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MENSUEL 20 000 EXEMPLAIRES AVRIL 2024 - VOLUME 39 - NUMÉRO 7 www . gazettemauricie . com G ratuit

DE LA MAURICIE et des environs

Média indépendant au service du bien commun

ENVIRONNEMENT Nicolet : une ville verte à l’image de sa mairesse PAGE 5 Vers la réduction et la valorisation des matières résiduelles à Trois-Rivières

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Les défis de la restauration : situation exceptionnelle ou réalité périodique ?

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Projet d’éoliennes privées en Mauricie

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ACTUALITÉS | AVRIL 2024

L’établissement des jeunes en région : l’exemple de la Mauricie Bien que la population totale ait augmenté au Québec entre 1986 et 2016 , on remarque une baisse de 15,6 % du nombre de jeunes de 15 à 34 ans. La part des jeunes, qui représentait plus de un tiers (35,3 %) de la population québécoise en 1986, est passée à moins de un quart (24,3 %) en 2016 . La Mauricie n’a pas échappé à cette tendance. « La région compte par ailleurs moins de 20-44 ans et davantage de 45-64 ans que l’ensemble du Québec », peut-on lire dans un rapport de l’Institut de la statistique du Québec publié en 2017. L’organisme Place aux jeunes (PaJ) offre des services d’accompagnement et de promotion visant à faciliter l’établissement des 18-35 ans en région. Malgré un récent engouement pour l’exode en région, certains défis persistent. Chose certaine, selon les agentes de PaJ, la Mauricie n’a rien à envier au reste du Québec.

disait « va travailler à Montréal, il n’y a pas de job en région », maintenant il y a des emplois en région, il y a des occasions de carrière et il y a des possibilités d’avan- cement que peut-être en ville il y aurait moins, ou moins rapidement. Le discours a beaucoup changé. Luc Laplante, professeur et spécialiste des études de la population, a fait sen- siblement le même constat. « Le taux de chômage est faible à peu près partout au Québec. Il est plus élevé à Montréal que dans toutes les autres régions à part la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine », écrit-il dans un récent article de La Presse . POURQUOI S’ÉTABLIR EN MAURICIE ? Pour Julie Fortier, agente de PaJ de Trois-Rivières, les avantages de s’établir à Trois-Rivières sont nombreux. « Pour nous, ce qui est un bel avantage pour Trois-Rivières, c’est que nous sommes centraux. On est à une heure et quart de Montréal et de Québec. De plus, la Mauricie concilierait la quiétude de la campagne avec la vitalité de ses centres- villes. « Quand tu arrives ici, il y a une tranquillité, une simplicité que les gens adorent », dit-elle. Les agentes de PaJ soulignent également qu’il y a beaucoup d’occasions de carrière et d’ouverture sur le marché pour le développement de nouvelles entreprises. Kim Lacombe ajoute que Trois-Rivières est « un pôle régional d’attraction ». Concrètement, cela signifie qu’on assiste souvent à une seconde migration : les 18- 35 s’installent temporairement à Trois- Rivières, le temps de trouver une maison

ANNE-SOFIE BATHALON JOURNALISTE

L’ORGANISME PLACE AUX JEUNES L’organisme à but non lucratif Place aux jeunes déploie ses services sur tout le territoire québécois, sauf à Montréal, Québec, Sherbrooke et Gatineau. Son financement provient majoritairement du Secrétariat à la jeunesse. En Mauricie, ce sont sept agentes qui se démènent afin de faciliter l’établissement durable des jeunes de 18 à 35 ans. Kim Lacombe, agente régionale, explique qu’il s’agit d’une « aide à l’établissement de A à Z ». Ces agentes interviennent sur plusieurs fronts, par exemple chercher un emploi pour les jeunes qualifiés ou en voie de l’être, trouver des places en garderie, organiser des séjours exploratoires et même faire des suivis des jeunes établis après une année. L’EXODE DES MÉTROPOLES Entre 1986 et 2006, il y a eu une baisse constante du nombre de jeunes en Mauricie, selon un rapport produit par l’Institut national de la recherche scien- tifique publié en 2022. Par contre, même s’ils sont moins nombreux qu’autrefois, de plus en plus de jeunes tournent le dos aux grandes villes, un phénomène qui a été accentué par la pandémie. Selon Kim Lacombe, les jeunes n’ont plus besoins de quitter leur ville pour trouver un emploi. Elle souligne que, si avant on

Une partie de l’équipe de Place aux jeunes Mauricie lors d’un séjour exploratoire en mars. De gauche à droite : Karine Proteau (agente à La Tuque), Mélanie Massicotte (agente pour la MRC de Mékinac), Valérie Pelletier (ancienne agente à Shawinigan et remplacée depuis peu), Mélissa Clermont (agente pour la MRC de Maskinongé) et Kim Lacombe (agente régionale).

hors de la ville. Le prix des propriétés est également un argument en faveur de l’établissement en Mauricie, selon les trois agentes rencontrées en entrevue. Pour Karine Proteau, agente à La Tuque, les multiples occasions d’emploi encou- ragent aussi grandement les jeunes à s’établir en Mauricie. DES DÉFIS PERSISTANTS Cependant, à l’instar des autres régions du Québec, la Mauricie subit une crise du logement. C’est un défi auquel font face les agentes de PaJ. En revanche, Karine Proteau souligne que « des entrepreneur- es offrent des belles solutions. On a des bâtisses qui sont achetées ou rénovées. Les entrepreneur-es savent qu’il y a un

problème de logement mais des solu- tions sont apportées ». L’autre principal défi concerne les places en garderie. Kim Lacombe indique que ce sont majori- tairement des familles qui viennent s’établir en Mauricie et que le nombre de places en garderie n’est pas suffisant. Toutefois, elle souligne que son équipe réussit souvent « à faire des miracles ». Tout bien considéré, les efforts mis en place par l’équipe de Place aux jeunes ne restent pas vains. En plus de favoriser un fort sentiment d’appartenance entre les jeunes et leurs nouvelles villes, ceux- ci contribuent à de réelles retombées économiques et viennent dynamiser le décor mauricien.

