Cornwall_2012_07_25

PORTRAIT

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Jules Bourdon, l’homme des batailles

aux enfants de première et deuxième an- née primaire. Finalement, c’est en 2001 que Cornwall les voit définitivement poser leurs bagages dans leur maison, sur leur terre, entourés des arbres plantés avec un soin et un respect rigoureux. Grand défenseur de la langue française, Jules est nommé président de l’ACFO-SDG, de 2004 à 2010, à Cornwall. Pendant sa pré- sidence, lui et ses comparses Gérald Sam- son et Jean Lecompte fondent le Collectif Franco qui regroupe 23 organismes fran- cophones. Quelques jolies batailles ont été gagnées par ces valeureux défenseurs de la langue de Molière : une francophonie plus visible à Cornwall; un service dans les deux langues officielles des préposés à l’hôtel de ville; la sauvegarde in extremis du poste de radio francophone CHOD FM ainsi que le centre culturel, et enfin le Collectif a gagné la bataille pour garder les services en fran- çais à l’hôpital. « Ces luttes ont moussé notre fierté à tous d’être francophone. On se mobilise, on ne crie pas, on est présent, on veut se faire

ANNIE LAFORTUNE annie.lafortune@eap.on.ca

À Cornwall, lorsqu’on mentionne le nom de Jules Bourdon, les sourires se délient et les yeux s’écarquillent. Parce que derrière l’homme juste il y a l’humain. Un être qui a peint le décor de sa vie avec son alter-ego, son amie, sa femme, Michèle Chauvin Bour- don. C’est en 1943 que Jules Bourdon voit le jour, à Casselman. Mais quatre ans plus tard, il se retrouve à Cornwall où ses parents tien- nent une épicerie-boucherie puis un motel. Studieux, il quitte la maison familiale pour poursuivre des études à Ottawa et obtient sa maîtrise en éducation. En 1967, il rencon- tre celle qui deviendra sa femme, Michèle Chauvin, à l’école normale de l’Université d’Ottawa. Tous deux se marient l’année sui- vante avec un Bac en psychologie en poche pour lui et un Bac Es Art concentration fran- çais, anglais et espagnol pour elle. Les jeunes

voir » , explique Mme Chauvin Bourdon. « Aujourd’hui, la fran- cophonie se réveille et les gens, les commer- çants anglais de Corn- wall nous répondent en français parce qu’ils voient l’importance et la présence de la population franco- phone, soulignent-ils. Nous sommes visibles et nous devons nous faire respecter, c’est ça l’important.» Malgré une rémission de 17 ans, Jules et sa femme reçoivent une claque en plein visage: le cancer réapparait en

t o u r t e r e a u x s’installent sur une terre de 98 acres et y élèvent leurs sept enfants. Deux sont biologiques et les cinq autres sont adoptés. « Nos enfants, notre famille c’est notre plus grande réus- site », disent-ils en chœur. En 1982, le clan Bourdon plie bagages, destina- tion Baie James. Un défi pour ce jeune couple, mais un défi sur- montable et voulu

« Aujourd’hui, la francophonie se réveille et les gens, les commerçants anglais de Cornwall nous répondent en français parce qu’ils voient l’importance et la présence de la population francophone, soulignent-ils. Nous sommes visibles et nous devons nous faire respecter, c’est ça l’important.»

Photo Annie Lafortune

Jules et sa femme Michèle sans qui il n’aurait pu accomplir tout ce qu’il a fait au cours de sa vie.

Les journaux francophones ont encore la cote

APF - Les journaux francophones en situ- ation minoritaire rejoignent davantage de francophones que les médias électron- iques (radio, télévision et Internet). En fait, selon les résultats du sondage Parlons médias, rendus publics la semaine dernière, près des deux tiers des franco- phones à l’extérieur du Québec, soit 65 %, lisent principalement les journaux commu- nautaires locaux en français. Alors que l’écoute de la radio se chiffre à 44 % de la population qui écoute plus de la moitié du temps en français, ce sont 30 % des francophones qui regardent la télévi- sion principalement en français. Dans le cas d’Internet, il est question de 37 % des gens qui auraient consulté un site de nouvelles en français au cours d’une semaine donnée. Ce sondage, réalisé afin de connaître les attentes et les habitudes de consomma- tion médias des communautés de langue officielles en situation minoritaire, a été effectué pour le compte de l’Alliance des Médias Minoritaires (AMM) de langues of- ficielles. L’AMM comprend les journaux, les radios ainsi que les réseaux de télévision de

langue française. En plus des 7 408 répondants à cette étude, dont 5 082 avaient le français com- me langue maternelle et ne résidaient pas au Québec, 1 468 personnes ont répondu à un sondage électronique. Les données du sondage ont été recueillies entre novembre 2010 et avril 2011. Faits saillants Si l’importance accordée à certains in- citatifs pour lire les journaux communau- taires francophones varient d’une région canadienne à l’autre, trois caractéristiques de ces journaux jouent un très grand rôle dans la décision de lire ou pas un journal francophone. L’offre de nouvelles locales, le contenu du journal ainsi que le fait que ce soit l’un des seuls journaux locaux fran- cophones sont les principales raisons qui poussent les lecteurs à lire ces journaux. Bien qu’en général l’importance pour la communauté que les lecteurs concèdent à leur journal se traduit par une note moy- enne de 7,7 / 10, ceux-ci accordent une note moyenne de 7,1/10 pour l’appréciation du journal dans son ensemble.

2009. Une nouvelle bataille pour M. Bour- don s’annonce. Mais c’est mal le connaître si l’Univers pense le contrer. Aujourd’hui, il a eu sa revanche sur ce mal puisqu’il est une fois de plus en rémission et plus en forme que jamais. Ce valeureux chevalier qui se bat pour lui et pour sa langue, est égale- ment l’ami merveilleux de la nature et des animaux. Ses yeux s’ouvrent de bonheur lorsqu’il parle de ses arbres, de son cactus et des oi- seaux qui lui font eux aussi confiance. On ne peut que se sentir entre de bonnes mains lorsqu’on rencontre Jules Bourdon, tout simplement parce qu’il fait du bien à tous les êtres vivants qui le côtoient. C’est dans l’amour, le respect et le part- age que l’homme, l’être, l’humain qu’est M. Bourdon poursuivra sa route en continu- ant de relever les défis que la vie lui envoie, avec une seule idée en tête : gagner la ba- taille honnêtement.

puisque l’amour qui les unit peut franchir les plus grandes montagnes. Ils s’installent à Waskaganish (petite maison), qui s’appelait avant Fort Rupper, où Jules enseigne à l’école de la réserve. Entre 1982 et 1985, c’est reparti. La famille Bourdon prend la route vers Chisasibi (grande rivière) mais repart en 1985 pour Waswanipi. Habitant Chapais, Michèle enseigne la musique et Jules fait le voyage entre le village et la réserve. Tout au long de leur périple en terre froide mais sèche du grand Nord, Jules et Michèle plante sur leur terre des arbres, des milliers d’arbres. «Quand on venait en vacances, on plantait des arbres. Plus de 25 000 arbres ont été mis en terre, ce qui donne aujourd’hui une magnifique forêt derrière la maison et tout autour», raconte M. Bourdon. Grands voyageurs dans l’âme et ouvert au changement, les membres de la famille quittent les terres glacées de la Baie James pour s’installer, en 1994, à Kingston où Jules Bourdon enseigne en immersion française

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