FNH N° 1182 (1)

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 30 janvier 2025 - 8 DH - N° 1182

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Liquidité bancaire

Protectionnisme américain Quelles cartes pour le Royaume face à Trump ?

Bank Al-Maghrib muscle la régulation en 2025

P. 10/11

P. 15

Le Maroc passé au crible par le Conseil de l'Europe LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT

P. 8/9

Interconnexions électriques Une impulsion stratégique pour l’Afrique

Finance verte Le maillon faible de la transition énergétique

Démarchage téléphonique Les call centers marocains face au coup de frein législatif français

P. 28/29

P. 16/17

 Entretien avec Anas El Bouyousfi, CEO de SunCorp.

P. 12/13

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

SOMMAIRE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 30 JANVIER 2025

Editorial

26 L'UNIVERS DES TPME

Voyons voir : Polisario – Mauritanie : La caravane passe par Es-Smara Ça se passe au Maroc Ça se passe ailleurs 3 4 5 ACTUALITÉ

Entretien avec Karim Amguir : Zaim Digital, «Notre ambition est de devenir un leader dans la digitalisation du secteur BTP»

BOURSE & FINANCES

Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication

Point Bourse Hebdo : Après l’euphorie, l’accalmie Croissance, dividendes et résilience : Le triptyque gagnant d'AtlantaSanad Assurance Lutte contre le blanchiment : Le Maroc passé au crible par le Conseil de l'Europe Liquidité bancaire : Bank Al-Maghrib muscle la régulation en 2025 Finance verte : «145 Mds de dirhams pour l’eau» Finance durable : Un pipeline industriel vert en attente de financements

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L Le Maroc face à l’hydre terroriste

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e Royaume vient de frôler le pire. Une opération anti-terroriste dans la province de Berrechid a permis de déjouer un atten- tat à l’explosif dimanche dernier. Sous la houlette du Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ) et avec l’appui de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), les éléments des forces spéciales ont réussi à neutraliser quatre individus affiliés à Daech. Grâce à des moyens technologiques avancés et des méthodes d’investigation rigoureuses, ils les

DEVELOPPEMENT DURABLE

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Interconnexions électriques : Accélérateur pour la transition énergétique du Maroc Entretien avec Anas El Bouyousfi : Interconnexions électriques, «Le Maroc pourra créer les bases d’un marché régional de l’électricité»

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ont rapidement identifiés, interceptant même une vidéo où ils prêtaient allé- geance à l’organisation terroriste. La perquisition a révélé non seulement un projet d’attentats imminents, mais aussi des préparatifs pour rejoindre des camps terroristes au Sahel. Le tableau est impressionnant : des explosifs artisanaux, des substances chimiques dangereuses, des armes blanches… Tout était prêt pour semer la terreur. Cette intervention est la preuve que la menace terroriste est toujours per- sistante. Et que la lutte contre l’obscurantisme est un combat permanent. Qui ne saurait souffrir de laxisme. C’est pourquoi les services sécuritaires marocains, dont l’efficacité n’est plus à prouver, sont constamment sur le qui-vive. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2024, la Direction générale de la sûre- té nationale (DGSN) a interpellé 32 individus impliqués dans des affaires de terrorisme, dont cinq pour préparation d’attentats et 24 pour incitation à rejoindre des organisations extrémistes. Et dans sa croisade contre le terrorisme, l’action du Maroc va au-delà de ses frontières, ses renseignements ayant permis de faire capoter des attentats notamment en France, ou encore de neutraliser des extrémistes notoires, comme le Belgo-marocain Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attentats de Paris, tué lors d’un assaut de la police en ban- lieue parisienne. L’opération conjointe avec l’Espagne en décembre 2024, qui a permis le démantèlement d’une cellule terroriste à cheval entre les deux pays, est aussi un exemple éloquent de l’approche collaborative du Royaume. Les services de renseignement marocains ont fourni des informations déterminantes, empêchant ainsi, un bain de sang lors des célébrations de fin d’année à Elche. Cet engagement au-delà des frontières est régulièrement salué par des partenaires européens. L’Union européenne considère le Maroc comme une «référence» en matière de lutte contre le terrorisme. De même, la participation active du Maroc dans des initiatives internationales, comme l’opération «Neptune VI» coordonnée par Interpol, illustre son rôle central dans la sécurité mondiale. Aujourd’hui, l’approche marocaine repose sur un triptyque : renseignement, collaboration internationale et action rapide. Pour autant, les succès du Royaume ne doivent pas faire oublier la com- plexité des enjeux : neutraliser une cellule terroriste ne signifie pas la fin de la menace, mais plutôt la nécessité de rester vigilant face à son adaptation constante. Car le terrorisme est une hydre à mille têtes. C’est pourquoi la DGST, véritable pierre angulaire de la lutte anti-terroriste, est toujours aux aguets. u

ECONOMIE

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Commerce extérieur : Vers une balance commerciale équilibrée Protectionnisme américain : Quelles cartes pour le Maroc face à Trump ? Démarchage téléphonique : Les call centers marocains face au coup de frein législatif français Entretien avec Ali Tazi : Distribution, «Le secteur est au cœur des dynamiques industrielles et commerciales du Maroc» Foncier public : Un dispositif important pour booster l’investissement Coupe du monde 2030 : Un tremplin économique et diplomatique pour le Maroc Entretien avec Samir Bouchrit : BTP, «Ce qui marque la phase actuelle, c’est l’urgence et la complexité des projets à réaliser» Vieillissement de la population : Quels risques pour l’agriculture nationale ?