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Le Web a 35 ans : peut-il revenir à ce qu’il devait être ?

Il y a 35 ans, naissait l’idée de ce qui devien- drait le World Wide Web. Aujourd’hui, celui à qui l’on doit cette idée, Tim Berners-Lee, se désole que son « bébé » ne soit plus aussi ouvert, décentralisé et démocratique que ce que le réseau émergent laissait espérer.

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ÉDI TORIAL | AVRIL 2024

Projet d’éoliennes privées en Mauricie UN QUESTIONNEMENT CITOYEN PLEINEMENT LÉGITIME

TABLE ÉDITORIALE Depuis quelque temps, la Mauricie se révèle une région des plus convoitées. Il y a un an, ce sont les minières qui exploraient le potentiel de rendement de la MRC de Maskinongé. Depuis quelques mois, c’est à l’est de notre région que ça se passe. Une opération séduction, vantant les avantages de l’implantation de 144 éoliennes, est actuellement menée par l’entreprise Tree Energy Solution (TES) Canada auprès des élu-es et des populations des MRC de Mékinac et des Chenaux. « Un projet novateur en énergie renouvelable au bénéfice de la Mauricie et du Québec », peut-on lire sur le site web de l’entreprise. Une opération qui fait cependant face à des vents contraires. qui est l’unique actionnaire d’un parc de 12 éoliennes.

lisé pour le chauffage de bâti- ments où l’électricité peut faire le travail. Du gaspillage. Certain-es peuvent avoir ten- dance à voir dans le débat ac- tuel une énième manifestation du syndrome « pas dans ma cour », discréditant ainsi une démarche citoyenne d’enquête et une recherche de réponses pour permettre une décision éclairée. Au contraire, sans pré- sumer des conclusions de la dé- marche en cours, il faut saluer celles et ceux qui se mobilisent pour réclamer transparence et libre circulation des informa- tions. Comme il faut saluer les élu-es des municipalités de la région qui démontrent un souci d’écoute à l’égard de leurs com- mettant-es. Lorsqu’on parle de ressources publiques, poser des questions, c’est simplement s’occuper de ses affaires.

conseil de l’UQAM, doutent de la viabilité de l’hydrogène vert en raison de sa faible efficacité énergétique, car il requiert plus d’énergie à sa production qu’il n’en génère, d’où les coûts très élevés pour le produire. Mais comme le développement de la filière éolienne est privati- sée, les profits le sont aussi, au détriment des consommateur- trices. Ainsi, bien que l’hydro- gène produit à partir d’énergies renouvelables ait une place à jouer dans la transition énergé- tique, comme ce gaz coûte très cher à produire en ressources collectives (ici : le vent et l’hy- droélectricité), les spécialistes s’entendent pour dire qu’on de- vrait le réserver aux procédés industriels impossibles à élec- trifier. Or, dans le projet ac- tuel, comme nous n’avons pas le contrôle collectivement sur l’utilisation finale qui sera faite de l’hydrogène, il se pourrait donc qu’il soit par exemple uti-

sa volonté de privatiser une partie de la production d’élec- tricité au Québec. Par ailleurs, l’efficience de la production d’hydrogène à par- tir d’électricité ne fait pas l’una- nimité au sein de la commu- nauté scientifique. « Projet mal ficelé. Procédé peu efficace, coûts de production d’électri- cité trop élevé », affirmait ré- cemment Normand Rousseau, directeur de l'Institut de l'éner- gie Trottier à Polytechnique Montréal, dans une entrevue accordée au journaliste Fran- cis Beaudry de Radio-Canada. Le point de vue d’un scienti- fique qui, en 2013, a co-présidé la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec à pro- pos de notre avenir énergétique devrait mériter attention. Des scientifiques, comme le professeur Claude Villeneuve, directeur de la Chaire en éco-

Ce projet constitue un épisode additionnel de la place crois- sante du secteur privé dans la production d’électricité. Est-il approprié qu’une fois de plus les gisements éoliens les plus intéressants soient accaparés par des intérêts privés alors que cette richesse naturelle devrait d’abord servir le bien commun ? Selon une étude rendue publique en mars, une telle appropriation desservirait l’intérêt de la société québé- coise. L’Institut de recherche en économie contemporaine, à l’origine de l’étude, a en effet révélé que la politique de développement privatisé de la filière éolienne aurait, depuis 2009, coûté 6,09 milliards de dollars aux consommateurs et consommatrices en raison des contrats signés par Hydro- Québec obligeant l’achat de l’énergie produite par les éoliennes du secteur privé. Qu’il s’agisse d’acheter l’énergie privée à fort prix ou, dans le cas de TES Canada, de fournir à un tarif avantageux 150 MW de notre hydroélectricité pour compléter l’alimentation électrique de l’électrolyseur privé, la gestion de la filière éolienne soulève des questions légitimes. Et voilà que le gouvernement actuel « jongle » avec l’idée d’une légalisation de la vente directe d’électricité d’une en- treprise privée à une autre, ce qui n’est pas permis en vertu de la loi actuelle. Une entreprise autorisée à produire de l’élec- tricité pour ses propres besoins ne dispose pas du droit de la distribuer, cette responsabilité incombant exclusivement Hy- dro-Québec. Selon des élu-es et des spécialistes, une remise en cause du monopole de notre société d’État sur la distribu- tion d’électricité mériterait un large débat public. Au lieu de cela, TES Canada est utili- sé comme ballon d’essai par le gouvernement de la CAQ dans

