FNH N° 1191

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 10 avril 2025 - 8 DH - N° 1191

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Budget 2025

Taux directeur

Un nouveau geste attendu d’ici fin 2025

Des signaux rassurants malgré un démarrage tendu

P. 10

P.11 à 14

P. 2/6/28 à 31

Importation de moutons Autopsie d’un fiasco économique retentissant

BMCI

Financements Pourquoi les PPP peinent-ils à décoller ? P. 35

Deuxième année de croissance à deux chiffres de son PNB

P.36/37

P. 15

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

SOMMAIRE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 AVRIL 2025

Editorial

Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication

38 L'UNIVERS DES TPME

Voyons voir : Alger : La claque venue du Sahel Ça se passe au Maroc 3 4 ACTUALITÉ BOURSE & FINANCES

USA - Chine

Entretien avec Omar El Kouhene : Freterium, «Notre vision consiste à construire la meilleure plateforme intelligente de gestion du transport end-to-end»

a guerre commerciale qui se joue, une nouvelle fois, entre les Etats- Unis et la Chine n’a plus rien d’un simple bras de fer économique : elle prend désormais les allures d’une lutte de priorités politiques, d’inté- rêts stratégiques irréconciliables, voire d’égo et de fierté nationale. Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, c’est l’esca- lade. Une surtaxe de 34% sur les produits chinois. Une menace immédiate de +50% supplémentaires si Pékin ne cède pas. Et une taxe universelle de 10% sur tous les produits importés aux USA, avec des hausses ciblées pour les partenaires jugés «trop excédentaires» comme l’Union européenne. Les Etats-Unis, en clair, sortent le grand jeu. Et Pékin ne recule pas. L Surtaxe contre surtaxe, orgueil contre orgueil Le ministère chinois du Commerce a annoncé la couleur : la Chine ne se laissera pas intimider et ripostera «jusqu’au bout». Les surtaxes américaines ? Pékin les a déjà égalées. Les menaces de nouvelles hausses ? La Chine répondra «réso- lument», quitte à prolonger l’escalade. On pourrait croire à une répétition de la guerre commerciale de 2018-2019. Mais il y a une différence notable : le contexte mondial, en 2025, est plus fragile et plus incertain. Les marchés l’ont bien compris : lundi, la Bourse de Hong Kong a connu sa plus forte chute depuis 1997. Shenzhen et Shanghai ont également vacillé. La Banque populaire de Chine a dû intervenir, tout comme Central Huijin, bras financier de l’Etat chinois. A Pékin, la stabilité des marchés n’est plus seulement une priorité économique : c’est une question de confiance politique. Du côté américain, cette offensive commerciale est défendue comme une réponse aux «abus historiques» de la Chine. Le président Trump parle de «restauration de la grandeur économique» américaine, avec un discours musclé à destination de sa base électorale. JD Vance, son vice-président, pousse la logique plus loin, dénonçant une mondialisation qui aurait appauvri les classes moyennes américaines. Mais à force de vouloir tout corriger par les tarifs doua- niers, Washington prend le risque de casser une mécanique économique inter- connectée dont elle tire aussi, depuis des décennies, de nombreux avantages. Le problème, c’est que cette logique de surenchère n’a pas de ligne d’arrivée claire. Chacun campe sur ses positions. Chacun accuse l’autre de manipulation et d’abus. Et les appels au dialogue, comme celui de la Chine demandant «res- pect, réciprocité et égalité», semblent se perdre dans le vacarme des menaces réciproques. Les effets potentiels sont inquiétants : inflation alimentée par la hausse des prix à l’import, incertitude pour les entreprises, ralentissement des investissements et contraction de la croissance. Les pays tiers, eux, regardent cette confronta- tion des deux piliers du commerce mondial avec nervosité. Jusqu’où cela ira-t-il ? Jusqu’à la rupture complète ? Ou un retour, tôt ou tard, à la table des négociations, une fois que les coûts économiques auront atteint

Point Bourse Hebdo : Le Masi prend «la douane» en pleine figure Budget 2025 : Des signaux rassurants malgré un démarrage tendu Taux directeur : Un nouveau geste attendu d’ici fin 2025 Entretien avec Mohamed Benchekroun : Baisse du taux directeur, «L’objectif est de trouver un équi- libre entre soutien à la croissance et maîtrise de l’inflation» Banques : BMCI enchaîne une deuxième année de croissance à deux chiffres de son PNB Entretien avec Badr Bellaj : Dirham numérique, Un pari sur la souveraineté monétaire Bourse : CMGP se prépare à une nouvelle vague d'acquisitions dans son secteur Akdital : Cap sur le Golfe et la santé de proximité Entretien avec Amine Maamri : Lancement du marché à terme, Le projet qui va redéfinir l'inves- tissement Droits de douane américains : Coup de canif dans l’ALE Maroc-USA Taxe américaine sur les importations : Le Maroc peut-il tirer son épingle du jeu ? Entretien avec Ahmed El Maghribi : Import-export, «La numérisation ouvre la voie à de nouveaux mar- chés de manière plus fluide» Financements : Pourquoi les PPP peinent-ils à décoller ? Importation de moutons : Autopsie d’un fiasco éco- nomique retentissant