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HIGH-TECH

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Hameçonnage : Une nouvelle vague cible les entreprises sur Facebook Aux origines du gaming au Maroc : Petite arène, grandes ambitions (2 ème partie)

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• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal

• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

VOYONS VOIR

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Polisario – Mauritanie

La caravane passe par Es-Smara

D ernière lubie du Polisario : menacer la Mauritanie d’une guerre ouverte, simplement parce qu’elle ose regarder du côté du Maroc avec des yeux amicaux. Une posture qui en dit long sur l’état de fébrilité avancée du mouvement séparatiste et de son marionnettiste attitré, le régime algérien. Tout a commencé avec cette nouvelle dyna- mique de coopération entre Rabat et Nouakchott. Il y a eu la rencontre entre le Roi Mohammed VI et le président mauritanien Mohammed Ould Ghazouani en décembre dernier, des signatures de mémorandums sur les énergies renouve- lables et l’électricité, un projet d’interconnexion électrique… Sans oublier cette future route reliant Es-Smara à la Mauritanie, qui énerve sérieusement le polisario, lequel voit s’évaporer sa capacité à semer le désordre dans la région. Cette série d’initiatives scelle un partenariat d’avenir entre deux pays voisins décidés à écrire une nouvelle page de leurs relations bilatérales. Mais pour les séparatistes, tout cela est vécu comme un affront. Bachir Mustapha Sayed, soi- disant numéro deux du polisario, s’est empressé de brandir des menaces, déclarant qu’avec cette nouvelle route, «les frontières des Sahraouis Par D. William

des séparatistes, il y a le pouvoir algérien qui, constamment, tient des discours belliqueux pour dissimuler ses propres fragilités internes. Avec ses velléités hégémoniques et son obsession maladive envers le Maroc, Alger alimente ainsi la surenchère du polisario. Mais menacer la Mauritanie est simplement un aveu de faiblesse et d’impuissance face à un pays souverain, qui fait des choix souverains conformément à ses ambitions politiques et économiques. Car Nouakchott, bien que sou- cieuse de maintenir une neutralité apparente, sait désormais où se trouvent ses intérêts et privilégie des alliances axées sur le dévelop- pement et la stabilité, à mille lieues des que- relles idéologiques stériles. En cela, le projet du gazoduc Nigéria-Maroc ou encore les ambitions de développement régional portées par Rabat offrent des opportunités économiques que la Mauritanie ne peut plus ignorer. Un pays qui a visiblement fait le choix de rester sourd aux objurgations du polisario, le laissant à ses frus- trations. Comme dirait l’autre, le chien aboie, la caravane passe. Et, dans ce cas précis, elle passe par Es-Smara. ◆

seront alors les frontières du Maroc. (...) Ce qui implique la Mauritanie dans une guerre». Ces gesticulations verbales cachent mal une réalité bien plus prosaïque : le polisario est dos au mur. La reconnaissance internationale du Sahara marocain progresse à pas de géant, et même Nouakchott, historiquement prudente, commence à se désolidariser du récit sépa- ratiste. Refus d’invitations, fin de non recevoir à l’initiative algérienne de créer une alliance maghrébine excluant le Maroc…, tout indique une prise de distance diplomatique que l’Algé- rie et son protégé peinent à digérer. Dès lors, l’on se doute bien que derrière l’agitation stérile La reconnaissance internationale du Sahara marocain progresse à pas de géant, et même Nouakchott, historiquement prudente, commence à se désolidariser du récit séparatiste.

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

ÇA SE PASSE AU MAROC

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Création de filiales, créances, cotisations…

Ce qui change à la CNSS L a Chambre des représentants a adopté à la majorité le projet de loi n°02.24 révisant le dahir de 1972 sur le régime de sécurité sociale. Présenté par la ministre de l'Économie et des Finances, Nadia Fettah, ce texte vise à adapter la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) aux mutations économiques et au chantier de généralisation de la protection sociale, conformément

aux orientations royales. Parmi les nouveautés : la gestion de régimes supplémen- taires, la création de filiales, la révision des pénalités de retard et la digitalisation des documents. Le projet prévoit aussi une pension de vieillesse pour les assurés ayant entre 1.320 et 3.240 jours d'assurance. Saluée pour son ambition, la réforme modernise une législation jugée obsolète, mais suscite des critiques sur la repré- sentativité syndicale limitée. ■

Transport urbain

11 Mds de DH pour un nouveau programme L e ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, a présenté à la Chambre des conseil- lers un programme ambitieux de transport urbain par bus pour 2025-2029, rompant avec les approches antérieures. Doté d’un inves- tissement de 11 milliards de dirhams, ce plan mobilise 37 autorités délégataires et prévoit l’acquisition de 3.746 bus. Il a souligné que l’État financera l’achat et l’en- tretien des véhicules, tandis que leur gestion sera confiée à des entreprises, avec un suivi moderne via des plateformes numériques. Ce programme vise des services durables et de qualité. Des appels d'offres ont été lancés dans les villes de Fès, Marrakech, Tanger, Tétouan, Agadir et Benslimane pour l'achat de 1.317 bus, dont la plupart seront mis en service avant la fin de cette année, a indiqué le ministre, préci- sant que l'ouverture des plis pour ces appels d'offres aura lieu le 15 mars. ■