Des assemblées citoyennes sont organisées afin que la po- pulation locale puisse entendre un autre point de vue que celui mis de l’avant par l’entreprise quant à l’impact social d’un tel projet, à ses retombées écono- miques et à sa véritable contri- bution environnementale. Et les assemblées des conseils mu- nicipaux connaissent un regain de participation, les citoyens et citoyennes désirant en savoir davantage sur le pouvoir qu’ont les municipalités pour faire va- loir, voire prévaloir, la parole ci- toyenne face aux volontés de TES Canada. Le projet d’implantation de 144 étoliennes vise à alimenter un électrolyseur qui permet- trait de produire des volumes importants d'hydrogène, un gaz pouvant être utilisé comme le gaz naturel, les émissions en moins. Pour TES Canada, « nous n'avons pas le luxe d'at- tendre à demain », comme on peut le lire sur son site web. Les inquiétudes en regard de l’impact du projet sur la cohé- sion sociale sont palpables, celui-ci étant susceptible de fracturer le tissu social des communautés touchées. On a vu des épisodes du genre qui, au sein d’autres communau- tés, ont laissé de profondes cicatrices. Que des agriculteur- trices de la MRC des Chenaux prêt-es à accueillir des éoliennes sur leur terre disent vouloir « tenir ça mort » de peur d’être pointé-es du doigt ou, plus grave, de subir des représailles comme l’ont affirmé certain- es, en dit long à ce sujet. Les choses se passeraient bien différemment si le projet était porté par la communauté, per- mettant ainsi une planification ouverte et une réelle démarche d’acceptabilité sociale. On l’a vu dans la MRC Pierre-De Saurel en Montérégie, par exemple,

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CHRONIQUE ÉCONOMIE | AVRIL 2024

Le Québec est-il au bord du gouffre financier ? Après la présentation du dernier budget provincial, un gros chiffre a circulé dans la sphère médiatique : un déficit « record » de 11 milliards de dollars pour l’année financière en cours. À première vue, ce chiffre a de quoi inquiéter, mais qu’en est-il au juste ? Ce déficit est-il un prélude à l’austérité budgétaire ? Quelle autre option serait envisageable ?

tuation, étant donné que l’importance d’un déficit est établie en fonction du PIB, l’équivalent du revenu national. Dans le cas présent, le déficit de 7,3 mil- liards représente 1,2 % du PIB. On est donc loin des déficits records de 3,3 % du PIB en 1994-1995 et de 4,7 % en 1980-1981. AUSTÉRITÉ EN VUE ? Si ce bref examen permet de relativiser le mauvais état de santé des finances pu- bliques, on peut quand même se deman- der quelles mesures seront prises par le gouvernement pour rééquilibrer le bud- get. La déclaration du ministre des Fi- nances selon laquelle le gouvernement « a eu un niveau de dépenses élevé », dont il faudra réduire le rythme de croissance , laisse entendre un parti pris en faveur d’éventuelles restrictions budgétaires. Reste à savoir lesquelles. Or, il a été démontré que les coupures de dépenses publiques dans un contexte de ralentissement économique ne font qu’enliser le gouvernement dans le cercle vicieux de l’austérité budgétaire. Étant donné que les services publics re- présentent plus du quart du PIB, toute

baisse des dépenses publiques a pour effet de ralentir davantage l’économie, provoquant du même coup une baisse des rentrées fiscales et, par le fait même, une hausse du déficit budgétaire. La détérioration des finances publiques dans le contexte actuel de quasi-stagna- tion de l’économie en est la preuve. Le PIB du Québec n’a crû que de 0,2 % en 2023, soit trois fois moins que prévu, et la croissance projetée en 2024 sera deux fois plus faible qu’anticipé, de sorte que les rentrées fiscales ont déjà été ampu- tées de 1,2 milliard en 2023-2024, et le seront à hauteur de 5 milliards en 2024- 2025. BAISSER ENCORE LES IMPÔTS ? Le Premier ministre Legault a affirmé, au lendemain du budget, vouloir baisser encore les impôts parce que, a-t-il dit, « les impôts nuisent à l’économie » . Or, de nombreuses études montrent que les baisses d’impôt n’ont aucun impact si- gnificatif sur la croissance économique , alors qu’elles peuvent creuser davan- tage les déficits budgétaires, comme cela a été le cas au cours de la dernière année. En effet, la baisse d’impôt récurrente

de 1,9 milliard octroyée dans le budget de mars 2023 privera le gouvernement d’une rentrée fiscale équivalente, soit le quart du déficit de 7,3 milliards. Depuis une trentaine d’années, les défi- cits budgétaires et la hausse de la dette publique sont imputables en grande partie à la baisse de moitié du taux d’im- position des entreprises et à la multipli- cation des échappatoires fiscales pro- fitant aux plus riches. Dans une large mesure, les allégements fiscaux accor- dés aux grandes entreprises n’ont guère stimulé l’investissement productif, ni enrichi les travailleurs et travailleuses ; ils ont plutôt servi au rachat d’actions en Bourse dans le but de mousser leur prix, et au versement de dividendes aux actionnaires et dirigeant-es, qui sont les grand-es bénéficiaires des échappatoires fiscales. Là se cache donc le véritable gouffre fi- nancier du gouvernement.

