journau x jouent un très grand rôle dans la décision de lire ou pas un journal francophone. L’offre de nouvelles locales, le contenu du journal ainsi que le fait que ce soit l’un des seuls journau x locau x fran- cophones sont les principales raisons qui poussent les lecteurs à lire ces journau x . Bien qu’en général l’i m portance pour la co mm unauté que les lecteurs concèdent à leur journal se traduit par une note m o y - enne de 7,7 / 10, ceu x -ci accordent une note m o y enne de 7,1/10 pour l’appréciation du journal dans son ense m ble.
2009. Une nouvelle bataille pour M. Bour- don s’annonce. Mais c’est m al le connaître si l’Univers pense le contrer. Aujourd’hui, il a eu sa revanche sur ce m al puisqu’il est une fois de plus en ré m ission et plus en for m e que ja m ais. Ce valeureu x chevalier qui se bat pour lui et pour sa langue, est égale- m ent l’a m i m erveilleu x de la nature et des ani m au x . Ses y eu x s’ouvrent de bonheur lorsqu’il parle de ses arbres, de son cactus et des oi- seau x qui lui font eu x aussi confiance. On ne peut que se sentir entre de bonnes m ains lorsqu’on rencontre Jules Bourdon, tout si m ple m ent parce qu’il fait du bien à tous les êtres vivants qui le côtoient. C’est dans l’a m our, le respect et le part- age que l’ho mm e, l’être, l’hu m ain qu’est M. Bourdon poursuivra sa route en continu- ant de relever les défis que la vie lui envoie, avec une seule idée en tête : gagner la ba- taille honnête m ent.
puisque l’a m our qui les unit peut franchir les plus grandes m ontagnes. Ils s’installent à Waskaganish (petite m aison), qui s’appelait avant Fort Rupper, où Jules enseigne à l’école de la réserve. Entre 1982 et 1985, c’est reparti. La fa m ille Bourdon prend la route vers Chisasibi (grande rivière) m ais repart en 1985 pour Waswanipi. Habitant Chapais, Michèle enseigne la m usique et Jules fait le vo y age entre le village et la réserve. Tout au long de leur périple en terre froide m ais sèche du grand Nord, Jules et Michèle plante sur leur terre des arbres, des m illiers d’arbres. «Quand on venait en vacances, on plantait des arbres. Plus de 25 000 arbres ont été m is en terre, ce qui donne aujourd’hui une m agnifique forêt derrière la m aison et tout autour», raconte M. Bourdon. Grands vo y ageurs dans l’â m e et ouvert au change m ent, les m e m bres de la fa m ille quittent les terres glacées de la Baie Ja m es pour s’installer, en 1994, à Kingston où Jules Bourdon enseigne en i mm ersion française
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