Aide au logement

Plus de 114.000 demandeurs l’année dernière L e nombre de citoyens souhaitant bénéficier du programme d’aide directe au logement a dépassé 114.365 en 2024, a affirmé, mardi à la Chambre des conseillers, le secrétaire d’État chargé de l’Habitat. Adib Benbrahim a indiqué que le nombre de bénéficiaires du programme s’élève à plus de 63.000 personnes, dont les MRE représentent une part de 25%, et les jeunes 32%. Et de préciser que 63% des bénéficiaires ont reçu une aide de 70.000 dirhams, et 37% une aide de 100.000 dirhams.

Par ailleurs, il a expliqué que ce pro- gramme a des retombées économiques importantes portant notamment sur une hausse des ventes de ciment de l’ordre de 9,45%, une augmentation des crédits immobiliers (+1,7%) et des prêts accordés aux promoteurs immobiliers (+7,2%). ■

L es recettes fiscales ont atteint plus de 300 milliards de dirhams durant l’année 2024, en progression de 14,3% par rapport à la même période un an auparavant, selon le ministère de l'Économie et des Finances. Ces recettes ont affiché un taux de réalisation de 110,8% comparativement aux prévisions de la Loi de Finances. Les remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux, y compris la part supportée par les collectivités territoriales, se sont chiffrés à 23,2 Mds de DH. Cette dynamique exceptionnelle des recettes fiscales résulte de la poursuite de la mise en œuvre de la loi-cadre portant réforme fiscale, notamment à travers des mesures d'élargissement de l'assiette fiscale, de renforcement de l'équité et du contrôle. ■ Recettes fiscales : Une progression de 14,3% en 2024

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ÇA SE PASSE AILLEURS

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Royaume-Uni

Espagne

Norvège

Un projet de «corridor de croissance» de 78 milliards de livres sterling

L'économie enregistre une croissance de 3,2 % en 2024

Le fonds souverain a gagné 214 milliards d'euros en 2024

L’ économie espagnole a enregistré une croissance de 3,2% en 2024, soit 0,5 point de plus qu’en 2023, sou- tenue par la hausse des expor- tations et de la consommation nationale et les performances du secteur touristique, a indiqué mer- credi l'Institut national des statis- tiques (INE). Porté par un quatrième trimestre robuste (+0,8%), ce chiffre dépasse légèrement les prévi- sions du FMI et de la Banque d'Espagne, qui estimaient la crois- sance à 3,1%, confirmant ainsi le dynamisme de l'économie espa-

gnole par rapport à ses voisins européens. Le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 6,3% en 2024, atteignant un niveau record de 1,593 milliard d’euros, soit une augmentation de 94.812 millions par rapport à l’année précédente, précise-t-on. Selon l'INE, la croissance espa- gnole a été tirée par les exporta- tions, qui ont progressé de 3% en rythme annuel au quatrième tri- mestre, mais aussi par la consom- mation des ménages, qui a grimpé de 3,7% dans un contexte de ralentissement de l'inflation. ■

L e fonds souverain de la Norvège, le plus gros au monde, a gagné 2.511 mil- liards de couronnes (214 milliards d'euros) l'an dernier, le plus gros rendement de son histoire en don- nées brutes, tiré en grande partie par les valeurs tech, a-t-il annoncé. En pourcentage, son rendement s'est élevé à 13%, contribuant à porter sa valeur à 19.742 milliards de couronnes (1.678 milliards d'eu- ros) à la fin de l'année. La hausse est principalement due aux placements en actions, qui représentaient 71,4% de son por- tefeuille et qui ont rapporté 18% sur l'année. ■

L a ministre britannique des Finances a affirmé être prête «à se battre» pour relancer l'éco- nomie du Royaume-Uni, en dévoilant un projet visant à mettre en place un «corridor de croissance Oxford- Cambridge», censé générer 78 mil- liards de livres sterling d'ici à 2035. La Chancelière de l'Échiquier britan- nique s'est engagée à aller « plus loin et plus vite » pour assurer la reprise de la croissance économique, que le gouvernement travailliste a érigée en priorité depuis son arrivée au pouvoir en juillet dernier. La croissance éco- nomique est « la mission numéro un » du gouvernement et de son Plan pour le changement, a-t-elle souligné. L'économie britannique a un « énorme potentiel » et elle est « à la pointe de certains des développements les plus passionnants au monde, comme l'in- telligence artificielle et les sciences de la santé », a-t-elle ajouté. « L'économie atone n'est pas une fatalité, mais la croissance économique ne viendra pas sans se battre », a-t-elle assuré. ■