ALAIN DUMAS ÉCONOMISTE

UN DÉFICIT RECORD ? Dans son budget de 2024-2025, le gou- vernement prévoit des revenus de 150,3 milliards et des dépenses de 157,6 mil- liards, ce qui implique un déficit de 7,3 milliards. Mais d’où vient le montant de 11 milliards ? Il provient de deux postes budgétaires qui n’ont rien à voir avec les dépenses courantes du gouver- nement. D’abord, une provision de 1,5 milliard en cas d’imprévus (une forme d’épargne), puis un versement de 2,2 milliards au Fonds des générations (un actif financier) , ce qui donne le chiffre de 11 milliards (7,3 + 2,2 + 1,5). Ces deux items ont donc une incidence non négligeable sur le solde budgétaire, car ils représentent à eux seuls la moitié du déficit courant. L’évocation d’un « déficit record » s’avère aussi une fausse représentation de la si-

SOURCES DISPONIBLES au www.gazettemauricie.com

CHRONIQUE INTERNATIONALE

La vérité en Amérique Le 5 novembre 2024 auront lieu les élections chez nos voisins du Sud. À moins d’un revirement de situation, la population américaine aura à choisir entre la continuité de la présidence Biden et le retour aux années Trump. Plus que jamais dans l’histoire récente, les Américain-es seront placés face à deux visions clairement distinctes de leur pays. Et leur choix risque d’être déterminant pour la suite du monde.

DANIEL LANDRY COLLABORATEUR

trumpien de 2016 dans sa portée, mais aussi dans sa capacité de mobiliser les bases militantes. Dans les deux cas, le slogan est gage de succès. Dans un tel contexte, plus que jamais, la « quête du vrai » cède le pas à l’opi- nion et à la perception. D’où l’expres- sion « post-vérité » ou « post-factuel » pour décrire notre ère politique. À vrai dire (sans mauvais jeu de mots), il est sans doute abusif de parler d’une « ère » de post-vérité, puisque la politique s’est toujours exercée à partir de faits, mais aussi – et surtout – d’opinions et d’émotions. En revanche, ce qui in- quiète considérablement est cette ab- sence de « quête » de vérité au cœur de la politique actuelle et de la présente campagne américaine. Cette inquié- tude est d’autant plus avérée dans un monde où les garde-fous que sont les médias traditionnels vivent une crise sans précédent et sont impuissants à porter un regard critique apartisan. Plus que jamais, la politique semble donc se réfléchir et se pratiquer de fa- çon manichéenne. Sans les nuances que nécessiterait une campagne d’une telle importance. Si cette « recherche de vérité » paraît de plus en plus difficile à atteindre, c’est clairement en raison de l’effet de plu- sieurs facteurs : les théories du com- plot ont gangrené l’opinion lors de crises importantes (du 11 septembre 2001 à la pandémie de Covid-19 en 2020) ; les médias traditionnels cèdent le pas à l’opinion gérée à la sauce algo-

rithmique depuis l’arrivée massive des réseaux sociaux ; la manipulation de la vérité à des fins stratégiques et parti- sanes a également fragilisé la confiance envers les politicien-nes à plusieurs reprises (l’Irak et les armes de des- truction massive en 2003, la gestion du scandale de Wikileaks en 2010, ou dans une moindre mesure la mythoma- nie de George Santos en 2023). À ce- la, ajoutons que les nouvelles technolo- gies rendent toujours plus complexe la différenciation du vrai et du faux ( fake news, deep fakes ). Les États-Unis d’Amérique se targuent d’être la plus importante démocratie du monde. Or, depuis quelques an- nées, cette démocratie est menacée de toutes parts : augmentation des inéga- lités socioéconomiques, tensions inter- communautaires, tentations autocra- tiques. Ce qui protège cette démocratie demeure sa capacité de débattre, de re- mettre en question et de critiquer les hautes instances du pouvoir. Dans un monde où la vérité est oblitérée, cette protection tombe. C’est d’ailleurs pour- quoi, dans un essai publié en 2006, le philosophe américain (récemment dé- cédé) Harry Frankfurt distinguait le mensonge de la connerie. Dans le pre- mier cas, on cherche à cacher la vérité, dans le second, on ne s’en soucie tout simplement plus. Dans cette campagne électorale, qu’on accepte qu’un candi- dat à la présidence n’ait aucune estime pour la vérité me paraît passablement inquiétant pour l’avenir de cette démo- cratie.

encore, il s’avérerait pertinent qu’ils- elles puissent analyser le bilan respec- tif des candidats, d’autant plus que tous deux ont déjà eu l’occasion d’occu- per la Maison-Blanche dans un mandat précédent. Toutefois, l’étude des bilans et des promesses semble relever d’une façon révolue de penser et de faire la politique. Désormais, le choix s’appuie sur les images plus que sur les mots, sur les impressions plus que sur les programmes. Par exemple, nonobstant leurs différends idéologiques, le Yes We Can obamien de 2008 n’est guère dif- férent du Make America Great Again

Vu ce scénario, il semblerait naturel que les électeurs et électrices puissent étu- dier en profondeur les approches, pro- grammes et promesses des candidats avant de déposer leur bulletin dans l’urne (physique ou virtuelle). Mieux

