FNH N° 1187 (1)

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FINANCES NEWS HEBDO

VENDREDI 7 MARS 2025

SPÉCIAL BANQUE

sélection plus rigoureuse de la clientèle; • la structuration des crédits à travers la diversification des risques par secteur et par contrepartie, et le renforcement des garanties; • le renforcement du dispositif de suivi et de recouvrement des créances en souffrance. Les banques marocaines continuent d'adopter une approche prudente et sélective du crédit. L'introduction d'un marché secondaire pour les créances douteuses (structure de défaisance) devrait améliorer significativement la qualité des actifs. F.N.H. : Y a-t-il des segments de clientèle ou des secteurs d’activi- té qui posent des risques accrus pour les banques cotées ? V. M. R. : Le segment de détail, et plus particulièrement les prêts non garantis (crédit à la consommation), reste le plus vulnérable en raison de la conjugaison de plusieurs facteurs : la sécheresse endémique, la persistance du chô- mage élevé, la détérioration du pouvoir d’achat et la lenteur de la reprise. Cela inclut un risque accru pour les prêts immobiliers résidentiels en raison d'une croissance modérée et de taux d'inté- rêt plus élevés affectant la demande immobilière. Bien qu’elles constituent la majorité du tissu économique, les TPME sont par- ticulièrement vulnérables au risque de crédit, limitant la croissance des béné- fices des banques cotées de manière générale. Les banques panafricaines sont en plus exposées au risque pays sur certaines régions. Les emprunteurs individuels, en particulier ceux des classes sociales les plus vulnérables, représentent un segment de clientèle à risque élevé pour les banques. Par secteur, l’agriculture, qui reste for- tement tributaire des conditions cli- matiques et de la fluctuation des prix des matières premières, continue de peser sur l’activité et la rentabilité des banques dans un contexte de séche- resse endémique. F.N.H. : Quels sont les princi- paux leviers de croissance des revenus bancaires sur les pro- chaines années ? V. M. R. : Pour faire face à l’intensifi- cation de la concurrence, les banques cotées devraient capitaliser sur plu- sieurs leviers d’amélioration des reve-

semble attractif, offrant des points d’entrée intéressants pour les investis- seurs. En effet, les ratios de valorisation P/E de 16,0x en 2024E et 14,7x en 2025E restent relativement bas par rap- port à la moyenne du marché boursier, supérieure à 20x, et à la moyenne histo- rique du secteur qui se situe autour de 17x sur la période 2012-2019. Ceci pourrait indiquer une sous-éva- luation des banques cotées par rap- port à leur potentiel de croissance et à leurs fondamentaux solides. Par ailleurs, l’amélioration des bénéfices des banques cotées permet une dis- tribution de dividendes globalement plus généreuse avec une croissance moyenne de 9% par an des dividendes entre 2022 et 2024. Cette dynamique positionne le secteur parmi les secteurs les plus performants en termes de ren- dement sur le marché marocain, qui affiche un DY 2024E de près de 3%. ◆ Soumis à une réglementation stricte, le secteur bancaire maro- cain se distingue par une solidité exemplaire, renforcée par un pro- cessus constant d’amélioration de la solvabilité. Cette approche contribue à une stabilité financière accrue et à une réduction significa- tive des risques systémiques. Dans ce contexte, la dette privée bancaire s’érige comme une classe d’actifs attractive. Son couple rendement/risque permet d’opti- miser la performance des porte- feuilles obligataires, notamment ceux des OPCVM. Chez Valoris Management par exemple, les FCP Emergence Bancaires de la caté- gorie obligataire court terme et Emergence Rendement Banques de la catégorie obligataire moyen et long terme, composés majori- tairement en titres de dette ban- caire, connaissent un engouement croissant, illustré par une forte progression de leurs actifs nets. En seulement un peu plus de deux ans, ils ont été multipliés respecti- vement par 3,6 et 15,6, atteignant en l’espace de deux ans respecti- vement 3,8 et 4,1 Mds de DH à fin février 2025. Par ailleurs, ces fonds, depuis leur création, affichent des rendements annuels moyens res- pectifs de 2,9% et 3,3%. La dette privée bancaire, un profil risque/ rendement attrayant

COEX en %

moyenne de 51,4% sur la période 2012- 2022. De plus, la digitalisation devrait contribuer à une gestion des risques plus efficace, à travers l’automatisation des processus d’évaluation de crédit et une meilleure détection des com- portements suspects ou frauduleux. Ceci devrait ainsi permettre de réduire le taux de créances en souffrance et d’améliorer les marges des banques. F.N.H. : Voyez-vous un impact significatif des nouvelles tech- nologies et des fintechs sur le modèle économique des banques cotées ? V. M. R. : Les nouvelles technologies et les fintechs ont un impact signifi- catif sur le modèle économique des banques cotées au Maroc. L'intégration de ces innovations transforme non seulement le mode de fonctionnement des banques, mais redéfinit également leurs relations avec les clients, leur modèle de revenus et leur stratégie de croissance. Ceci devrait se matérialiser à travers plusieurs axes, notamment le renforcement de la concurrence, pous- sant les banques à réagir rapidement pour maintenir leurs parts de marché en améliorant leurs services numériques et en réévaluant leurs structures tarifaires, et l’accélération de l’inclusion finan- cière permettant aux banques de tou- cher de nouveaux segments de clien- tèle et d’élargir leur base de clients. F.N.H. : Quel est votre avis sur la valorisation actuelle des banques cotées à la Bourse de Casablanca ? Pensez-vous que les niveaux de valorisa- tion intègrent correctement les perspectives de bénéfices pour 2024-2025 ? V. M. R. : Tenant compte des scénarios de croissance favorables, le niveau de valorisation actuel des banques cotées

nus, notamment : • le renforcement des placements finan- ciers devant permettre aux banques de tirer profit de la bonne orientation des marchés financiers obligataire et boursier; • l’expansion en Afrique subsaharienne, notamment pour les groupes panafri- cains; • l’accélération de la digitalisation tant au niveau des processus internes qu’au niveau de l’offre clientèle, permettant des gains de parts de marchés et une réduction sensible des charges d’exploitation. F.N.H. : Quel rôle joue la digita- lisation dans l’amélioration des bénéfices bancaires ? V. M. R. : La digitalisation répond à une double problématique : accompa- gner le changement des habitudes de consommation et leur sophistication et réduire les charges opérationnelles. La forte pression sur les revenus des banques en raison de la compétition dans un contexte conjoncturel diffi- cile pousse les banques à revoir leurs modèles de coûts, notamment ceux liés au réseau physique. En effet, dans un environnement for- tement concurrentiel, la digitalisation constitue un atout stratégique essentiel pour les banques. Ainsi, les grands groupes bancaires ont déjà entamé leur transformation numérique à tra- vers la refonte des systèmes d’informa- tion et le déploiement des applications connectées et les chabots, permettant l’amélioration de l’expérience client. Sur le plan opérationnel, la digitalisation devrait offrir aux banques l’opportunité de réduire les coûts liés aux opérations physiques (agences, personnel), tout en optimisant progressivement leur COEX, et par conséquent leur niveau de rentabilité. En effet, ce ratio a atteint un niveau de 47,3% en 2023, après une

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