Etats-Unis

L a Réserve fédérale (FED) va tenir sa première réunion de politique monétaire depuis le retour à la Maison Blanche d'un Donald Trump bien déterminé à peser sur le niveau des taux d'inté- rêt. Dès sa première semaine en poste, le président américain a mis un coup de pression à l'institution dont les statuts la mettent théorique- ment à l'abri du pouvoir politique - même si l'exécutif a le pouvoir de proposer des candidats aux postes de gouverneur-. Donald Trump a «exigé» jeudi der- nier que les « taux d'intérêt baissent immédiatement ». Il a aussi jugé normal que les res- ponsables de la FED l'écoutent, car « je connais bien mieux les taux d'in- térêt qu'ils ne les comprennent ». « Je pense que je connais (le sujet) bien mieux que celui qui en est le principal responsable », a-t-il poursuivi, en faisant référence au président de l'institution, Jerome Powell, mais sans le nommer. ■ Première réunion de la FED sous la nouvelle ère Trump

DeepSeek

Face au succès de l'IA chinoise, la tech américaine voit rouge

L’ irruption du rival chinois de ChatGPT sur la scène jusqu'à pré- sent très américaine de l'intelligence artificielle (IA) a ravivé les angoisses de la Silicon Valley et de Washington, qui appellent à mettre les bouchées doubles pour battre la Chine avant qu'il ne soit trop tard. « Si l'Amérique se laisse distancer par la Chine dans le domaine de l'IA, elle se laissera distancer partout : économiquement, militairement, scientifiquement, dans l'éducation, partout », a lancé mardi Chuck Schumer, sénateur démocrate.

La semaine dernière, la start-up chinoise DeepSeek a sorti un nouveau modèle d'IA générative similaire à ChatGPT (OpenAI), Gemini (Google) et d'autres, pour une fraction des coûts induits par les géants américains. L'adoption ultra rapide de DeepSeek a suscité l'ébahissement, l'admiration, la chute de Nvidia (fournisseur de puces de pointe pour l'IA) à Wall Street et de nombreuses mises en garde. ■

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BOURSE & FINANCES

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Point Bourse Hebdo Après l’euphorie, l’accalmie

Evolution de l'indice Masi depuis début 2024

Après plusieurs semaines de rallye, il était temps de marquer une pause à la Bourse de Casablanca.

I

Par Y . Seddik

mie liée à une absence notable de catalyseurs et à l’attentisme des investisseurs, en attendant l’ouverture de la saison des résul- tats trimestriels en février. Pourtant, le marché n’est pas resté immobile. Les volumes échangés demeurent solides, atteignant un total de 2,78 mil- liards de dirhams. Les transac- tions sur le marché central ont totalisé 2,14 Mds de DH, tandis que le marché de blocs a enre- gistré 634,95 MDH. En tête des volumes, le poids lourd habituel: Attijariwafa bank avec 132 MDH (soit une part de 12,18%), suivi de Résidences Dar Saada pour 81 MDH (10,35%), puis de la deu- xième capitalisation du marché Maroc Telecom, qui draine 58 MDH (7,23%). Si le Masi et le Masi20 ont fléchi cette semaine, un autre indice a fait montre de résilience : le Masi Mid and Small Cap, qui affiche une progression symbo- lique de +0,06%. Une preuve que

l y a des records qui exaltent, des envolées qui inspirent et des replis qui rassurent. Cette semaine, la Bourse de Casablanca a mar- qué une pause, légitime et atten- due, après un début d’année sur les chapeaux de roue. Le Masi, après avoir atteint des sommets record, a reculé de 0,87% à 15.882 points. Un repli qui res- semble davantage à une respira- tion qu’à une véritable correction. Autant dire que tout comme les arbres, les indices ne montent pas jusqu’au ciel. Avec une performance annuali- sée toujours enviable de 7,51%, le Masi reste parmi les indices mondiaux les plus performants de ce début d’année. Mais après plusieurs semaines de rallye, il était temps de marquer une pause. Cette phase de consoli- dation, qui coïncide avec la troi- sième semaine de janvier, s’ins- crit presque comme une tradition saisonnière : depuis 2021, cette période voit souvent une accal-

TOP Performances

FLOP Performances

Managem CTM Fénie Brossette

-11,48%

+16,13% +14,65%

SM Monétique Rebab Company Risma

-8,77%

-7,41%

+12,15 %

les investisseurs ne désertent pas les opportunités de croissance, même en période de consolida- tion. L’effet janvier et la mécanique des flux A moins d’une semaine de la fin du mois, force est de consta- ter que l’effet janvier a pleine- ment joué son rôle cette année. Les volumes en augmentation traduisent une prise de position

active des gérants d’actifs, insti- tutionnels et même des particu- liers. Ces derniers, à la recherche de valeurs décotées ou de sec- teurs prometteurs, ont dynamisé les échanges. Dans ce contexte, certaines valeurs défensives de croissance continuent d’attirer des flux importants. À 15.882 points, le Masi n’est peut-être donc plus au sommet de son élan, mais il reste solide- ment campé sur les hauteurs. ◆

BOURSE & FINANCES

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taSanad est également un argu- ment de poids. En 2023, son rendement (D/Y) s’établissait à 4,5%, contre une moyenne de 3,3% pour le marché et de 4,3% pour le secteur coté. Toutefois, le profil d’Atlanta- Sanad n’est pas exempt de risques. Sa forte exposition aux placements en actions cotées (26,3% de son portefeuille en 2023, contre une moyenne sec- torielle de 23,2%) peut accroître sa sensibilité à la volatilité des marchés financiers. Pour les analystes, le titre est considéré Fair Values. Ces valeurs, alignées sur leurs fon- damentaux, se caractérisent par une volatilité modérée et un PER conforme aux normes sec- torielles et historiques, ce qui les rend moins vulnérables aux corrections du marché. Elles constituent ainsi un socle stable pour le portefeuille, offrant une base solide et résiliente pour limiter les fluctuations globales.

