F OCUS AGRICOLE
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JEUDI 10 NOVEMBRE 2022 FINANCES NEWS HEBDO
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Campagne agricole
Face à une sécheresse persistante, faut-il craindre le pire ?
◆ La période du 15 novembre au 15 décembre est cruciale. ◆ Plusieurs produits comme le lait et la viande connaissent une certaine indispo- nibilité.
Une nouvelle année de sécheresse risque d’accentuer davantage l’exode rural.
L e spectre de la séche- resse pèse lourdement sur la campagne agri- cole 2022/2023. Le démarrage de la saison est très timide, le manque de pluies se faisant grandement sentir. Le moral des agriculteurs est en berne. Car, outre la baisse considérable des apports en eau, la population rurale est for- tement impactée par la hausse du coût de la vie et des intrants. Une nouvelle année de séche- resse serait synonyme de catas- trophe. L’effet sera ressenti à plusieurs niveaux, notamment les hypothèses retenues dans le projet de Loi de Finances 2023. La croissance devrait être revue à la baisse, les déficits public et commercial corrigés à la hausse. Même si les agriculteurs maro- Par C. Jaidani
cains ont toujours fait preuve d’optimisme, l’environnement cli- matique enregistré cette saison est très défavorable. En effet, les réserves en eau des barrages, qui ont pour rôle d’atténuer les chocs climatiques, sont à leur plus bas niveau historique. Au 7 novembre 2022, ils affichent un stock de 3,97 milliards de m 3 , soit un taux de remplissage de 24,6%. Les experts du secteur ne cachent pas leur inquiétude, tout en gardant un certain espoir. «La météorologie nationale n’annonce pas d’intempéries dans les jours à venir. Il y a de quoi s’inquiéter, car plus cette période de sécheresse s’étalera et plus la situation deviendra
de doute commence à s’installer. Des témoignages édifiants ont été recueillis auprès de plusieurs exploitants. «Nous traversons une période très difficile. Nos recettes ne peuvent plus faire face aux charges. Avec la pénurie de la production de lait, les prix ont augmenté, passant d’une four- chette de 2 à 3 DH/litre selon la qualité du produit à 3,50/ 4,50 DH/litre. Mais la marge bénéfi- ciaire n’a cessé de se resserrer. Face à ces difficultés, comment peut-on continuer à exercer l’élevage» , s’interroge Redouane Haddaj, exploitant dans la région de Benslimane. Ce quadragé- naire, également chauffeur de taxi, alterne entre les deux acti- vités pour joindre les deux bouts. «De nombreux éleveurs opérant dans les zones bour ont arrêté leur activité, ou du moins ont réduit leur bétail. Tous les prix des produits entrant dans l’ali- mentation de bétail ont connu une flambée d’au moins 50%. L’orge est à 4 DH/kg, le maïs à 5 DH/kg, le soja entre 4,50 et 6 DH/kg, le son à 5,50 DH/kg et la botte de paille passe à 30 DH», ajoute-t-il. ◆
compliquée. Le Maroc accuse en ce moment un déficit pluvio- métrique de près de 30%. La période du 15 novembre au 15 décembre est cruciale. Si la pluie est au rendez-vous, la situation pourra être redressée. Dans le cas contraire, elle sera compro- mise. Il ne faudra compter que sur les céréales semi-tardives et tardives et les cultures prin- tanières pour limiter les pertes», souligne Abderrahim Mouhajir, ingénieur agronome. Et de poursuivre que «les effets de la sécheresse commencent déjà à se faire ressentir sur plu- sieurs filières, notamment l’éle- vage et l’arboriculture». Dans sa dernière sortie média- tique, Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, a reconnu qu’il existe une insuffisance de l’offre pour le lait et la viande. Il a affirmé que «le Maroc pour- rait commencer à importer cer- taines viandes pour compenser la baisse de la production locale. Quant au lait, il est prévu d’aider les producteurs pour augmenter le rendement, malgré le stress hydrique et la situation chro- nique des barrages». Du côté des éleveurs, un climat
De nombreux éleveurs opé- rant dans les zones bour ont arrêté leur activité, ou du moins
ont réduit leur bétail.
Record des prix de l’huile d’olive
Outre le secteur de l’élevage, l’arboriculture est elle aussi fortement impac- tée par la sécheresse. Principale espèce fruitière cultivée au Maroc avec 65% de la superficie arboricole nationale, l’olive est présente dans 10 régions du Royaume. Le kilo brut d’olives se vend entre 8,5 et 9 dirhams dans les champs contre 3 dirhams en moyenne habituellement. Le prix de l’huile d’olive n’a cessé d’augmenter ces derniers temps, atteignant un record. Selon les régions, les prix varient entre 65 et 80 DH/litre contre une fourchette de 40 à 55 DH une année auparavant. Tout laisse présager que cette flambée devrait se poursuivre, car les échos recueillis auprès des différentes coopératives et associations affirment une forte baisse des récoltes.
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