BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 AVRIL 2025
les positions au prix du jour. Ce mécanisme permet aussi de limiter drastiquement le risque d’accumu- lation de pertes non couvertes. Dernier élément dans la gestion de ces risques : la CCP peut imposer des limites de positions par inter- venant, par produit afin d’éviter les expositions disproportionnées et peut être amenée à clôturer des positions automatiquement pour limiter les pertes. Cette CCP procède à des tests de scénarios extrêmes (stress test) afin de pouvoir être en mesure d’adapter les exigences de marge et de pouvoir calibrer le fonds de garantie en cas de période de volatilité brutale telle que nous connaissons actuellement ou de défaillance grave. Tous les membres compensateurs, qui sont les banques de la place, contri- buent à un fonds de garantie col- lectif, destiné à couvrir les pertes potentielles en cas de défaillance grave. Ce mécanisme de solida- rité est essentiel pour préserver la confiance dans le système. F. N. H. : L’absence des mar- ket makers est une problé- matique soulevée par les acteurs du marché. Où en est-on dans leur mise en place et quel sera leur rôle? A. M. : L'absence de market makers sur le marché à terme est effectivement un point identifié par les acteurs du marché, notam- ment en phase de lancement de la première brique du marché à terme. Il est prématuré de par- ler de problématique, sachant que c’est un nouveau marché et que tout l’écosystème, professionnels y compris, a besoin d’une trajec- toire progressive d’adaptation, de développement et de montée en compétence sur l’ensemble de la chaîne. Il est clair qu’un marché à terme ne peut fonctionner efficacement sans liquidité suffisante, et c’est là qu’interviennent les market makers, ou teneurs de marché.
Leur rôle est d’assurer en perma- nence une liquidité permanente sur les contrats à terme en offrant des cotations ‘achat’ ‘vente, réduire les spreads entre les prix achat et vente, ce qui garantit aux investis- seurs la possibilité d’entrer et de sortir du marché à tout moment, sans perturbation excessive sur les prix. Au Maroc, la mise en place des market makers a été bien identi- fiée comme une priorité dans la phase de lancement du marché à terme. Mais il s’agit d’un sujet délicat, car cela suppose de trou- ver des acteurs capables et volon- taires d’assumer ce rôle, souvent contraignant en termes de capital et de gestion du risque. A ce der- nier, s’ajoute un autre élément du fait que cette activité est déjà bien établie sur le marché des taux, vu la taille et l’importance de ce marché comparativement à celui des actions dont la profondeur est jugée moins importante par les opérateurs. Aujourd’hui, l’AMMC, la Bourse de Casablanca et les parties pre- nantes travaillent activement pour définir un cadre d’intervention clair qui répond à l’intérêt des diffé- rentes parties prenantes, pour que des market makers soient opéra- tionnels dans un délai très court après les premières transactions au courant des prochaines semaines. C’est une condition indispensable à la crédibilité et à l’attractivité de ce nouveau marché. F. N. H. : Quels sont les prin- cipaux défis pour garantir un bon fonctionnement du mar- ché et favoriser son adoption par les investisseurs ? A. M. : Le lancement d’un marché à terme est déjà en soi une avan- cée majeure. Je pense que dans quelques années, nous le réalise- rons vraiment, mais son succès ne se décrète pas, il dépend de plusieurs facteurs clés, qu’il faut piloter avec rigueur et vision : • Garantir la liquidité, car sans
contrepartie, les investisseurs ne pourront pas se positionner quand bien même le produit est pertinent. D’où, comme on l’a évoqué, la présence des market makers qui assurent des prix de cotation en continu. • La montée en charge des acteurs sur l’ensemble de la chaîne de traitement, car les pro- duits dérivés sont complexes et pour accompagner les investis- seurs et les entreprises, nous devons maintenir un effort péda- gogique continu et même accé- léré avec des programmes de formation ciblée et des guides pratiques. C’est aussi un enjeu important de culture financière. • Les intervenants doivent avoir confiance dans le cadre régle- mentaire, car il a été le fruit d’un long et fastidieux travail. L’AMMC, la Bourse de Casablanca et la Chambre de compensation ont joué un rôle clé et vont continuer pour garantir cette stabilité régle- mentaire et opérationnelle. • S’adapter au contexte écono- mique : le marché à terme doit répondre à des besoins concrets. Si les produits listés ne corres- pondent pas aux risques réels des acteurs économiques (taux, change, matières premières, etc.), l’intérêt reste limité. Il faudra donc élargir l’offre progressive- ment, en tenant compte du tissu économique local. • Elargir la masse des interve- nants, car on a besoin d’encoura- ger la participation active de notre écosystème local (institutionnels, sociétés de gestion, entreprises, banques, particuliers) pour attirer des investisseurs étrangers. Enfin, j’aimerais conclure en disant qu’il faut garder à l’esprit que notre défi, ce n’était pas simplement de lancer un marché, c’est de le faire vivre. Et cela demande une vision stratégique, une animation constante, une capacité à écouter les besoins des intervenants et un effort col- lectif et durable. Ces conditions ont déjà été réunies pour pré- parer son lancement; à nous de maintenir cette dynamique pour que le marché à terme puisse devenir un véritable levier de transformation pour notre place financière. ◆
Un nouveau chapitre s'ouvre pour le marché financier marocain avec l'introduction du marché à terme.
rationnels ont été mis en place, en cohérence avec les standards internationaux tels que les 2 ins- tances de normalisation finan- cières Committee on Payments and Market Infrastructures (CPMI) et International Organization of Securities Commissions (OSCO). L’élément clé de ce dispositif est l’intervention de la Chambre de compensation centrale (CCP). Comme expliqué, elle intervient comme tiers entre les acheteurs et les vendeurs, en devenant la contrepartie centrale de chaque transaction. Elle garantit que même en cas de défaillance d’un interve- nant, le contrat sera honoré. Cela mutualise le risque, le rend plus prévisible et renforce la stabilité du système. Concrètement, le système repose sur une logique simple : préve- nir avant de guérir. Dès l’initiation d’une transaction, une marge ini- tiale est exigée. C’est une garantie déposée par chaque partie pour couvrir le risque de variation défa- vorable. Chaque jour, en fonction de l’évolution du marché, des marges de variation (ou appels de marge ou ‘Margin Call’) sont cal- culées et exigées par la Chambre de compensation pour revaloriser
Aujourd’hui, l’AMMC, la BVC et les parties prenantes travaillent activement pour définir un cadre d’intervention clair qui répond à l’intérêt des différentes parties prenantes, pour que des market makers soient opérationnels dans un délai très court…
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