BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 28 FÉVRIER 2025
de l’inclusion, le secteur doit aussi anticiper de nouveaux périls. Parmi eux, la montée en puissance des cyber-risques constitue une menace majeure pour les économies africaines. D’après un rapport d’Orange Cyberdéfense, les cyberat- taques pourraient entraîner une perte de 10% du PIB du continent. Face à cette réa- lité, les assureurs africains sont appelés à développer des solutions adaptées, en parte- nariat avec les grands réassu- reurs internationaux. Si l’innovation et la diversifi- cation des produits sont cru- ciales, elles ne peuvent porter leurs fruits sans un cadre régle- mentaire solide. Abderrahim Chaffai, président de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS), a insisté sur la néces- sité d’une régulation adaptée pour accompagner ces muta- tions. «Une régulation appro- priée, une innovation soutenue et une collaboration renforcée entre assureurs et régulateurs sont essentielles pour bâtir un marché africain de l’assu- rance durable et inclusif» , a-t-il déclaré.
Une impulsion, mais quel moteur pour la suite ? Durant cette assemblée, un consensus s’est dégagé: l’Afrique doit accélérer sa transformation assurantielle, sous peine de voir son déve- loppement freiné par des risques mal couverts et une inclusion financière inache- vée. Pourtant, si les ambitions sont affichées, la mécanique du changement reste encore hésitante. Le Maroc, en fer de lance de cette dynamique, a montré la voie avec des dispositifs éprouvés et une volonté poli- tique claire. Mais suffit-il d’un catalyseur pour déclencher un mouvement d’ensemble ? L’enjeu ne sera pas tant de multiplier les engagements que de synchroniser les actions, d’aligner les régula- teurs et les acteurs privés sur une même trajectoire. L’assurance en Afrique est à un carrefour : soit elle continue de progresser par à-coups, entre bonnes inten- tions et mises en œuvre tar- dives, soit elle embrasse une transformation systémique, où innovation et régulation avancent de concert. Entre la promesse et la concréti- sation, la route est encore longue mais la ligne d’arrivée ne sera pas franchie en soli- taire. ◆
Discours de Nadia Fettah, ministre de l'Économie et des Finances, à l'ouver- ture de la 49 ème Assemblée générale de la Fanaf.
d’innovation pour répondre aux attentes pressantes des parties prenantes. Digitalisation, micro-assu- rance et risques émergents Justement, l'innovation et la digitalisation apparaissent comme des leviers incontour- nables pour accélérer l'inclu- sion assurantielle. Plusieurs pays africains, à l’instar du Kenya et de la Tanzanie, ont démontré qu’en adaptant les produits d’assurance aux usages mobiles et en misant sur des campagnes de sen- sibilisation ciblées, il est pos- sible de transformer la percep- tion du secteur et d’accroître son adoption. Mohamed Bensalah, président de la Fédération marocaine de l’assurance (FMA), a insis- té sur la nécessité d’intégrer la micro-assurance comme un axe stratégique prioritaire. «L’assurance ne doit plus être un produit réservé à une élite. Son accès doit être élargi aux populations les plus vul- nérables, car leur protection
économique est essentielle à la stabilité du continent» , a-t-il affirmé. Une vision qui s’accompagne d’une propo- sition forte : l’instauration de couvertures obligatoires sur certains segments, comme la «multirisque habitation» ou la « responsabilité civile pro- fessionnelle» pour les sec- teurs à risques. Mais au-delà
Micro-assurance, digitalisation, cyber-risques : les nouveaux défis exigent des réponses rapides et concertées.
Pour Abderrahim Chaffai, président de l’ACAPS, le développement du secteur de l’assurance en Afrique ne peut se faire sans une stratégie claire d’inclusion financière et une modernisation des cadres réglementaires. Lors de son intervention à la 49 ème Assemblée générale de la Fanaf, il a mis l’accent sur la nécessité d’adopter des solutions accessibles et adap- tées aux réalités locales. La micro-assurance, combinée à l’essor du digi- tal, doit permettre d’élargir la couverture aux populations vulnérables et de renforcer la résilience des économies africaines. Il a également rap- pelé que les pouvoirs publics et les régulateurs ont un rôle central à jouer pour instaurer des dispositifs obligatoires capables de mieux protéger les individus et les entreprises. «Seuls, nous faisons des pas; ensemble, nous parcourons des kilomètres», a-t-il martelé, appelant à une coopéra- tion accrue entre les acteurs du marché pour structurer un écosystème assurantiel solide, inclusif et en phase avec les défis économiques et climatiques du continent. L’inclusion assurantielle, un impératif pour l’Afrique Abderrahim Chaffai
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