ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 30 JANVIER 2025
BTP «Ce qui marque la phase actuelle, c’est l’urgence et la complexité des projets à réaliser»
Le secteur du BTP au Maroc est en pleine croissance, soutenu par des projets ambitieux à l’horizon 2030. Cependant, le manque d’ingénieurs et de cadres qualifiés représente un défi majeur à relever. Entretien avec Samir Bouchrit, ingénieur et expert en génie civil.
Propos recueillis par Ibtissam Z.
trielles et hydrauliques pour faire face aux défis liés à la pénurie d’eau et d’énergie. Le dynamisme actuel est d’abord porté par une haute volonté stra- tégique nationale visant non seu- lement à réaliser les objectifs de la vision 2030, mais aussi à se positionner comme un hub éco- nomique régional et un pont stra- tégique entre l’Afrique et le reste du monde. Cette double ambition repose sur des projets structurants, des réformes économiques et une diplomatie proactive, qui renforcent l’attractivité du Royaume pour les investissements étrangers. F. N. H. : Quels sont les principaux défis auxquels le secteur du BTP est confronté aujourd’hui, en particulier en matière de pénurie d’ingé- nieurs et de cadres qualifiés? Et comment le manque de compétences impacte-t-il la réalisation des grands pro- jets structurants à l’horizon 2030, notamment en termes de délais, de qualité et de coûts ? S. B. : Le secteur du BTP fait face en effet à la pénurie d’ingénieurs et de cadres expérimentés, mais aussi à celle de la main-d’œuvre spécialisée. Cette pénurie est exa- cerbée par la complexité crois- sante et l’ampleur des projets à réaliser dans des délais records. Cela nécessite des compétences techniques pointues, une maîtrise
Finances News Hebdo : Quelle lecture faites-vous de l’évolution récente du sec- teur du BTP au Maroc, et quels sont les facteurs clés derrière son dynamisme actuel ? Samir Bouchrit : Le secteur du bâtiment et travaux publics (BTP) au Maroc connaît une transfor- mation majeure, marquée par une augmentation significative des investissements publics et privés. Cela témoigne d’une volonté forte de développer et moderniser les infrastructures et de répondre aux besoins croissants en logements, transports, infrastructures et équi- pements publics. Plusieurs projets structurants sont en cours. Nous pouvons citer la reconstruction des zones sinistrées par le séisme d’Al Haouz, l’exten- sion de la Ligne à grande vitesse (LGV) reliant Kénitra à Marrakech, l’agrandissement des aéroports, le développement et la restructura- tion du réseau routier, l’expansion du réseau autoroutier, la poursuite du développement de l’infrastruc- ture portuaire, la construction des équipements hospitaliers et tou- ristiques. Sans oublier la mise en place des stations de dessalement ainsi que les infrastructures indus-
des nouveaux outils de gestion des projets et une haute techni- cité nécessaire pour répondre aux objectifs tracés. Ce manque de compétences impacte directement la réalisation des grands projets structurants. Nous avons vu l’impact du manque de main-d’œuvre spécialisée dans la reconstruction post-séisme d’Al Haouz, causant des retards consi- dérables et une incapacité des pro- fessionnels à honorer les engage- ments annoncés. Ces retards ne seront aucunement tolérés pour les projets program- més à l’horizon 2030, notamment la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030. Cette exigence est placée à très haut niveau, puisqu’elle concerne l’image du Royaume. Quand on parle de manque de compétences, ce n’est pas uni- quement celles des entreprises d’exécution. Mais également de celles des bureaux des études, des bureaux de contrôle, des cabi- nets topographiques, des maîtres d’ouvrage, des laboratoires, des maîtres d’œuvre, de l’assistance
technique, des organismes de for- mation, des fournisseurs de maté- riaux, des commerciaux ... En plus des défis liés aux res- sources humaines, une pénurie en matériels est également à signaler. Les entreprises devront ainsi assu- rer la disponibilité et la fiabilité des engins utilisés dans la construction, et donc investir dans le renouvelle- ment et la mise à niveau du parc matériel. En accordant une atten- tion particulière à l’efficacité des ateliers de maintenance et d’entre- tien des engins pour en assurer les meilleurs rendements. Le manque de matériaux de construction est aussi un grand défi auquel seront forcément confron- tés les professionnels du secteur (ciment, agrégats, acier, conduites, produits spéciaux, sols, bois, verre, etc.) Ce défi peut être relevé en adaptant les cahiers des charges, en accélérant les procédures d’ob- tention et d’autorisation pour les carrières par exemple, et en encou- rageant l’innovation et la recherche pour l’utilisation et la valorisation des matériaux locaux.
Le BTP au Maroc connaît une transformation majeure, marquée par une augmentation significative des investissements publics et privés.
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