ENVIRONNEMENT | AVRIL 2024

Nicolet : une ville verte à l’image de sa mairesse En 2022, devant l'importance de préserver son environnement naturel et guidée par les valeurs environnementales de la mairesse Geneviève Dubois et de son équipe, la Municipalité de Nicolet a mandaté la firme spécialisée Habitat pour estimer la valeur écologique de ses zones boisées. L'objectif était de déterminer les moyens de préserver la biodiversité de ces espaces naturels et de favoriser la connexion entre eux. Conséquemment, deux années plus tard, la Ville annonce qu'elle commence une démarche pour créer « un corridor de connectivité » en encourageant la préservation volontaire de terres sur son territoire. Il s’agit d’une première en Mauricie. Cette décision s'ajoute à une longue liste d'actions de lutte contre les changements climatiques. Si on creuse les racines de la ville et le parcours de la mairesse actuelle, on constate que cette démarche est parfaitement logique et cohérente avec les valeurs qui ont toujours été présentes chez les anciens conseils municipaux.

ANNE-SOFIE BATHALON JOURNALISTE

AGIR EN FONCTION DE L’AVENIR Geneviève Dubois, mairesse de Nicolet depuis 2016, explique que le projet de corridor écologique découle d’une vo- lonté politique. « Nicolet est une ville en croissance, depuis une dizaine d'années je dirais. Et puis on développe quand même pas mal d'habitations. Dans une ville, on pense souvent habitation, on pense développement économique, in- frastructures de sport, de loisirs, de culture, mais on s’est dit que protéger nos boisés urbains, c’est important aus- si. Et c’est surtout important de le faire pendant qu’ils sont là », explique-t-elle en entrevue. À chaque fois que Nicolet entreprend des travaux, la Ville effectue un pro- cessus de réflexion à propos des géné- rations futures. Par exemple, il y a en- viron deux ans, la Ville a entrepris des travaux afin de rétrécir certaines rues. Elle désirait mettre des terre-pleins vé- gétaux au centre afin de diminuer les îlots de chaleur en été. La mairesse ex- plique que cette décision a soulevé cer- taines critiques de la part de citoyens et citoyennes. Avec son équipe, elle a consulté différents ouvrages, et la conclusion a été cela entraînerait une baisse de 10 degrés. « On pense à long terme, on pense aux enfants », dit-elle.

construction récente de l’aréna. La Ville a construit tout autour du batiment un grand jardin de pluie, dans le but de fa- voriser la biorétention des eaux et d’évi- ter des débordements dans les rues avoi- sinantes. D'ailleurs, celui-ci a reçu deux prix, souligne la mairesse. D’autres ini- tiatives peuvent être citées, par exemple la mise à la disposition des citoyens et citoyennes de deux voitures électriques les soirs de semaine et la fin de semaine, la décision de ne plus utiliser du BTI ou encore le remplacement de toutes les lu- mières par des DEL. UN MODÈLE POUR LES AUTRES VILLES Geneviève Dubois est amenée à faire des conférences partout au Québec afin de partager son expertise avec les autres Municipalités. D’ailleurs, elle ne s’adresse pas seulement aux élu-es, mais également à d'autres instances. Par exemple, Nicolet sera présente au Salon des technologies environnementales à

resse de Nicolet et aussi préfète de la MRC de Nicolet-Yamaska. Dans sa carrière, elle a surtout occupé des postes de direction dans des orga- nismes à but non lucratif. On peut donc faire le pont entre son travail dans le do- maine communautaire et celui de mai- resse, tous les deux marqués par des valeurs sociales et de solidarité. Avant d’être mairesse, elle a été attachée po- litique du député de Nicolet-Yamaska. Puis, explique-t-elle « je me suis dit que j’allais pouvoir suivre ma propre voie plutôt que de représenter quelqu’un ». Elle explique être passionnée par « par l’humain et la transformation hu- maine ». Elle a décidé de se lancer en po- litique municipale, parce qu’elle retrou- vait une réelle ouverture au sein de la Ville de Nicolet qui se souciait déjà de l’environnement et qui concordait avec ses valeurs sociales.

Québec afin de présenter trois initia- tives de biorétention. À titre d’illustra- tion, Nicolet a aménagé un stationne- ment écoresponsable tout près de l’hôtel de ville. Ce stationnement, orné d’une grande fresque, est bordé d’un fossé où poussent une grande quantité de végé- taux. L’eau du stationnement s’écoule à l’intérieur et est filtrée. Quand elle re- tourne dans la rivière, elle est donc de meilleure qualité. Les plantes agissent donc comme un filtre naturel en plus de faciliter la rétention. QUI EST GENEVIÈVE DUBOIS ? Native de Nicolet, Geneviève Dubois est revenue sur sa terre natale il y a une dizaine d’années. Son père était maire, elle connaît donc très bien les rouages du métier. Elle occupe le poste de mai- resse depuis 2016, année où elle a été élue grâce à un scrutin, puis, en 2022, elle a été réélue par acclamation. Elle est la première femme à avoir été élue mai-

MISER SUR LES PETITES ACTIONS CONCRÈTES

Mme Dubois explique miser davan- tage sur les petites actions plutôt que sur les projets d'envergure. Si le rétré- cissement de deux rues et le développe- ment d’un corridor écologique en sont des exemples, ce ne sont pas les seuls. « On est vraiment plus dans un aspect de transition climatique, d’adaptation, de résilience, comme Municipalité. Oui, des fois les citoyens nous trouvent in- tenses [...], certains me disent que Ni- colet ne sauvera pas le monde… Non, c’est sûr que Nicolet ne sauvera pas le monde, mais Nicolet doit faire sa part », explique la mairesse. « À chaque fois qu’on fait quelque chose, on se demande comment on peut verdir davantage ». Elle donne l’exemple de la

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ENVIRONNEMENT | AVRIL 2024

Vers la réduction et la valorisation des matières résiduelles à Trois-Rivières Après un démarrage réussi auprès des commerces couverts par la Régie régionale de gestion des matières résiduelles de Portneuf, le programme d’accompagnement vers la réduction et la valorisation se déploie désormais dans la ville de Trois-Rivières, communauté dans laquelle la Fondation Alcoa est active et souhaite soutenir le développement de solutions environnementales. Le Jour de la Terre Canada s’engage ainsi aux côtés des commerces pour les aider à gérer, à trier et à valoriser des matières organiques.