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Entretien avec Dr Saïd Guemra : Efficacité éner- gétique, Le parent pauvre de la transition verte au Maroc 40 DEVELOPPEMENT DURABLE

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ECONOMIE

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42 HIGH-TECH

GITEX Africa 2025 : Le Maroc à l’heure de la sou- veraineté numérique africaine

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un seuil critique ? Wait and see. u

• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal

• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

VOYONS VOIR

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 AVRIL 2025

Alger

La claque venue du Sahel

placard. La junte malienne ne veut plus entendre parler de médiation algérienne. Elle a tourné la page, quitte à se fâcher avec l’ancien «grand frère» du Nord. Le Niger et le Burkina Faso, désor- mais liés par une solidarité militaire et politique au sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), n’ont pas hésité à emboîter le pas. Alger est donc désormais persona non grata dans une bande sahélienne qu’elle considérait naguère comme son arrière-cour. On aurait pu penser que la dégradation des rela- tions avec Paris aurait servi de leçon. Que l’Algé- rie aurait compris que le temps de l’arrogance et des procès d’intention était révolu. Que le monde avait changé autant que les rapports de force. Mais non. Alger continue de se comporter comme si elle était le centre de gravité de la sous-région, l’unique puissance légitime pour organiser les équilibres sahéliens. Quitte à confondre média- tion et domination. Rien d’étonnant pourtant : tout ceci n’est que la conséquence de la décrépitude continue de la

diplomatie algérienne, faite davantage de pos- tures que de substance. Avec un régime qui confond encore diplomatie avec virilité politique et syndrome de supériorité. Un régime fourbe, accusé par le Mali d’avoir flatté la rébellion toua- règue et de jouer un double jeu avec les groupes armés. Un régime avec une idéologie d’un autre âge, faite de paranoïa, de posture souverainiste outrancière et d’une vision à sens unique des relations internationales. C’est pourquoi ce régime honnit le Maroc, tenu à tort pour responsable de tous les maux que connaît l’Algérie. C’est pourquoi les relations avec la France s’apparentent à des montagnes russes, faites de déclarations d’amour contrariées et de crises à répétition. C’est pourquoi la rupture avec l’Alliance des Etats du Sahel est aujourd’hui consommée. Une région où Alger voulait peser, mais où elle semble aujourd’hui marginalisée, elle qui aimait tant à se présenter comme garante de la stabilité régionale. Mais au fond, cette suite de désastres diplo- matiques n’est-elle pas révélatrice d’un malaise plus profond ? L’Algérie semble incapable de construire des relations internationales apaisées. Elle avance de crise en crise, en déséquilibre constant, avec pour seule ligne de conduite l'escalade. C’est ce qui nourrit le pouvoir algérien. C’est ce qui lui donne cette sensation d’exister dans un pays où il est très décrié. ◆ oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

A peine a-t-on eu le temps de souffler après l’ébauche de réconciliation entre l’Algérie et la France, orchestrée au son feutré des déclarations d’intention, qu’un nouveau brasier s’est allumé : celui avec le Mali, suivi par ses frères d’armes du Niger et du Burkina Faso, avec en toile de fond des rappels d’ambassadeurs, des accusations en rafales, la menace de plainte internationale… Tout est parti d’un drone abattu par l’Algérie. Une machine qui aurait volé de quelques kilomètres trop au nord ou trop au sud, selon que l’on lit la version algérienne ou malienne. Alger parle de violation de son espace aérien, Bamako crie à l’agression. Par D. William

L’incident, somme toute regrettable, aurait pu rester ce qu’il est : un contentieux bilatéral de plus. Mais il s’inscrit dans un contexte bien plus complexe, où le Mali ne cesse de dénoncer une «posture paternaliste et condescendante» d’Al- ger. Le mot est lâché : condescendance. L’Algérie serait-elle en train de perdre le peu d’influence régionale qu’elle pensait encore exercer, non par ses mérites, mais par son poids historique ? Rappelons que les Accords d’Alger de 2015, cen- sés stabiliser le Mali, sont aujourd’hui remisés au

Alger est désormais persona non grata dans une bande sahélienne qu’elle considérait naguère comme son arrière- cour.

ÇA SE PASSE AU MAROC

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 AVRIL 2025

Activité industrielle

Stagnation de la production et hausse des ventes

Financement des TPME

Finéa conclut un partenariat stratégique avec la BERD et l’UE L a Banque européenne pour la reconstruction et le développement et Finéa, filiale du Groupe CDG, ont officialisé un accord de financement de 23,5 millions d’euros, soutenu par l’Union européenne. Cette signature marque le lancement opérationnel d’un dispo- sitif destiné à renforcer l’accès des TPME marocaines au crédit et à améliorer leur capacité à participer aux marchés publics et privés. Une attention particulière sera accordée aux projets situés dans les zones tou- chées par le séisme de septembre 2023, contribuant ainsi à la relance économique de ces régions. En complément de ce soutien financier, un programme de coopération technique est prévu pour accompagner le développement d’une plateforme digitale dédiée aux nouveaux produits d’affacturage et de financement de la chaîne d’approvisionnement de Finéa. Intégrée aux systèmes bancaires de la société, cette plateforme visera à mieux répondre aux besoins spécifiques des TPME en matière de financement et à renforcer leur compétitivité. ■