 L’assureur est le seul opérateur coté du secteur à afficher une marge opérationnelle positive pour 2023,

et idem pour les prévisions 2024.

Croissance, dividendes et résilience Le triptyque gagnant d'AtlantaSanad Assurance P Entre solidité financière, dynamisme commercial et politique de dividendes attrayante, AtlantaSanad Assurance coche de nombreuses cases pour figurer parmi les valeurs à suivre de près par les analystes. our l'année 2025, BMCE Capital Global Research place le dos- sier AtlantaSanad Assurance parmi ses paris en lui attribuant une pondération de 6,44% dans son portefeuille modèle. Selon cette cellule de recherche, cette décision repose sur les fondamentaux solides et une stratégie résolument orientée vers la performance technique et commerciale de l’assureur. Avec une marge de solvabilité de 227% en 2023, AtlantaSanad surpasse de loin le minimum Perspectives favorables en bancassurance Elle affiche une progression de 30% depuis le début de l’année, pas loin de ses niveaux de 2008, ce qui la place dans le trio de tête des meilleures performances boursières jusqu'à présent. Par Y. Seddik

Prévisions financières (2025-2026)

Les prévisions financières pour 2025 et 2026 confirment la trajectoire ascendante d’Atlan- taSanad. Selon BKGR, en 2025, les primes acquises nettes devraient s’élever à 4,87 mil- liards de DH, avant d’atteindre 5,13 milliards en 2026. Le résul- tat net part du groupe (RNPG) progresserait également pour atteindre 497 MDH en 2025, puis 540 MDH en 2026. Du côté de la rémunération des actionnaires, la politique de dis- tribution de dividendes reste un atout majeur. Le dividende par action (DPA) est attendu à 6,5 DH en 2025 et 6,8 DH en 2026, offrant des rende- ments respectifs (D/Y) de 4,9% et 5,2%, bien au-dessus de la moyenne sectorielle. Malgré une légère diminution du taux de distribution (payout), qui passe- rait de 80% en 2025 à 76% en 2026, cette stratégie reflète une approche équilibrée entre réin- vestissement et rémunération des actionnaires, qui permet de garantir une stabilité financière durable. ◆

réglementaire fixé à 100%. Cette robustesse financière confère à l’entreprise une grande rési- lience face aux défis croissants du secteur, à commencer par l’entrée en vigueur prochaine de la nouvelle réglementation SBR (Solvabilité basée sur les risques), explique-t-on. Toujours, selon BKGR, en juin 2024, AtlantaSanad revendi- quait une part de marché glo- bale de 9,5% (6 ème position) et de 12,9% dans le segment non- Vie (4 ème position). Mais à la dif- férence du marché, l’assureur est le seul opérateur coté du secteur à afficher une marge opérationnelle positive pour 2023, et idem pour les prévi- sions 2024.

La diversification de ses activi- tés s’annonce prometteuse. La compagnie est, depuis le 1 er jan- vier 2025, le partenaire de Crédit du Maroc pour la commerciali- sation des produits d’assurance et d’épargne auprès des clients particuliers et entreprises de la banque. Ce partenariat en ban- cassurance permettra, d’une part, de créer un nouveau relais de croissance pour l’activité d’AtlantaSanad Assurance et, d’autre part, d’accompagner les ambitions de développement de Crédit du Maroc. Pour les investisseurs en quête de revenus, la politique de dis- tribution de dividendes d’Atlan-

Pour les investisseurs en quête de revenus, la politique de distribution de dividendes d’AtlantaSanad est également un argument de poids.

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BOURSE & FINANCES

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permette aux contrevenants d’ap- porter des preuves et de réfuter les arguments du parquet sur l’ori- gine des avoirs, elle ne prévoit pas de mécanisme exigeant de l’au- teur de l’infraction qu’il démontre l’origine légitime de ces biens, comme le requiert l’article 3 (4) de la Convention. Par conséquent, les autorités marocaines sont invitées à adopter des mesures législatives ou autres qui impose- raient à l’auteur de l’infraction de prouver l’origine légale des biens conformément à cet article de la Convention. Les autorités sont également invitées à développer une jurisprudence en la matière. • Surveillance des opérations bancaires Bien que certaines mesures visant à obtenir des relevés bancaires et des informations sur les tran- sactions soient en place, il est recommandé aux autorités de modifier la législation afin de per- mettre la surveillance des opéra- tions bancaires, comme l’exige l’article 7 (2c). En conséquence, cette mesure devrait s’appliquer à la demande d’un autre État partie. • Infraction de blanchiment Le Maroc n’a pas encore adop- té de mesures législatives telles que proposées à l’article 9 de la Convention. Par conséquent, les autorités sont invitées à envisa- ger l’introduction de dispositions législatives ou d’autres mesures permettant une forme réduite d’élément moral et/ou la négli- gence pour l’infraction de blanchi- ment d’argent, et à développer, en conséquence, une jurisprudence dans ce domaine. • Report des transactions sus- pectes sur le territoire national La cellule de renseignement finan- cier du Maroc est habilitée à sus- pendre temporairement des tran- sactions pour une période pou- vant aller jusqu’à 4 jours, laquelle peut, dans certains cas, être prolongée jusqu’à 15 jours par l’autorité judiciaire compétente. La législation marocaine est donc conforme aux exigences de l’ar- ticle 14. L’application de l’article 14 a été démontrée. Néanmoins,

 Les auteurs du rapport font plusieurs recommandations au Royaume, tout en estimant conforme son approche du sujet.

