FNH N° 1081

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 20 OCTOBRE 2022

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regard d’une trajectoire de plusieurs décennies et de l’analyse de bon nombre de résultats, consacrée aux deux derniers chapitres du livre, l’on se rend compte que les choix opé- rés ont été mauvais et infructueux. J’étais soucieux, lors de la rédac- tion de l’ouvrage, de revenir à l’ori- gine des situations et d’apporter un éclairage afin d’édifier au mieux les journalistes, les chercheurs et les étudiants sur les échecs de plusieurs paris économiques. La conclusion de l’ouvrage, faite sur 30 pages, aborde l’articulation entre le poli- tique et l’économie. Nous nous sommes attelés à expliquer com- ment au Maroc la gouvernance est devenue un obstacle à l’émergence. Malheureusement, ceux qui reven- diquent la stature d’entrepreneur ou de capitaine d’industrie ne sont pas en réalité ce qu’ils prétendent être. J’ai essayé de puiser dans la sociologie politique des éléments de compréhension de la relation contre- productive entre l’Etat et l’élite éco- nomique. F.N.H. : Selon les derniers chiffres du HCP, le Maroc a enregistré un taux moyen d’inflation de 5,5% durant la période janvier-juillet 2022. Que pensez-vous des pous- sées inflationnistes enregis- trées ces derniers mois ? N. A. : Il est clair que l’inflation enregistrée au Maroc provient de la hausse des coûts, en bonne par- tie, importée. Toujours est-il que les poussées inflationnistes enregis- trées au Maroc sont le tribut d’une ouverture économique mal maîtrisée. Nous avons bâti sur plusieurs années une économie d’importation, avec un taux de pénétration élevé, supérieur à 40%. Cette donne fait que l’impact de la hausse des prix sur le marché international est plus perceptible sur l’économie nationale. Ceci dit, le sec- teur des hydrocarbures est édifiant. Par exemple, l’on constate actuel- lement sur le marché international que les variations à la hausse ou à la baisse des prix du pétrole brut sont plutôt faibles. Le prix du baril est inférieur à 100 dollars, et pourtant ceux du litre d’essence ou de gazoil dans les stations-service continuent

toujours d’être anormalement éle- vés. Le dernier rapport du Conseil de la concurrence portant sur le secteur des hydrocarbures peut être assimilé à une forme de reconnaissance offi- cielle de l’existence de lobbies et de groupes d’intérêt qui contrôlent le secteur via l’entente pour la fixation des prix, lesquels sont totalement

décolérés de la réalité des cours internationaux. D’ailleurs, le Conseil de la concur- rence a mentionné l’exemple de 2020. Une année marquée par la forte baisse des cours mondiaux des produits pétroliers que les groupes pétroliers ont peu répercutée sur le marché national, notamment sur les

prix à la pompe. Cette pratique a aidé les acteurs concernés à dégager des marges considérables, voire scanda- leuses. Les exemples peuvent être multipliés dans d’autres secteurs (agroalimentaire, industrie, etc.) qui comptent aussi des groupes d’inté- rêt et des lobbies. Ces derniers pro- fitent souvent d’une impulsion infla-

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