FNH N° 1084

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 10 NOVEMBRE 2022

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Lutte contre l’inflation

◆ Le gouvernement dit employer tous les efforts pour protéger le pouvoir d’achat des ménages. ◆ La distribution d'aides ciblées aux catégories les plus vulnérables est recommandée. L’approche court-termiste montre ses limites

aux transporteurs et le main- tien des tarifs de l’électri- cité. Mais est-ce suffisant, alors que l’inflation atteint les 8,3% et que sa compo- sante alimentaire approche les 15% ? Dans une récente sortie médiatique, le chef du gou- vernement, Aziz Akhannouch, a indiqué que «tous les efforts sont faits pour l’amélioration des conditions de vie des citoyens et de leur pouvoir d’achat et que le gouverne- ment ne pourra pas donner plus que ne le permettent ses moyens». Des aides directes… Dans son dernier rapport annuel, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) s’est penché sur les approches possibles pour lut- ter contre la hausse des prix en formulant un ensemble de recommandations à court et moyen termes. Concernant les actions à caractère immédiat, et outre la distribution d’aides ciblées aux catégories les plus vulné- rables, le CESE recommande «le maintien des droits de douane sur certains produits de base importés à des niveaux bas, ainsi que le renforcement du contrôle du respect de la concurrence dans les diffé- rents secteurs, en particulier ceux relatifs aux biens de pre- mière nécessité et produits de base, avec des sanctions suf- fisamment dissuasives en cas d’infractions». Dans le même sens, et concer- nant le marché domestique

des hydrocarbures, le Conseil suggère «l’accélération des travaux d’investigation au niveau du secteur, afin de sta- tuer explicitement sur l’exis- tence ou non de pratiques anti- concurrentielles de la part des opérateurs».

La problématique du manque d’organisation des marchés des produits agri- coles et la multiplicité des intermédiaires favorisent l'inflation.

… Et des mesures à moyen-terme

A moyen terme, et dans l’ob- jectif de contenir les futures phases de flambée des prix, le CESE préconise notamment d' «accélérer la mise en place du registre social unifié (RSU) pour un ciblage optimal des aides aux plus défavorisés, d'étudier la possibilité de créa- tion d’un fonds permanent de stabilisation face aux chocs majeurs et d'investir davantage dans les capacités de stockage internes des produits énergé- tiques et d’envisager les moda- lités possibles d’une mobili- sation des capacités de stoc- kage de la Samir». Il est éga- lement question de procéder à la réforme et à l’organisation des espaces de commerciali- sation des produits agricoles, d'étudier la faisabilité de créa- tion d’une compagnie natio- nale de transport maritime de marchandises et de mettre en place un observatoire des prix et des marges des produits de base et de première nécessité. Au final, le gouvernement devrait s’investir à combattre l’inflation via une approche éta- lée dans le temps, puisqu’elle n’est plus considérée comme phénomène transitoire et qu’elle est surtout auto-entre- tenue. ◆

prix observées depuis 2021 demeurent majoritairement d’origine externe, cela n’em- pêche pas toutefois de relever des effets amplificateurs au niveau interne, d’autant plus que depuis l’été 2022, les aug- mentations des prix ont été diffusées vers des produits non-échangeables. Parmi les facteurs internes, on note la problématique du manque d’organisation des marchés des produits agricoles et la multiplicité des intermédiaires. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, les pouvoirs publics ont pris des mesures spécifiques de court terme, afin d’atténuer les effets des pressions inflationnistes. Il s’agit, entre autres, de la prise en charge de l’augmen- tation des prix des biens sub- ventionnés par la Caisse de compensation, la signature en avril 2022 d’un accord dans le cadre du dialogue social pré- voyant l’amélioration des reve- nus dans les secteurs public et privé, le soutien accordé

D écidément, l’in- flation fait des ravages au sein des ménages. En 2022, 3,2 millions de per- sonnes supplémentaires ont basculé dans la pauvreté ou la vulnérabilité au Maroc. 55% de cette détérioration est due à l’effet de la hausse des prix à la consommation, selon le haut- commissariat au Plan (HCP), pour qui près de 7 années de progrès vers l'élimination de la pauvreté et de la vulnérabilité ont été perdues à cause de l’inflation et de la crise sani- taire. En effet, si les salaires ne sont pas indexés sur la hausse des prix, l'inflation entraîne toujours une baisse du pou- voir d'achat, qui pèse surtout en bas de l'échelle salariale. Dit autrement, plus la part des dépenses contenues dans le budget des ménages est éle- vée, moins il y a de marge pour contrer la hausse des prix. Au Maroc, si les hausses de Par Y. Seddik

Le CESE recommande d'accélérer la mise en place du registre social uni- fié pour un ciblage opti- mal des aides aux plus défa- vorisés.

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