Express_2014_03_07

PORTRAIT

editionap.ca

Un homme de sciences, de glace et de passion

C’est une suggestion à laquelle tout le monde peut trinquer: les dépanneurs en Ontario veulent, encore une fois, obtenir le droit de vendre de la bière et du vin. Une nouvelle étude des attitudes des Ontariens à l’égard de la vente de la bière montre que sept sur dix souhaitent voir plus de détaillants du secteur privé, comme les dépan- neurs, concurrencer les Beer Store . L’étude a conclu que le soutien pour cette réforme radi- cale est très fort à travers la province. C’est un dossier d’intérêt particulier pour notre région et d’autres districts qui sont si- tués sur les frontières interprovinciales. L’étude confirme ce que les dépanneurs entendent de leurs clients presque tous les jours - les gens veulent plus de choix et de la concurrence, a lancé dernièrement Dave Bryans, directeur général de l’Association des dépanneurs de l’Ontario. La vente d’alcool peut représenter une façon de sauver des petites entreprises, plu- sieurs desquelles font face à des défis financiers. Depuis que tous les grands magasins sont ouverts les dimanches, les petits ont perdu un avantage qu’ils avaient depuis des décennies. L’Association des dépanneurs prédit que des milliers d’emplois seraient créés si le gou- vernement relaxait ses contrôles sur la vente d’alcool. En effet, une compagnie a estimé qu’elle créerait quelque 1800 emplois supplémentaires si les dépanneurs pouvaient ven- dre bière et vin. Les lois qui gèrent la vente d’alcool en Ontario ne sont pas constantes. À certains en- droits, il y a un monopole. Cependant, à travers la province, 200 dépanneurs peuvent vendre de l’alcool. Dans l’est de l’Ontario, on peut acheter de la bière et du vin dans certains dépanneurs qui ont un permis de la Régie des alcools de l’Ontario (Liquor Control Board of Ontario). On retrouve des succursales de la LCBO dans des entreprises privées de communautés comme Saint-Eugène et L’Orignal. La logique est que ces villages sont assez loin d’un ma- gasin LCBO et qu’ils sont trop petits pour qu’on y installe une succursale habituelle de la LCBO. Par ailleurs, dans les villes qui ont une véritable succursale LCBO, comme Hawkes- bury, la vente d’alcool dans les dépanneurs n’est pas permise. La LCBO et le Beer Store veulent garder leur monopole dans Hawkesbury. La fin de semaine, lorsqu’ils ont soif, les gens de Hawkesbury ont tendance à traverser le pont vers Grenville. À cause des taxes plus basses, la bière est moins chère dans la Belle Province qu’en Ontario. Par ailleurs, les dépanneurs de l’est de l’Ontario pourraient générer des revenus supplémentaires importants s’ils avaient le droit de vendre de l’alcool. Comme de raison, le Beer Store n’est pas prêt à perdre son monopole. Les brasseries gé- antes qui sont propriétaires du Beer Store ont lancé leur propre campagne afin de répon- dre aux pressions de l’Association des dépanneurs. Si la loi est changée, les prix augment- eront et le programme de recyclage du Beer Store tombera, selon le Beer Store . On parle d’un marché énorme. La bière est la boisson alcoolisée la plus populaire au pays, représentant 8,1% de toutes les dépenses des ménages pour les aliments et les boissons. Les Canadiens dépensent une moyenne de 12,3 milliards de dollars chaque année sur la bière. La bière représente 163 200 emplois dans l’ensemble du pays, ou 1% de tous les emplois au Canada. La consommation de bière génère 5,8 milliards de dollars en recettes fiscales annuelles des gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux et municipaux. Les Canadiens ont acheté l’équivalent de 235 bouteilles de bière par personne en 2012. La bière fait partie de la vie de la plupart des Canadiens. Et c’est bien évident que la vente d’alcool demeure un dossier chaud. Les dépanneurs et la bière

d’Ottawa, jusqu’à l’obtention de son doc- torat au Département des sciences de la terre en 2006. Dès la maîtrise, un intérêt pour le côté biochimique du sol caractérise son approche. «Il y avait un manque de re- cherche pour cet aspect-là. C’est un travail qui est difficile car le pergélisol est très dur à échantillonner.» Ses expéditions allaient lui permettre de mener à bien cette quête. Il se souvient en- core de SA première fois, alors qu’il s’est re- trouvé dans la toundra. «On avait été dépo- sé par hélicoptère. Il n’y avait pas d’arbre, en fait, absolument rien et tout ce qu’on avait c’était une tente et un petit réchaud. C’était un gros changement.» Depuis, il y passe un à deux mois chaque été au sein d’équipes multidisciplinaires. Il y dort toujours sous la tente et leur campe- ment se transforme en petite station de recherche. Avant d’entamer sa carrière universita- ire, Denis Lacelle a travaillé pendant trois ans à l’Agence spatiale canadienne à Saint-

