FNH N° 1187 (1)

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FINANCES NEWS HEBDO

VENDREDI 7 MARS 2025

SPÉCIAL BANQUE

Banques cotées Une machine à profits

termédiation des banques. La relance du secteur immobilier, grâce au programme d’aide directe au loge- ment 2024-2028, couplée à l’améliora- tion des conditions de financement des ménages, devrait également stimuler la distribution de crédits à l’habitat. La capacité des banques à tirer profit amplement de ce cycle d’expansion devrait dépendre des marges régle- mentaires dont elles disposent et qui déterminent leur capacité à prendre des risques, et donc à distribuer le crédit. La réduction de la circulation fiduciaire, entre autres grâce à la régularisation fiscale et la digitalisation, devrait quant à elle améliorer la liquidité du système bancaire et favoriser la distribution de crédit. L’amélioration progressive du climat de confiance et de l’environne- ment des affaires ainsi que le main- tien d’une politique monétaire accom- modante sont autant d’éléments qui devraient contribuer à la reprise du crédit et l’atténuation des risques. Cependant, le secteur bancaire pour- rait être confronté à plusieurs risques, principalement liés au durcissement de la réglementation avec la mise en place du «processus de surveillance et d’évaluation prudentielle – SREP» , qui introduirait de nouvelles exigences en termes de fonds propres, pouvant freiner la croissance. Par ailleurs, bien que le taux du coût du risque actuel soit nettement inférieur à celui observé en 2020 (1,2% en 2023 contre 1,7% en 2020), son retour aux niveaux normatifs d’avant crise sani- taire (en moyenne de 0,9%) devrait être retardé par la persistance des risques à l’échelle nationale et internationale, en particulier pour les groupes bancaires panafricains. F.N.H. : Comment l’environne- ment macroéconomique (crois- sance, inflation, taux d’intérêt), influence-t-il la rentabilité des banques actuellement ? V. M. R. : En tant que secteur cyclique, le secteur bancaire est particulièrement sensible aux fluctuations de l’économie dans l’ensemble. L’atonie du crédit bancaire trouve ses explications dans la persistance des séquelles de plusieurs crises succes- sives (covid-19, inflation, sécheresse, etc.) ainsi que par l’incapacité de la croissance à générer de l’emploi.

Portées par une économie en pleine expansion et des stratégies d’innovation efficaces, les banques cotées au Maroc enregistrent une forte croissance de leurs bénéfices. La digitalisation, l’optimisation des coûts et la hausse des investissements renforcent leur rentabilité et ouvrent de nouvelles perspectives. Avec l’équipe de recherche de Valoris Management, nous analysons les leviers de cette dynamique et les opportunités à venir pour le secteur bancaire.

Propos recueillis par Gh. Bennani

Finances News Hebdo : Quelle est votre vision globale de l’évolution des bénéfices des banques cotées au Maroc sur 2024 et 2025 ? Valoris Management Research : Dans l’ensemble, le secteur bancaire coté devrait bénéficier de l’amélioration progressive de l’environnement macro- économique, favorisée par la reprise de la consommation et de l’investissement. De plus, la bonne orientation des diffé- rentes stratégies de développement des banques cotées, axées à la fois sur l’innovation (notamment en termes d’offres dans un contexte fortement concurrentiel) et sur la digitalisation, devrait continuer de soutenir l’amélio- ration de la rentabilité opérationnelle. Ceci devrait permettre d’atteindre des niveaux de COEX (Coefficient d’exploi- tation) historiquement bas, avec une moyenne inférieure à 45%. Bien que toutes les banques cotées n’aient pas encore publié l’intégralité

de leurs résultats annuels pour 2024, ces derniers devraient globalement afficher une forte hausse dépassant 10%, soutenues par un environnement favorable aux placements financiers en lien, en particulier, avec la hausse de la valorisation des actifs obligataires, conséquence de l’assouplissement monétaire en 2024. En effet, le PNB annuel de 2024 (publié par les banques cotées) a augmenté de 12,6% à 91,5 MMDH, profitant d’une amélioration de la marge nette d’inter- médiation et une forte croissance des ROM (Résultats des opérations de mar- ché). En 2025, les résultats des banques cotées devraient poursuivre cette ten- dance haussière, profitant de la dyna- mique attendue de la distribution de crédit, dans un contexte d’accéléra- tion de l’investissement, reprise de la consommation et, surtout, de l’amé- lioration de la capacité à transformer les dépôts en crédits suite à la col-

lecte exceptionnelle liée à l’amnistie fis- cale qui a permis une hausse annuelle de 9% des dépôts à fin décembre 2024 (+46 MMDH entre novembre et décembre 2024). F.N.H. : Quels sont les princi- paux moteurs de croissance et les risques qui pourraient affec- ter les résultats des banques dans les prochaines années ? V. M. R. : A horizon 2030, l’activité du secteur bancaire coté devrait continuer de bénéficier de la croissance soutenue du crédit bancaire (+3,3% en janvier 2025 contre une moyenne de 2,7% en 2024), portée par une dynamique posi- tive des investissements, notamment en préparation de l’organisation de la Coupe du monde. En outre, l’accélération des investis- sements dans plusieurs secteurs stra- tégiques du pays tels que l’énergie, le dessalement et les télécoms devrait contribuer à redynamiser l’activité d’in-

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