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FINANCES NEWS HEBDO
VENDREDI 7 MARS 2025
SPÉCIAL BANQUE
courtes périodes, des équipes mixtes composées de développeurs, d’ana- lystes et de responsables métier. Le principe est simple: on part d’un besoin concret, par exemple l’accès instantané à un produit d’épargne pour les non-bancarisés, et on lui dédie une petite équipe agile, avec un délai de quelques semaines pour livrer un prototype fonctionnel. Cette approche repose sur des ressources techniques standardisées (serveurs cloud, API de paiement, briques IA open source) et une capacité à se coordonner en temps réel, sou- vent via des outils collaboratifs. Au Maroc, le Morocco Fintech Center pourrait s’inspirer de cette métho- dologie en proposant des sprints mensuels et en mobilisant, à chaque itération, quelques banques, star- tups et profils techniques variés pour se concentrer sur des projets ciblés : comme la gestion de tréso- rerie pour les PME exportatrices, la micro-assurance intégrée dans une application mobile, ou des plate- formes simplifiées de gestion d’in- vestissements pour le grand public. Pour que ces prototypes aient une chance de s’industrialiser rapide- ment, il faut aussi prévoir un suivi rigoureux. Un comité d’évaluation, associant le Morocco Fintech Center et les par- tenaires internationaux, analyserait les projets à chaque étape, tels que la faisabilité, l’intérêt marché, les possibilités d’extension ou d’inté- gration dans les systèmes bancaires existants. C’est dans ce cadre que la banque de projets que nous avons mise en place chez Atela prend tout son sens. Nous y avons préas- semblé des bases de données, des référentiels métiers et un ensemble de business plans opérationnels, de sorte que les acteurs financiers n’aient pas à repartir de zéro à chaque nouvelle idée. Concrètement, cela signifie qu’il suf- fit de constituer une petite équipe de développeurs, d’analystes et de décideurs motivés pour piocher dans ces ressources préformatées et tester rapidement la faisabilité d’un MVP, qu’il s’agisse d’une appli- cation de paiement modulaire, d’un outil de micro-assurance ou d’une plateforme d’épargne en temps réel. Grâce à cette approche, l’itération
Atela réduit d’environ 80% le temps passé à la consolidation et au nettoyage de données financières grâce aux algorithmes internes d’extraction et de validation.
nées d’identité avec des registres d’état civil et des historiques de transaction pour accélérer l’ouver- ture de compte. CIH Bank teste depuis début 2023 une solution partielle de remote onboarding. Ainsi, le client numérise sa pièce d’identité, puis l’algorithme compare automatiquement la photo à celle du registre national d’état civil et aux historiques de transac- tion si disponibles, raccourcissant de moitié la durée d’ouverture de compte en agence. Cette évolution s’inscrit dans la volonté de Bank Al-Maghrib d’en- courager la digitalisation des pro- cessus bancaires. Depuis la mise en place du dispositif «sandbox» régle- mentaire en 2019, plusieurs acteurs ont expérimenté des modules d’identification biométrique ou d’analyse prédictive. Bien que l’on ne parle pas encore d’un KYC 100% automatisé à l’échelle du marché, les premiers retours sont encoura- geants. En effet, selon des chiffres communiqués lors du Forum de la banque digitale en 2022, le volume de comptes ouverts via des canaux numériques a augmenté de 35% d’une année sur l’autre. Parallèlement, Bank Of Africa a mis en place fin 2022 un outil d’analyse sémantique pour accélérer le traite- ment des réclamations clients. L’IA y trie automatiquement les emails et les messages reçus, hiérarchise leur urgence et propose des réponses standardisées, divisant par trois le délai moyen de résolution. À plus
Al-Maghrib, la BERD et un consor- tium coréen confirme surtout l’essor de l’écosystème financier marocain et la volonté de l’inscrire dans un réseau international plus vaste. Le Morocco Fintech Center, qui réunit déjà plusieurs acteurs publics et privés, peut parfaitement s’appuyer sur cet élan pour renforcer sa mis- sion. A savoir, servir de passerelle entre les institutions établies et les innovateurs locaux, mutualiser les ressources et fédérer les initiatives autour de problématiques ciblées comme le paiement transfrontalier, l’optimisation des parcours client, la micro-assurance ou encore la généralisation de portefeuilles digi- taux plus souples. L’enjeu est de focaliser l’énergie collective sur des cas d’usage concrets, proposer, par exemple, des applications qui rendent l’épargne et l’investisse- ment plus accessibles aux petits porteurs, ou faciliter l’inclusion financière dans des zones peu ban- carisées grâce à l’analyse de don- nées en temps réel. Si le Morocco Fintech Center parvient à cataly- ser cette collaboration entre grands établissements, jeunes pousses et partenaires internationaux, le Maroc pourra concrétiser ses ambitions de hub fintech régional, tout en favori- sant l’innovation de proximité dans l’ensemble du Royaume. Dans d’autres écosystèmes, comme à Singapour ou à Londres, l’inno- vation financière s’est accélérée en mettant en place de véritables labs permanents où l’on réunit, sur de
large échelle, cette modernisation du back-office vise aussi à soutenir la bancarisation dans des zones encore peu couvertes. Certains établissements commencent ainsi à déployer des terminaux mobiles où un agent local peut, en liaison avec un centre d’appels doté de solutions d’analyse vocale, finaliser l’ouverture d’un compte ou la sous- cription à un micro-crédit, même sans agence physique à proximité. En somme, l’adoption de l’IA se fait par briques opérationnelles, sans forcément mettre en avant de grandes campagnes de communi- cation. Les chantiers sont pragma- tiques : identification automatisée, accélération du crédit, traitement des requêtes clients… et ils com- mencent à afficher des résultats mesurables, tant en termes de performance interne (baisses des délais, diminution du taux d’erreur) que de satisfaction client (simplifi- cation des démarches, diminution des allers-retours en agence). C’est dans cette progression étape par étape, sous le regard attentif du régulateur, que l’automatisation et l’IA transforment concrètement le secteur bancaire marocain. F.N.H. : Quels leviers le Morocco Fintech Center doit-il actionner pour struc- turer et accélérer le déve- loppement de l’écosystème fintech au Maroc ? S. G. : La récente signature d’un mémorandum entre Bank
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