FNH N° 1191

ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 AVRIL 2025

sanctions contre les contre- venants. Quant à Nabil Benabdellah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), il a fait part d’un mon- tant de 13,3 milliards de dirhams ayant bénéficié à 277 importateurs, et réclame des explications sur l’usage de ces fonds publics. Face à une telle situation, le ministère de l’Agriculture n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué, il a précisé que l’opération d’importation a porté sur 875.000 têtes ovines (386.000 en 2023 et 489.000 en 2024), pour un coût total de 437 millions de dirhams : 193 millions en 2023 et 244 millions en 2024. Au total, 156 importateurs ont participé à l’opération (61 en 2023 et 95 en 2024), selon les données officielles. Le ministère souligne éga- lement que l’importation de bétail reste toujours autorisée, avec la suspension mainte- nue des droits de douane et de la TVA. Mais ces clarifica- tions n’ont pas suffi à apaiser les critiques. Lors de la der- nière réunion de son bureau politique, le PPS a remis en cause «la politique du gou- vernement» dans ce cadre, estimant qu’elle «favorise les lobbies et les opportunistes aux dépens d’une large partie de la population». Et de pour- suivre que «les difficultés de la filière viandes rouges ne s’ex- pliquent pas uniquement par la sécheresse, mais surtout par les mauvais choix du Plan Maroc Vert qui est une straté- gie conçue à la base pour ser- vir les grands exportateurs au détriment de la souveraineté alimentaire nationale». Pour sa part, le Parti de la justice et du développe- ment (PJD) a réagi à travers Abdelaziz Aftati, membre du bureau politique, qui a noté que « les chiffres avancés par le ministère de l’Agriculture ne reflètent pas la réalité. Notre parti et d’autres for- mations politiques exigeons

 La problématique de la filière «viandes rouges» a montré les limites de la stratégie agricole dédiée.

Importation de moutons Autopsie d’un fiasco économique retentissant L En réponse à la sécheresse et à la flambée des prix, le gouvernement a misé sur l’importation de bétail pour renforcer le cheptel national. Mais cette stratégie, généreusement subventionnée, est aujourd’hui sévèrement critiquée. En toile de fond, c’est toute la stratégie agricole nationale qui est remise en cause. Par C. Jaidani

a persistance des années de sécheresse a sévèrement impacté le cheptel national, particulièrement les ovins, entraînant une baisse signifi- cative de l’offre et une hausse notoire des prix. Afin d’en- rayer cette tension sur le mar- ché, le gouvernement a opté pour l’importation de bétail, en soutenant la filière par des exonérations douanières et des subventions publiques. Mais cette initiative est

contestée par plusieurs obser- vateurs, car malgré les efforts déployés, les prix demeurent élevés. Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget, l’a reconnu dernièrement devant les députés : «Le gouverne- ment a lancé cette initiative en 2023 et 2024 pour renforcer l’offre d’ovins en vue de l’Aïd Al-Adha, mais elle s’est avé- rée inefficace pour atteindre les objectifs visés» . Ainsi, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer le coût exorbitant de cette opération. Selon Nizar Baraka, secrétaire général du parti de l’Istiqlal et ministre de l’Équipement et de l’Eau, «18 importateurs

seulement ont bénéficié d’une enveloppe de soutien impor- tante. Mais au final, la situa- tion n’a fait qu’empirer et les prix des viandes rouges ont poursuivi leur flambée». Une position confortée par Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, qui a noté lors d’un meeting de son parti que « l’opération n’a pas respecté les règles d’éthique. Les acteurs concer- nés ont engrangé des marges bénéficiaires conséquentes sur un produit très deman- dé par les consommateurs, ce qui a impacté le pouvoir d’achat des Marocains». Il n’a pas exclu le recours à des

Une enquête s’impose pour pointer les différents dysfonctionnements et sanctionner les fraudeurs.

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