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OBSTACLE AU FINANCEMENT DE LA MAISON INTERLUDE

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d’approche. Ces services soutiennent les femmes qui souhaitent quitter un milieu violent, mais qui n’ont pas forcément besoin d’hébergement d’urgence. Offerts en français et en anglais, ces services sont donnés dans les six bureaux satellites de l’organisme. Chaque année, MIH accompagne plus de 500 femmes victimes de violence, dans les comtés de Prescott, Russell, Stormont, Dundas et Glengarry. Une pénurie de logements aux conséquences dramatiques Depuis plus d’un an, la maison d’héber- gement MIH affiche complet pratiquement en permanence. Si les restrictions liées à la Covid sont partiellement responsables de cette réalité, c’est surtout la durée du séjour des femmes qui entre en ligne de compte. Même si les femmes sont prêtes à quitter l’hébergement d’urgence, elles doivent y demeurer puisqu’aucun logement n’est disponible pour les accueillir. Aujourd’hui, la plupart des femmes demeurent de six à neuf mois à la maison d’hébergement. Il y a cinq ans, les séjours duraient rarement plus de trois mois. Une maison de deuxième étape aiderait également à amoindrir les conséquences de la pénurie de logements actuelle qui, pour la clientèle de MIH, peut entraîner des conséquences dramatiques. « Ça demande énormément de courage aux victimes de violence pour nous contacter et demander de l’aide. Si elles le font, c’est qu’elles n’ont aucun autre endroit où aller pour fuir l’abuseur et sont donc extrêmement vulnérables. Lorsqu’on affiche complet, on fait tout ce qui est en notre pouvoir pour trouver un autre établissement sécuritaire pour ces femmes, mais ce n’est pas toujours possible. Qu’advient-il de ces femmes? Combien de féminicides devront avoir lieu dans notre région avant que les autorités agissent? », a conclu Mme Lalonde. Au Canada, tous les six jours, une femme est tuée par son conjoint ou ex-conjoint. Le 25 novembre 2022, l’Ontario Association of Interval Houses (OAITH) a publié une liste dans laquelle 52 femmes et filles ont perdu la vie à cause d’un féminicide en Ontario, entre 2021 et 2022. De ce nombre, 17 % des victimes de fémi- nicide ont été tuées dans une région rurale.

Le projet de rêve de la Maison Interlude, un nouveau refuge de 24 unités pour les femmes souffrant de violence domestique, est entravé par des problèmes d’obtention d’un soutien financier fédéral —graphique fournie

Les femmes victimes de violence en milieu rural sont souvent confrontées à des risques et à des obstacles supplémentaires, notam- ment l’isolement physique et social, les longues distances entre voisins, l’absence ou le manque de transports accessibles, les services limités, le manque d’anonymat, les responsabilités liées aux animaux et au bétail et le nombre limité de logements abordables. Plus de 50 femmes de Maison Interlude House sont présentement en attente d’un logement abordable. Selon la Fondation canadienne des femmes, plus de 6 000 femmes et enfants dorment chaque nuit dans des refuges afin d’échapper à la vio- lence familiale. Les enfants qui sont témoins de violence

au foyer présentent un taux deux fois plus élevé de troubles psychiatriques que les enfants issus de foyers non violents. Selon un sondage de 2019 de Statistiques Canada, il existe uniquement environ 124 maisons d’hébergement de deuxième étape au Canada, comptant un total de presque 900 unités. Et pourtant en 2018, près de 80 000 femmes, dont environ 25 000 en Ontario (31%), ont été l’objet de violence aux mains d’un partenaire intime. L’ampleur et la por- tée de la violence conjugale au Canada sont indéniables, et ce depuis des décennies. Les réponses sociétales à ce problème continuent d’être modestes, ne faisant qu’ef- fleurer la surface. La crise du logement abor- dable est au cœur de cette problématique.

L’accessibilité à des logements abordables, comme c’est le cas avec ce projet de maison de deuxième étape, permettrait aux femmes victimes de violence conjugale de quitter le foyer abusif et se trouver un logement où elles peuvent vivre à l’abri de l’abuseur. « J’appelle les gouvernements fédéral et provincial à se joindre aux acteurs com- munautaires, municipaux et régionaux afin que le projet d’une maison de deuxième étape voie le jour rapidement dans Prescott- Russell. Des fonds doivent être débloqués afin de permettre aux femmes victimes de violence de prendre un nouveau départ de façon sécuritaire. Il y a urgence d’agir, trop de vies ont déjà été perdues », a conclu Mme Lalonde.

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