FNH N° 1025

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CULTURE

JEUDI 3 JUIN 2021 FINANCES NEWS HEBDO

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Rencontre

◆ Abdelatif Youssoufi, coach et directeur d’acteur, s’est depuis longtemps exalté pour les attraits de l’art dramatique. A bon escient, il les décline ici avec une gourmandise flatteuse d’où jaillit la facette épicurienne de cet esthète. Et comme exemple, il décortique une scène passée récemment sur le petit écran… Un petit rôle, un grand acteur ! “L es deux a c t e u r s -cons idé- rés- prin- c i p a u x consigne de retransmettre ma position, calculer et enregis- trer mes réactions vis-à-vis du jeu dramatique. et pourquoi pas un rire franc. La maman aux yeux illumi- nés de bonheur affiche sa joie de devenir maman, tout en échangeant les nouvelles de la famille, du quartier, en tout, de leur environnement social restreint. d’un pélican. La demoiselle écureuil-guetteur a le pouce sur le chrono, attend le clic… Mimi a assuré les dernières apparences. Il ne reste main- tenant que l’entrée en champ du bébé-acteur. Propos recueillis par R. K. Houdaïfa

Le scénario prévoit un inté- rieur. Que ce soit jour ou nuit, messieurs : lumières, teintes et température sont là. Deux personnages nouvellement devenus ‘Maman & Papa’ dans un moment de détente, en intimus, doivent converser sur leur vie conjugale, conso- lidée par une première nais- sance : Lina. Le papa doit gaiement la prendre – Lina, cet être fraîchement venue au monde – dans ses bras. C’est prévu qu’il la chatouille, la dorlote, lui papote les syl- labes ‘ba…ba’ ou ‘ma…ma’ . Il escomptait une mimique de joie, un regard, un petit sourire

costumés, maquillés, emme- nés sur scène. Chacun a pris place par rapport à la médiane : électros, machi- nos, images, preneur de son, standby props , accessoiristes, assistance réalisation… Moi ! Coach, cette fois j’ai une vue immédiate sur la scène. Mais, je suis sous l’œil de l’assistante Yagour , prononcé Ibgour selon ‘la géo phoné- tique’ . Aussi Anzide , ailleurs. Tout court, je suis sous l’œil de l’écureuil-guetteur . Elle avait, selon toute apparence,

Il a été prévu qu’il se produise en ‘chose’ afin de meubler la situation dramatique. On ne le considérait pas comme un interprète à part entière. Sa présence était moins signi- fiante dans le jeu dramatique. Et là, il y avait la possibilité de le substituer par du linge, un petit transat, berceau, une poussette, ou même un son en off. Mais madame ‘petit chouia’ a préféré interpréter le scé- nario à la lettre. Nous avons raté de réfléchir en artiste. Ceci dit, un texte lyrique, plus ou moins poétique, et un jeu dramatique au point brodé sur une trame émotionnelle juste auraient remplacé la présence physique de l’ac- teur-bébé. Un changement de focal aurait sécurisé plus le bébé et diminué le nombre de personnes qui risquent de l’approcher de tout près : cadreurs, machinos, électros, ou quiconque. Ou tout simple- ment une recomposition de l’image. C’était une occasion artistique pour madame ‘ un tout petit chouia moins’ afin de matérialiser cet amour placebo qu’elle essaie d’af- ficher et assurer au bébé une bonne distance de pro- tection.

Madame ‘petit chouia’ a préféré interpréter le scénario à la lettre. Nous avons raté de réfléchir en artiste.

Dernières minutes Les deux en scène, la maman et le papa. Caméra à l’épaule, Winegh ( dialna en darija; tra- duction approximative : une personne des nôtres) attend de faire surfer son cadre légèrement comme sur une vague lisse, à peine pous- sée par une douce brise, comme une caresse, remon- tant des lointains atlantiques. Monsieur ‘clap’ est prêt cla- quette ouverte comme le bec

Abdelatif Youssoufi en pleine action : coaching & direc- tion d'acteur.

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