FNH N° 1187 (1)

DEVELOPPEMENT DURABLE 50

FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 7 MARS 2025

fioul, tout en soutenant la flexibilité du réseau électrique. «Cette source d'énergie flexible pourrait compen- ser les fluctuations des énergies renouvelables intermittentes, telles que l’éolien et le solaire, en servant de solution «back-up» pour les cen- trales à gaz» , affirme-t-il. Un autre aspect positif est l'attrac- tivité accrue que cette infrastruc- ture pourrait offrir aux investisseurs étrangers, particulièrement dans les secteurs du gaz et des technolo- gies associées, renforçant ainsi la position du Maroc comme acteur énergétique régional. Cependant, Amrani attire l’attention sur les limites de cette transition vers le GNL. «Malgré ses avantages, le gaz naturel liquéfié reste une énergie fossile, et sa généralisation pourrait ralentir les efforts du Maroc pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, objectif ambitieux ins- crit dans la stratégie nationale. Le GNL, bien que moins polluant que le charbon et le fioul, demeure incom- patible avec la vision d’un pays pionnier dans les énergies renouve- lables», relève l’expert. Et d’ajouter que «les coûts de développement des infrastructures nécessaires au GNL (terminaux d'importation, pipelines, stations de regazéification) sont extrêmement élevés et pourraient détourner des ressources vitales des investisse- ments dans des technologies plus durables comme le solaire, l’éolien ou l'hydrogène vert». Ainsi, dans l’optique que le gaz naturel liquéfié représente effecti- vement une réponse aux besoins énergétiques immédiats et contri- bue à la diversification du mix éner- gétique du Maroc, il reste tout de même une solution transitoire. Pour assurer une transition énergétique durable et respectueuse de ses engagements climatiques, le Maroc doit prioriser les investissements dans les énergies renouvelables, ainsi que dans les technologies de stockage d’énergie, telles que les batteries ou l'hydrogène vert. En ce sens, la stratégie énergé- tique du pays devra trouver un équilibre entre ces nouveaux inves- tissements en GNL et le maintien d’une ambition forte en matière de décarbonation. ◆

 L’entrée en service de l’unité de liquéfaction de Tendrara est prévue pour l’été 2025.

GNL

Avec une production nationale pla- fonnant à 100 millions de mètres cubes par an, les puits de Tendrara permettront de réaliser des écono- mies significatives tout en renfor- çant la sécurité d'approvisionne- ment du Maroc, qui doit actuelle- ment importer 1 milliard de mètres cubes annuels via le gazoduc Maghreb-Europe (GME). Face aux mutations du marché de l’énergie et aux impératifs de souveraineté énergétique, le Maroc renforce ses infrastructures dédiées au gaz naturel liquéfié (GNL). Un projet stratégique suscitant espoirs et interrogations quant à son impact sur la transition énergétique du Royaume. Une solution temporaire et transitoire ? Par Désy M. L Un rôle stratégique mais transitoire

e Maroc poursuit sa stratégie de renforcement de la souveraineté énergétique en développant une infrastructure complète pour la pro- duction et l’exploitation du gaz natu- rel liquéfié (GNL). Cette démarche, soutenue par Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, vise à sécuriser les besoins énergétiques du Royaume dans un contexte mondial où les dynamiques du mar- ché de l'énergie sont en constante évolution. Dans une déclaration à la Chambre des représentants, Benali avait souligné l'importance de la mise en place de stratégies innovantes face aux bouleversements glo- baux, notamment la transition éner- gétique mondiale et les nouvelles orientations des politiques énergé- tiques. «Le Maroc s'engage active- ment dans l’adoption de stratégies modernes pour faire face aux défis énergétiques, en révisant sa feuille

de route pour le secteur du gaz naturel», a-t-elle affirmé. Et de pré- ciser que cette mise à jour inclut des phases stratégiques essen- tielles pour établir les infrastructures nécessaires. Le projet phare du pays dans ce domaine est la production de gaz naturel liquéfié sur le champ gazier de Tendrara, un projet mené depuis 2022 par la société britan- nique Sound Energy. Dès 2025, le Maroc commencera à produire des volumes de GNL avec une capa- cité de 10 millions de pieds cubes par jour, pour atteindre progressive- ment 40 millions de pieds cubes par jour avec l’extension de nouveaux gisements. Ce GNL sera majoritai- rement destiné à l'approvisionne- ment du marché national (l’ONEE et les industriels), notamment via la société Africa Gas, et permettra de diversifier les sources d'énergie du Royaume tout en assurant une plus grande sécurité énergétique.

D’après Ali Amrani, expert en décar- bonisation, énergies renouvelables et efficacité énergétique, le déve- loppement d’une infrastructure pour le GNL au Maroc représente à la fois une opportunité et un défi stra- tégique. Le GNL, selon lui, pour- rait jouer un rôle crucial à court terme pour réduire la dépendance énergétique du Maroc. En parti- culier, il permettrait de remplacer des sources énergétiques plus pol- luantes comme le charbon et le

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