Le guide d’inclusion des femmes lesbiennes au travail
Conclusion Chapitre 2
3 questions à Emilie Morand , sociologue Dans le cadre de votre travail de thèse sur les stratégies d’adaptation des personnes LGBT+ au travail 5 , avez-vous repéré des stratégies et des enjeux propres aux femmes lesbiennes dans leur environnement de travail proche ? « Je partais avec l’idée que ce qui allait être vraiment marquant pour les femmes lesbiennes serait de dire ou ne pas dire leur orientation sexuelle. Or, beaucoup de femmes étaient également attentives à la façon de le dire et au fait de trouver l’espace pour le dire. Comment placer la petite phrase qui en ferait un non-événement ? Un autre élément important, c’est la place occupée par la maternité dans leurs interactions sociales au travail. Quand elles deviennent mères, les lesbiennes retrouvent une forme de normalité, elles ont un sujet commun avec d’autres femmes et les frontières entre hétéro et homo se redessinent. La place de la maternité permet de créer des ponts entre les femmes. Dès lors, ce sont les lesbiennes sans enfants et les gays qui font l’objet de stéréotypes dont une hypersexualisation ». Quelles seraient les conditions d’une plus grande inclusion des femmes lesbiennes ? Quels types d’actions faut-il mettre en place selon vous ? Il faut travailler sur le quotidien entre collègues, les enjeux “micro”, car c’est là que c’est le plus ravageur pour les personnes LGBT+. Le quotidien, c’est la présomption d’hétérosexualité, l’hypervigilance, les petites blagues lesbophobes et sexistes et le travail émotionnel qu’exige le fait de réagir ou de ne pas réagir à ces blagues.
Parmi les actions clés, je dirais : – utiliser un vocabulaire inclusif ;
– légitimer le fait qu’on ait besoin d’en parler, de parler de nos vies, de nos cultures, car si l’on veut en faire un non-événement, l’indifférence totale reste néanmoins insupportable. Les gens qui te disent : « OK d’accord, c’est cool, mais pourquoi tu as besoin d’en parler ? » C’est un vrai nœud ! C’est quand même te réduire au silence et c’est un piège ; – cesser de privilégier certains modes de vies privées (couples monogames, familles) au détriment d’autres au travail. »
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