FNH N° 1084

D EVELOPPEMENT DURABLE

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JEUDI 10 NOVEMBRE 2022 FINANCES NEWS HEBDO

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La COP 27 en questions L a 27 ème Conférence des Nations unies sur les changements cli- matiques a débuté lundi dernier à Charm el-Cheikh, en Egypte. Qu'en attendre ? Plongée dans une réunion entre pays aux moyens dif- férents et aux intérêts divergents. Par Mustapha SEHIMI Professeur de droit, Politologue

Qu'est-ce que la COP 27 ? En 1992, le Sommet de la Terre à Rio adoptait la convention-cadre sur les changements climatiques (UNFCCC). Ses signataires se réunissent pour la première fois trois ans plus tard, en 1995, lors d'une conférence appelée «COP» (acronyme anglais signifiant «Conférence of the Parties»). Celle de Charm el-Cheikh est la 27 ème édition du genre; elle marque les 30 ans du sommet de Rio. L'UNFCCC compte actuellement 197 membres, dont l'ensemble des pays inscrits à l'ONU, la Palestine, l'Union européenne et quelques ilots non sou- verains du pacifique. Quel est l'acquis des négociations climatiques ? Lors du Sommet de Rio, les pays parties aux négociations ont convenu de «stabi- liser les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère pour empêcher toute interférence dangereuse de l'acti- vité humaine sur le système climatique». C'est toujours le pilier central de l'orga- nisation, dont les vingt six dernières réunions n'ont fait que développer les extensions au traité initial. Parmi les plus connues, on compte notamment l'Accord de Paris, adopté lors de la COP 21 à la fin de l’année 2015. Celui-ci prévoit de garder la hausse des tempé- ratures globales en dessous de 1.5°C d'ici à la fin du siècle. L'objectif paraît cependant de plus en plus compromis. L'ONU estime que le monde est actuel- lement en chemin pour une augmenta- tion d'environ 2,5 degrés», alors que les émissions de CO2 devraient augmenter de 10,6% d'ici à 2030 par rapport à leur niveau de 2010.

Qu'est-ce qui coince ? Les pourparlers sous l'égide de la COP sont menés sur la base du principe de «responsabilité commune mais diffé- renciée» . Concrètement, cela signifie quoi ? Davantage d’efforts deman- dés de la part des pays développés, compte tenu de leur écrasante contri- bution présente et passée en termes d'émission de gaz à effet de serre. En 2016, à Cancun (Mexique), un apport annuel de 100 milliards de dollars a été promis par les pays développés aux plus pauvres à des fins d'adapta- tion. Toutefois, le montant n'a encore jamais été atteint - il est seulement de 80 mil- liards de dollars aujourd’hui. La notion de «pays en voie de développement» , sous laquelle tombe par exemple encore la Chine, est en outre tou- jours plus controversée. Les «contri- butions décidées au niveau national» -plans climatiques des parties aux traités- n'ont quant à elles que très partiellement été actualisées (seuls 24 pays sur 193 parties aux Accords de Paris ont soumis un nouveau dossier avant la COP 27), alors qu'il avait été convenu de le faire lors de la COP 26, à Glasgow (Ecosse).

Comment s’annoncent les négociations ?

Les difficultés sont multiples. Les immenses plans de sauvetage mis sur la table par les pays du «Nord» durant la pandémie ont montré qu'il leur était tout à fait possible de libérer l'argent promis aux pays en développement qui sont souvent aussi les plus impactés par le réchauffement, suscitant l'im- patience de ces derniers. Au regard de l'ampleur que prennent les catas- trophes environnementales, comme en témoignent les inondations monstres qui se sont produites au Pakistan, le financement de 100 milliards de dollars mentionné plus haut s’avère insuffi- sant. Un nombre croissant de pays désargentés militent pour l'indemnisa- tion de ces «événements soudains». Ce à quoi s’opposent les nations les plus riches. En 2022, s'ajoute une crise écono- mique, énergétique et inflationniste sur fond de tension géopolitique autour des sanctions contre la Russie, que beaucoup de pays du Sud n'ont pas adoptées. La COP 27 n'échappera pas à la règle: dégager des compromis tiendra de l'exercice d'équilibriste. La lutte contre le réchauffement clima-

L'ONU estime que le monde est actuelle- ment en che- min pour une augmentation d'environ 2,5 degrés.

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