ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 10 AVRIL 2025
Dahbi plaide pour un recen- trage du soutien public. «Il est impératif de privilégier les petits éleveurs, qui sont sou- vent les plus vulnérables, au détriment des grands opéra- teurs qui, dans certains cas, sont également importateurs. Les aides doivent être mieux ciblées pour bénéficier au consommateur final. Il faut renforcer les mécanismes de contrôle et de transparence dans l’ensemble des disposi- tifs de subvention et d’impor- tation». Il ajoute que «les difficultés de la filière reflètent clairement l’échec des orientations du Plan Maroc Vert. Il est temps de faire un diagnostic pré- cis de cette stratégie agricole. L’Etat a dépensé des sommes importantes, mais les résultats sont loin des attentes. Depuis 1974, soit un demi-siècle, la balance commerciale agricole nationale est déficitaire. Et nous accusons un manque à gagner dans des produits stra- tégiques comme les céréales, les viandes rouges, les oléa- gineux et le sucre. Il y a un risque majeur sur la sécurité alimentaire. Comment peut- on parler dans ces conditions de pays agricole ?». Dahbi précise par ailleurs que «les dysfonctionnements de
prend pas les dispositions qui s’imposent, on risque d’être confronté à la même problé- matique dans les années à venir. Les efforts doivent être déployés pour que le chep- tel national puisse se déve- lopper dans des conditions adéquates. Les subventions doivent concerner en premier lieu les éleveurs qui sont la base de la chaîne de valeur. Il faut en même temps soutenir les prix de l’aliment de bétail à travers un dispositif de sta- bilisation des prix. La plupart des exploitants de la filière opèrent par un mode pastoral, il est donc utile de renforcer les points d’abreuvage» . Par ailleurs, Ghanbouri insiste sur le problème des intermé- diaires qui faussent les règles du marché et impactent néga- tivement les prix à la consom- mation. « Il est inconcevable que cette catégorie de per- sonnes s’adjugent 50% du prix de vente pour un effort et un risque réduits, au moment où les producteurs ne récu- pèrent que 50%. Il est temps de mettre un terme à ces agissements. Ce problème est récurrent et pour le maîtriser, il faut un diagnostic précis de la situation et fixer des règles strictes pour le fonctionne- ment du marché». ◆
la constitution d’une commis- sion d’enquête. Le manque à gagner en termes de recettes fiscales est important et on se demande pourquoi ce sont les mêmes personnes qui béné- ficient de ce genre de mar- ché, et pourquoi elles sont pour la plupart proches de partis formant le gouverne- ment. Certaines d’entre elles disposent de plusieurs entre- prises qui ont chacune parti- cipé à l’opération». Les professionnels du secteur agricole ont, à leur tour, réagi au communiqué du départe- ment de l’Agriculture. Mohamed Dahbi, secrétaire général de l’Union générale des entreprises et des profes- sions (UGEP), fédérant les che- villards et les bouchers, sou- ligne des incohérences. «Les chiffres avancés aujourd’hui ne correspondent pas à ceux communiqués auparavant. Il y a aussi des contradictions entre les déclarations des ministres de la coalition gou- vernementale. Une enquête s’impose pour pointer les dif- férents dysfonctionnements et sanctionner les fraudeurs. Mais au-delà de cette bataille comptable, c’est toute la filière des viandes rouges qui a besoin d’être restructurée», affirme-t-il.
Les importations ont un caractère temporaire et ne peuvent en aucun cas régler un problème structurel.
l’agriculture nationale n’im- pliquent pas uniquement le ministère de tutelle. D’autres départements sont concer- nés, particulièrement celui de l’Intérieur. Il est primordial de revoir le circuit de distribu- tion et le fonctionnement des souks hebdomadaires» . Ali Ghanbouri, président du Centre de la prospection éco- nomique et sociale, estime, pour sa part, que «la polé- mique actuelle sur les impor- tations de moutons et de viande rouge en général est secondaire par rapport à la véritable problématique de la filière et du secteur agricole en général. Il est essentiel de se focaliser sur le vif du sujet qui est la vulnérabilité du secteur face aux aléas climatiques. Les importations ont un carac- tère temporaire et ne peuvent en aucun cas régler un pro- blème structurel. Il est impor- tant de lancer des mesures stratégiques mûrement réfl é- chies et bien conçues pour le long terme. Si l’on ne
Le soutien doit se focaliser sur les éleveurs, surtout les petits, qui sont la base de toute la chaîne de valeur.
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