FNH N° 1081

S OCIÉTÉ

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JEUDI 20 OCTOBRE 2022 FINANCES NEWS HEBDO

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Reportage

◆ Descendants soit de ces esclaves noirs ramenés du Soudan par les sultans saâdiens, soit de cette garde noire (haratines) qui veillait sur le sultan Moulay Ismaïl, et qui s’est dispersée après sa mort à travers villes importantes et ports prospères, ou de ces tirailleurs sénégalais enrôlés par l’armée française à l’époque coloniale, les Gnaoua soignent les «malades» avec la musique, les parfums et la danse. ◆ Finances News Hebdo a pris part à une lila qui a eu lieu quelques jours après le Miloud qui commémore la naissance du prophète. Voyage dans la gnaouasphère. «Lila» chez les Gnaoua

instants. Avant le coucher du soleil, ils seront immolés après avoir été lavés, puis «encensés» par un sacrificateur de rouge vêtu, pendant ladite cérémonie. Elle dure une nuit, d’où l’appellation lila qui prévaut sur celle de derdeba, usitée par les maâllems.

« Les gens se rassemblent pour une derdeba, et, parmi eux, il y en a qui sont malades (…) Ils viennent me consul- ter lorsqu’ils ont un problème de santé, ou autre… n’importe quel problème (…) Si je consi- dère que cela est dû à un melk,

Du coucher du soleil à l’aube, dans un céré- monial très codifié, les êtres se soulagent de leur souffrance par la transe.

un génie, je leur recommande une lila, et je leur demande d’y apporter un coq ou un poulet, quatre mètres de tissu de la couleur que je suppose être celle du génie qui tourmente l’individu ainsi que l’argent évidemment, le biod/labiad [l’offrande -ndlr] (…) Une maladie, c'est un désordre dans le monde intérieur, dans tout l’organisme, spirituel, intellec- tuel, matériel. Notre musique remet en ordre. C’est pour cela que des guérisons paraissent miraculeuses », m’explique Mina. C’est dire combien la musique Gnaoua est à valeur thérapeutique. «Rahba» : le marché aux grains, qui va être la piste de danse Au crépuscule, Reda, un garçon de 11 ans, arrive. Il hurle et se débat… « Il est habité , selon Mina, par Aicha ». Il veut qu’on le lâche. Il ne veut pas de cette lila. Il ne veut pas revêtir les tuniques que Mina tente de lui enfiler. Il ne veut pas qu’elle le coiffe de ses nombreux voiles. Il ne veut pas voir couler le sang des

guérisseuse), assistée d’une arifa et aidée d’une tallâa (voyante médium- nique) ou une chouwafa (voyante non médiumnique), assume, entre autres fonctions, la direction de la cérémonie des rites de possession. Dans la cour intérieure, se découvrent les accessoires requis, à savoir sept boîtes d’encens correspondant aux sept mlouk; du lait et des dattes; un brasero et des poignards; des voiles de plusieurs couleurs ( hmal ) et des tuniques; des bâtons et des aspersoirs emplis d’eau de fleur d’oranger et d’eau de rose. Aussi, l’animal de sacrifice – souvent bouc, mouton ou vache –, une poule noire et un coq vivant leurs derniers

D ans une demeure tradition- nelle de L’Mdina l’qdima , quartier plus que modeste. Il doit être 18h. La maison fourmille de monde. Mina remplit de petits sachets de friandises : un chewing-gum et deux bonbons dans chacun d’eux. « C’est pour Mira , m’ex- plique Mina. Elle aime les douceurs ». Une petite fille délicieusement gour- mande ? « Non… Mira est melka [féminin de melk -ndlr]», autrement dit une des entités surnaturelles que célèbrent les Gnaoua. Mina, Moqadema de son état (voyante- Par R. K. Houdaïfa Photos © Jean-Luc Manaud

La musique Gnaoua est à valeur théra- peutique.

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