BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 AVRIL 2025
mise par un taux directeur plus bas, pourrait alléger la charge financière de l’État et soutenir la mise en œuvre de ces projets stratégiques. Toutefois, si ces investissements ne génèrent pas un retour économique suffisant, l’impact sur le déficit budgétaire pourrait être négatif. Enfin, l’effet de cette politique monétaire sur le pouvoir d’achat reste condition- né à l’issue des investissements qu’elle induit. Si ces derniers aboutissent à une augmentation de la production, à la création d’emplois et à une stabilisation des prix, alors le pouvoir d’achat des ménages s’en trouvera amé- lioré. En revanche, si l’expansion monétaire se traduit par une infla- tion non maîtrisée et une sta- gnation économique, le pouvoir d’achat pourrait être gravement affecté, entraînant une détériora- tion des conditions de vie. Ainsi, bien que la baisse du taux directeur présente des opportu- nités indéniables en matière de relance économique et de com- pétitivité, elle comporte égale- ment des risques qu’il convient de maîtriser à travers une alloca- tion efficace des ressources et un cadre macroéconomique propice à la transformation des liquidités injectées en valeur ajoutée tan- gible. F. N. H. : Du point de vue des entreprises, notam- ment industrielles ou expor- tatrices, cette orientation pourrait-elle améliorer leur compétitivité via une baisse des coûts de financement ? À quels leviers doivent- elles recourir pour en tirer pleinement profit ? M. B. : La réduction du taux directeur représente une oppor- tunité significative pour les entre- prises marocaines, notamment industrielles et exportatrices, en favorisant une baisse des coûts de financement. Toutefois, cet assouplissement monétaire ne constitue qu’un élément parmi d’autres qui contribuent à l’amé- lioration de la compétitivité du secteur industriel marocain. En premier lieu, la dynamique positive de la productivité indus- trielle s’appuie sur plusieurs fac-
Les investissements publics représentent près des deux tiers des investissements totaux du pays.
teurs structurels. La diminution des coûts des matières pre- mières énergétiques, notamment du pétrole et du gaz, allège les charges des entreprises, amélio- rant ainsi leur rentabilité et leur capacité d’investissement. Par ailleurs, le Maroc bénéficie d’un coût de main-d’œuvre relative- ment faible par rapport à d’autres marchés, ce qui renforce son attractivité pour les industries manufacturières. Ensuite, les accords de libre- échange signés avec plusieurs partenaires commerciaux majeurs ont facilité l’accès des entreprises marocaines aux mar- chés internationaux, renforçant leur position concurrentielle. Cette ouverture commerciale est particulièrement bénéfique pour les secteurs de l’aéronautique et de l’automobile, où le Maroc a développé une expertise recon- nue à l’échelle mondiale. Dans ce contexte favorable, la baisse du taux directeur vient soutenir cette dynamique en réduisant le coût du crédit et en facilitant l’accès au financement pour les investissements pro- ductifs. Toutefois, pour en tirer pleinement profit, les entreprises doivent activer plusieurs leviers stratégiques. Premièrement, elles doivent optimiser leur structure de financement en exploitant les conditions plus avantageuses
offertes par les établissements bancaires. Deuxièmement, elles doivent investir dans l’innova- tion et la modernisation de leurs outils de production afin d’amé- liorer leur compétitivité sur le long terme. Enfin, une consolidation des chaînes de valeur et une montée en gamme des produits exportés permettront de maximi- ser les bénéfices de cet environ- nement économique favorable. Ainsi, bien que la baisse du taux directeur constitue un catalyseur pour la compétitivité des entre- prises marocaines, son plein effet dépendra de la capacité des acteurs industriels à optimiser leurs stratégies d’investissement et à renforcer leur positionnement sur les marchés internationaux. Cette baisse du taux directeur peut-elle contribuer à une baisse durable du chômage ? F. N. H. : M. B. : La réduction du taux directeur constitue indénia- blement un levier économique important susceptible d’avoir un impact positif sur le marché de l’emploi. En facilitant l’accès au
crédit et en stimulant l’investisse- ment, cette mesure peut entraîner une augmentation de la création d’emplois et, potentiellement, une baisse du chômage, actuel- lement à 13%. Toutefois, il serait illusoire de considérer cette déci- sion comme une solution miracle garantissant, à elle seule, une décrue durable du chômage. En réalité, pour que cette impul- sion monétaire porte pleinement ses fruits, elle doit être accompa- gnée d’un ensemble de réformes structurelles et de politiques publiques adaptées. D’une part, une refonte du système éduca- tif est essentielle afin d’adap- ter la formation des jeunes aux exigences du marché du travail. Le développement des com- pétences techniques et numé- riques, ainsi que la promotion de l’apprentissage et de la for- mation professionnelle sont des éléments clés pour améliorer l’employabilité et la productivité de la main-d’œuvre. D’autre part, l’encouragement de l’entrepreneuriat des jeunes constitue un axe stratégique majeur. Toutefois, la réussite de cette initiative repose sur la mise en place de conditions favo- rables, telles que des exonéra- tions fiscales pour les nouvelles entreprises, une meilleure trans- parence dans l’accès aux mar- chés publics et un environnement
Bank Al-Maghrib adoptera probablement une posture d’attentisme, ajustant sa politique monétaire en fonction de l’évolution des principaux agrégats économiques.
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