FNH N° 1186 V2

BOURSE & FINANCES

18

FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 28 FÉVRIER 2025

rain favorable au sein de son éco- système immédiat. Azzedine El Mountassir Billah, PDG d’Inwi, et lui, sont de la même promotion et, selon nos sources, s'entendent très bien depuis leur jeunesse. Par ailleurs, ils ont une lecture similaire des enjeux du secteur. Avec la nomination de Benchaâboun à la tête de Maroc Telecom, on peut avancer, sans trop de risque, que le contact entre ces deux géants des télé- coms sera beaucoup plus facile. En théorie, il est difficile d'imagi- ner que les différends continue- ront à être réglés en justice, une situation qui a déjà coûté cher (12 Mds de dirhams) à Maroc Telecom. On peut dès lors pousser la réflexion plus loin et envisa- ger, pourquoi pas, des opéra- tions communes entre les deux groupes, notamment pour les investissements liés à la 5G. D’autant que le Conseil de la concurrence a inscrit parmi ses priorités la clarification du cadre réglementaire régissant la colla- boration entre entreprises, afin de permettre la réalisation d’in- vestissements communs. La nomination de Benchaâboun est également un signal rassurant sur les perspectives du groupe. Diplômé de Télécom Paris, il a débuté sa carrière dans le secteur et a dirigé l'ANRT. Il a été aussi président du Réseau francophone de la régulation des télécommu- nications. Connaissant parfaite- ment les dossiers, il pourra agir rapidement, fort de ses qualités intrinsèques de bon entrepreneur et fin stratège, démontrées tant dans le privé que dans le public. Il faudra compter sur lui pour renouveler la stratégie et amé- liorer la profitabilité du groupe en limitant les risques réglemen- taires et financiers qui ont lour- dement pesé sur les comptes de Maroc Telecom ces dernières années. «Cette nomination joue- ra un rôle déterminant dans le développement stratégique global des activités du groupe Maroc Telecom», indique d'ail- leurs, subtilement, le Conseil de surveillance du groupe dans son communiqué. ◆

 La nomination de Benchaâboun est un signal rassurant sur les perspectives du groupe.

Mohamed Benchaâboun à la tête de Maroc Telecom Les contours du «new deal»

L L'arrivée de Benchaâboun à la tête de Maroc Telecom apporte un ensemble de signaux positifs à court, moyen et long terme pour la société et ses actionnaires minoritaires. Par A. Hlimi

e 14 février courant, Maroc Telecom publiait ses résultats annuels. Alors que le marché découvrait la copie de l'opéra- teur, l’autre enjeu des actionnaires majoritaires –Etissalat (53% du capital) et l'État marocain (22%)–, en discussion depuis plusieurs semaines, était le renouvellement des instances de gouvernance. Les deux souhaitaient injecter du sang neuf et quelques noms étaient sur la table. Selon nos informations, le nom du Marocain Karim Bennis, brillant directeur financier actuel d’Etissalat, était le premier à circuler. En poste depuis 2020, il avait auparavant été chargé de la planification stra- tégique, de la gestion des filiales et des relations investisseurs chez l'opérateur, avant un court détour à l'extérieur du groupe et de se faire rappeler par la maison-mère. Autant dire qu'il maîtrise parfai-

tement les dossiers du groupe et connaît les sensibilités de son actionnaire. Mais, au final, c'est le nom de Mohamed Benchaâboun qui a été retenu. Pour les spécia- listes du secteur, ce choix est por- teur de plusieurs signaux positifs à court, moyen et long terme. Réchauffement des relations avec les Émirats arabes unis L'été dernier, et suite au jugement prononcé contre Maroc Telecom, son actionnaire avait exprimé, dans un ton inhabituel, sa décep- tion dans un communiqué où le numéro 1 du groupe émira- ti, Jassem Mohamed Bu Ataba Alzaabi, avait qualifié de «regret- table» qu'un environnement réglementaire difficile affecte négativement les perspectives futures de (nos) investissements au Maroc. Et d'ajouter que «toutes les options sont envisa-

geables concernant l'investisse- ment de e& (Etisalat) dans Maroc Telecom». Le choix d'un profil institution- nel tel que Benchaâboun consti- tue donc un signal d'apaisement entre le Maroc et les Émirats. Et ce, dans la lignée de la visite du ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, récemment dans la région avec une grande délégation de chefs d'entreprises, et de la nouvelle série de contrats signés entre des groupes privés des deux pays. Benchaâboun, haut fonctionnaire de l'État marocain, a su large- ment faire consensus auprès des Emiratis, ce qui est un signal de confiance entre les deux action- naires. Rétablir le contact avec la concurrence Benchaâboun semble être en ter-

www.fnh.ma

Made with FlippingBook flipbook maker