CHANTAL QUIRION chantal.quirion@eap.on.ca

OTTAWA | Originaire de Hawkesbury, Dr Denis Lacelle reçoit l’un des deux Prix jeune chercheur de l’année de l’Université d’Ottawa. M. Lacelle a fait son entrée au Département de géographie de l’Université d’Ottawa en tant que pro- fesseur et chercheur en 2011. Jeudi dernier, le lauréat a été officiellement applaudi lors d’une cérémonie organ- isée dans l’enceinte de l’établissement d’enseignement. Homme de terrain, Denis Lacelle est re- connu, entre autres, pour son expertise acquise au cours des expéditions qu’il a menées en Arctique. Il s’y rend tous les étés depuis l’année 2000. Aussi, il a participé à deux missions dans l’Antarctique dans le cadre d’un projet appuyé par la NASA. À 37 ans, ce scientifique est déjà reconnu à

l’échelle internatio- nale en tant qu’expert du pergélisol arc- tique et antarctique. Le pergélisol désigne la partie d’un sol qui demeure gelée en permanence, ou au moins pendant deux années consécutives. Denis Lacelle, fils de Michel et Danielle, cherche donc, en- tre autres, à évaluer l’impact des change- ments climatiques sur le pergélisol et ses travaux bénéfi- cient directement aux populations des Territoires du Nord- Ouest. Les agences responsables de l’aménagement et de la gestion des i n f r a s t r u c t u r e s , notamment, peu- vent s’appuyer sur

Photo fournie

Dr Denis Lacelle lors d’une expédition en Antarctique. On l’aperçoit (à gauche) en compagnie de son collègue (Alfonso Davila, SETI) en train de forer le pergélisol dans les vallées sèches en Antarctique.

les recommandations issues de ses obser- vations. Au fil des ans, ses recherches ont permis de documenter la composition de ce sol, où la majorité des gens n’ont jamais posé le pied. Même adolescent, ces lointaines con- trées exerçaient sur lui une fascination qui allait au final, tracer les lignes de son ave- nir. «C’est à cause des chiens. On avait des huskies et des malamutes à la maison et on allait faire du traîneau avec sur le bord de la 17. C’est comme ça que j’ai développé une passion pour les régions arctiques.» À l’époque, il étudiait à l’École secondaire régionale de Hawkesbury. Il n’y avait alors qu’un établissement secondaire dans la municipalité. Et c’est ainsi que, motivé par cette passion, il allait poursuivre ses études en géographie à l’Université d’Ottawa. «À l’école ça allait bien. Je n’avais pas des A+ mais ma moyenne se situait dans les 80%. On n’a pas besoin de plus pour faire du bon travail, l’important est d’avoir une passion.» Constant, il complète ainsi les trois cy- cles d’études universitaires à l’Université

Hubert. Sa participation aux missions dans l’Antarctique sont aussi au nombre des ex- péditions qui alimentent sa passion. Cette région du globe est celle dont les condi- tions s’apparentent le plus à la planète Mars, notamment. «Avec la NASA on essaie de comprendre la formation du pergélisol sur Mars. Mon rôle est de faire des études comparatives entre Mars et la Terre. Pourquoi? Pour savoir si on est seul dans l’univers. On veut savoir s’il y aurait eu de la vie dans le passé sur d’autres planètes. On veut essayer de trouver d’où vient la vie sur terre. Avec la dernière mis- sion sur mars, on sait qu’il y a eu présence d’eau, une condition essentielle pour sup- porter la vie. Elle est sous forme de glace maintenant. Alors, il reste à trouver les évi- dences (des bio signatures) pour prouver qu’il y a eu de la vie, s’il y en a eu.» On ne peut donc taxer Denis Lacelle d’être dans la lune, mais sur Mars qui sait? Il habite aujourd’hui à Ottawa et prend en- core plaisir à conduire le traîneau avec son chien Askja dans les blanches étendues de la capitale nationale.

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