Lutte contre le blanchiment Le Maroc passé au crible par le Conseil de l'Europe C La Conférence des parties à la convention du Conseil de l’Europe relative au blanchiment, au dépistage, à la saisie et à la confiscation des produits du crime ainsi qu’au financement du terrorisme a publié des rapports de suivi thématiques actualisés. Lesquels évaluent pour la première fois la conformité du Maroc à plusieurs dispositions du traité. Tour d’horizon. Par A. Hlimi tions suspectes afin d’empêcher leur circulation dans le système financier. En outre, les cellules de renseignement financier (CRF) spécialisées des États membres doivent bloquer ces transactions lorsqu’une CRF partenaire étran- gère en fait la demande. L’évaluation du Maroc a été réa- lisée dans ce contexte, et à la suite de l’entrée en vigueur de la Convention dans le pays le 1er août 2022.

es nouveaux rapports examinent la mise en œuvre des disposi- tions concernant l’inversion de la charge de la preuve dans les pro- cédures de confiscation, la ges- tion des biens gelés ou saisis, la surveillance des opérations ban- caires à des fins d’enquête, l’in- fraction de blanchiment d’argent, la responsabilité des personnes morales, la récidive internationale, le report des transactions sus- pectes ainsi que le partage et la restitution des biens confisqués. La Convention du Conseil de l’Europe sur le blanchiment, le dépistage, la saisie et la confis- cation des produits du crime ainsi que sur le financement du ter- rorisme (STCE n° 198), appelée «Convention de Varsovie», ouverte à la signature en 2005, est le pre- mier traité international couvrant

à la fois la prévention et la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. La Convention de Varsovie ren- force considérablement les normes internationales de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, y compris celles du Groupe d’action financière (GAFI). Elle introduit la responsabilité en cas de blan- chiment lorsque l’infraction est commise par négligence, couvre explicitement la responsabilité des personnes morales pour blan- chiment d’argent, traite de la réci- dive internationale et propose un ensemble de mesures spécifiques dans le cadre des procédures de confiscation. Le traité confère également aux autorités nationales le pouvoir de bloquer au plus tôt des transac-

Les recommandations Les auteurs du rapport font plu- sieurs recommandations au Royaume, tout en estimant plutôt conforme son approche du sujet. • Inversion de la charge de la preuve Bien que la législation marocaine

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les autorités sont invitées à envisager de tenir des statistiques, notamment sur la valeur des transactions suspen- dues et sur toute autre information pertinente. • Responsabilité des personnes morales Le Maroc a introduit des dispositions générales permettant d’engager la responsabilité pénale des personnes morales pour des infractions de blan- chiment d’argent et de financement du terrorisme. Cependant, les circons- tances dans lesquelles une personne morale peut être tenue pour respon- sable ne sont pas définies par une disposition légale, comme l’exige l’ar- ticle 10(1), mais seraient établies par la jurisprudence. En ce qui concerne les exigences du paragraphe 2 de l’article 10, il n’existe aucune disposi- tion légale prévoyant la responsabilité des personnes morales dans les cas où l’infraction a été commise en rai- son d’un défaut de surveillance ou de contrôle. Par conséquent, il est recommandé que le Maroc adopte des mesures législatives ou autres afin de rendre effective la responsabilité des personnes morales, comme l’exigent les articles 10(1) et (2). • Décisions antérieures Les autorités marocaines ont la possi- bilité de prendre en compte les déci- sions définitives rendues dans un autre État, conformément aux exigences de l’article 11. Toutefois, il n’existe pas d’application concrète de cette dis- position, ce qui peut s’expliquer par l’adhésion récente du Royaume du Maroc à la Convention. Le pays est encouragé à utiliser effectivement ce mécanisme. • Biens confisqués Le pays ne dispose pas de mécanisme légal permettant d’accorder la priorité à la restitution des biens confisqués à la partie requérante afin que celle-ci puisse indemniser les victimes de l’in- fraction ou restituer ces biens à leurs propriétaires légitimes. S’agissant de l’article 25, paragraphe 3, le pays peut conclure des accords ad hoc sur le partage des biens, ce qui satisfait aux exigences de l’article 25. Il est donc recommandé que le Maroc introduise des mesures législatives ou autres pour mettre en œuvre l’article 25 de la Convention. En outre, les

Toutefois, un système adéquat pour leur gestion n’a pas été démontré. Par conséquent, il est recommandé aux autorités marocaines d’adopter des mesures législatives ou autres afin d’assurer une gestion globale de tout type de biens gelés ou saisis et de les mettre en œuvre dans la pratique. Les autorités sont également encouragées à poursuivre leurs efforts visant à créer une agence nationale de gestion des avoirs. ◆

Le Maroc a introduit des dispositions générales permettant d’engager la responsabilité pénale des personnes morales pour des infractions de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme.

autorités sont invitées à sensibiliser les services de répression et les autorités judiciaires aux procédures de conclu- sion d’accords de partage des avoirs.