L’ activité industrielle au Maroc aurait enregistré, en février 2025, une stagnation de la production et une hausse des ventes, selon Bank Al-Maghrib. Le taux d’utilisation des capacités (TUC) se serait stabilisé à 78%. La production aurait enregistré une hausse dans l’«agroalimentaire» et la «mécanique et métallurgie», une stagnation dans le «textile et cuir» et une diminution dans la «chimie et parachimie». S’agissant des ventes, elles auraient progressé dans toutes les branches hormis le «textile et cuir» où elles auraient baissé. Par destination, les ventes sur le marché étranger se seraient accrues, tandis que celles sur le marché local auraient stagné. Pour ce qui est des commandes, elles auraient enregistré une hausse dans l’«agroalimentaire», la «chimie et parachimie» et la «mécanique et métallurgie» et une baisse dans le «textile et cuir». Pour leur part, les carnets de commandes se seraient situés à un niveau supérieur à la nor- male dans l’ensemble des branches hormis le «textile et cuir» où leur niveau se serait ressorti inférieur à la normale. Pour les trois prochains mois, les industriels anticipent globalement une hausse de la pro- duction. Toutefois, une entreprise sur quatre exprime des incertitudes quant à son évolution. Par branche, une progression est attendue dans la «chimie et parachimie» et dans la «méca- nique et métallurgie», tandis qu’une stagnation est prévue dans l’«agroalimentaire» et le «textile et cuir». Concernant les ventes, une augmentation est anticipée dans toutes les branches, à l’excep- tion du «textile et cuir», où une baisse est attendue. ■

Vers une vision africaine de l’eau : Rabat ouvre la voie aux priorités nord-africaines

L es consultations régionales du Conseil des ministres africains chargés de l’eau (AMCOW) pour l’Afrique du Nord se sont ouvertes, mardi à Rabat, avec la participation, en présen- tiel et à distance, des représentants des États membres. Cette réunion, dont le Maroc assure la vice-prési- dence pour le mandat 2025-2027, vise à recueillir des propositions préliminaires et des recomman- dations sur les enjeux prioritaires liés à l’eau et à l’assainissement, tant à l’échelle sous-régionale que continentale. Lors de la séance d’ouverture, le ministre de

l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a réaffirmé l’engagement du Maroc à apporter une «valeur ajoutée substantielle» durant sa vice-présidence nord-africaine de l’AMCOW, soulignant la néces- sité d’une «contribution constructive et concertée» pour atteindre les objectifs communs du continent. « Cette réunion revêt un caractère stratégique étant donné qu'elle vise à mettre en exergue les priorités et à discuter des spécificités de la sous- région, pour en tenir compte dans la formulation de la vision africaine », a précisé Baraka dans une allocution lue en son nom par le secrétaire général du ministère, Abdelfattah Sahibi. ■

www.fnh.ma

OFFICE NATIONAL DES CHEMINS DE FER Établissement public à caractère industriel et commercial Capital social : 43.954.679.784,91 dirhams Siège social : 8 bis, Rue Abderrahman El Ghafiki, Agdal, Rabat

Registre du Commerce n° 18721 Identifiant fiscal n° [3330241]

AVIS DE CONVOCATION A L’ASSEMBLEE GENERALE ORDINAIRE DES OBLIGATAIRES

Conformément aux dispositions de l’article 300 de la loi n° 17-95 relative aux sociétés anonymes, telle que modifiée et complétée (ci-après désignée, la « Loi »), les porteurs des obligations émises par l’OFFICE NATIONAL DES CHEMINS DE FER (ci-après désignée, la « Société ») le 10 février 2025 dans le cadre de l’emprunt obligataire subordonné de type « green bonds », garanti par la SNGFE, d’un montant de deux milliards (2.000.000.000) de dirhams, sont convoqués en Assemblée Générale Ordinaire des Obligataires (ci-après désignée, l’ « Assemblée ») au cabinet de Maître Oussama Fraikech, sis 157, Bd d’Anfa, bureau n°42, Casablanca, le lundi 12 mai 2025 à 10 heures, à l’effet de délibérer sur l’ordre du jour.

Je vous prie de bien vouloir noter que l’ordre du jour de l’Assemblée est le suivant :

1. Désignation du Représentant de la Masse des Porteurs des Obligations émises dans le cadre de l’émission d’obligations subordonnées ; 2. Pouvoirs à conférer au Représentant de la Masse des Porteurs des Obligations émises dans le cadre de l’émission d’obligations subordonnées ; 3. Fixation de la rémunération annuelle du Représentant de la Masse des Porteurs des Obligations émises dans le cadre de l’émission d’obligations subordonnées ; 4. Divers. Les porteurs des obligations devront déposer au siège social de la Société, ou faire adresser, par intermédiaire habilité, cinq (5) jours avant la réunion de l’Assemblée les attestations constatant l’inscription en compte des titres. Les porteurs d’obligations peuvent prendre connaissance du texte des projets de résolutions de l’Assemblée au siège social de la Société, tel qu’il est édicté par la réglementation en vigueur.