çant-es, l’équipe de Jour de la Terre Canada offrira des for- mations dans les écoles des régions participantes afin de former le personnel ensei- gnant et pour encourager les élèves à prêter main-forte lors de la collecte de matières or- ganiques. Les écoles seront contactées. mais elles sont également invitées à s’ins- crire dès maintenant sur le site Web du programme au https://jourdelaterre.org/ gmr-fondation-alcoa/.

lamo, directrice générale du Jour de la Terre Canada. UN RÉEL APPUI AUX COMMERCES DE TROIS-RIVIÈRES Le programme débutera en ci- blant en premier lieu les com- merces situés au cœur du centre-ville de Trois-Rivières, où on observe une concen- tration significative d’établis- sements et des besoins spé- cifiques d’accompagnement pour valoriser les matières or- ganiques. « On est très heu- reux-ses de pouvoir bénéfi- cier de l’appui de l’organisme Jour de la Terre Canada pour soutenir les entreprises du centre-ville dans la gestion des matières résiduelles. En ajustant les plans de travail en cuisine, en intégrant des ou- tils visuels, en identifiant les matières récurrentes à trier ou même en répondant à des questions spécifiques, l’ac- compagnement permet de réellement changer des choses et vient répondre à un besoin », mentionne Eve-Marie Mar- chand, directrice générale de la Société de développement commercial du centre-ville de Trois-Rivières. UN SERVICE D’ACCOMPAGNEMENT ADAPTÉ AUX BESOINS DES COMMERCES Au fil des années, Jour de la Terre Canada a développé une expertise dans la gestion des matières résiduelles. Cet ac- compagnement, nommé Ac- tion Réduction, s’ajuste aux spécificités de chaque com- merce. Cette stratégie sera ap- pliquée dans les commerces de Trois-Rivières. Pour ce projet, l’accompagne- ment des commerces partici- pants comprend : • Une visite initiale des com- merces pour cerner leurs be- soins et leurs contraintes ; • Un audit complet de la ges- tion des matières résiduelles des commerces (caractéri- sation sommaire des conte- nants de collecte et analyse des opérations) ; • L’élaboration d’un plan d’ac- tion pour cibler et prioriser les solutions à mettre en place ; • Un soutien dans l’implanta- tion des différentes mesures retenues et un suivi des pro- grès réalisés ; • Une formation sur le tri of- ferte aux employé-es et des outils de communication dis- ponibles sur demande. En plus de l’accompagnement adapté offert aux commer-

ÉQUIPE JOUR DE LA TERRE CANADA

COLLECTE DE LETTRES POUR L'ACTION CLIMATIQUE

Le Collectif - Deux roues et des lettres , soutenu par le Comité de so- lidarité de Trois-Rivières (CS3R), organise une grande collecte de lettres. Les jeunes d'âge primaire, secondaire et collégial, ainsi que les personnes qui les accompagnent sont invités à rédiger une lettre portant sur leurs demandes et revendications concer- nant les changements climatiques ainsi que sur les inégalités so- ciales qui en découlent. Le collectif agira à titre de « messager à vélo » et ira distribuer ces lettres aux dirigeant-es à Québec. Pour

Les spécialistes du Jour de la Terre Canada travailleront en collaboration avec Énercycle, la Régie de gestion des ma- tières résiduelles de la Mau- ricie ainsi qu’Environnement Mauricie pour mener à bien cette mission. L’objectif de cette étape est de former et de sensibiliser 100 commerces trifluviens afin de réduire les déchets et de détourner envi- ron 400 tonnes de matières organiques de l’enfouisse- ment d’ici octobre 2024. « Forte du succès du premier volet, la Fondation Alcoa est fière de soutenir et de dé- ployer cette initiative environ- nementale qui créera une va- leur durable dans les régions de la Mauricie et du Centre- du-Québec. L’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques font partie de nos grandes priorités. Ainsi, l’édu- cation visant à favoriser de meilleures pratiques de réduc- tion et de revalorisation des déchets à la source aura un impact durable certain au sein de notre communauté d’ap- partenance », souligne Caro- line Rossignol, présidente de la Fondation Alcoa.

y participer, il suffit d’écrire une lettre, de la plier en trois et d’inscrire son nom ainsi que son âge sur l’une des faces et de la dé- poser directement au bureau du CS3R au 942, rue Sainte-Geneviève à Trois-Rivières ou sinon de communiquer avec le CS3R au 819 373-2598 afin qu'ils puissent venir la récupérer. La date limite pour déposer sa lettre est le jeudi 18 avril 2024. La remise des lettres aura lieu le 22 avril prochain à Québec. Un rassemblement festif avec animation est organisé le 20 avril de 10 h à 12 h au parc Champlain de Trois-Rivières. Le grand départ des cy- clistes se fera à 12 h et la population est invitée à pédaler les cinq premiers kilo- mètres avec le collectif.