• Gestion des biens gelés ou saisis La législation marocaine prévoit cer- taines dispositions générales pour la préservation des biens gelés et saisis.

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Liquidité bancaire Bank Al-Maghrib muscle la régulation en 2025 Depuis ce mois de janvier 2025, le secteur bancaire marocain applique deux nouvelles normes bâloises : le ratio structurel de liquidité à long terme (NSFR) et le processus d’évaluation de l’adéquation de la liquidité (ILAAP). Ces nouvelles exigences, introduites par Bank Al-Maghrib, visent à consolider la solidité du secteur bancaire tout en répondant aux impératifs des standards internationaux.

pragmatique encourage les banques à privilégier les sources de financement stables et à adopter une gestion plus prudente de leurs actifs. Mais pour certains experts, le respect de cette norme va contraindre les banques à détenir davantage de res- sources longues en face de leurs emplois longs, ce qui va à l’encontre du métier traditionnel du banquier (transformation bancaire), consistant à prêter à long terme et se refinancer à court terme. Ainsi, la hausse des coûts de refinancement devrait mécaniquement entraîner une hausse des taux d’intérêt. ILAAP : Une évaluation interne renforcée En parallèle, la seconde norme, l'Internal Liquidity Adequacy Assessment Process (ILAAP), ou proces- sus d'évaluation de l'adé- quation de la liquidité, place l'accent sur l'évaluation interne des risques de liqui- dité par les banques elles- mêmes. Contrairement au NSFR, qui repose sur des ratios précis, l'ILAAP exige des établissements qu'ils mettent en place des méca- nismes robustes pour iden- tifier, mesurer et gérer leurs risques de liquidité. Cette démarche inclut notamment la constitution de coussins de liquidité de haute qualité, même en période de ten- sions prolongées. Comme l’explique notre professionnel, «l’ILAAP est un véritable changement sur le volet de la gestion de liquidité. Il ne s’agit plus seulement de répondre à des ratios réglementaires comme le LCR (Liquidity Coverage Ratio; ndlr), mais de mettre en place une véri- table réflexion stratégique sur les scénarios de crise. Cela va nous obliger à anti- ciper des situations spéci- fiques au marché marocain,

Par Y. Seddik

 Depuis janvier 2025, les banques marocaines appliquent deux normes Bâle III : le NSFR et l’ILAAP.

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epuis quelques semaines, les banques marocaines doivent composer avec un cadre réglementaire plus musclé. La première de ces normes, le Net Stable Funding Ratio (NSFR), ou ratio structurel de liquidité à long terme, impose aux banques de maintenir un niveau minimum de res- sources financières stables pour couvrir leurs besoins de financement sur un hori- zon d'un an. En d'autres termes, il s'agit de s'as- surer que les banques ne dépendent pas excessive- ment de financements à

court terme pour soutenir des actifs à long terme, une pratique risquée connue sous le nom de transforma- tion des échéances. Contacté à ce sujet, un banquier de la place nous explique : «le NSFR nous pousse à revoir profondé- ment nos stratégies de finan- cement. Là où nous avions l’habitude de mobiliser des ressources à court terme à moindre coût, nous devons désormais privilégier des financements stables. Cette norme va donc inciter les banques à être moins expo- sées aux chocs de liquidité

et à favoriser une croissance durable. Mais pour certaines banques, cela peut s’ac- compagner de pressions sur les marges, notamment en raison du coût des res- sources longues». Concrètement, le NSFR, fixé à un minimum de 100% sur base sociale et consolidée, met en balance les capi- taux propres et autres pas- sifs pondérés en fonction de leur stabilité avec les actifs et expositions hors bilan pondérés en fonc- tion de leur liquidité et de leur durée résiduelle. Par conséquent, cette approche

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devront non seulement res- pecter des ratios plus stricts, mais également adopter une approche plus proactive et internalisée de la gestion des risques de liquidité. En fin de compte, cette double contrainte devrait consolider la solidité du secteur bancaire marocain et renforcer sa capacité à soutenir le financement de l'économie nationale. ◆

comme une éventuelle tension sur les dépôts ou les fluctua- tions des devises» . En effet, ce dispositif ne se limite pas à une simple évalua- tion. Il s'accompagne d'un ren- forcement des indicateurs de surveillance de la liquidité, avec un focus particulier sur : • La liquidité intra-journalière, qui nécessite une gestion fine des flux de trésorerie quotidiens pour honorer les obligations de paiement et de règlement, en situation normale comme en période de crise. • Le LCR par devise, qui impose un suivi précis du Liquidity Coverage Ratio (LCR), ou ratio de liquidité à court terme, pour chaque devise significative, conformément à la circulaire de Bank Al-Maghrib n°15/G/2013. • Les actifs liquides non grevés, qui garantissent la disponibi- lité d'actifs pouvant servir de garantie pour obtenir des refi- nancements sur les marchés. • La concentration des finan- cements, avec une surveillance accrue de la dépendance à cer- taines contreparties ou types d'instruments. À cet égard, notre banquier pré- cise que « ce processus va nous permettre d’identifier des vul- nérabilités que nous n’avions pas envisagées auparavant. Par exemple, la gestion de la liquidité intra-journalière, sou- vent sous-estimée, s’avère être un point critique pour respec- ter nos obligations en cas de stress». Un double objectif de stabilité et de résilience L'introduction conjointe du NSFR et du renforcement de l'ILAAP marque une étape importante dans l'adaptation du système bancaire marocain aux exigences de Bâle III. En effet, ces mesures visent un double objectif : renforcer la stabilité du système en limitant les risques de liquidité et accroître sa rési- lience face aux crises poten- tielles. Toutefois, comme le souligne l’expert, «toutes les banques n’ont pas les mêmes capaci-

