Guide VOILAT (public)

Chapitre 1

Le guide d’inclusion des femmes lesbiennes au travail

l’hétérocentrisme qui pose l’hétérosexualité en norme de la sexualité et du sexisme » . Ainsi, tout comme le sexisme réaffirme la valeur différentielle des sexes, l’hétérocentrisme réaffirme la valeur différentielle des orientations sexuelles. La conjonction des deux – l’hétérosexisme – produit de l’homophobie ou plus précisément, dans le cas des femmes lesbiennes, de la lesbophobie. Homophobie ou lesbophobie ? Non, ce n’est pas la même chose ! Mais pourquoi donc utiliser le terme de lesbophobie et non celui d’homophobie ? Parce qu’il permet d’éviter la perpétuation de l’invisibilité des lesbiennes. Et cette prise en compte est récente puisque le terme de « lesbophobie » n’existe que depuis 25 ans, quand le terme d’homophobie est apparu dès les années soixante-dix. « La notion d’homophobie repose sur une vision universalisante, donc masculine, de l’homosexuel qui nie la hiérarchie sociale des sexes, la suprématie culturelle, politique, économique des hommes et les discriminations sexistes et lesbophobes qui en découlent » , note la Coordination Lesbienne en France en 2007 15 . Outre-Atlantique, au Québec, les sociologues Line Chamberland et Christelle Lebreton, ont mené parmi les rares études mondiales sur les femmes lesbiennes dans le monde du travail 16 et constatent : « Le concept de lesbophobie (...) permet de contrecarrer les applications sexistes de la notion d’homophobie, lesquelles ignorent ou banalisent comme étant moins sévères ou moins

répandus, sans justifications ni empiriques, ni analytiques, les comportements discriminatoires ou haineux envers les lesbiennes. Les études empiriques, dont la nôtre, invalident le fait que l’homophobie touche davantage les hommes, adultes et jeunes, d’autant plus que la persistance du sexisme complexifie les expériences de discrimination, subies par les lesbiennes » .

L’hétérosexisme, le moteur de la lesbophobie !

C’est pour documenter les expériences très spécifiques auxquelles les lesbiennes sont confrontées, pour interpeller les pouvoirs pu- blics et sensibiliser l’ensemble de la société que la chercheuse Sarah Jean-Jacques a décidé de créer en 2022 L’Observatoire de la Lesbophobie 17 . « Les témoignages que nous recueillons sur cette plateforme montrent de façon très claire que les lesbiennes sont expo- sées à des violences singulières qu’il est impor- tant de visibiliser et de mieux identifier afin de lutter contre » , explique-t-elle. « Jusqu’à présent, la lesbophobie a été pensée comme une addition de violences conjuguant le sexisme et l’homophobie. Les lesbiennes seraient confrontées à une « double discrimination » , en tant que femme et en tant que lesbienne. Or, il ne s’agit pas tant d’un cumul que d’une articu- lation des violences qui se situe à l’intersection du genre et de la sexualité. Les lesbiennes sont au croisement des rapports sociaux de sexe et de sexualité, c’est la raison pour laquelle il est indispensable de penser leurs expériences de

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