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FINANCES NEWS HEBDO
VENDREDI 7 MARS 2025
Toutefois, celles-ci devraient s’estom- per avec l’expansion économique actuelle, l’amélioration du climat des affaires et de l’état de confiance des ménages. En effet, le redressement actuel de la valeur ajoutée non agri- cole (3,5% en 2024 contre 2,6% un an auparavant), alimenté par la reprise des secteurs de l’industrie et des ser- vices, devrait entrainer une demande de financement accrue tant pour les investissements que pour le fonction- nement des entreprises. De plus, l’augmentation attendue des revenus de ces secteurs devrait contri- buer à améliorer la capacité de rem- boursement des emprunts, ce qui, par ricochet, réduirait le risque pour les banques et favoriserait une améliora- tion globale de leur rentabilité. Par ailleurs, l’apaisement de l’inflation et la baisse du taux directeur ont plu- sieurs impacts positifs sur les résultats des banques à plusieurs niveaux : • La hausse de la demande en crédit, soutenue par le retour de la confiance des investisseurs et la libération des marges d’endettement des ménages et des entreprises; • L’amélioration des marges d’intermé- diation tenant compte de la réduction du coût de refinancement et d’une transmission plus lente de la baisse du taux directeur sur les taux débiteurs; • La réduction de l’effort de provision- nement suite à l’amélioration de la sol- vabilité des emprunteurs. F.N.H. : Quelle est votre ana- lyse de l’impact de la politique monétaire actuelle de Bank Al-Maghrib sur les marges d’in- térêt des banques ? V. M. R. : L’assouplissement monétaire amorcé par la Banque centrale en 2024 (avec deux baisses de 25 pbs en juin et en décembre) devrait être globalement favorable aux résultats des banques. En effet, la baisse du taux directeur permet le renforcement de la marge d’intermédiation des banques grâce à un double effet volume et prix. D’une part, la hausse de la demande de crédit dans un contexte d’amélioration des conditions de financement permet aux banques de générer des revenus supplémentaires, compensant ainsi la réduction des marges due à la baisse des taux sur cette nouvelle production. D’autre part, la répercussion rapide de la baisse du taux directeur sur les
19 a entrainé une hausse historique du coût du risque du secteur bancaire, tenant compte de la détérioration du portefeuille de crédit des banques et de l’effort de provisionnement anticipatif et prudent. En 2020, le coût du risque des banques cotées avait atteint 17,7 MMDH contre 7,4 MMDH en 2019. Depuis 2021, le coût du risque a globa- lement baissé en raison de la levée pro- gressive des incertitudes et de l’amé- lioration graduelle de l’environnement macroéconomique. Toutefois, le niveau actuel du coût du risque (14,5 MMDH en 2023 et 15,5 MMDH en 2024E) reste élevé par rapport à ces niveaux nor- matifs, tenant compte de la poursuite des efforts de provisionnement des banques, de la persistance des risques, notamment en Afrique subsaharienne (pour les banques panafricaines), et du risque additionnel qui accompagne la forte relance de l’activité économique. Parallèlement, le taux des créances en souffrance s’inscrit globalement sur une tendance baissière depuis la crise sanitaire (9,2% en 2020 contre 8,8% en 2023), grâce à une gestion plus pru- dente du risque, à un assainissement graduel des portefeuilles d’actifs des banques et à l’amélioration progressive de la solvabilité des emprunteurs. Toutefois, le niveau du taux de sinis- tralité prévu pour 2024-2025 autour de 8,6% et 8,4% respectivement devrait rester relativement élevé par rapport à ses niveaux moyens historiques de 6,9% sur la période 2012-2019, alimen- tés par plusieurs facteurs, notamment les risques accompagnant la reprise globale de l’activité et la relance du segment TPME en particulier, la per- sistance du chômage et des tensions géopolitiques. La mise en place imminente par la Banque centrale du marché secon- daire des créances en souffrance pour- rait contribuer à alléger les bilans des banques et améliorer leur rentabilité. F.N.H. : Quelles sont les stra- tégies mises en place par les banques pour atténuer les risques de crédit ? V. M. R. : Depuis la crise sanitaire, les banques marocaines ont renforcé leurs outils de gestion du risque et des créances douteuses à travers plusieurs actions, notamment : • l’amélioration des systèmes de nota- tion des entreprises, permettant une
Données prévisionnelles du Scope VM Research
PNB des banques cotées - MMDH
RBE des banques cotées - MMDH
RNPG des banques cotées - MMDH
taux créditeurs permet l’amélioration du coût de la ressource (généralement de court terme, tels que les dépôts et les titres de créances négociables), alors que la transmission vers les taux débiteurs reste plus lente aux taux d’intérêt débiteurs (affectant principale- ment la nouvelle production de crédits et les prêts à taux révisables, qui repré- sentent moins de 30% de l’encours global du secteur). La politique monétaire est accom- modante et devrait perdurer, car tous
les éléments y sont favorables : le redressement de l’inflation, l’atonie de la croissance, les besoins de finance- ment ainsi que la normalisation du taux d’intérêt réel marocain vis-à-vis des monnaies d’ancrage. F.N.H. : Comment évolue le coût du risque des banques maro- caines ? Anticipez-vous une augmentation des créances en souffrance en 2024-2025 ? V. M. R. : La crise sanitaire du covid
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