FNH N° 1191

VOYONS VOIR

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 AVRIL 2025

Alger

La claque venue du Sahel

placard. La junte malienne ne veut plus entendre parler de médiation algérienne. Elle a tourné la page, quitte à se fâcher avec l’ancien «grand frère» du Nord. Le Niger et le Burkina Faso, désor- mais liés par une solidarité militaire et politique au sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), n’ont pas hésité à emboîter le pas. Alger est donc désormais persona non grata dans une bande sahélienne qu’elle considérait naguère comme son arrière-cour. On aurait pu penser que la dégradation des rela- tions avec Paris aurait servi de leçon. Que l’Algé- rie aurait compris que le temps de l’arrogance et des procès d’intention était révolu. Que le monde avait changé autant que les rapports de force. Mais non. Alger continue de se comporter comme si elle était le centre de gravité de la sous-région, l’unique puissance légitime pour organiser les équilibres sahéliens. Quitte à confondre média- tion et domination. Rien d’étonnant pourtant : tout ceci n’est que la conséquence de la décrépitude continue de la

diplomatie algérienne, faite davantage de pos- tures que de substance. Avec un régime qui confond encore diplomatie avec virilité politique et syndrome de supériorité. Un régime fourbe, accusé par le Mali d’avoir flatté la rébellion toua- règue et de jouer un double jeu avec les groupes armés. Un régime avec une idéologie d’un autre âge, faite de paranoïa, de posture souverainiste outrancière et d’une vision à sens unique des relations internationales. C’est pourquoi ce régime honnit le Maroc, tenu à tort pour responsable de tous les maux que connaît l’Algérie. C’est pourquoi les relations avec la France s’apparentent à des montagnes russes, faites de déclarations d’amour contrariées et de crises à répétition. C’est pourquoi la rupture avec l’Alliance des Etats du Sahel est aujourd’hui consommée. Une région où Alger voulait peser, mais où elle semble aujourd’hui marginalisée, elle qui aimait tant à se présenter comme garante de la stabilité régionale. Mais au fond, cette suite de désastres diplo- matiques n’est-elle pas révélatrice d’un malaise plus profond ? L’Algérie semble incapable de construire des relations internationales apaisées. Elle avance de crise en crise, en déséquilibre constant, avec pour seule ligne de conduite l'escalade. C’est ce qui nourrit le pouvoir algérien. C’est ce qui lui donne cette sensation d’exister dans un pays où il est très décrié. ◆ oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

A peine a-t-on eu le temps de souffler après l’ébauche de réconciliation entre l’Algérie et la France, orchestrée au son feutré des déclarations d’intention, qu’un nouveau brasier s’est allumé : celui avec le Mali, suivi par ses frères d’armes du Niger et du Burkina Faso, avec en toile de fond des rappels d’ambassadeurs, des accusations en rafales, la menace de plainte internationale… Tout est parti d’un drone abattu par l’Algérie. Une machine qui aurait volé de quelques kilomètres trop au nord ou trop au sud, selon que l’on lit la version algérienne ou malienne. Alger parle de violation de son espace aérien, Bamako crie à l’agression. Par D. William

L’incident, somme toute regrettable, aurait pu rester ce qu’il est : un contentieux bilatéral de plus. Mais il s’inscrit dans un contexte bien plus complexe, où le Mali ne cesse de dénoncer une «posture paternaliste et condescendante» d’Al- ger. Le mot est lâché : condescendance. L’Algérie serait-elle en train de perdre le peu d’influence régionale qu’elle pensait encore exercer, non par ses mérites, mais par son poids historique ? Rappelons que les Accords d’Alger de 2015, cen- sés stabiliser le Mali, sont aujourd’hui remisés au

Alger est désormais persona non grata dans une bande sahélienne qu’elle considérait naguère comme son arrière- cour.

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