Veuillez trouver ci-dessous le texte des projets de résolutions qui seront proposés lors de l’Assemblée :

PREMIERE RESOLUTION :

L’Assemblée, agissant conformément aux dispositions de l’article 300 de la Loi, après avoir rappelé que les obligataires ont été regroupés de plein droit en masse dotée de la personnalité morale, en application de l’alinéa 1 de l’article 299 de la Loi, décide de nommer Maître Oussama Fraikech, représentant du cabinet Fraikech Associés, en qualité de mandataire représentant permanent de la masse des porteurs des obligations émises par la Société en date du 10 février 2025 et ce, à compter de la date de la tenue de ladite Assemblée, pour une durée indéterminée (ci-après désignée, le «Représentant de la Masse»).

DEUXIEME RESOLUTION :

L’Assemblée, agissant conformément aux dispositions des articles 302 et 303 de la Loi, confère au Représentant de la Masse tous pouvoirs pour accomplir au nom de cette dernière l’ensemble des actes nécessaires à la sauvegarde des intérêts communs desdits obligataires. L’Assemblée charge également le Représentant de la Masse de convoquer la masse des porteurs d’obligations chaque fois que de besoin.

TROISIEME RESOLUTION :

L’Assemblée décide de fixer la rémunération annuelle du Représentant de la Masse à 30.000 MAD HT. Cette rémunération est payable à compter de l’exercice 2025.

QUATRIEME RESOLUTION :

L’Assemblée confère tous pouvoirs au porteur d’un original, d’une expédition, d’une copie ou d’un extrait du présent procès-verbal pour accomplir toutes les formalités prévues par la Loi.

BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 AVRIL 2025

Point Bourse Hebdo Le Masi prend «la douane» en pleine figure

Evolution de l'indice Masi depuis début Mars 2024

Semaine noire pour la Bourse de Casablanca, prise à contre-pied par une salve de hausses de droits de douane venues des États-Unis.

L Par Y . Seddik

a semaine a été d’une rare bruta- lité sur les marchés. Les grands indices mondiaux ont cédé sous les coups d’une nouvelle offen- sive protectionniste venue de Washington. Donald Trump a ressorti les armes douanières, en annonçant une salve de droits «réciproques» à large spectre bien supérieurs aux anticipations. Le minimum syndical est fixé à 10%, mais certains pays écopent de bien plus : 54% pour la Chine, 46% pour le Vietnam, 31% pour la Suisse et 20% pour l’UE… Le Masi, bien qu’à l’écart des sanc- tions lourdes, n’a pas échappé à la déflagration. L’indice phare de la place casablancaise a cédé 2,36% en une seule séance, avant de clô- turer la semaine sur un recul heb- domadaire de 2,95% à 17.232,49 points. Sa plus lourde perte heb- domadaire de l’année 2025. Le lendemain, dans un réflexe bien connu des marchés cabossés, l’indice a tenté un rebond. En vain. Le sursaut n’a pas suffi à retrouver les sommets, mais a tout de même permis de réduire la casse. Les plus nerveux ont allégé, les plus lucides ont renforcé. Comme sou-

vent, c’est dans la panique que se font les plus belles affaires. Sur le fond, la réaction du mar- ché peut paraître plutôt violente. Le Maroc, rappelons-le, n’est pas ciblé par les surtaxes les plus brutales. Il hérite d’un taux plan- cher de 10% sur ses exportations vers les États-Unis. Mais la Bourse n’est jamais une affaire de pro- portions : elle réagit aux émotions du moment. Et dans un marché perché sur des plus-hauts histo- riques, il n’en faut pas plus pour semer le doute. Qui plus est, dans ce climat, la volatilité devrait rester élevée. Le flou va persister tant que les mar- chés n’auront pas de visibilité sur l’issue de l’escalade commerciale. Et dans cet entre-deux, la vigi- lance restera de mise. Ce regain d’incertitude va peser sur les anti- cipations de croissance mondiale, et par ricochet sur la demande extérieure adressée au Maroc, principal moteur de ses secteurs exportateurs. Il faut dire que le reste du monde a encaissé bien plus violemment. Paris a effacé ses gains annuels, Francfort et Londres ont plongé

TOP Performances

FLOP Performances

CTM Minière Touissit Taqa Morocco

-15%

+15,01% +14,23%

Stokvis Nord Afrique S.M Monétique Réalisations Mécaniques

-10,67%

-9,05%

+10,55 %

de près de 5%, Milan de 6,53%, Madrid de 5,83%, Zurich de 5,14%. Le protectionnisme assumé de Trump a réveillé le spectre d’un ralentissement économique mon- dial et d'une reprise inflationniste, sur fond de représailles attendues. En termes sectoriels, les plus fortes baisses ont concerné : Transports (-15,46%), Électricité (-9,05%) et Sylviculture & Papier (-6,13%). Quelques rares rescapés sur- nagent: Chimie (+3,98%), Pétrole & Gaz (+0,46%) et Sociétés de finan- cement (+0,07%). Pour autant, le tableau fondamen-

tal n’est pas si noir. La saison des résultats annuels vient de s’ache- ver sur une note solide : +10% de bénéfices cumulés pour les sociétés cotées, à 36,5 milliards de dirhams. Et une enveloppe de dividendes portée à 17,3 milliards. Des chiffres qui auraient mérité meilleur accueil, si le timing avait été autre. Leçon à retenir : la Bourse n’est jamais un exercice de pure logique. C’est un concentré d’anti- cipations, d’émotions et de paris croisés. Et cette semaine, c’est la peur qui a raflé la mise. ◆

BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 AVRIL 2025

Budget 2025 Des signaux rassurants malgré un démarrage tendu

tout en renforçant sa position vis-à-vis du marché domestique. Cette opération devrait d’ailleurs permettre de relâcher la pression sur le marché local en rendant les levées intérieures plus fluides et mieux calibrées. Un équilibre intérieur/extérieur finement ajusté Le besoin de financement brut du Trésor d’ici fin 2025 est estimé à 147 milliards de dirhams. Il sera couvert à hauteur de 57,8 milliards sur les marchés internationaux, et à hauteur de 88,7 milliards sur le marché domestique, soit environ 8,9 milliards de dirhams par mois. Ce rythme, jugé soutenable, s’ins- crit dans un contexte de détente des taux favorisé par le reflux de l’inflation à 2,6%, proche de la cible de Bank Al-Maghrib. La maîtrise des conditions de financement permet à l’État de planifier sans précipitation ses appels au marché, tout en res- pectant son cap de consolidation budgétaire. La dette globale du Trésor devrait atteindre 1.131 mil- liards de dirhams en 2025, contre 1.072 milliards en 2024, avec une augmentation contenue de la dette intérieure (+0,8%) et une progression attendue de la dette extérieure (+18,9%). En somme, le déficit budgétaire du Maroc semble engagé sur une trajectoire descendante crédible, à condition que les hypothèses de la Loi de Finances, notam- ment les financements extérieurs et la croissance de 4,6% se réa- lisent. Le retour réussi sur les mar- chés internationaux apporte une bouffée d’oxygène stratégique. Il conforte le Trésor dans sa capa- cité à équilibrer ses sources de financement, tout en envoyant un signal fort de confiance à l’en- semble des investisseurs, domes- tiques comme étrangers. Reste que cette trajectoire demeure exposée à plusieurs risques, dont l’évolution de la conjoncture mon- diale avec notamment la guerre commerciale actuelle, les aléas climatiques internes et la stabilité des recettes fiscales. Autant de variables que l’exécutif devra sur- veiller de près pour préserver le fragile équilibre actuel. ◆

Alors que le Maroc entame 2025 avec des ambitions économiques réaffirmées, la question de la soutenabilité budgétaire reste au cœur des préoccupations. Les analystes livrent un état des lieux nuancé de la trajectoire du déficit et de la stratégie de financement de l’État, dans un contexte où les signaux de stabilité l’emportent (pour l’instant) sur les facteurs d’incertitude. Par Y. Seddik

 Le Trésor conserve des marges de manœuvre, mais reste exposé aux aléas extérieurs et aux fragilités structurelles de ses recettes.

E

n matière de finances publiques, les premiers mois de chaque exer- cice budgétaire donnent souvent le ton. Ils permettent de jauger, à chaud, l’écart entre les intentions affichées dans la Loi de Finances et la réalité de l’exécution. En 2025, les indicateurs avancés suggèrent un début d’année légèrement sous tension, mais globalement en ligne avec les équilibres visés. Au terme des deux premiers mois de l’année, le déficit budgétaire s’élève à 24,7 milliards de dirhams, en nette dégradation par rapport à février 2024 (+15 milliards). Cette dérive s’explique principa- lement par une forte poussée des dépenses ordinaires, en hausse de 41,4%, tirées par les charges de biens et services (+21 milliards) et par les intérêts de la dette (+2 milliards), selon Attijari Global

Research. Côté recettes, la dynamique reste favorable, notamment grâce à l’impôt sur le revenu, mais elle ne suffit pas à compenser la hausse des charges. Résultat : un solde ordinaire négatif à -20,8 milliards de dirhams, un seuil qui n’avait plus été atteint depuis 2017. Pour autant, cette situation est loin d’être hors de contrôle. La Loi de Finances table sur un déficit bud- gétaire annuel de 58,2 milliards de dirhams, soit 3,5% du PIB, contre 3,9% en 2024. Une trajec- toire baissière, donc, qui témoigne d’une volonté de consolidation budgétaire progressive. Le Trésor rassuré par le suc- cès de sa sortie internationale Le 26 mars 2025, le Royaume du Maroc a effectué son grand retour

sur le marché international avec une émission obligataire de 2 mil- liards d’euros en deux tranches. La première, d’un montant de 900 millions d’euros sur 4 ans, a été émise à un spread de 155 points de base, avec un taux de rende- ment de 3,937% et un coupon de 3,875%. La seconde, d’un mon- tant de 1,1 milliard d’euros sur 10 ans, a affiché un spread de 215 points de base, un rendement de 4,843% et un coupon de 4,750%. Le succès a été immédiat : un carnet d’ordres dépassant les 7 milliards d’euros, signe clair de la confiance des investisseurs inter- nationaux dans les fondamentaux marocains. Ce retour réussi per- met au Trésor de sécuriser une partie de son besoin de finance- ment extérieur, évalué à 60 mil- liards de dirhams dans la LF 2025,

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BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 AVRIL 2025