Le NSFR correspond au montant du financement stable disponible rapporté au montant du financement stable exigé. Ce ratio devrait, en permanence, être au moins égal à 100%.

tés opérationnelles. Pour les plus petites institutions, ces nouvelles exigences nécessite- ront des investissements plutôt

lourds, tant sur le plan techno- logique qu’en termes de forma- tion». Ainsi, les banques de la place

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cité hydrique dans l’industrie et l’agriculture et sensibiliser chaque acteur -collectivités, entreprises et citoyens - à une consommation responsable. Une mobilisation financière élargie Profitant d’un parterre de ban- quiers, le ministre a expliqué que pour concrétiser ces projets, le gouvernement a décidé d’aug- menter l’enveloppe budgétaire ini- tiale (2020-2027) de 115 à 145 mil- liards de dirhams. Parallèlement, Baraka a insisté sur l’importance des partenariats public-privé pour les stations de dessalement de l’eau (Agadir, Dakhla, Casablanca, etc.) et a appelé les régions à contribuer davantage. Il a aussi mis l’accent sur la nécessité de développer des obligations vertes ou bleues, mobilisant ainsi le sec- teur bancaire, les fonds de pen- sion et les fonds de retraite autour de projets durables. Le ministre a souligné la volonté du Maroc d’être à la pointe en matière de ports «verts». Plusieurs initiatives innovantes sont déjà en cours avec des projets de fermes solaires flottantes pour alimenter en énergie propre les infrastruc- tures portuaires (exemple du bar- rage protégeant Tanger Med) ou encore les nouveaux ports dédiés à l’hydrogène vert (Tarfaya atlan- tique, Nador Ouest) visant à ren- forcer l’exportation et valoriser la transition énergétique. ◆

 Nizar Baraka : «Le Roi Mohammed VI considère la durabilité comme un pilier essentiel du développement national».

Finance verte «145 Mds de dirhams pour l’eau»

Face aux défis climatiques et aux tensions croissantes sur la ressource en eau, le Maroc mise sur une politique hydraulique ambitieuse. Dans ce cadre, la finance verte, portée par des partenariats public-privé et des instruments innovants comme les obligations vertes et bleues, jouera un rôle clé.

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Par A. Hlimi

e Sustainable Finance Forum, organisé par BMCI, était l’occa- sion pour Nizar Baraka, ministre de l'Équipement et de l'Eau, de rap- peler les enjeux environnementaux et les défis liés à l’eau au Maroc. À travers une feuille de route ambi- tieuse, il a souligné la nécessité de mobiliser des moyens financiers conséquents, aussi bien publics que privés, afin de concrétiser la transition écologique et garantir l’accès à l’eau sur l’ensemble du territoire. D’emblée, le ministre a rappelé que le Roi considère la durabi- lité comme un pilier essentiel du développement national. Face aux pressions grandissantes liées aux changements climatiques et aux besoins socioéconomiques, l’eau occupe une place centrale. Objectif : garantir à la fois la dis- ponibilité de l’eau potable pour la population et la résilience du

pays face à la raréfaction de cette ressource. Nizar Baraka a détaillé plusieurs volets de la politique hydraulique du Maroc. Il s’agit notamment de l’accélération de la construc- tion de barrages : le pays compte déjà 154 grands barrages et 127 petits barrages en cours de réa- lisation. L’interconnexion des bassins (transferts d’eau) joue un rôle clé pour sécuriser l’appro- visionnement dans les grandes villes comme Casablanca, où des coupures d’eau ont été évitées l’été dernier grâce à ces fameuses autoroutes de l’eau. La politique de l’eau au Maroc repose égale- ment sur le recours aux ressources non conventionnelles : l’ambition est de passer de 270 millions à plus d’un milliard de mètres cubes d’eau dessalée à l’horizon 2030, dont 500 millions dédiés à l’agri- culture. Aussi, en aval, il s’agit de

d’optimiser la demande en eau. Des efforts importants sont entre- pris pour améliorer les rendements des réseaux, encourager l’effica-

BMCI prend les devants Finance Verte

Nizar Baraka a rappelé que le forum offre une plateforme unique pour partager expé- riences et solutions inno- vantes. Les échanges avec les acteurs bancaires nationaux et internationaux, notam- ment les équipes de BMCI et

de BNP Paribas, permettront de bâtir une économie solidaire et respectueuse de l’environnement, répondant aux impératifs climatiques et soutenant la croissance à long terme. La banque a d’ailleurs signé de nouvelles conventions lors de cette rencontre pour faire profiter les entreprises marocaines de solutions de financement adaptées à leurs projets durables, dont quelques offres inédites sur le marché. BMCI entend ainsi consolider sa position dans le domaine de la finance verte au Marc.

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