Le 22 avril, le Collectif - Deux roues et des lettres agira à titre de « messager à vélo » et ira distribuer des lettres aux dirigeant-es à Québec.

1 000 TONNES DÉTOURNÉES D’ICI 2025

L’initiative, d’abord amor- cée dans la MRC de Port- neuf à l’automne 2022, se déploie désormais dans les commerces de Trois-Rivières, avant de se poursuivre dans ceux de la MRC de Manicoua- gan d’ici septembre 2025. Le projet vise à réduire et à valo- riser les déchets organiques afin de détourner un total de 1 000 tonnes de matières or- ganiques de l’enfouissement au Québec. « Grâce à l’expérience de notre équipe en gestion des matières résiduelles, nous sommes en mesure de conce- voir des programmes d’ac- compagnement adaptés à tous les types de commerces. En effet, nos spécialistes sont capables d’élaborer des plans d’action sur mesure en pre- nant en compte la réalité de chaque commerce. Nous nous réjouissons de contribuer à la réduction de l’impact envi- ronnemental des villes avec un objectif de valorisation de 1000 tonnes de déchets orga- niques », indique Valérie Mal-

CAHIER DE PARTENARIAT

Retour sur un mois à monitorer mes achats

Durant tout le mois de mars, le Pôle d’économie sociale de la Mauricie m’a mise au défi de consommer uniquement des biens et services issus de l’économie sociale. Je me suis lancée dans cette aventure sans trop savoir ce qui m’attendait, et je partage bien humblement avec vous mon parcours des dernières semaines.

PLACE AUX FEMMES Le fait de porter attention à mes habitudes de consomma- tion durant tout un mois a fait remonter des souvenirs très chers, comme ma participation, avec mes amies de COMSEP, à la Marche mondiale des femmes en 2000 à New York. Un mo- ment de grandes émotions lors duquel j’ai pu sentir la solidarité des femmes de partout dans le monde. D’ailleurs, en économie sociale, les femmes occupent une place centrale. Elles repré- sentent 71 % des emplois dans ce secteur en Mauricie. C’est énorme ! Et en termes de gou- vernance, c’est un secteur éco- nomique on ne peut plus pari- taire, avec 50,5 % de femmes ayant un poste au sein des conseils d’administration. ET LA SUITE ? Au terme de cette expérience, j’ai envie de dire que c’est un fort sentiment de cohérence qui m’habite. Je le répète, l’écono- mie sociale place l’humain avant tout. Les entreprises partent d’un besoin de la communau- té, et non seulement d’une oc- casion de faire du cash. Exit la vente sous pression de bébelles dont personne n’a besoin et qui génèrent plus de problèmes que de solutions. Les entreprises collectives prennent soin de leurs employé-es, soignent nos communautés, rêvent et bâ- tissent le monde de demain. Et de mon côté, ce défi qui a colo- ré mon mois de mars se pour- suivra sans aucun doute les 11 autres mois de l’année.

d’années plus tard à l’Assemblée nationale pour assister à l’adop- tion de la première loi sur l’éco- nomie sociale !

LYNN O’CAIN CONSOMMATRICE ENGAGÉE

UN SECTEUR EN PLEINE CROISSANCE

Aujourd’hui, les entreprises col- lectives sont mieux connues et plus faciles à dénicher, même si un bon bout de chemin reste à faire. L’économie sociale est une réponse à de nombreux enjeux actuels. Par exemple, pour évi- ter la fermeture de notre mé- dia régional, Le Nouvelliste , les employé-es l’ont transformé en coopérative d’information. Ça, ça s’appelle la reprise collec- tive. Des entreprises d’écono- mie sociale émergent aussi pour contrer la crise du logement, protéger l’environnement, favo- riser l’inclusion sociale ou créer des services accessibles et de proximité. Tout au long de mon défi, j’ai été ravie de constater à quel point mon quotidien était rempli d’en- treprises collectives. Du Marché public de Shawinigan, où je fais mes courses, aux nombreuses coopératives brassicoles pour ma bière de fin de journée, en passant par l’école de danse de ma fille, Les libraires, où je peux commander des livres en ligne (eh oui, une bonne alternative à Amazon !) et bien d’autres cafés, restaurants, ateliers, musées, coops de santé, alouette ! Est- ce que j’ai réussi à combler tous mes besoins ? Non. Mais sérieu- sement, allez voir le répertoire du Pôle d’économie sociale de la Mauricie, vous y trouverez des petits bijoux.

Pour celles et ceux qui ne me connaissent pas, il faut savoir que l’économie sociale n’est pas une nouveauté dans ma vie. En fait, je m’investis dans ce mo- dèle économique depuis une trentaine d’années, et je peux aujourd’hui affirmer que cet engagement a complètement teinté mon parcours. Le tout a commencé en 1996, alors que le taux de chômage était autour de 13 % (dur à croire aujourd’hui !). Fraîchement sortie de l’uni- versité et sans véritable plan de carrière, je me suis retrou- vée comme beaucoup de gens à l’époque : sans emploi. Ce que je savais, c’est que je voulais un travail qui aurait du sens pour moi, et que les humains m’ani- maient particulièrement. Sans le savoir, je fréquentais dé- jà des entreprises d’économie sociale comme Coopsco, dont je suis membre depuis 1991, ou encore le Centre Loisir Multi- Plus, où j’ai fait mon stage de fin de bac. Ma quête pour trouver un domaine aligné sur mes va- leurs m’a alors fait découvrir le Chantier de l’économie sociale, un phare d’espoir dans la tem- pête économique de l’époque. C’est ainsi qu’est née ma pas- sion dévorante pour un modèle économique qui place l’humain avant les profits. J’allais même me retrouver, une vingtaine

La consommatrice engagée Lynn O’Cain en visite au Musée Pop.