Enfin, la reprise attendue de l’assouplissement monétaire aux États-Unis et en zone Euro à par- tir de mi-2025 offrirait à BAM une marge de manœuvre supplémen- taire, sans craindre de déséqui- libres externes. Si la BCE termine l’année avec un taux à 1,75%, le différentiel de taux redeviendrait positif, offrant plus de latitude à la Banque centrale marocaine. Malgré ces signaux favorables, un assouplissement plus marqué semble improbable. L’économie marocaine devrait afficher une croissance vigoureuse en 2025, passant de 3,3% à 5%, portée par l’investissement étranger, la poli- tique budgétaire expansionniste et la progression des transferts des MRE. Cette dynamique limite le besoin d’un soutien monétaire plus agressif. De plus, des baisses de taux supplémentaires pour- raient éroder le différentiel avec la BCE, exposant le Dirham à des pressions en cas de choc externe, comme une flambée soudaine des prix des matières premières. Le maintien de solides réserves de change - en nombre de mois d’importations - demeure un filet de sécurité, mais la Banque cen- trale veille à ne pas compromettre cette stabilité. Scénarios de risques Plusieurs incertitudes pourraient infléchir ce scénario. Une esca- lade des tensions géopolitiques au Moyen-Orient, notamment entre l’Iran et les États-Unis ou Israël, ferait grimper les prix du pétrole et relancerait l’inflation. Un durcissement de la BCE, en cas de résurgence des pressions inflationnistes en Europe, freine- rait également les ambitions d’as- souplissement de BAM. À l’inverse, une croissance mon- diale plus faible que prévu pour- rait peser sur les prix des matières premières, ouvrant la voie à un nouvel abaissement de taux au Maroc. Le maintien du Dollar à son niveau actuel, conjugué à des entrées de devises soutenues, allégerait aussi les craintes sur le Dirham. Un environnement où BAM pourrait envisager un troi- sième geste d’assouplissement en 2025. ◆

 Selon BMI, BAM réduira une nouvelle fois son taux directeur de 25 points de base pour le porter à 2,00% d’ici fin 2025.

Taux directeur Un nouveau geste attendu d’ici fin 2025 L Après une baisse inattendue de son taux directeur en mars, Bank Al-Maghrib devrait, selon les projections de BMI Research, filiale de recherche de la multinationale britannique Fitch Solutions, procéder à une nouvelle détente monétaire d’ici la fin de l’année. Une décision qui s’inscrirait dans un contexte de pressions inflationnistes modérées, de chômage élevé et d’un environnement international plus propice. Par Y. Seddik

e 18 mars dernier, Bank Al-Maghrib (BAM) a pris les mar- chés de court en abaissant de 25 points de base son taux directeur, le ramenant de 2,50% à 2,25%. Une décision surprise, alors que le consensus tablait sur un statu quo. Dans son communiqué, la Banque centrale a estimé que «l’inflation devrait évoluer à des niveaux compatibles avec l’objec- tif de stabilité des prix», ouvrant ainsi la voie à un soutien accru à l’activité économique et à l’em- ploi. Si un nouveau geste est attendu, il ne devrait toutefois pas inter- venir avant le second semestre. Selon BMI, BAM réduira une nou- velle fois son taux directeur de 25 points de base pour le porter à 2,00% d’ici fin 2025. Mais à court terme, notamment au deuxième trimestre, la prudence devrait l’emporter. La Banque centrale européenne (BCE), à laquelle BAM reste étroitement attentive, devrait maintenir le statu quo en avril, dans un contexte de ten- sions commerciales croissantes,

notamment vis-à-vis des États- Unis. Historiquement, BAM a pri- vilégié le maintien d’un différentiel positif de taux avec la BCE afin d’attirer les flux de capitaux et soutenir le Dirham. Or, depuis le début du cycle de resserrement monétaire européen en 2022, cet écart est devenu négatif. Malgré la solidité des réserves de change marocaines et l’attrait croissant du pays dans le cadre des stra- tégies de relocalisation, les auto- rités monétaires pourraient cher- cher à restaurer ce différentiel dès que le contexte international le permettra. Des conditions propices à un nouvel assouplissement Trois facteurs principaux expliquent l’anticipation d’un nouvel assouplissement : d’une part, l’inflation devrait rester contenue. Les prix mondiaux des denrées de base comme le blé, le sucre et le soja sont attendus en léger recul en 2025, ce qui devrait limiter l’inflation alimentaire - un poste qui pèse pour 39% dans

l’indice des prix à la consom- mation au Maroc. Les bonnes précipitations de mars laissent aussi présager une amélioration de l’offre agricole. Côté énergie, la tendance est également bais- sière, avec une offre mondiale en hausse et une demande menacée par les tensions commerciales. Résultat : une inflation moyenne estimée à 1,6% en 2025, en deçà de la cible implicite de 2%. D’autre part, le chômage demeure élevé, à 13,3% au quatrième tri- mestre 2024, bien au-dessus des niveaux pré-Covid. Le secteur agricole, qui emploie près d’un tiers de la population active, reste fragile, et les migrations vers les villes exercent une pression crois- sante sur l’emploi urbain, où le taux de chômage a atteint 16,9%. BAM pourrait ainsi être tentée de relancer davantage le crédit, dont la croissance reste timide (3,8% en glissement annuel en janvier 2025, contre une moyenne de 4,8% sur 2020-2024), afin de sti- muler l’investissement et la créa- tion d’emplois.

