FNH N° 1034 ok

E CONOMIE

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JEUDI 9 SEPTEMBRE 2021 FINANCES NEWS HEBDO

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Collusion entre la politique et les affaires

◆ L’article 36 de la Constitution exige, entre autres, la sanction par la loi des infractions relatives aux conflits d'intérêts, aux délits d'initié et toutes infractions d'ordre financier. ◆ Dans les faits, aucune loi ne définirait ni ne sanctionnerait les situations de conflits d’intérêts au Maroc. Un grief toujours toléré

les partis politiques structu- rés autour de secteurs domi- nés par la rente (donc dotés de moyens financiers impor- tants pour mener à bien la campagne électorale), qui sont susceptibles de sor- tir victorieux des élections. L’argent est plus que jamais le nerf de la guerre pour les entités politiques de plus en plus vidées de leurs militants. Pour preuve, aujourd’hui, les formations politiques sont contraintes de payer des «petites mains» pour assurer des tâches élémentaires (affi- chage des tracts, distribution de flyers, etc.). Que faire ? Au chapitre des solutions, notre interlocuteur suggère une réforme au niveau de la Constitution, couplée à la mise en place d’une loi qui définit et sanc- tionne les conflits d’inté- rêts. L’application effective de la loi n° 13-31 relative au droit d’accès à l’infor- mation permettrait de per- cer le mystère des moult conflits d’intérêts existants à différents niveaux des sphères publique et privée. Au final, l’existence mani- feste des conflits d’intérêts et la prédominance de la rente sont autant de ralen- tisseurs voire d’obstacles à la mise en œuvre de plu- sieurs réformes fondamen- tales, censées propulser le Royaume dans la cour des pays émergents. ◆

ce au plus haut niveau de l’Etat» , soutient l’expert des questions de gou- vernance et de transpa- rence. Et de rappeler : «Il existe dans le gouver- nement de Saad Eddine El Otmani des ministres connus de tous qui ont un pouvoir économique extrêmement important». Conflits d’intérêts, l’absence d’une loi poin- tée du doigt Azeddine Akesbi est formel. «L’article 36 de la Constitution qui suggère l’idée de la créa- tion d’une Instance nationale de la probité, de la préven- tion et de la lutte contre la corruption, exige, entre autres, la sanction par la loi des infractions relatives aux conflits d'intérêts, aux délits d'initié et toutes infractions d'ordre financier. Or, il se trouve que jusqu’à présent la sanction évoquée n’est pas traitée par la loi», s’of- fusque notre interlocuteur. Le contexte électoral autorise la question suivante : La majori- té gouvernementale qui sera issue des élections de sep- tembre 2021, érigera-t-elle le combat contre les conflits d’intérêts en une priorité majeure ? Rien n’est moins sûr si l’on se fie aux avis de certains experts chevronnés en matière de gouvernance et de transparence de l’ac- tion publique au Maroc. En effet, ceux-ci ne manquent pas de souligner que ce sont

La majorité gouver- nementale qui sera issue des élections de septembre 2021, érigera-t-elle le combat contre les conflits d’intérêts en une priorité majeure ?

des principales revendica- tions du mouvement du 20 février 2011, dans le contexte du printemps arabe, a été l’éradication des conflits d’intérêts et l’enrichissement de l’élite au pouvoir. La cam- pagne de boycott de 2018 de certains produits avait égale- ment remis en selle ce qu’il convient d’appeler la perpé- tuelle controverse relative à la collusion entre la politique et les affaires. A la question de savoir pourquoi le Maroc en quête d’un nouveau modèle de développement, continue de faire les frais de la collusion entre les deux domaines précités, Azeddine Akesbi, économiste et membre du Conseil natio- nal de Transparency Maroc, répond par une analyse qui interpelle. «Globalement, la Constitution de 2011 accepte et tolère la non séparation du pouvoir et de l’argent, et

P our peu que l’on s’intéresse aux affaires de la Cité, il est assez aisé de constater que la scène politique est bouil- lonnante avec les échéances électorales. Ces derniers jours ont été marqués par le sprint final des différents par- tis politiques dont la plupart des responsables briguent un mandat électif. L’actuel contexte électoral est pro- pice pour s’interroger sur l’épineuse relation dialec- tique entre la politique et les affaires. Le caractère récur- rent du débat portant sur la collusion entre la politique et le business ou celui inhé- rent à la mainmise d’acteurs économiques à la fois sur les terreaux politique et éco- nomique, est pour le moins manifeste. Pour preuve, l’une Par M. Diao

L’argent est plus que jamais le nerf de la guerre pour les enti- tés politiques de plus en plus vidées de leurs mili- tants.

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