FNH N° 1187 (1)

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FINANCES NEWS HEBDO

VENDREDI 7 MARS 2025

SPÉCIAL BANQUE

tandis qu’un client marocain voit ses transactions transfrontalières validées plus rapidement, avec une meilleure transparence sur les frais et les taux de change. Dans le même esprit, Bank of Africa a mis en place un système d’ana- lyse sémantique qui accélère le traitement des réclamations clients. L’IA trie automatiquement les emails et les messages reçus, hié- rarchise leur importance et propose des réponses standardisées, divi- sant ainsi par trois le délai moyen de résolution des demandes. Open banking et blockchain L’open banking, qui repose sur l’ou- verture des données bancaires via des API sécurisées, s’impose pro- gressivement comme un standard. Ce modèle favorise l’émergence d’applications tierces capables d’interagir avec les comptes des clients pour proposer des services innovants. Toutefois, au Maroc, cette transition se heurte encore à des réticences réglementaires et à des questions liées à la cybersécuri- té. Certaines banques commencent néanmoins à expérimenter ces nou- velles approches. CIH Bank, avec son application CIH Pay, a intégré des technologies de tokenisation développées par Mastercard pour sécuriser les paiements mobiles. Bank of Africa explore, quant à elle, l’usage de smart contracts basés sur la blockchain pour fluidifier cer- tains types de transactions trans- frontalières. Face à ces transformations, l’éco- système fintech marocain cherche à se structurer. La création du Morocco Fintech Center constitue une première réponse à ce besoin d’organisation et de coordination. Cette initiative vise à rapprocher les startups, les banques et les auto- rités de régulation afin d’accélérer l’innovation financière. Comme l’explique Sofiane Gadrim, spécialiste de l’innovation finan- cière, «si le Morocco Fintech Center parvient à catalyser la collabora- tion entre grandes banques, star- tups et partenaires internationaux, le Maroc pourra concrétiser ses ambitions de hub fintech régional tout en favorisant l’innovation de proximité». ◆

 L’adoption de l’intelligence artificielle transforme en profon- deur le fonctionnement des banques de la place.

Fintech

Le Maroc entre innovation et prudence L’émergence des fintechs au Maroc bouscule progressivement les modèles bancaires traditionnels. Si l’adoption des technologies comme l’IA, la blockchain et l’open banking reste encore en phase d’exploration, leur potentiel est immense.

S Par Y. Seddik

i l’écosystème fintech au Maroc reste encore en construction, son développement s’accélère sous l’effet d’une adoption croissante des solutions digitales et d’un inté- rêt accru des institutions finan- cières. Toutefois, contrairement à d’autres marchés africains où la réglementation a rapidement inté- gré ces nouveaux acteurs, le Maroc avance avec prudence. Comme nous l’explique un consultant spé- cialisé en fintech, «dans les géo- graphies au climat bancaire favo- rable, les fintechs ont pu s’imposer très rapidement. Dans d’autres, où le contexte réglementaire fait bar-

L’IA, moteur d’innovation pour les banques L’adoption de l’intelligence artifi- cielle transforme déjà en profondeur le fonctionnement des banques de la place, même si ces évolutions restent souvent invisibles aux yeux du grand public. Loin des simples applications mobiles et des inter- faces clients modernisées, c’est surtout dans les coulisses que l’IA opère des changements majeurs. Attijariwafa bank a amorcé une stratégie data-driven qui s’étend à plusieurs de ses filiales africaines. Grâce à des algorithmes d’appren- tissage automatique, le groupe analyse en temps réel les flux de transactions, ce qui permet d’affi- ner le scoring de crédit, d’accélé- rer la détection des fraudes et de personnaliser les offres bancaires. Résultat : un client au Sénégal ou en Côte d’Ivoire bénéficie d’une évaluation de risque instantanée,

rage, elles peinent à émerger, et le Maroc en fait partie. L’initiative Morocco Tech semble être une passerelle favorable, mais il faudra voir comment elle pourra fédérer et influencer les régulateurs pour débloquer certains freins». L’un des principaux obstacles reste la question du KYC (Know Your Customer) et de l’identifica- tion digitale. Aujourd’hui, l’ouver- ture de compte à distance ou la souscription à des services ban- caires entièrement dématérialisés reste complexe, faute de cadre réglementaire clair et harmonisé. Pourtant, les solutions existent et sont déjà déployées dans d’autres pays. Au Kenya, des fin- techs comme Tala exploitent les données mobiles et les réseaux sociaux pour évaluer la solvabilité des emprunteurs sans historique bancaire, offrant ainsi des micro- crédits instantanés.

L’un des principaux obstacles reste la question du KYC et de l’identification digitale.

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