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Baisse du taux directeur «L’objectif est de trouver un équilibre entre soutien à la croissance et maîtrise de l’inflation»

performance robuste du secteur non agricole a constitué un cadre favorable à un nouvel assouplis- sement monétaire, destiné à sou- tenir la croissance tout en veillant à la stabilité des prix. F. N. H. : Quelles sont, selon vous, les principales consé- quences de cette baisse sur le plan macroéconomique ? M. B. : L’assouplissement de la politique monétaire à travers la baisse du taux directeur entraîne une série de répercussions éco- nomiques, touchant aussi bien la croissance, l’inflation, le défi- cit budgétaire que le pouvoir d’achat. D’un point de vue macroécono- mique, une réduction du taux directeur stimule l’investissement et la consommation en facilitant l’accès au crédit. Cette injec- tion de liquidités favorise ainsi la croissance économique en dyna- misant l’activité des entreprises, en encourageant la création d’emplois et en réduisant le chô- mage. Par conséquent, une telle politique peut agir comme un levier pour accélérer la progres- sion du PIB. Toutefois, ce méca- nisme repose sur une condition essentielle : l’adéquation entre la masse monétaire en circulation et la valeur ajoutée générée. En effet, si les capitaux investis ne se traduisent pas par une augmentation effective de la pro- ductivité et de la création de richesse, le risque d’inflation devient significatif. Une expan- sion monétaire non corrélée à une hausse proportionnelle de la production pourrait entraîner une inflation excessive, résultant d’un déséquilibre entre l’offre et la demande. Dans ce cas, la baisse du taux directeur, au lieu de favoriser une croissance durable, pourrait exacerber l’ins- tabilité économique. Concernant le déficit budgétaire, son évolution dépendra en grande partie de la gestion des investis- sements publics. Actuellement, le Maroc connaît une intensifica- tion des dépenses infrastructu- relles, notamment en préparation de la Coupe du monde 2030. Dans ce contexte, une réduction du coût de l’endettement, per-

Bank Al-Maghrib amorce une nouvelle phase d’assouplissement monétaire. Portée par le repli des prix des matières premières et les perspectives de reprise agricole, la révision à la baisse du taux directeur vise à relancer l’investissement et soutenir le marché de l’emploi. Entretien avec Mohamed Benchekroun, économiste et professeur universitaire.

Propos recueillis par Ibtissam Z.

Finances News Hebdo : Bank Al-Maghrib a récem- ment surpris les marchés en abaissant son taux direc- teur. Quels éléments ont pesé dans la balance pour justifier une telle inflexion de sa politique monétaire ? Mohamed Benchekroun : La décision récente de Bank Al-Maghrib (BAM) d’abaisser son taux directeur pour la deuxième fois consécutive, le portant à 2,25% après une diminution de 25 points de base, s’inscrit dans un contexte macroéconomique soigneusement évalué. Plusieurs facteurs ont motivé cette inflexion de la politique monétaire, reflétant une volonté d’accompagner la dynamique économique actuelle tout en maîtrisant l’inflation. Premièrement, l’évolution des prix des matières premières a constitué un élément détermi- nant. La baisse significative des coûts de l’énergie, notamment du pétrole et du gaz, a influencé cette décision. Le prix du baril de pétrole est ainsi passé de 80 dollars en janvier 2025 à envi- ron 60 dollars, une tendance qui devrait se maintenir à moyen et long terme. Cette diminution des coûts d’importation se traduit

par un allègement de la facture énergétique nationale, améliorant ainsi la compétitivité des entre- prises marocaines et favorisant la croissance de la productivité. Deuxièmement, les récentes pré- cipitations ont renforcé les pers- pectives de reprise du secteur agricole. Une meilleure pluvio- métrie permet d’anticiper une augmentation de l’offre agricole, ce qui, en retour, justifie une poli- tique monétaire plus accommo- dante. En effet, en réduisant le taux directeur, la Banque centrale cherche à stimuler l’investisse- ment dans le secteur agricole afin de consolider cette reprise et d’assurer un maintien des prix à des niveaux maîtrisés, contri- buant ainsi à la stabilité inflation- niste. Enfin, les performances solides du secteur non agricole ont éga- lement pesé dans la balance.

Le Maroc a enregistré un record de fréquentation touristique en 2024 avec 17,5 millions de visi- teurs. Par ailleurs, les industries stratégiques, telles que l’aéro- nautique, l’automobile et le textile connaissent une expan- sion notable, soutenue par des implantations industrielles et un afflux d’investissements directs étrangers, notamment en prove- nance de la Chine. Ces éléments traduisent une résilience écono- mique qui légitime une orienta- tion monétaire plus souple afin de renforcer la dynamique de croissance et de compétitivité du pays. Ainsi, la décision de BAM repose sur une analyse approfondie des conditions économiques nationales et internationales. La conjonction d’une baisse des coûts des matières premières, d’une reprise agricole et d’une

