DEVELOPPEMENT DURABLE 34
FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 28 FÉVRIER 2025
Electricité TURD, une grande avancée dans l’ouverture de la moyenne tension aux renouvelables
tion du développeur entre 10 et 15 centimes ramènerait le kWh rendu chez le client vers les 65 centimes, ce qui reste parfaitement abordable par rapport au coût moyen de vente de l’électricité fossile à 94 centimes /kWh. Dans un très grand nombre de cas en Europe, l’électricité renouvelable est bien plus coûteuse que l’élec- tricité fossile. C’est la chance du Maroc : le coût prévisionnel de 60 à 65 centimes /kWh devrait être appelé à décroitre avec la baisse des coûts des équipements et l’exploitation des parcs solaires et éoliens avec un très bon facteur de charge. F. N. H. : Quel est l’impact de cette décision sur la relance des renouvelables au Maroc, surtout pour les clients indus- triels en moyenne tension qui vont faire face, dans quelques mois, à la taxe carbone ? Cela résout-il le problème de l’ac- cès de ces entreprises aux renouvelables ? S. G. : Cette décision de l’ANRE ne peut pas passer inaperçue, dans la mesure où elle débloque une situation qui a duré plus de quinze ans. Pour notre transition énergé- tique, il y a un avant et un après la décision 02/2025 de l’ANRE. Dans ce cas, je voudrais discuter de trois situations : • Le producteur est en haute tension et le consommateur en moyenne tension (HT-MT). Cette situation a été permise par l’article 26 de la loi 13/09. C’est la plus importante des quatre cas des renouvelables en moyenne tension. Un grand déve- loppeur peut construire un parc renouvelable, injecter en haute ten- sion avec des clients en moyenne tension. Sur le plan technique, rien
L’Agence nationale de régulation de l’électricité (ANRE) vient de publier le tarif d’utilisation du réseau de distribution (Turd), fixé à 5,92 centimes le kilowattheure, relatif à l’accès des énergies renouvelables en moyenne tension. Ce qui va donc permettre l’éclosion de plusieurs petits et moyens projets renouvelables. Entretien avec Dr Saïd Guemra, expert et consultant en énergie.
Propos recueillis par Désy. M.
Finances News Hebdo : L’ANRE vient de publier le tarif d’utilisation du réseau de distribution Turd en moyenne tension, pour l’injection des renouvelables. Que signifie ce tarif, sachant que l’ANRE avait déjà publié les tarifs relatifs à l’usage du réseau de transport Turt, et le tarif service système TSS ? Et quelles conséquences sur le prix de revient du kWh renou- velable ? Saïd Guemra : Je trouve que c’est une avancée majeure pour la promotion des renouvelables dans notre pays. La définition de ces tarifs, attendue depuis 2010, va donc offrir une meilleure visibi- lité aux auto producteurs, et divers investisseurs dans le domaine de la moyenne tension en direct, ou de la haute tension vers la moyenne tension, en faisant appel à l’article 26 de la loi 13/09. L’usage de ces réseaux pour les besoins de la pro- duction renouvelable par des privés impose un partage des coûts, que ce soit pour le transport en haute tension ou la distribution. Il impose également un partage des coûts de gestion du système, le tarif ser-
vice système. Si l’on prend le cas actuel des projets relatifs à la loi 13/09, un développeur privé est en mesure d’alimenter en HT et THT en renouvelables plusieurs clients. C’est ainsi que par exemple, 90% de nos trains électriques roulent à l’électricité verte. Dans ce cas, l’ONCF s’acquitte du tarif d’utilisa- tion du réseau de transport Turt : 6,68 centimes de DH/kWh, et du tarif service système TSS : 6,64 centimes de DH /kWh, soit un total de 13,32 centimes de DH /kWh, en plus d’une rémunération des pertes plafonnée à 4,5%. Il existe quatre cas de figure pour la moyenne tension, la plus impor- tante étant relative au cas d’un pro- ducteur raccordé en haute tension et un consommateur en moyenne tension. Dans ces conditions, trois coûts sont comptabilisés en plus des pertes : TURT, TURD, TSS, soit un total de 19,24 centimes de DH / kWh. L’ensemble de ces coûts sont révisables annuellement par l’ANRE. Pour mieux clarifier cette notion,
quand une industrie par exemple à Casablanca est alimentée par les renouvelables d’un développeur à Tanger, les électrons verts ne font pas le trajet Tanger- Casablanca, mais ils s’injectent réellement au point de consommation le plus proche, qui serait par exemple le port Tanger Med. Le client est ali- menté par compensation au niveau du réseau, un peu comme les vire- ments de la banque. Pour le prix de revient du kWh renouvelable, il est clair que ces coûts ont un impact sur le prix du kWh final, mais ce n’est qu’un impact qui rend les projets renouvelables non compé- titifs par rapport au réseau. Avec la baisse des coûts des équipements et les facteurs de charge excep- tionnels du Maroc en matière de production photovoltaïque, un coût du kWh en sortie du parc serait entre 25 et 30 ct/kWh, voire moins. En ajoutant les coûts d’accès au réseau, à 19,24 centimes au maxi- mum, nous sommes dans les 50 centimes du kWh; une rémunéra-
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