ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 AVRIL 2025
Taxe américaine sur les importations Le Maroc peut-il tirer son épingle du jeu ? Trump relance la guerre commerciale avec une taxe sur toutes les importations. Si cette décision menace de déstabiliser l'économie mondiale, elle pourrait aussi offrir au Maroc une occasion unique de se positionner comme un acteur clé.
Contrainte ou opportunité pour le Maroc ? Au Maroc, l’impact direct semble modéré. En 2024, les exportations marocaines vers les États-Unis représentent environ 592 mil- lions de dollars, soit seulement 1,5% du total des exportations du Royaume et 0,4% de son PIB. Mais il existe une composante impor- tante : l’accord de libre-échange entre le Maroc et les États-Unis, en vigueur depuis 2006, qui per- met à une large gamme de pro- duits marocains d’entrer sur le marché américain sans droits de douane, à condition de respec- ter des règles d’origine strictes. Cela inclut des secteurs comme l’automobile, le textile, l’agroali- mentaire et les engrais. À court terme, cette taxe n’affectera donc pas les produits marocains rem- plissant ces critères. Cependant, le véritable enjeu pour le Maroc réside dans sa position géopoli- tique et économique. «Ces droits de douane pourraient représen- ter une véritable aubaine pour le Maroc. Grâce à son accord de libre-échange avec les États-Unis, le Royaume devient une destina- tion stratégique pour les investis- seurs étrangers souhaitant expor- ter vers le marché américain sans subir les surtaxes, d’autant que le taux appliqué reste relativement modéré », analyse un économiste basé à Genève, sous couvert d’anonymat. En imposant cette taxe uniforme, Trump crée une situation où la concurrence devient plus homo- gène. Les pays surreprésentés sur le marché américain, notam- ment la Chine, le Vietnam et l’Inde, perdent en compétitivité. Leurs produits, qui alimentaient large- ment les rayons américains, se retrouvent soudainement pénali- sés par des coûts plus élevés. L’Europe subit également cette hausse, notamment dans ses sec- teurs industriels. Cette reconfi- guration du paysage offre au Maroc une opportunité inédite : le Royaume pourrait devenir une alternative crédible pour les ache- teurs américains, mais aussi pour les entreprises d’autres régions du monde confrontées à l’augmenta- tion des droits de douane.
Par Gh. Bennani
La guerre commerciale se joue à coups de taxes : comment le Maroc pourrait-il en tirer parti ?
L
e 2 avril 2025, Donald Trump a frappé un nouveau coup sur la scène commerciale mondiale. Hormis les 104% de taxes doua- nières dernièrement annoncés contre la Chine, la nouvelle sur- taxe américaine frappe quelque 60 partenaires commerciaux avec un taux allant de 10% à 50%. Cette décision marque une esca- lade dans son programme pro- tectionniste, amorcé dès son premier mandat et inscrit dans la doctrine du «Buy American». Officiellement, cette mesure a pour objectif de réduire le déficit commercial des États-Unis et de relocaliser les chaînes de produc- tion stratégiques. Mais derrière cette annonce, se cache un projet plus vaste, celui de remodeler l’économie mondiale selon les intérêts des États-Unis, tout en affaiblissant leurs rivaux commer- ciaux, comme la Chine, l’Europe, le Mexique, le Vietnam et le Japon.
Le but est limpide : dissuader les entreprises de produire hors des États-Unis en rendant ces impor- tations bien plus coûteuses. Au-delà de la rhétorique de la pro- tection de l’industrie américaine, cette taxe bouleverse l’équilibre mondial. Les premières réactions sont rapides et violentes : les bourses asiatiques plongent, l'in- dice MSCI World chute et les mul- tinationales révisent à la baisse leurs prévisions de croissance. Le FMI tire la sonnette d’alarme, estimant que ces hausses de taxes pourraient coûter plus de 1.000 milliards de dollars à l’éco- nomie mondiale d'ici 2026, soit une contraction de près de 0,7% du PIB mondial. Le commerce international, traditionnel moteur de la croissance, ralentirait, tandis que les consommateurs améri- cains ne tarderaient pas à res- sentir l’impact de la hausse des prix à l’importation, érodant ainsi
leur pouvoir d’achat. L’ironie de la situation : une politique censée défendre l’Américain moyen se retourne contre lui-même, mena- çant son portefeuille tout en met- tant sous pression les industriels dépendants des intrants étran- gers. Les conséquences sont vastes. En premier lieu, les grandes puis- sances économiques sont frap- pées de plein fouet. La Chine, le Vietnam et l’Inde, qui exportent massivement vers les États-Unis dans des secteurs stratégiques tels que l’électronique ou le tex- tile, voient leurs exportations aug- menter en coût immédiat. L’Union européenne, avec ses pays indus- triels comme l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne, ne fait pas excep- tion. Cette dynamique change la donne, et la répercussion pour des pays moins exposés comme le Maroc pourrait être intéres- sante, bien que complexe.
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