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mise par un taux directeur plus bas, pourrait alléger la charge financière de l’État et soutenir la mise en œuvre de ces projets stratégiques. Toutefois, si ces investissements ne génèrent pas un retour économique suffisant, l’impact sur le déficit budgétaire pourrait être négatif. Enfin, l’effet de cette politique monétaire sur le pouvoir d’achat reste condition- né à l’issue des investissements qu’elle induit. Si ces derniers aboutissent à une augmentation de la production, à la création d’emplois et à une stabilisation des prix, alors le pouvoir d’achat des ménages s’en trouvera amé- lioré. En revanche, si l’expansion monétaire se traduit par une infla- tion non maîtrisée et une sta- gnation économique, le pouvoir d’achat pourrait être gravement affecté, entraînant une détériora- tion des conditions de vie. Ainsi, bien que la baisse du taux directeur présente des opportu- nités indéniables en matière de relance économique et de com- pétitivité, elle comporte égale- ment des risques qu’il convient de maîtriser à travers une alloca- tion efficace des ressources et un cadre macroéconomique propice à la transformation des liquidités injectées en valeur ajoutée tan- gible. F. N. H. : Du point de vue des entreprises, notam- ment industrielles ou expor- tatrices, cette orientation pourrait-elle améliorer leur compétitivité via une baisse des coûts de financement ? À quels leviers doivent- elles recourir pour en tirer pleinement profit ? M. B. : La réduction du taux directeur représente une oppor- tunité significative pour les entre- prises marocaines, notamment industrielles et exportatrices, en favorisant une baisse des coûts de financement. Toutefois, cet assouplissement monétaire ne constitue qu’un élément parmi d’autres qui contribuent à l’amé- lioration de la compétitivité du secteur industriel marocain. En premier lieu, la dynamique positive de la productivité indus- trielle s’appuie sur plusieurs fac-

 Les investissements publics représentent près des deux tiers des investissements totaux du pays.

teurs structurels. La diminution des coûts des matières pre- mières énergétiques, notamment du pétrole et du gaz, allège les charges des entreprises, amélio- rant ainsi leur rentabilité et leur capacité d’investissement. Par ailleurs, le Maroc bénéficie d’un coût de main-d’œuvre relative- ment faible par rapport à d’autres marchés, ce qui renforce son attractivité pour les industries manufacturières. Ensuite, les accords de libre- échange signés avec plusieurs partenaires commerciaux majeurs ont facilité l’accès des entreprises marocaines aux mar- chés internationaux, renforçant leur position concurrentielle. Cette ouverture commerciale est particulièrement bénéfique pour les secteurs de l’aéronautique et de l’automobile, où le Maroc a développé une expertise recon- nue à l’échelle mondiale. Dans ce contexte favorable, la baisse du taux directeur vient soutenir cette dynamique en réduisant le coût du crédit et en facilitant l’accès au financement pour les investissements pro- ductifs. Toutefois, pour en tirer pleinement profit, les entreprises doivent activer plusieurs leviers stratégiques. Premièrement, elles doivent optimiser leur structure de financement en exploitant les conditions plus avantageuses

offertes par les établissements bancaires. Deuxièmement, elles doivent investir dans l’innova- tion et la modernisation de leurs outils de production afin d’amé- liorer leur compétitivité sur le long terme. Enfin, une consolidation des chaînes de valeur et une montée en gamme des produits exportés permettront de maximi- ser les bénéfices de cet environ- nement économique favorable. Ainsi, bien que la baisse du taux directeur constitue un catalyseur pour la compétitivité des entre- prises marocaines, son plein effet dépendra de la capacité des acteurs industriels à optimiser leurs stratégies d’investissement et à renforcer leur positionnement sur les marchés internationaux. Cette baisse du taux directeur peut-elle contribuer à une baisse durable du chômage ? F. N. H. : M. B. : La réduction du taux directeur constitue indénia- blement un levier économique important susceptible d’avoir un impact positif sur le marché de l’emploi. En facilitant l’accès au

crédit et en stimulant l’investisse- ment, cette mesure peut entraîner une augmentation de la création d’emplois et, potentiellement, une baisse du chômage, actuel- lement à 13%. Toutefois, il serait illusoire de considérer cette déci- sion comme une solution miracle garantissant, à elle seule, une décrue durable du chômage. En réalité, pour que cette impul- sion monétaire porte pleinement ses fruits, elle doit être accompa- gnée d’un ensemble de réformes structurelles et de politiques publiques adaptées. D’une part, une refonte du système éduca- tif est essentielle afin d’adap- ter la formation des jeunes aux exigences du marché du travail. Le développement des com- pétences techniques et numé- riques, ainsi que la promotion de l’apprentissage et de la for- mation professionnelle sont des éléments clés pour améliorer l’employabilité et la productivité de la main-d’œuvre. D’autre part, l’encouragement de l’entrepreneuriat des jeunes constitue un axe stratégique majeur. Toutefois, la réussite de cette initiative repose sur la mise en place de conditions favo- rables, telles que des exonéra- tions fiscales pour les nouvelles entreprises, une meilleure trans- parence dans l’accès aux mar- chés publics et un environnement

Bank Al-Maghrib adoptera probablement une posture d’attentisme, ajustant sa politique monétaire en fonction de l’évolution des principaux agrégats économiques.

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