FNH N° 1087

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

MERCREDI 30 NOVEMBRE 2022

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Industrie automobile

Le Maroc peut-il réussir le pari du lancement de sa propre marque de voitures ?

◆ Tous les ingrédients sont réunis pour relever un tel challenge. ◆ Le niveau d’intégration est tributaire de l’existence de toutes les filières d’équipementiers.

la main-d’œuvre, sont com- pétitifs. Les plateformes de

ensemble de tests d’aérody- namisme, de sécurité, d’endu- rance, de fiabilité, d’étanchéité et d’insonorisation». Idrissi précise que la Turquie n’a présenté sa première marque d’automobile natio- nale qu’en 2017 et elle n’a été commercialisée qu’à partir de 2020. Pourtant, ce pays a une nette avancée dans l’industrie automobile. En effet, la première voiture purement turque est un projet d’envergure qui a été piloté par un consortium d’entre- prises regroupées autour de TOGG (Türkiye’nin Otomobili Girisim Grubu). Il a bénéficié d’un large soutien de la part du gouvernement, que ce soit en matière de production ou au niveau de la R&D. Au départ, la voiture produite n’a bénéfi- cié que de 51% d’intégration locale, pour passer par la suite à 65% et, à aujourd’hui, elle n’a pas atteint les 100%. Dans l’attente du lancement d’une marque de voiture 100% marocaine, ce projet est syno- nyme d’un nouvel élan pour l’in- dustrie automobile nationale. Le Royaume peut développer son positionnement dans les voi- tures à motorisation thermique, puisque tous les constructeurs ont annoncé un virage vers l’électrique. Le Maroc sera une belle plateforme pour appro- visionner les pays émergents qui seront demandeurs de véhi- cules essence ou diesel. ◆

montage s’alignent sur les meilleurs standards internationaux» . Toutefois, Idrissi émet quelques réserves sur le taux d’inté- gration annoncé. «Nous sommes fiers du prochain lancement de la première voiture 100%

L’industrie automo- bile nationale est mieux positionnée pour rester dans la fabrication de voi- tures thermiques.

marocaine. Cela ne peut que conforter la position du Royaume à l’international. Néanmoins, il faut décorti- quer minutieusement le niveau d’intégration, si l’on tient compte que certaines filières sont inexistantes dans le pays. C’est le cas des semi-conduc- teurs, des pneumatiques ou de certains composants élec- troniques. Le développement du moteur et la plateforme est la partie la plus coûteuse et la plus compliquée pour fabriquer une voiture, car cela nécessite du temps et un effort colossal en matière de recherche et développement. Le plus souvent, les nouveaux constructeurs de voitures éla- borent leurs projets en par- tenariat ou sous licence avec d’autres firmes ayant une riche expérience», explique-t-il. Et d’ajouter qu’ «au niveau du design, les constructeurs font appel à des cabinets spécia- lisés pour dessiner le véhicule et aussi l’architecture d’inté- rieur. Une présérie de voitures est fabriquée pour subir un

cule, le gouvernement sou- haite développer la produc- tion, la technologie et le design automobile». Ainsi, les préparatifs vont bon train pour réussir un tel projet qui est dans un stade très avancé, puisqu’il a atteint l’étape de l’homologation au niveau national et à l’étranger. On comprend aussi que la voi- ture sera également exportée probablement vers l’Europe, puisque la motorisation diesel n’a pas été retenue. Interrogé à ce sujet, Youssef Idrissi, professeur d’écono- mie industrielle à l’Université Hassan II de Casablanca, sou- ligne que «le Maroc dispose de tous les ingrédients néces- saires pour réussir un tel chal- lenge. Il existe tout un écosys- tème d’équipementiers perfor- mants. Les coûts des facteurs de production, notamment

A nnoncé en grande pompe par les médias, le lance- ment d’une voiture 100% marocaine sera effectué dans quelques mois. L’information a été confirmée dernièrement par Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, qui a donné quelques détails sur le véhicule. A motorisa- tion essence, il est destiné à une clientèle diversifiée plutôt urbaine constituée essentiel- lement des primo-acquéreurs. Il peut intéresser également les flottes, les collectivités ter- ritoriales, les loueurs et les entreprises. En fait, il ne s’agit pas d’un concept-car, mais d’une pro- duction de série. Le ministre a précisé qu’ «à travers ce véhi- Par C. Jaidani

Les nouveaux constructeurs de voitures élaborent leurs projets en partena- riat ou sous licence avec d’autres firmes ayant une riche expérience.

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