Sur la photo, on reconnaît Lynn O’Cain (à gauche), Gallia Julien Myrand (au centre), ainsi que Marie- Claude Caron-Larose (à droite) à la Factrie 701.

CAHIER DE PARTENARIAT

Quatre excellentes raisons d’opter pour l’économie sociale

Si acheter c’est voter, nos choix de consommation sont encore plus cruciaux à une époque où les crises sociales et environnementales se multiplient. Choix éthiques, écologiques, équitables et locaux. Ça peut être difficile de s’y retrouver, encore plus si notre portefeuille souffre de l’inflation. S’il y a une réponse facile à ce casse-tête, c’est souvent l’économie sociale.

vail aux personnes marginalisées ou dé- favorisées, ou encore elles leur donnent accès à des produits et services adaptés à leur situation. En achetant en écono- mie sociale, nous contribuons à créer des environnements de travail inclusifs et di- versifiés, où chaque personne a sa place et peut contribuer à sa pleine mesure. Pensons à Oasis Agriculture Urbaine, qui favorise la réinsertion socioprofession- nelle grâce à ses jardins plateaux de tra- vail, ou encore à SIT Mauricie, qui offre des emplois à des personnes ayant une problématique de santé mentale. C’est aussi le cas d’Aide Chez Soi, un service d’aide à domicile abordable et de la Coop santé Le Rocher à Grand-Mère. 4. PROTÉGER LE TERRITOIRE Enfin, l’économie sociale est étroitement liée au développement durable. Parce qu’elles ont les deux pieds ancrés dans le territoire, nombre d’entreprises col- lectives privilégient l’approvisionnement local, la réduction des déchets et des gaz à effet de serre autant que possible. En choisissant d’acheter dans des entre- prises d’économie sociale, nous contri- buons à la construction d’une économie plus verte et soucieuse de la trace qu’elle laisse. Parmi les entreprises exemplaires, nom- mons La Brouette, qui fait de l’agriculture urbaine partout en Mauricie, la Coopé- rative Enfant Nature, Aux Berges du Lac Castor, qui offre de l’hébergement inso- lite et des sentiers à Saint-Paulin, Bleu fo- rêt, une coopérative qui fait de la commu- nication climatique, la microbrasserie Le Temps d’une pinte, qui fait de l’économie circulaire, et la coop La Charrette, qui fait pousser des légumes bios à Saint-Élie-de- Caxton. Pour trouver toutes les entreprises d’éco- nomie sociale de la Mauricie, consultez le répertoire du Pôle sur economiesociale- mauricie.ca

ILHAM FIGUEROA

Les entreprises d’économie sociale sont axées sur les valeurs de solidarité, d’inclu- sion et de durabilité. Elles jouent un rôle vital dans le tissu économique et social de notre région. Voici quatre grandes raisons pour des entreprises d’économie sociale lorsque l’option se présente.

1. MAINTENIR UNE ÉCONOMIE LOCALE RÉSILIENTE

Contrairement aux grands monopoles ou chaînes commerciales, les entreprises d’économie sociale sont ancrées dans leur communauté. Elles ne sont pas délocali- sées ou cachées quelque part en Califor- nie, en Chine ou dans les paradis fiscaux. Elles sont archilocales, elles emploient des personnes ici dans des conditions souvent plus avantageuses et font affaire avec des fournisseurs locaux, créant ain- si un tissu économique serré. De plus, les bénéfices générés par ces entreprises, qui ne cherchent pas le profit, sont réinvestis dans des projets qui bénéficient à la com- munauté. Ce n’est pas pour rien qu’on les voit émerger là où aucune entreprise pri- vée n’avait mis les pieds ! C’est le cas de la microbrasserie À la fût à Saint-Tite, du Parc régional de la rivière Batiscan, de La Bourgade, de la Coop de solidarité à Saint-Luc-de-Vincennes ou encore, de la Coop de solidarité de Méki- nac, qui possède une épicerie et une sta- tion-service à Trois-Rives.

2. ENCOURAGER LES INITIATIVES CITOYENNES

Face à une problématique présente dans une communauté, il n’est pas rare de voir des citoyennes et des citoyens se rassem- bler pour mettre en place des solutions innovantes. Manque de service de proxi- mité, de logements abordables, d’occa- sions de briser l’isolement ou de moyens de transport, les enjeux sont grands. Mais l’intelligence collective n’a pas dit son der- nier mot et, en se mettant ensemble, on a la capacité d’agir sur notre milieu de vie. C’est souvent la prémisse à l’origine de la création d’une nouvelle entreprise d’éco- nomie sociale. La Criaillerie est un espace créatif partagé à Shawinigan. Ce lieu unique en son genre est né du désir d’artistes de tous horizons de se doter d’un lieu pour créer et parta- ger. Roxanne Lacourcière, l’une des fon- datrices de cet organisme à but non lu- cratif, a opté pour le modèle « parce que c'est inclusif, sain et surtout essentiel pour maintenir des communautés locales en santé. C'est un modèle qui place l’hu- main comme porteur, vecteur et cœur de ses projets ». 3. FAVORISER L’INCLUSION SOCIALE Comme les entreprises d’économie sociale sont ancrées dans leurs communautés, elles offrent souvent des occasions de tra-

Pour quelles boucles d'oreille, Lynn O’Cain craquera-t-elle à la coop Le 507 ?

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