SANTÉ
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FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 28 FÉVRIER 2025
«Le discours royal a été un véritable déclic»
Rochdi Talib, président-Directeur général du groupe Akdital, revient sur le discours royal, catalyseur d’une transformation majeure de la protection sociale. «Avant 2020, nous étions dans une logique où l’on envisageait de créer un maximum de sept établissements dans les grandes villes à l’échelle nationale. Cependant, le discours de Sa Majesté du 30 juillet 2020 a profondément modifié notre vision. Cette intervention royale a été un véritable déclic, un signal clair qu'une transformation était en marche. Ce discours, porté par la parole du Roi, s’accompagnait d’un calendrier précis : la généralisation de l’AMO d'ici fin 2022. Le 1 er décembre 2022, un tournant majeur a eu lieu. Nous avons opéré pour la première fois dans le secteur privé un patient souffrant d’une pathologie cardiaque, ancien bénéfi- ciaire du Ramed, désormais couvert par l'AMO Tadamon. Face à cette avancée, il a fallu revoir notre feuille de route. Le paysage avait changé. La généralisation de l'AMO était une bonne chose pour le pays, mais elle soulevait aussi des défis. Comment offrir des soins de qualité, notam- ment dans des domaines comme la cardio- logie, la chirurgie cardiaque, la cancérologie ou encore la réanimation lourde ? Car, bien que l’AMO génère des avancées, il subsiste des obstacles, notamment pour les patients vivant dans des régions reculées. Nous avons alors pris conscience de l’impor- tance de notre rôle, en tant qu'acteurs du sec- teur privé, pour compléter et renforcer l'effort de l'État. Il était important de répondre à ces besoins spécifiques, en particulier dans des spécialités coûteuses nécessitant une logis- tique complexe. Notre mission est de nous impliquer dans les régions reculées, là où l’offre de soins est insuffisante, et d’offrir une réponse adaptée, en complément de l’action de l’État. Ce dernier a œuvré pendant des années pour poser les bases; il est désormais de notre responsabilité de prendre le relais et de garan- tir un accès équitable aux soins pour tous».
Environ 5 millions de Marocains ayant la capacité de cotiser ne sont toujours pas affiliés au système de santé.
sionnels de santé pour 10.000 habitants au Maroc, bien en deçà de la recommandation de l'OMS qui préconise 40 à 45 pour 10.000 habitants. De plus, la révision de la tarification nationale de référence (TNR), qui date de 2006, est deve- nue indispensable, car elle ne reflète plus les coûts réels des prestations médicales actuelles. Enfin, l'intégration des populations non couvertes reste une priorité. Environ 5 millions de Marocains, ayant la capacité de cotiser, ne sont toujours pas affiliés au sys- tème de santé, ce qui nécessite l’élaboration d'une stratégie efficace pour les convaincre de rejoindre le système. Notons que pour optimiser la prise en charge des citoyens, la CNSS entend faire de la digitalisation un levier straté- gique. Cette démarche pré- voit la dématérialisation de la feuille de soins et la mise en place d’une plateforme per- mettant aux médecins de sai- sir directement les actes et prescriptions . ◆
Le nombre d’assurés immatriculés à la CNSS est passé de 7-8 millions à 25 millions, et le volume des dossiers traités quotidiennement a été multiplié par cinq.
du secteur privé, en pleine expansion, constitue un levier essentiel pour la réussite de cette réforme. Avec des inves- tissements importants dans de nouvelles infrastructures médicales, le privé permet d’assurer une réponse effec- tive et efficiente à la demande croissante en soins spéciali- sés. Toutefois, elle pose aussi la question du déséquilibre entre le secteur public et le secteur privé. Le professeur Yasser Sefiani, directeur de clinique, alerte sur une tendance préoccupante :
«l’AMO a créé une concur- rence bénéfique entre le public et le privé, mais aujourd’hui 92 à 93% des patients préfèrent se tourner vers le privé en raison de sa réactivité et de la qualité de ses prestations. Ce phénomène risque d’ac- croître les disparités d’accès aux soins». En outre, malgré les pro- grès réalisés dans le secteur de la santé, plusieurs défis demeurent. Premièrement, la pénurie du personnel médical reste préoccupante, avec seu- lement entre 16 à 18 pro fes-
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